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roïdiens. Il s’agit d’un tableau initial et évolutif superpo-
sable à la thyroïdite de De Quervain mais sans sympto-
matologie inflammatoire clinique. Initialement, une symp-
tomatologie d’hyperthyroïdie modérée est souvent pré-
sente, la thyroïde est souvent agrandie, de consistance
ferme mais indolore. Une anamnèse familiale d’atteinte
thyroïdienne est plutôt rare.
Dans les années 1970-1980, cette thyroïdite représentait
jusqu’à 20% de toutes les hyperthyroïdies, son incidence
apparaît plus rare actuellement.
Bilan
Les anticorps antithyroïdiens, notamment antithyroper-
oxydase, sont élevés; les antirécepteurs de la TSH le sont
plus rarement. Une maladie de Basedow doit pratiquement
toujours être considérée dans le diagnostic différentiel.
Deux attitudes sont envisageables, selon le tableau clini-
que. Si le patient est symptomatique et l’établissement d’un
diagnostic rapide indispensable, un examen scintigraphi-
que est à envisager. En l’absence de surcharge iodée et en
présence d’une captation du radiotraceur basse ou effon-
drée, le diagnostic de thyroïdite est certain, car dans la
maladie de Basedow la captation est pratiquement tou-
jours élevée. A l’opposé, si le patient est peu symptomati-
que, des tests de la fonction thyroïdienne pratiqués trois
à quatre semaines plus tard peuvent montrer une norma-
lisation ou une évolution vers une hypothyroïdie, permet-
tant ainsi d’établir un diagnostic de manière bien plus
économique. Un suivi régulier de la fonction thyroïdienne
est indiqué dans les six mois qui suivent ce diagnostic, car
l’apparition et l’importance de la phase d’hypothyroïdie
sont très variables.
Thérapeutique et évolution
Dans la phase d’hyperthyroïdie, la prescription de bêta-
bloquants est rarement indiquée au vu de la symptoma-
tologie discrète et surtout très transitoire. La majorité des
patients récupèrent après une phase transitoire d’hypo-
thyroïdie pouvant survenir jusque chez 40% des patients.
Un traitement transitoire de lévothyroxine (~ 0,4-0,7 µg/kg/
24 h) peut être prescrit chez les patients symptomatiques,
sa prescription prolongée nécessitera de démontrer que
l’hypothyroïdie persiste. Pratiquement, un taux de TSH
élevé, mesuré un mois après une diminution de 50% de la
dose de lévothyroxine permettra de diagnostiquer une hy-
pothyroïdie persistante. A l’opposé, si le taux de TSH est
normal un arrêt du traitement de lévothyroxine est indi-
qué, en surveillant la fonction thyroïdienne de manière
régulière durant un semestre. Ainsi, les séquelles de cette
maladie se rencontrent chez moins de 10% des patients
avec la persistance d’un goitre, ou d’une hypothyroïdie
permanente. A l’opposé du De Quervain, la récidive est
présente dans 5-10% des cas.
Thyroïdite du post-partum
Clinique
Cette maladie décrite initialement en 1948, bien con-
nue des endocrinologues, est rarement envisagée en mé-
decine clinique bien que fréquente.32,33 En effet, 5-15% des
femmes présentent une telle thyroïdite, débutant le plus
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thyroïdiens, leurs variations n’ayant aucune répercussion
dans le suivi de la maladie.
Thérapeutique
Si le patient est cliniquement et biologiquement euthy-
roïdien, il n’y a pas de traitement particulier à envisager.
En présence d’une hypothyroïdie, une substitution thyroï-
dienne est indiquée, même si elle n’est que préclinique au
vu de la progression fréquente vers l’hypothyroïdie franche.
En présence d’un goitre, la situation reste discutée, notam-
ment quant au bénéfice de maintenir une TSH à la limite
inférieure de l’intervalle de référence en vue de diminuer
le volume thyroïdien.
En présence d’un goitre symptomatique, une sanction
chirurgicale est parfois à envisager. Toutefois, dans ce
contexte particulier une période d’observation est indi-
quée, vu le cours imprévisible de cette maladie notam-
ment quant aux variations du volume et de la fonction en
rapport avec les modifications des activités biologiques
des anticorps antirécepteurs de la TSH et des lympho-
cytes intrathyroïdiens. Ainsi aussi bien l’indication au trai-
tement que la prédiction de son évolution demeurent con-
troversées.26,27
Evolution
L’histoire naturelle de la thyroïdite de Hashimoto n’est
que peu connue si l’on considère l’éditorial récent de
Davies.3En effet, dans sa classification il décrit la thyroïdite
de Hashimoto dans ses formes goitreuses et non goitreuses,
euthyroïdiennes et hypothyroïdiennes. Ainsi, les formes non
goitreuses et euthyroïdiennes de thyroïdite de Hashimoto
ne seront qu’exceptionnellement diagnostiquées, représen-
tant pour certains la forme la plus fréquente de thyroïdite
rencontrée chez l’adulte, à l’opposé des formes goitreuses
avec hypothyroïdies.
Pratiquement, en cas d’atrophie thyroïdienne et d’hypo-
thyroïdie il s’agit d’une maladie chronique sans grande varia-
tion au fil des années. En présence d’un volume thyroïdien
normal ou d’un goitre, l’évolution peut comporter, bien que
rarement, des phases d’hyperthyroïdie et d’hypothyroïdie
accompagnées de changements de la taille de la glande.
Vu le caractère familial, un dépistage est souvent indiqué.
Une fois identifiée, l’évolution semble plus subordonnée
au taux de TSH qu’à celui des anticorps selon l’étude ré-
cente de Warren, illustrant un nouvel aspect de l’interpré-
tation des tests de laboratoire.29,30 Dans les décennies à
venir, la prévalence de la thyroïdite de Hashimoto en rap-
port avec l’augmentation de la consommation de sel iodé
reste à établir, vu les différences observées actuellement
entre pays.30,31
Le lymphome thyroïdien représente une évolution ex-
ceptionnelle de la thyroïdite de Hashimoto, rencontrée
essentiellement chez des sujets très âgés, le plus souvent
de sexe féminin, se manifestant par un goitre se dévelop-
pant rapidement.
Thyroïdite subaiguë lymphocytaire (thyroïdite
indolore ou silencieuse)
Clinique
Les manifestations initiales sont très variables, caracté-
risées par des anomalies de la fonction et du volume thy-