3 Compacit´e
D´efinition
Soit (E, N), un espace vectoriel norm´e. On dit que Aest une partie compacte de Esi toute
suite de vecteurs de Aposs`ede une valeur d’adh´erence dans A. Ou d’une mani`ere ´equivalente
Une partie Ade Eest dite compacte si de toute suite d’´el´ements de A, on peut extraire une
sous-suite convergente dans A.
Exemple : consid´erons l’espace norm´e R, muni de la norme usuelle |.|. Soit [a, b], o`u a<b,
un intervalle de R. Alors [a, b] est un compact de R. En effet, soit (un)nN, une suite d’´el´ements
de [a, b]. Alors, en vertu de la propri´et´e de Bolzano-Weierstrass, (un)nN´etant born´ee, on peut
extraire de (un)nNune sous-suite convergente dans[a, b].
Contre-exemple : (R,|.|) n’est pas compact. En effet, consid´erons la suite (un)nNd´efinie
par un=n.unest croissante non major´ee, donc on ne peut pas extraire de (un)nNune sous-
suite convergente dans R. En effet, toute suite extraite de (un)nNserait non born´ee donc non
convergente.
La propri´et´e qui suit est fondamentale. Elle donne des propri´et´es g´en´erales des compacts.
Elle sera pr´ecis´ee dans le cas o`u l’on consid`ere un espace vectoriel norm´e de dimension finie,
ce qui simplifiera grandement notre ´etude.
Propri´et´e
Soit (E, k.kE), un espace vectoriel norm´e, et X, un compact de E. Alors, Xest une partie
ferm´ee et born´ee de E.
D´emonstration
On va d´emontrer s´epar´ement ces deux propri´et´es.
(i) Xest born´ee : raisonnons par l’absurde et supposons donc Xnon born´ee. Traduisons
math´ematiquement cette assertion. Si X´etait born´ee, on aurait :
M > 0 : xX, N(x)< M
Donc, dans notre cas, on a : M > 0, xX:N(x)M. Alors, en choisissant succesive-
ment pour valeurs de M1,2,3, ..., on construit donc une suite (xn)nNd’´el´ements de Xtelle
que : nN,kxnkEn. Mais, puisque Xest compacte, il existe une application strictement
croissante de Ndans N, not´ee ϕ, telle que (xϕ(n))nNconverge dans Xvers un certain lX.
Mais ceci est absurde, car lim
n+kxnkE= +, et par in´egalit´e triangulaire, on a :
|kxnkE− klkE| ≤ kxnlkE0.
On en d´eduit que Xest n´ecessairement born´ee.
(ii) X est ferm´ee : on va utiliser la caract´erisation s´equentielle des ferm´es. Si (xn)nNest une
suite de points de Xconvergeant vers lE, alors, par compacit´e de X, on peut extraire de
(xn)nNune sous-suite (xϕ(n))nNconvergente dans X. Par unicit´e de la limite de (xn)nN,
la limite de (xϕ(n))nNest n´ecessairement l. On en d´eduit que lX, autrement dit, Xest
ferm´ee.
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Remarque
Attention ! La r´eciproque de cette propri´et´e n’est pas toujours vraie, `a savoir, un compact
de Eest toujours ferm´e et born´e, mais un ferm´e born´e n’est pas n´ecessairement compact. En
dimension finie, on a l’´equivalence entre ces deux notions.
Propri´et´e
Soit Eun espace norm´e, AE, Si Aest compacte, alors A est ferm´ee et born´ee.
Propri´et´e
Soit (E, kkE), un espace vectoriel norm´e et Xun compact de E. Si Yest une partie ferm´ee
de X, alors Yest compacte.
D´emonstration
C’est imm´ediat. En effet, soit (yn)nN, une suite d’´el´ements de Y. Alors, puisque YXet
que Xest compact, on peut extraire de Yune sous-suite convergente dans X. Mais, puisque
Yest ferm´e, toute suite convergente d’´el´ements de Yconverge dans Y. On a donc d´emontr´e
que, de toute suite d’´el´ements de Y, on peut extraire une sous-suite convergente.
