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Voyages aériens
Précautions pour sujets à risque
La justice anglaise n’a pas, contrairement à la justice australienne,
jugé une compagnie aérienne responsable d’accidents thromboemboliques survenus chez un certain nombre de ses passagers.
On enregistre un problème médical pour 10 à 50 000 voyageurs
transportés en moyenne, avec un taux de 0,6 % de décès.
D
eux types d’accidents cardiovasculaires peuvent survenir : l’un vasculaire thromboembolique, l’autre spécifiquement cardiaque.
La thrombophlébite
Il ne s’agit plus seulement du “syndrome de la
classe économique” mais de celui de la station assise prolongée : cette dernière constitue en effet
un facteur important de risque de phlébite des
membres inférieurs. Sont également responsables des antécédents personnels ou familiaux
de thrombose, mais aussi une grossesse, une insuffisance veineuse, une cardiopathie non stabilisée, une intervention chirurgicale récente, une
maladie cancéreuse, la prise d’œstrogènes, l’obésité, le tabagisme ainsi que toute anomalie des
facteurs de la coagulation. Si le voyage aérien
n’est pas trop long (inférieur à 7 500 miles), le
risque de thrombose est faible. En revanche, il est
multiplié par 2,6 si la distance parcourue est
comprise entre 7 500 et 10 000 miles et par 4,7
pour des distances supérieures à 10 000 miles.
De même, plus le voyage est long, plus grand est
le risque de déclencher une embolie pulmonaire.
Le seul moyen médical de prévention de la
thrombose pour les patients à risque est, en de-
Quelques conseils
pour patients voyageurs
Pour prévenir l’accident :
– porter des vêtements amples, non serrés à la taille,
des chaussures peu serrées ;
– boire un verre d’eau toutes les heures ;
– éviter l’alcool et les boissons gazeuses ;
– ne pas croiser les jambes, déambuler souvent dans
l’avion ;
– faire des mouvements périodiques de contraction
des mollets et d’extension des pieds ;
– porter des bas de contention.
Il faut savoir que des risques thrombotiques peuvent survenir jusqu’à 4 semaines après le vol.
hors du port d’un collant de contention (toujours à conseiller), l’injection d’héparine de bas
poids moléculaire (HBPM). La piqûre d’HBPM
est faite à dose thérapeutique 2 à 4 heures avant
le vol. La prise d’autres médications, dont l’aspirine, ne semble, elle, d’aucun effet.
L’accident cardiaque
Rares en vol, les accidents cardiaques n’en sont
pas moins graves. En effet, responsables de 10 %
de toute pathologie médicale constatée dans les
avions, ils sont coupables de 60 % des décès.
Tout malade cardiaque se doit de consulter son
médecin avant de prendre l’avion afin d’avoir son
accord. Lorsque l’accident se produit, dans plus
de trois cas sur quatre un médecin présent à bord
peut assurer les premiers soins en utilisant la
trousse médicale embarquée dans tous les appareils. Au besoin, si aucun médecin ne peut intervenir, l’équipage peut joindre le SAMU. Si la
santé du patient l’impose, un détournement pour
raison médicale est toujours possible (fréquence :
1 par million de passagers). Pour traiter l’arrêt
cardiorespiratoire, un défibrillateur semi-automatique est désormais présent dans la plupart
des avions (mais pas dans les aéroports !). Il doit
permettre de refaire démarrer les cœurs qui fibrillent. Ainsi, en deux ans, la compagnie Air
France a noté 12 arrêts cardiorespiratoires en vol
et une seule récupération.
L’avenir, en dehors des défibrillateurs, est indirectement lié au développement des avions
“gros porteurs”. Car “gros porteurs” signifie,
pour l’Airbus A 380 par exemple, 1 000 personnes embarquées. Dans ces circonstances, la
présence d’un personnel soignant formé, voire
d’une salle de soins équipée, devra s’imposer.
Le problème est d’autant plus préoccupant pour
les compagnies aériennes que les voyageurs fréquentent leurs lignes à des âges de plus en
plus avancés et donc dans un état général de
plus en plus précaire, particulièrement au niveau cardiovasculaire.
Jacques Bidart
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No 45 - avril 2003
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