La Faim du Monde: UNESCO Courrier, Mai 1975

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m
Une
fenêtre
ouverte
sur
le
monde
ourrier
Mai
1975
(XXVIIIe
année)
2,80
francs
français
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à
3
)
TRÉSORS
DE
L'ART
MONDIAL
Année
internationale
de
la
femme
ffi
ZAIRE
"
Pwo
",
ou
la
femme
réincarnée
Ce
masque
africain,
c'est
le
«
pwo
»
des
Tshokwe,
population
de
quelque
600
000
habitants
implantée
au
Zaïre,
en
Zambie
et
surtout
en
Angola.
Le
masque
«
pwo
»
réincarne
l'ancêtre
féminin.
Toujours
sculpté
dans
le
bois
dur
(alors
que
les
autres
masques
sont
de
vannerie
ou
d'écorce),
coiffé
d'une
perruque
de
fibres
végétales,
il
est
souvent
à
l'image
d'une
femme
célèbre
pour
sa
beauté.
Il
est
porté
exclusivement
par
des
hommes,
danseurs
ambulants.
L'art
des
Tshokwe
témoigne
d'un
emploi
raffiné
d'éléments
décoratifs
traditionnels
(croi¬
sillons,
chevrons,
guillochés,
etc.),
pourvus
d'une
signification
symbolique.
Le
Courrier
MAI
1975
28e
ANNÉE
PUBLIÉ
EN
15
LANGUES
Français
Arabe
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Japonais
Hébreu
Espagnol
Italien
Néerlandais
Russe
Hindi
Portugais
Allemand
Tamoul
Turc
Mensuel
publié
par
l'UNESCO
Organisation
des
Nations
Unies
pour
l'Éducation,
la
Science
et
la
Culture
Ventes
et
distributions
:
Unesco,
place
de
Fontenoy,
75700
Paris
Belgique
:
Jean
de
Lannoy,
112,
rue
du
Trône,
Bruxelles
5
ABONNEMENT
ANNUEL
:
28
francs
fran¬
çais.
Envoyer
les
souscriptions
par
mandat
C.C.P.
Paris
12598-48,
Librairie
Unesco,
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de
Fontenoy,
75700
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Reliure
pour
une
année
:
24
francs
Les
articles
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de
la
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t
Reproduits
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».
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date
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Trois
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A
NOS
ABONNÉS
Nos
abonnés
reçoivent
à
nouveau
le
Courrier
de
/'Unesco
avec
beaucoup
de
retard.
Des
grèves
prolongées
ont
paralysé
la
fabri¬
cation
de
notre
revue
dans
les
ateliers
de
notre
imprimeur
parisien.
Nous
prions
nos
lecteurs
de
nous
en
excuser
et
espérons
que
ces
retards
pourront
être
réduits
au
minimum
pour
les
prochains
numéros
de
notre
revue.
4
POUR
ENTRER
DANS
UNE
ÈRE
DE
JUSTICE
ALIMENTAIRE
par
Marcel
Ganzin
12
Y
A-T-IL
UNE
SOLUTION
A
LA
CRISE?
par
Sayed
A.
Mare/
15
ÉCHOS
DU
MONDE
ENTIER...
16
CRISE
OU
SCANDALE?
par
René
Dumont
18
LES
PAYSANS-PEINTRES
DE
BALI
Quatre
pages
couleur
24
LES
TERRIBLES
SÉQUELLES
DE
LA
MALNUTRITION
par
Coluthur
Gopalan
28
LE
NORD-EST
DU
BRÉSIL
LUTTE
CONTRE
LA
FAIM
par
Nelson
Chaves
34
S.O.S.
ENFANCE
Dans
130
pays,
pour
des
millions
d'enfants,
la
présence
de
l'Unicef
est
une
chance
de
survie.
par
William
Tracy
38
LATITUDES
ET
LONGITUDES
2
TRÉSORS
DE
L'ART
MONDIAL
Année
internationale
de
la
femme
«
Pwo
»
ou
la
femme
réincarnée
(Zaïre)
Photo
Notre
couverture
Il
existe
aujourd'hui
une
crise
mondiale
de
l'alimentation
beaucoup
plus
grave
qu'on
ne
l'imagine
généralement.
Faim
et
famine
ne
sont
pas
seuls
en
cause
:
un
fléau,
peut-
être
aussi
grave,
c'est
la
malnutrition
dont
souffrent
des
millions
d'enfants
et
d'a¬
dultes.
Le
Programme
alimentaire
mon¬
dial
des
Nations
Unies
avait
prévu
440
mil¬
lions
de
dollars
pour
1975-1976
afin
de
réduire
les
déficits
alimentaires.
Mais
ce
chiffre
est
d'ores
et
déjà
insuffisant.
On
sait
que
le
monde
dépense
300
milliards
de
dollars
par
an
pour
les
armements.
