NOUVEAU CENTRE NTHC
Meilleure prise en charge
de la thrombose
Le Professeur Jean-Michel Dogné, François
Mullier du Département de pharmacie, et
différents cliniciens des Cliniques
Universitaires de Mont-Godinne (CHUMG -
UCL) ont créé le Namur Thrombosis and
Hemostasis Center (NTHC), destiné à
améliorer la prise en charge des patients
concernés par les pathologies thrombotiques
(plusieurs dizaines de milliers de personnes
en Belgique).
Grâce à une équipe multidisciplinaire (médecins,
pharmaciens, cliniciens et chercheurs), le NTHC
entend principalement instaurer des pratiques
standardisées pour la gestion des pathologies
thrombotiques, et améliorer la diffusion des
connaissances dans le domaine de la thrombose et
de l’hémostase (processus physiologique qui
permet d’interrompre le saignement pour éviter
l’hémorragie). Et cela aussi bien auprès du public
(structure d’encadrement pour les traitements,
réseau de spécialistes disponibles pour des conseils
personnalisés…) que des professionnels de la santé
(formation continue notamment).
Accompagner l’innovation
pharmaceutique
« La récente mise sur le marché de nouveaux
agents anticoagulants, à prendre par voie orale,
révolutionne le traitement des patients souffrant de
fibrillation auriculaire, ce trouble du rythme
cardiaque qui touche entre 1 et 3 % de la
population, et 10 % des personnes de plus de 80
ans. L’aspirine et les antivitamines K étaient
jusqu’ici les seuls médicaments antithrombotiques
pour la prévention de l’accident vasculaire cérébral
chez ces patients, mais des problèmes de dosage
apparaissent régulièrement » explique François
Mullier, pharmacien chercheur au Département de
pharmacie et assistant en biologie clinique aux
CHUMG.
Selon le Professeur Jean-Michel Dogné, également
expert en pharmacovigilance à l’Agence belge des
médicaments et produits de santé et à l’Agence
européenne des médicaments, « ces nouveaux
médicaments sont les bienvenus, mais ils
demandent une prise en charge personnalisée, afin
de maximiser leur usage rationnel et surtout de
minimiser les risques d’effets indésirables. La
même démarche est nécessaire pour l’utilisation de
nouveaux agents antiagrégants plaquettaires, mais
aussi pour le traitement de maladies
hémorragiques rares (moins d’une personne sur 2
000), telles que l’hémophilie. La création du NTHC
a ainsi pour objectif de répondre à ce type de
besoins ».
Ce nouveau centre a l’avantage d’avoir un pied sur
le terrain et un autre dans la recherche, réunissant
ainsi toutes les compétences nécessaires pour une
prise en charge efficace des patients, depuis le
diagnostic jusqu’au suivi du traitement ambulatoire.
Favoriser la recherche translationnelle
Le professeur Jean-Michel Dogné et le pharmacien
François Mullier sont membres fondateurs du
Namur Thrombosis and Hemostasis Center (NTHC).
Le Département de pharmacie namurois mène des
recherches dans le domaine des pathologies
thrombotiques depuis huit années déjà. Les
chercheurs s’intéressent plus particulièrement à la
conception, la synthèse et l’évaluation
pharmacologique de nouveaux agents
antiagrégants et anticoagulants, à la mise au point
de nouveaux outils permettant l’évaluation de
l’hémocompatibilité de nanomatériaux et au
développement d’outils diagnostiques de pathologie
thrombotique.
« Ce centre est l’opportunité de faciliter le
développement de recherches translationnelles
(partir du patient pour fixer l’objet de la recherche,
analyser les processus physiopathologiques en
laboratoire, puis revenir vers le patient avec de
nouveaux concepts diagnostiques et
thérapeutiques) avec une application clinique »
constatent les deux scientifiques.
Des maladies trop courantes
La thrombose est une pathologie qui touche les
veines et les artères. En Belgique, près de 10 000
personnes souffrent de thrombose veineuse. Celle-
ci se complique parfois d’embolie pulmonaire
lorsque des fragments de caillot encombrent les
poumons. Parfois mortelle,
l’embolie pulmonaire
est la cause de décès la plus évitable à l’hôpital. Il
faut
donc améliorer la sécurité des patients par de
la prévention. Les thromboses artérielles, quant à
elles, sont responsables d’accidents cardio-
vasculaires (tels que l’infarctus du myocarde,
l’accident vasculaire cérébral, etc.) et représentent
la première cause de mortalité dans les pays
industrialisés (environ 15 000 décès par an en
Belgique).
Libre Cours n° 79 – avril 2011