Thyroïdites : Approche pour le praticien

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L. Portmann
Les thyrdites représentent un vaste ensemble de pathologies
thyroïdiennes, les à des étiologies aussi bien inflammatoires
qu’infectieuses, comportant des évolutions cliniques et biolo-
giques très diverses.1Leur classification, comme celle des autres maladies thy-
roïdiennes, reste discutée aussi bien dans la littérature qu’en clinique.2Cer-
taines formes ont une expression clinique facilement reconnue, comme la phase
douloureuse de la thyroïdite de De Quervain, alors que d’autres ne sont identi-
fiées que par un examen histologique ou cytopathologique sans aucune mani-
festation préalable, comme la thyrdite lymphocytaire ou de Hashimoto.3Comme
toute inflammation, la thyroïdite peut être de nature aiguë, subaiguë et chroni-
que et souvent se présenter sous une forme nodulaire.4
Ce travail a ainsi pour but de détailler le mode de présentation, le diagnostic
différentiel, la thérapeutique et l’évolution des différentes formes de thyroïdite
pouvant être rencontrées par le médecin praticien.
INTRODUCTION
Lors d’une consultation médicale, le patient peut psenter certains indices évo-
quant une thyrdite; ceux-ci sont communs à toutes les maladies thyroïdiennes.
En effet, la symptomatologie inaugurale des pathologies thyrdiennes comporte
quatre aspects principaux : des douleurs ou inflammations, une dysfonction (hyper-
thyroïdie, hypothyroïdie), une maladie goitreuse ou nodulaire, et finalement une
atteinte auto-immune. Le tableau 1 illustre la présentation clinique et le tableau 2
les aspects du laboratoire des différentes thyrdites décrites dans cet article.
THYROÏDITE ET DOULEURS CERVICALES ANTÉRIEURES
Les maladies douloureuses de la thyroïde sont très protéiformes. Parfois le
patient a localisé sa douleur et suspecté lui-même l’organe atteint. Il peut arri-
ver que le patient consulte son dentiste, un médecin ORL ou finalement un autre
médecin qui suspectera l’origine thyroïdienne de la symptomatologie.
Thyroiditis : an approach for the practitioner
Thyroiditis represent commonly encountered
thyroid disorders in clinical medicine. Auto-
immune thyroiditis is frequent with various
forms : Hashimotos thyroiditis, subacute thy-
roiditis with lymphocytic and post-partum
variants. In the absence of any changes in
volume and function, Hashimoto’s thyroiditis
can be seen in a setting of a thyroid nodule,
elevation of thyroid autoantibodies and by
the pathologist in surgical or cytological ma-
terials.
Presenting with fever, cervical pain and subtle
signs of hyperthyroidism, subacute thyroiditis
(De Quervain) represents often a challenge
for an early recognition and an appropriate
treatment. Acute thyroiditis and Riedels thy-
roiditis are very uncommon, with cervical mass
and pain.
Rev Med Suisse 2005 ; 1 : 432-8
Les thyrdites représentent des maladies thyroïdiennes cou-
ramment rencontrées en médecine ambulatoire. La plus fré-
quente est la thyroïdite auto-immune : thyroïdite de Hashimoto,
subaiguë lymphocytaire ou du post-partum. En l’absence de
variation du volume et de la fonction, la thyroïdite de Hashi-
moto peut être suspectée lors de la découverte d’un nodule ou
de plages hypoéchogènes lors d’une échographie des vais-
seaux cérébraux, d’une élévation des anticorps antithyroïdiens
dans un bilan de dépistage ou encore par le pathologue sur
une pièce opératoire.
Se manifestant par un syndrome inflammatoire, des douleurs
cervicales et d’une hyperthyrdie, la thyrdite de De Quervain
pose fréquemment un problème diagnostique. La thyroïdite
aiguë liée à une infection et la thyroïdite de Riedel sont ex-
ceptionnelles.
Les thyroïdites : une approche
pour le médecin praticien
revue
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9 février 2005
Dr Luc Portmann
Service d’endocrinologie, diabétologie
et métabolisme
Département de médecine
CHUV, Rue du Bugnon 46
1011 Lausanne
Luc.Portmann@chuv.hospvd.ch
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De manre gérale, les symptômes sont ts localisés,
parfois plus diffus au niveau cervical avec des douleurs ré-
es pouvant s’accompagner de manifestations générales.