Passons `a pr´esent `a des caract´erisations concr`etes de compacts. Il existe des cas dans les-
quels on sait tr`es bien montrer qu’un ensemble est compact. Par exemple lorsqu’il peut s’´ecrire
comme produit cart´esien de compacts, o`u lorsque (on l’a d´ej`a ´evoqu´e) on s’est plac´e dans un
espace vectoriel norm´e de dimension finie.
Th´eor`eme
Soient Xet Y, deux parties compactes respectivement incluses dans les espaces vectoriels
norm´es (E, k.kE) et (F, k.kF). Alors, X×Yest compact.
La propri´et´e qui suit fait le lien entre les espaces complets, que nous avons d´ej`a ´etudi´es et
les espaces compacts.
Propri´et´e
Soit (E, k.kE) un espace vectoriel norm´e et Xune partie compacte de E. Alors, Xest
n´ecessairement une partie compl`ete de E.
Preuve
Soit (un)nNune suite de Cauchy de X,X´etant compact alors (un)nNadmet une valeur
d’adh´erence aX. Il existe donc une application strictement croissante ϕ:NNtelle que
uϕ(n)a,nN, ϕ(n)n. Ainsi, puisque (un)nNest de Cauchy, fixons ε > 0, et on a
alors NNtel que :
unuϕ(n)
E<ε
2. De plus, puisque uϕ(n)est convergente, il existe un
rang N1Ntel que nN1=
uϕ(n)a
Eε
2. On en d´eduit que
nmax(N1, N) =⇒ kunakE
unϕ(n)
E+
uϕ(n)a
E2.ε
2=ε
Ce qui prouve que (un)nNconverge et donc Xest complet.
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3.1 Lien entre applications continues et uniform´ement continues
Dans cette partie, je commence par donner un r´esultat sur les images de compacts par des
applications continues et sur le lien entre des applications continues sur un compact et des
applications uniform´ement continues sur un compact (th´eor`eme de Heine).
Th´eor`eme
L’image d’un compact par une application continue est un compact, c’est `a dire : Si (E, k.kE)
et (F, k.kF), deux espaces vectoriels norm´es, et f:EF, une application continue sur E.
Soit XE, une partie compacte de E. Alors f(X) est une partie compacte de F.
D´emonstration
Soit (vn)nN, une suite de f(X). Il existe donc (un)nNtelle que nN,vn=f(un). (un)nN
est une suite d’´el´ements d’un compact, donc (un)nNadmet une valeur d’adh´erence a(i.e. il
existe ϕ:NN, strictement croissante, telle que uϕ(n)a. Puis, f´etant continue, on en
d´eduit que f(uϕ(n))f(a). Ceci montre que (vn)nNadmet une valeur d’adh´erence, donc
f(X) est compact.
Corollaire Une fonction continue sur un compact est born´ee et atteint ses bornes. En par-
ticulier, si fC(A, F ) avec AEcompact alors supxAkf(x)kexiste et atteinte.
Preuve
On sait que f(X) est compact d’apr`es le th´eor`eme pr´ec´edent. Il est donc born´e, ce qui
justifie que fest born´ee. De plus fatteint ses bornes car f(X) est ferm´e. En effet, cela a pour
cons´equence que inf
xXf(x)f(X) et sup
xX
f(x)f(X).
Th´eor`eme (de Heine)
Soient (E, k.kE) et (F, k.kF), deux espaces vectoriels norm´es, et f:EF, une application
continue sur XE, supposons de plus que Xest compact. Alors, fest uniform´ement continue
sur X.
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4 Annexe
4.1 Extrait du DS N˚1 2009-2010
Exercice 1 Espaces des Fonctions Lipschiziennes (55 min)
Soit Ele sous-espace vectoriel de C([0,1],R), des fonctions fsur I= [0,1] `a valeurs dans R,
lipschiziennes.
1. Montrer que
fE, k(f) = sup
(x,y)I2
x6=y
|f(x)f(y)|
|xy|<+
2. Montrer que f→ ||f|| =||f||+k(f) d´efinit une norme ||.|| sur E(on admettera que toute
fonction continue sur Iest born´ee).
