
laisse penser, dans notre série, le cas des patients ayant
une métastase thyroïdienne et cérébrale concomitante
à la métastase pancréatique. L’hypothèse d’une
dissémination hématogène vers le pancréas est aussi
évoquée pour expliquer la possibilité de localisations
métastatiques multiples dans le pancréas quelque soit
le coté du cancer rénal [8]. Cette hypothèse n’explique
pas la discordance entre ces localisations multiples
dans le pancréas et l’absence fréquente de localisation
à d’autres organes : un comportement biologique
spécifi que des cellules tumorales pourrait être la cause
de ce tropisme particulier pour le pancréas [8]. Ceci
expliquerait pourquoi un de nos patients a subi trois
résections pancréatiques ; par contre, cela n’expliquerait
pas pourquoi un autre patient avait deux localisations
synchrones (pancréas et thyroïde).
Même s’il est probable qu’une certaine spécifi cité
biologique cellulaire soit à l’origine de la dissémination
au pancréas, il ne faut pas occulter le rôle que pourraient
jouer dans la pathogenèse de ces métastases, les
connections lymphatiques et/ou veineuses anormales
entre le pancréas et le rein, dont certains auteurs
émettent l’hypothèse [9, 17]. La dissémination se
ferait par voie lymphatique grâce à un mécanisme
de refl ux dans des vaisseaux lymphatiques rendus
incontinents par l’envahissement tumoral des réseaux
lymphatiques rétro-péritonéaux et par voie sanguine
par refl ux dans les néo-vaisseaux tumoraux qu’il y ait
ou pas de thrombose veineuse [18]. Ce mécanisme ne
peut pas s’appliquer aux patients de notre série puisque
aucun n’avait d’envahissement ganglionnaire rétro
péritonéal ni de thrombose veineuse locale au moment
de la nephrectomie, et que l’intervalle libre entre les
deux localisations était long. Par contre, plusieurs
travaux anatomiques ont mis en évidence un drainage
lymphatique voisin du rein et du pancréas [19-21],
et ces études ont démontré que la lymphe provenant
de ces deux organes se drainait de façon étroite vers
l’origine du canal thoracique (CT), le plus souvent
directement sans relais ganglionnaire : les cellules
tumorales peuvent ainsi parvenir directement à la
veine cave supérieure par l’intermédiaire du CT dont
la crosse s’abouche dans le confl uent veineux cervical
gauche. Des cas de métastases ganglionnaires intra-
pulmonaires, hilaires ou médiastinales de CR, sans
métastases dans le parenchyme pulmonaire et pouvant
survenir après un intervalle libre prolongé ont été
rapportés dans la littérature [22, 23] : le mécanisme le
plus vraisemblable en serait le refl ux dans ces ganglions
de la lymphe du CT contenant des cellules tumorales,
le refl ux se faisant dans des vaisseaux lymphatiques
d’origine pulmonaire incontinents [22, 23]. A
notre avis, le mécanisme à l’origine des métastases
pancréatiques pourrait être similaire : ceci expliquerait
aussi les localisations pancréatiques multiples et
itératives dont Bassi et al [24] confi rment la grande
fréquence, le fait que les métastases pancréatiques ne
sont pas toujours situées du même coté que le cancer
rénal, et la rareté de ces métastases, l’incontinence
des vaisseaux lymphatiques étant également très rare.
Toutefois, ce refl ux n’explique pas l’intervalle le plus
souvent long observé entre le traitement du CR et le
diagnostic des métastases pancréatiques. L’existence de
ces longs intervalles libres, observés dans de nombreux
cancers, est actuellement expliqué par des phénomènes
de dormance cellulaire [25]. Les cellules tumorales du
CR pourraient rester en dormance, séquestrées dans
le CT et les vaisseaux lymphatiques locorégionaux
incontinents, avant de se mobiliser et de refl uer dans le
pancréas pour s’y développer. Cette dormance pourrait
être l’une des caractéristiques biologiques spécifi ques
à ces cellules dont l’hypothèse d’un possible tropisme
tissulaire pancréatique a également été incriminé [8].
La chirurgie est un traitement de choix des métastases
et des récidives itératives du CR à condition que la
résection soit complète et curatrice. Le comportement
des cellules métastatiques des cancers du rein demeure
plein de mystères. Les recherche à venir devraient
permettre de mieux comprendre les connections des
réseaux lymphatiques périrénaux, et les spécifi cités
biologiques de ces cellules tumorales aux parcours
atypiques.
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J. Assouad et coll.
Cas Clinique
115Chirurgie Thoracique Cardio-Vasculaire - 2007 ; 11 : 111-116