Thyroïdite aiguë infectieuse (ou thyrdite
purulente)
Clinique
Il s’agit d’une maladie exceptionnelle, souvent décrite
dans les traités de médecine mais pratiquement jamais
rencontrée par les cliniciens, même dans de grands centres
hospitaliers.1Cette thyroïdite peut être liée à un point de
départ local, thyroïdien ou à une fistule du sinus piriforme,
ainsi qu’à une focalisation d’une infection systémique.5Un
état fébrile avec des signes locaux inflammatoires est pra-
tiquement toujours présent, avec des douleurs aussi bien
spontanées qu’aux mouvements : déglutition, flexion ou
rotation du cou. Un érythème basi-cervical peut être pré-
sent, une masse thyroïdienne est souvent palpée.
Bilan
La fonction thyroïdienne est normale dans la majori
des cas. Létiologie est le plus souvent bacrienne (strepto-
coque, staphylocoque, etc.), bien plus rarement fongique ou
parasitaire. Le diagnostic est posé par un ensemble d’élé-
ments: contexte clinique, aspect ultrasonographique, exa-
men microbiologique positif après prélèvement par cyto-
ponction.
Thérapeutique
Le choix du traitement antibiotique est dicté par l’iden-
tification de l’agent infectieux. Un drainage est indiqué en
présence d’un abcès.
Evolution
Si le diagnostic est rapidement établi et le traitement
approprié prescrit, la guérison est totale avec absence de
toute séquelle.
Thyroïdite subaiguë de De Quervain
Clinique
Souvent décrite comme une grippe de la glande thyroï-
de cette inflammation survient le plus souvent quelques
semaines aps un épisode banal d’une affection des voies
respiratoires supérieures.6Le tableau clinique initial étant
très polymorphe, il est rare que le diagnostic soit posé ts
rapidement. Les symptômes peuvent être soit généraux, en
rapport avec un état inflammatoire ou l’hyperthyroïdie,
soit locaux, au niveau de la glande. Certains patients pré-
sentent ainsi des myalgies, un état fébrile d’importance ts
variable, accompagnés de sudations nocturnes pouvant
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Douleur Irradiation Diagnostic différentiel Evolution possible
Aiguë (ou infectieuse) oui rare kyste, abcès pharyngé guérison
Subaiguë de De Quervain oui oreilles, dents kyste, angine, abcès très faible risque d’hypothyroïdie
pharyngé, carcinome
Subaiguë lymphocytaire* non non maladie de Basedow récidive possible, hypothyroïdie ?
De Hashimoto très rare non goitre banal goitre, atrophie, hypothyroïdie
De Riedel oui non goitre, carcinome rarement favorable
(thyroïdite fibreuse)
Tableau 1.Thyroïdites : aspects cliniques
*Formes identiques : thyroïdite du post-partum et liée aux cytokines (interféron, interleukine), thyroïdite après administration d’iode radioactif pour une
maladie de Basedow ou traitement d’amiodarone.
VS , CRP Fonction Anticorps Analyse
(IL-6 ) thyroïdienne initiale antithyroïdiens microbiologique
Aiguë (ou infectieuse) oui normale absents bactéries,
(parasites, champignons)
Subaiguë de De Quervain oui hyperthyroïdie absents le plus souvent sérologie ?
Subaiguë lymphocytaire non hyperthyroïdie, présents négative
parfois hypothyroïdie
De Hashimoto exceptionnel normale, présents négative
parfois dysfonction
De Riedel oui normale absents négative
(thyroïdite fibreuse)
Tableau 2.Thyroïdites : examens de laboratoire
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mimer d’autres maladies bactériennes ou tumorales. La
symptomatologie liée à l’hyperthyroïdie est souvent dis-
crète : palpitations, fatigue, tremblement ou perte de poids,
éments souvent peu identifiés par le patient. Les dou-
leurs peuvent être uniquement locales avec une localisa-
tion unilatérale ; une migration des symptômes sur l’autre
lobe de la thyrde n’est pas rare. Ce passage controlatéral
est très caractéristique et ne se rencontre pratiquement
que dans cette forme de thyroïdite. Une dysphagie peut
se présenter, alors que la dysphonie ou les troubles respi-
ratoires de type stridor sont absents. L’irradiation vers les
oreilles ou la mâchoire est très fréquente. Le patient peut
ainsi consulter un spécialiste ORL, qui exclut une otite et
diagnostique parfois une otalgie en rapport avec la mala-
die thyroïdienne, ou se rendre chez son dentiste, qui par-
fois débute un traitement dentaire vu la fréquence élevée
de dentitions pathologiques dans notre population. Le con-
texte clinique est l’élément le plus important pour le dia-
gnostic, les examens complémentaires permettent ainsi
de le confirmer.