3. D´emontrer que les deux normes sur E, ||.|| et ||.||ne sont pas ´equivalentes.
Indication : prendre la suite des fonctions d´efinies par fn(x) =
nx si x0,1
n
1 si x1
n,1
4. On se propose de montrer que (E, ||.||) est un espace de Banach. Soit (fn) une suite de
Cauchy de (E, ||.||).
a. Montrer que (fn) converge uniform´ement sur Ivers une fonction continue f.
b. Montrer que (k(fn)) est une suite de Cauchy de nombres r´eels et en d´eduire que fE.
c. Montrer que lim
n+k(fnf)=0,conclure.
5. Est-ce que (E, ||.||) est un espace de Banach ?
Indication : On consid`ere la suite de fonctions fn(x) = rx+1
n.
Exercice 2 Espace vectoriel des Suites (60 min)
Soit l1l’espace vectoriel des suites x= (xn)n1de nombres r´eels telles que
kxk1=
+
X
n=1 |xn|<+
1. V´erifier bri`evement que l’application x→ kxk1est une norme sur l1.
2. Pour tout x= (xn)n1l1,on consid`ere la suite φ(x) d´efinie par
φ(x) = ((xn+xn+1))n1
D´emontrer que φ(x)l1.
3.a. Prouver que l’application xφ(x) de l1dans l1est lin´eaire et continue.
b. Trouver la valeur exacte de |||φ|||.
4. D´eterminer toutes les solutions xl1de l’´equation x=1
4φ(x) (on pourra utiliser le fait
que (l1,k.k1) est un espace de Banach).
5. Soit f:l1Rl’application `a valeurs r´eelles d´efinie pour tout x= (xn)n1l1par
f(x) = x1x2.
a. D´emontrer que pour tout r > 0 la restriction de f`a la boule B(0, r) = {xl1;k.k1r},
est Lipschitzienne et d´eterminer sa constante de lipschitz.
b. L’application fest-elle Lipschitzienne sur l1?
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4.2 Extrait du DS N˚1 2010-2011
Exercice 1 Equivalence des normes usuelles (18 min)
Sur l’espace Rn, on consid`ere les trois normes suivantes :
kxk1=
n
X
k=1 |xk|,kxk2= n
X
k=1 |xk|2!1
2
,kxk= max
k=1,...,n |xk|
Montrer que ces normes sont ´equivalentes en d´eterminant les constantes d’´equivalence.
4.3 DS N˚1 2011-2012
Probl`eme :
On d´efinit l’application Npar :
N:R2R
(x, y)7−sup
tR+|x+ty|
1+t2
1. V´erifier que Nest d´efinie sur R2tout entier et que Nest une norme.
2. On veut d´emontrer que Nest une norme, ´equivalente `a la norme euclidienne k.k2
(a) V´erifier que : (x, y, t)R3,|x+ty| ≤ 1 + t2px2+y2et en d´eduire que
(x, y)R2, N(x, y)≤ k(x, y)k2.
(b) Prouver que si (x1, x2, y1, y2)R4, alors
|N(x1, y1)N(x2, y2)| ≤ p(x1x2)2+ (y1y2)2
(c) D´eduire que Nest continue sur R2muni de la norme k.k2.
(d) En raisonnant par l’absurde, d´emontrer qu’il existe une constante c > 0 telle que :
(x, y)R2, N(x, y)cpx2+y2
(e) En utilisant des in´egalit´es et en faisant t= 1 et t=1, trouver une valeur acceptable
de la constante c.
(On pourra montrer en particulier que pour (x, y)R2, max(|x+y|,|xy|) = |x|+|y|.)
3. On cherche dans cette question `a d´eterminer la boule unit´e ferm´ee pour cette norme.
(a) Soit (x, y)R2. Montrer que N(x, y) = N(x, y) = N(x, y) = N(x, y).
On peut donc se restreindre dans notre ´etude `a x > 0 et y > 0 et ainsi,
N(x, y) = sup
tR+x+ty
1 + t2.
(b) Justifier l’´egalit´e suivante :
(x, y)R2, N(x, y) = sup
θ[0]1 + cos θ
2x+sin θ
2y
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