2TABLE DES MATIÈRES
pratiquant que la notion de barycentre joue un rôle central en géométrie affine et
on est également tenté de définir les espaces affines via cette seule notion. On peut le
faire, et la définition obtenue est plutôt naturelle, mais un peu plus difficile à énoncer.
Par ailleurs, chaque espace affine a une « complétion projective », qui consiste à lui
ajouter ses « points à l’infini ». Bien que les points à l’infini soient stricto sensu des
points de l’espace projectif, ils sont en fait attachés à l’espace affine, car dans un
espace projectif tous les points ont le même statut. Des points ne sont « à l’infini »
que par référence à un espace affine, et cette notion doit donc être considérée comme
une notion affine. Il y a d’ailleurs une autre bonne raison de ne pas écarter les points
à l’infini. En effet, quand on utilise des systèmes de poids (familles finies de points
affectés de coefficients appelés « poids »), on utilise des systèmes de poids total non nul,
qui ont un barycentre qui est un point de l’espace affine, et des systèmes de poids total
nul particuliers qu’on appelle des systèmes « flottants », qui jouent un rôle important
dans de nombreuses questions. Il reste tous les autres systèmes, c’est-à-dire ceux qui
sont de poids total nul mais ne sont pas flottants. Il se trouve que ceux-là ont un
barycentre bien déterminé, tout comme les systèmes de poids total non nul, mais que
ce barycentre est à l’infini.
La meilleure chose à faire est de considérer tous ces points de vue, et de les relier
entre eux. et en particulier de démontrer l’« équivalence » de ces différentes défini-
tions. C’est ce qui est fait ici, avec en arrière plan la conviction que tout objet mathé-
matique gagne à être connu sous ses diverses facettes. Afin d’éviter tout malentendu,
on désignera les espaces affines par trois noms différents suivant la façon dont ils
sont définis. On aura donc des « espaces affines (ordinaires) », des « espaces barycen-
triques » et des « espaces affines complétés ». Afin de rendre l’énoncé de ces équiva-
lences aussi rigoureux que possible, on introduit (dans un appendice) quelques no-
tions de théorie des catégories, et on prouve qu’on a des « équivalences de catégories »
entre les catégories définies par ces trois sortes d’espaces affines.
Comme indiqué plus haut, la notion de point à l’infini est une notion affine. La géo-
métrie projective proprement dite n’intervient que lorsqu’on « change de points à l’in-
fini ». On le fait par le biais d’une « homographie », notion définitivement projective,
une homographie n’étant pas (sauf exception) une application affine. Ceci n’est tou-
tefois pas une raison de se priver des homographies en géométrie affine, car de très
nombreux problèmes de géométrie « affine » peuvent être élégamment résolus par
l’utilisation d’homographies. Nous sommes donc naturellement amenés à faire aussi
un peu de géométrie projective.