Bilan
La vitesse de sédimentation et le taux de CRP sont éle-
s, de manière ts variable en rapport avec la chronologie
de la maladie. La TSH est abaissée pendant plusieurs
semaines alors que l’élévation de la T4 libre est souvent
présente mais brève. Le dosage des anticorps antithyroï-
diens n’est ici que peu contributif, à l’opposé des thyroï-
dites auto-immunes. Léchographie thyroïdienne révèle des
plages hypoéchogènes mal délimitées au sein d’un ou des
deux lobes, avec parfois un aspect tumoral au vu de l’effa-
cement des limites thyroïdiennes en rapport avec l’œdème;
la résonance magnétique ou la tomodensitométrie com-
putérisée ne sont qu’exceptionnellement indiqes.7,8 Une
scintigraphie était pratiquée systématiquement il y quel-
ques décennies, mais actuellement celle-ci n’est indiquée
qu’exceptionnellement bien qu’encore largement utilisée,
notamment aux Etats-Unis. Cet examen montre une hypo-
captation diffuse ou localisée du radiotraceur, ouvrant
ainsi le diagnostic différentiel des hyperthyroïdies avec
captation basse. Dans les formes atypiques où le diagnostic
est plus difficile, une cytoponction est utile et peut mettre
en évidence un tableau inflammatoire typique avec des
cellules géantes, notamment en présence d’un De Quervain.
Une sérologie virale est parfois envisae mais inutile dans
la pratique.
Thérapeutique
La thérapeutique habituelle comporte la prescription
d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), parfois de
prednisone dans les formes plus sévères ou si la douleur
ne réagit pas aux AINS aps quelques jours. Ce traitement
est diminué très progressivement sur une période de plu-
sieurs semaines, vu le caractère parfois prolongé ou réci-
divant de cette maladie. Un bêta-bloquant peut être pres-
crit initialement en présence d’une symptomatologie car-
diaque ou d’un trémor manifeste. Les antithyroïdiens ne
sont pas indiqués car l’hyperthyroïdie est liée à un largage
hormonal et non à une synthèse augmentée comme dans
la maladie de Basedow ou l’adénome toxique.
Evolution
La figure 1 illustre l’évolution habituelle des thyroïdites
subaiguës. La première phase est illuste dans la présen-
tation clinique de la maladie, la deuxième phase représen-
te une période apparente de récupération si l’on considère
les taux normaux de T4 libre et de TSH. Dans les semaines
ou mois qui suivent, une troisme phase survient avec une
hypothyroïdie qui n’est souvent identifiée que lorsqu’elle
est recherchée sysmatiquement. Dans la majorité des cas,
la symptomatologie est le plus souvent modérée ou absen-
te. La quatrième phase est celle de la récupération avec
une normalisation définitive de la fonction thyroïdienne.
La récidive est exceptionnelle. De manière inhabituelle plu-
sieurs membres d’une famille ont été atteints.9
THYROÏDITE ET DYSFONCTION
THYROÏDIENNE
Thyroïdite et hyperthyroïdie
En présence d’une hyperthyroïdie avec une orbitopa-
thie (maladie de Basedow), un nodule prédominant indo-
lore (nodule toxique probable) ou un goitre multinodulaire,
la possibilité d’une thyroïdite est pratiquement écartée.
Toutefois, dans les autres situations la possibilité d’une thy-
roïdite doit être envisagée et faire partie du diagnostic dif-
rentiel initial, considérant le contexte clinique du patient.
La thyroïdite du post-partum, la phase hyperthyroïdienne
d’un Hashimoto (Hashitoxicose) ainsi qu’une thyroïdite
d’origine médicamenteuse (amiodarone, cytokine) font ainsi
partie des diagnostics à envisager.10,11
Thyroïdite et hypothyrdie
En présence d’une hypothyroïdie, le diagnostic de thy-
roïdite, notamment de Hashimoto ou subaiguë lymphocy-
taire (et post-partum) doit être envisa. En psence
d’une hypothyrdie secondaire ou aps traitement à l’iode
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Figure 1. Caractéristiques des évolutions de la fonc-
tion thyroïdienne lors de thyroïdite subaiguë
Evolution de trois patients différents :
A : hyperthyroïdie brève et transitoire, sans autre dysfonction.
