Microéconomie 1 Dénitions mathématiques importantes Marianne Tenand Département d'économie ENS, 2016 - 2017 [email protected] Voici quelques dénitions et propriétés mathématiques auxquelles la thoéorie microéconomique fait appel, et qu'il faut bien avoir en tête1 . 1 Convexité, concavité 1.1 Convexité et concavité de fonctions NB : les dénitions de concavité et convexité ne sont données ici que pour les fonctions à une seule variable. Les dénitions pour les fonctions à plusieurs variables seront (re)vues plus tard. Fonction convexe Une fonction f ∶ X → R est dite convexe sur un intervalle C ∈ X si ∀(x, y) ∈ C 2 , ∀t ∈ [0, 1]: f (tx + (1 − t)y) ≤ tf (x) + (1 − t)f (y) 1 Pour une présentation reportez-vous au plus Vade Mecum détaillée des concepts mathématiques de Julien Grenet, à l'adresse : com/grenet-julien/TD/Annexe1.pdf, ainsi qu'au cours de ment d'économie. 1 utilisées en microéconomie, http://www.parisschoolofeconomics. Mathématiques pour économistes du départe- Figure 1: Fonction convexe Source: Wikipedia Fonction strictement convexe Une fonction f ∶ X → R est dite strictement convexe sur un intervalle C ∈ X si ∀(x, y) ∈ C 2 , ∀t ∈ ]0, 1[: f (tx + (1 − t)y) < tf (x) + (1 − t)f (y) Fonction convave Une fonction f ∶ X → R est dite concave sur un intervalle si −f est convexe Fonction quasi-concave Une fonction f ∶ X → R est dite quasi-concave sur un intervalle C ∈ X si ∀(x, y) ∈ C , ∀t ∈ [0, 1]: 2 f (tx + (1 − t)y) ≥ min(f (x), f (y)) 2 Fonction strictement quasi-concave Une fonction f ∶ X → R est dite strictement quasi-concave sur un intervalle C ∈ X si ∀(x, y) ∈ C 2 , ∀t ∈ ]0, 1[: f (tx + (1 − t)y) > min(f (x), f (y)) Figure 2: Fonction quasi-concave Propriétés ● La concavité d'une fonction implique sa quasi-concavité La réciproque n'est pas vraie ! Si une fonction n'est pas concave, elle peut-être quasi-concave, mais ce n'est pas nécessaire. ● Soit f une fonction quasi-concave, g une fonction monotone strictement croissante. Alors g ○ f est quasi-concave. 3 1.2 Convexité d'ensembles NB : la notion de concavité pour un ensemble n'est pas dénie. Ensemble convexe Un ensemble S de Rn est convexe ssi, ∀(x, y) ∈ S 2 , ∀λ ∈ [0, 1] : (1 − λ)x + λy ∈ S Ensemble strictement convexe Un ensemble S de Rn est strictement convexe ssi, ∀(x, y) ∈ S 2 , ∀λ ∈ ]0, 1[ : (1 − λ)x + λy ∈ S Figure 3: Ensembles convexe et non-convexe 2 Ensembles fermés et bornés 2.1 Ensembles fermés Rappels : boules ouvertes et boules fermées Soit E un ensemble, d ∶ E × E → R+ une distance sur E ((E, d) est donc un espace métrique). ∀x0 ∈ E et ∀r > 0 : On appelle boule ouverte de rayon r l'ensemble : B(x, r) = {x ∈ E, d(x, x0 ) < r} 4 On appelle boule fermée de rayon r l'ensemble : B(x, r) = {x ∈ E, d(x, x0 ) ≤ r} Nb : R ou C sont des espaces métriques munis de la distance d(x, y) = ∣x − y∣. Ensembles ouverts et fermés Une partie S de E est un (ensemble) ouvert de E si ∀x ∈ S il existe > 0 tel que B(x, ) ∈ S Une partie S ′ de E est un (ensemble) fermé de E ssi le complémentaire de S ′ dans E est un ouvert de E . Ensemble borné Soit S une partie de l'espace métrique (E, d). S est dit borné s'il existe M ∈ R tel que, ∀(x, y) ∈ S , d(x, y) ≤ M . 3 Dérivée et diérentielle On considère une fonction à deux variables, f (x, y). Dérivées partielles premières Pour une fonction à deux variables, il y a deux dérivées partielles premières. La dérivée partielle première par rapport à x s'écrit: ∂f (x, y) ∂x Diérentielle totale La diérentielle totale de f (x, y) se note df et est égale à: df = ∂f (x, y) ∂f (x, y) dx + dy ∂x ∂y 5 La diérentielle totale exprime la variation dans la valeur de la fonction f (x, y) en fonction des variations dans les arguments de la fonction, notées dx et dy . Exemple d'utilisation : Ecriture du TMS (on pose dU = 0). Diérentielles partielles Comme pour les dérivées partielles premières, si f est une fonction de k variables alors il existe k diérentielles partielles. La diérentielle partielle de f (x, y) par rapport à x est égale à : ∂f (x, y) dx ∂x On notera que: ● dx (tout comme dy ) n'est pas a variable et non une fonction ; priori une diérentielle puisque x (resp. y) est une ● La diérentielle totale est la somme des diérentielles partielles. Exemple d'utilisation : Montrer que la recette marginale du monopole associée à un niveau de production Q, qu'on note Rm(Q), est égale à ( 1 + 1).P (Q), où : ● est l'élasticité-prix de la demande adressée au monopole ; ● P (Q) l'inverse de la fonction de demande. Dénition mathématique de l'élasticité-prix : = dQ Q dP P = dQ P . dP Q Par ailleurs, la recette totale du monopole vaut P (Q).Q. La recette marginale est donc égale à : Rm(Q) = ∂[P (Q)Q] ∂Q = P (Q) + ∂P (Q) .Q ∂Q Si on prend la diérentielle (partielle ou totale, ici cela revient au même puisque P (.) est fonction de la seule variable Q) de la fonction P (Q) : dP (Q) = ∂P (Q) .dQ ∂Q 6 Donc : ∂P (Q) dP (Q) = ∂Q dQ En réinjectant cette expression dans celle de la recette marginale : dP (Q) .Q dQ dP (Q) Q . ) = P (Q).(1 + dQ P 1 = P (Q).(1 + ) Rm(Q) = P (Q) + Règle de dérivation en chaîne Cette règle permet de dériver des fonctions composées. Supposons une fonction f (z) où z est en fait une fonction d'une variable x (z = z(x)). Alors la dérivée partielle de f par rapport à x s'écrit : ∂z(x) ∂f (z) = f ′ (z(x)) ∂x ∂x Supposons maintenant une fonction g(z, x) où z est en fait une fonction d'une variable x (z = z(x)). Alors la dérivée partielle de g par rapport à x s'écrit : ∂g(z(x), x) ∂g(z, x) ∂z(x) ∂g(z, x) ∂x = + ∂x ∂z ∂x ∂x ∂x ∂g(z, x) ∂z(x) ∂g(z, x) + = ∂z ∂x ∂x De manière similaire, si on suppose une fonction h(z, y) où z et y sont en fait des fonctions de x (z = z(x) et y = y(x), alors la dérivée partielle de h par rapport à x s'écrit : ∂f (z(x), y(x)) ∂f (z, y) ∂z(x) ∂f (z, y) ∂y(x) = + ∂x ∂z ∂x ∂y ∂x Exemple d'utilisation : Démonstration du théorème d'Euler et de l'identité de Roy. 7