B : hyperthyrdie transitoire avec hypothyroïdie transitoire spontanément
résolutive.
C : hyperthyroïdie transitoire avec hypothyroïdie persistante.
Echelle de temps
Hyperthyroïdie
Normale
Hypothyroïdie
Fonction thyroïdienne
Phase 1
Phase 2 Phase 3 Phase 4
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radioactif, une telle éventualité n’est pas à rechercher. De
même, chez le nouveau-né et dans l’enfance les ectopies,
agénésies ou les exceptionnelles dyshormonogenèses sont
àconsidérer plutôt que la thyroïdite, qui devient plus fré-
quente à partir de l’adolescence.
THYROÏDITE ET PATHOLOGIE NODULAIRE,
GOITREUSE ET TUMORALE
Thyroïdite de Riedel
Cette forme fibreuse de thyroïdite est exceptionnelle
et la plus rare dans ce groupe de pathologies.12,13 Le plus
souvent, le patient présente une gêne très importante au
niveau du cou, avec des troubles de la déglutition, une
dyspe et parfois des douleurs rérées. Un goitre est pré-
sent, pouvant être asymétrique, très ferme ou dur à la pal-
pation et souvent fixé. Il s’agit d’une inflammation fibreuse
d'évolution très rapide et d’origine indéterminée, où le dia-
gnostic est souvent posé par l’histologie plutôt que par la
clinique, le laboratoire ou l’échographie. Le traitement étant
le plus souvent chirurgical, le patient doit être référé dans
un service connaissant ce type de maladie. Parfois l’évolu-
tion de la maladie est spontanément favorable, avec l’aide
d’une corticothérapie, après une période de symptomato-
logie aiguë très manifeste ou peut ultérieurement être as-
sociée à d’autres manifestations de type pancréatite ou
sclérose multifocale.14
Thyroïdite et nodule ou goitre
La présentation nodulaire des thyroïdites est plut rare.
Parfois, lors d’une thyroïdite subaiguë de De Quervain un
nodule peut prédominer initialement ; toutefois les symp-
tômes associés, les douleurs référées, la douleur locale et
surtout l’échographie permettent d’exclure une maladie
nodulaire.4,15
Dans le cadre des maladies nodulaires, un accident
hémorragique (ou dégénérescence kystique) au sein d’un
nodule préexistant peut mimer une thyroïdite, vu la dou-
leur thyroïdienne et l’irradiation souvent présente vers
l’oreille. Cependant le tableau inflammatoire est absent
et l’échographie permet aisément de poser le diagnostic
en excluant ainsi les autres possibilités envisagées préa-
lablement.
Dans certaines formes progressives de la maladie de
Basedow ou de thyroïdite de Hashimoto, le volume du
goitre peut parfois augmenter rapidement et devenir dou-
loureux avec un tableau inflammatoire (VS ou CRP élevés).
Dans cette situation, le passage en hypothyroïdie n’est
pas rare sur une période de quelques semaines.
Thyroïdite et maladies tumorales
Le carcinome indifférencié (ou anaplasique) de la thy-
roïde peut se présenter sous une forme douloureuse, rare-
ment accompage d’une hyperthyroïdie pclinique, pou-
vant ainsi mimer une thyroïdite.
Le lymphome thyroïdien est rare, souvent asymétrique,
et peut mimer une thyroïdite subaiguë ou de Hashimoto.
Le carcinome folliculaire peut avoir une présentation
initiale identique au De Quervain, mais les examens para-
cliniques permettent de le distinguer
Thyroïdite et maladies thyrdiennes sous-
jacentes
Un diagnostic de maladies thyroïdiennes multiples est
parfois posé. En pratiquant une échographie thyroïdienne
sysmatique chez des sujets asymptomatiques, on observe
un pourcentage important de nodules augmentant avec
l’âge, pouvant atteindre 50% de thyroïde nodulaire à l’âge
de 60 ans.4Ainsi lors d’une thyroïdite une maladie nodu-
laire peut aiment pexister et compliquer l’identification
des maladies présentes, aussi bien en phase initiale que
plus tardive.
THYROÏDITE ET IMMUNOPATHIE
THYROÏDIENNE
Thyroïdite de Hashimoto (ou thyroïdite
chronique lymphocytaire)
Clinique
Le plus souvent asymptomatique, cette thyroïdite est
certainement la maladie thyrdienne la plus fréquemment
rencontrée ou ignorée en clinique et discutée entre spé-
cialistes.16-18 Lorsqu’elle est symptomatique, cette affection
prédomine chez la femme d’âge moyen. Dans la phase ini-
tiale, le patient peut présenter un goitre de type diffus,
parfois asymétrique, indolore, de consistance élastique ou
ferme. En présence d’un petit goitre, la fonction thyroï-
dienne est rarement perturbée initialement, une phase
transitoire d’hyperthyroïdie est possible. Plus tardive-
ment, une hypothyroïdie est souvent présente, d’abord
préclinique puis plus franche au fil du temps. L’évolution
du goitre est très variable : stabilité, atrophie progressive
ou augmentation du volume pouvant mimer une maladie
tumorale.
Chez l’enfant et l’adolescent surtout, cette forme de thy-
roïdite représente l’étiologie la plus fréquente de goitre
sporadique depuis que le déficit en iode a disparu.
Bilan
Il arrive que le diagnostic soit évoqué par les résultats
des tests thyroïdiens lors d’un bilan pratiqué dans le
cadre de maladies auto-immunes de type maladie
d’Addison, diabète, Biermer, lupus érythémateux dissé-
miné, de syndrome de Sjögren ou de sclérodermie. Le
dosage de T4 libre, TSH et anticorps antithyroperoxydase
représente le bilan minimal. La détermination des anti-
corps antithyroglobuline n’est que peu utile car leur fré-
quence est moins élevée que les antithyroperoxydases ;
leur utilité est certaine dans un contexte thyroïdien onco-
logique, où la présence de ces anticorps doit être connue
afin d’interpréter correctement le taux de thyroglobuline
dans un bilan et suivi de carcinome thyroïdien bien diffé-
rencié.19,20 L’échographie est souvent utile en présence
d’un goitre ou nodule, face à l’importance des incidenta-
lomes thyroïdiens.21-24 Face à un goitre, l’échographie
thyroïdienne permettra de confirmer le diagnostic sus-
pecté préalablement en présence d’une sémiologie
typique avec un parenchyme diffusément hypoéchogène.
En cas de nodule une cytoponction est indiquée.25
Lorsque le diagnostic est bien établi, il est inutile de
contrôler de manière itérative le taux des anticorps anti-
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roïdiens. Il s’agit d’un tableau initial et évolutif superpo-
sable à la thyroïdite de De Quervain mais sans sympto-
matologie inflammatoire clinique. Initialement, une symp-
tomatologie d’hyperthyroïdie modérée est souvent pré-
sente, la thyroïde est souvent agrandie, de consistance
ferme mais indolore. Une anamnèse familiale d’atteinte
thyroïdienne est plutôt rare.
Dans les années 1970-1980, cette thyroïdite repsentait
jusqu’à 20% de toutes les hyperthyroïdies, son incidence
apparaît plus rare actuellement.
Bilan
Les anticorps antithyroïdiens, notamment antithyroper-
oxydase, sont élevés; les antirécepteurs de la TSH le sont
plus rarement. Une maladie de Basedow doit pratiquement
toujours être considérée dans le diagnostic différentiel.
Deux attitudes sont envisageables, selon le tableau clini-
que. Si le patient est symptomatique et létablissement d’un
diagnostic rapide indispensable, un examen scintigraphi-
que est à envisager. En l’absence de surcharge ioe et en
présence d’une captation du radiotraceur basse ou effon-
drée, le diagnostic de thyroïdite est certain, car dans la
maladie de Basedow la captation est pratiquement tou-
jours élevée. A l’opposé, si le patient est peu symptomati-
que, des tests de la fonction thyroïdienne pratiqués trois
à quatre semaines plus tard peuvent montrer une norma-
lisation ou une évolution vers une hypothyroïdie, permet-
tant ainsi d’établir un diagnostic de manière bien plus
économique. Un suivi régulier de la fonction thyroïdienne
est indiqué dans les six mois qui suivent ce diagnostic, car
l’apparition et l’importance de la phase d’hypothyroïdie
sont très variables.
Thérapeutique et évolution
Dans la phase dhyperthyrdie, la prescription de bêta-
bloquants est rarement indiquée au vu de la symptoma-
tologie discrète et surtout très transitoire. La majorité des
patients récupèrent après une phase transitoire d’hypo-
thyroïdie pouvant survenir jusque chez 40% des patients.
Un traitement transitoire de lévothyroxine (~ 0,4-0,7 µg/kg/
24 h) peut être prescrit chez les patients symptomatiques,
sa prescription prolongée nécessitera de démontrer que
l’hypothyroïdie persiste. Pratiquement, un taux de TSH
élevé, mesuré un mois après une diminution de 50% de la
dose de lévothyroxine permettra de diagnostiquer une hy-
pothyroïdie persistante. A l’oppo, si le taux de TSH est
normal un arrêt du traitement de lévothyroxine est indi-
qué, en surveillant la fonction thyroïdienne de manière
régulière durant un semestre. Ainsi, les séquelles de cette
maladie se rencontrent chez moins de 10% des patients
avec la persistance d’un goitre, ou d’une hypothyroïdie
permanente. A l’opposé du De Quervain, la récidive est
présente dans 5-10% des cas.
Thyroïdite du post-partum
Clinique
Cette maladie décrite initialement en 1948, bien con-
nue des endocrinologues, est rarement envisagée en mé-
decine clinique bien que fréquente.32,33 En effet, 5-15% des
femmes présentent une telle thyroïdite, débutant le plus
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thyroïdiens, leurs variations n’ayant aucune répercussion
dans le suivi de la maladie.
Thérapeutique
Si le patient est cliniquement et biologiquement euthy-
roïdien, il n’y a pas de traitement particulier à envisager.
En présence d’une hypothyroïdie, une substitution thyroï-
dienne est indiqe, même si elle n’est que préclinique au
vu de la progression fréquente vers l’hypothyroïdie franche.
En psence d’un goitre, la situation reste discue, notam-
ment quant au bénéfice de maintenir une TSH à la limite
inférieure de l’intervalle de référence en vue de diminuer
le volume thyroïdien.
En présence d’un goitre symptomatique, une sanction
chirurgicale est parfois à envisager. Toutefois, dans ce
contexte particulier une période d’observation est indi-
quée, vu le cours imprévisible de cette maladie notam-
ment quant aux variations du volume et de la fonction en
rapport avec les modifications des activités biologiques
des anticorps antirécepteurs de la TSH et des lympho-
cytes intrathyroïdiens. Ainsi aussi bien l’indication au trai-
tement que la prédiction de son évolution demeurent con-
troversées.26,27
Evolution
L’histoire naturelle de la thyroïdite de Hashimoto n’est
que peu connue si l’on considère l’éditorial récent de
Davies.3En effet, dans sa classification il décrit la thyroïdite
de Hashimoto dans ses formes goitreuses et non goitreuses,
euthyroïdiennes et hypothyrdiennes. Ainsi, les formes non
goitreuses et euthyroïdiennes de thyroïdite de Hashimoto
ne seront qu’exceptionnellement diagnostiquées, représen-
tant pour certains la forme la plus fréquente de thyroïdite
rencontrée chez l’adulte, à l’opposé des formes goitreuses
avec hypothyroïdies.
Pratiquement, en cas d’atrophie thyroïdienne et d’hypo-
thyroïdie il sagit dune maladie chronique sans grande varia-
tion au fil des années. En présence d’un volume thyroïdien
normal ou d’un goitre, l’évolution peut comporter, bien que
rarement, des phases d’hyperthyroïdie et d’hypothyroïdie
accompagnées de changements de la taille de la glande.
Vu le caractère familial, un dépistage est souvent indiqué.
Une fois identifiée, l’évolution semble plus subordonnée
au taux de TSH qu’à celui des anticorps selon l’étude ré-
cente de Warren, illustrant un nouvel aspect de l’interpré-
tation des tests de laboratoire.29,30 Dans les décennies à
venir, la prévalence de la thyroïdite de Hashimoto en rap-
port avec l’augmentation de la consommation de sel iodé
reste à établir, vu les différences observées actuellement
entre pays.30,31
Le lymphome thyroïdien représente une évolution ex-
ceptionnelle de la thyroïdite de Hashimoto, rencontrée
essentiellement chez des sujets très âgés, le plus souvent
de sexe féminin, se manifestant par un goitre se dévelop-
pant rapidement.
Thyroïdite subaiguë lymphocytaire (thyroïdite
indolore ou silencieuse)
Clinique
Les manifestations initiales sont très variables, caracté-
risées par des anomalies de la fonction et du volume thy-
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