Ne
pourrait-on
utiliser
une
partie
de
cet
ar¬
gent
gaspillé
en
pure
perte
pour
sauver
des
vies
humaines
7
Pour
entrer
dans
une
ère
de
justice
alimentaire
par
Marcel
Gamin
AU
vu
de
l'abondante
documen¬
tation
sur
la
famine
dans
divers
pays
du
monde
en
voie
de
développe¬
ment
(Sahel,
Ethiopie,
Bangladesh)
et
sur
d'autres
pays
dans
lesquels
sévit
la
malnutrition,
après
le
grand
nombre
de
déclarations,
de
résolutions
et
de
recommandtions
formulées
au
cours
ou
en
marge
de
la
Conférence
Mon¬
diale
sur
l'Alimentation
réunie
à
Rome
en
novembre
1974,
égales
et
identi¬
ques
à
tout
ce
qui
avait
été
recom¬
mandé
par
les
conférences,
séminai¬
res
et
symposiums
précédents,
il
peut
paraitre
prétentieux
ou,
à
la
rigueur,
superflu
d'aborder
à
nouveau
un
thè¬
me
à
propos
duquel
on
aurait
tout
dit,
tout
écrit
et
proposé
toutes
sortes
de
mesures
destinées
à
améliorer
la
situation
ou
à
résoudre
le
problème.
Pourtant,
dès
que
l'on
s'efforce
de
prendre
un
certain
recul
afin
de
situer
dans
un
contexte
moins
passionné
la
situation
qui
préoccupe
encore
l'opi¬
nion
publique,
mais
en
se
plaçant
sous
un
angle
objectif
et
nouveau,
les
moyens
s'offrent
d'eux-mêmes
à
l'ana¬
lyse
du
caractère
que
l'on
prétend
exceptionnel
d'un
phénomène
auquel
rien
de
moins
que
l'Histoire
des
hom¬
mes
offre
des
échos.
Ces
échos
sont
d'autant
plus
trou¬
blants
qu'ils
proviennent
du
fond
des
âges.
L'évolution
de
l'espèce
humaine
fut
ponctuée
de
désastres
alimentaires
répétés,
suivis
de
vigoureuses
récupé¬
rations
et
d'ères
de
prospérité.
Bon
nombre
d'invasions,
de
guerres
et
de
migrations
n'avaient
d'autre
but
que
de
satisfaire
les
besoins
alimentaires.
Notre
objectif
se
limite
à
évoquer
les
similitudes
qui
pourraient
caracté¬
riser
les
situations
d'antan
et
celles
que
nous
vivons
actuellement.
Si
l'iden¬
tité
concerne
seulement
l'apparence
des
choses,
aucune
leçon
ne
peut
être
tirée
du
passé,
tandis
qu'un
thè¬
me
nouveau
peut
s'imposer
à
notre
réflexion
s'il
est
avéré
que
les
grands
bouleversements
contemporains,
exa¬
minés
dans
une
perspective
historique,
ne
traduisent
pas
un
phénomène
abso¬
lument
exceptionnel.
MARCEL
GANZIN,
spécialiste
des
problèmes
de
la
malnutrition,
est
chef
de
la
Division
des
politiques
alimentaires
et
de
la
nutrition
à
la
F.A.O..
Il
a
publié
diverses
études
scientifiques
sur
le
rôle
des
protéines
et
des
vitamines
et
fait
des
recherches]
avancées
sur
l'électropho-
rèse
et
les
globulines.
En
d'autres
termes,
la
situation
ac¬
tuelle
est-elle
due
à
des
causes
excep¬
tionnelles
ou
bien
devons-nous
seule¬
ment
incriminer
le
jeu
d'anciens
déter-
minismes
?
Telle
est
la
question.
Au
cours
des
vingt
dernières
années,
les
pays
industrialisés
semblaient
encombrés
par
«
l'excès
»
de
leur
pro¬
duction
alimentaire.
On
se
souvient
des
subventions
agricoles
versées
pour
réduire
les
cultures
et
la
produc¬
tion
de
certaines
denrées
ou
des
projets
pour
une
Europe-jardin.
Les
gouvernements
ont
prendre
des
mesures
importantes
pour
reconvertir
leurs
populations
agricoles
et
pour
écouler
des
surplus
alimentaires.
En
simples
termes
économiques,
l'offre
dépassait
la
demande.
Soudain,
en
1970,
la
situation
se
renverse,
apparemment
sans
qu'on
l'ait
prévu.
Tout
à
coup,
la
demande
mondiale
de
céréales
groupe
de
denrées
qui
font
l'objet
des
plus
fortes
transactions
financières
et
commer¬
ciales
l'emporte
sur
l'offre.
Certains
n'hésitent
pas
à
attribuer
toute
la
res¬
ponsabilité
de
l'accroissement
de
la
demande
à
l'explosion
démographique,
qui
a
pris
une
accélération
considé¬
rable
ces
dernières
années.
Le
succès
des
campagnes
de
santé
publique,
les
programmes
d'éducation
des
masses
et
un
indéniable
progrès
social
ont
favorisé
l'accroissement
rapide
de
la
population
par
diminu¬
tion
du
taux
de
mortalité.
Mais
aussi
un
autre
facteur
très
important
condi¬
tionne
la
démographie,
c'est
la
misère.
On
oublie
souvent
que
la
misère
est
prolifique.
Le
phénomène
démogra¬
phique
est-il
aussi
nouveau
que
sem¬
ble
l'indiquer
l'intérêt
soudain
et
l'im¬
portance
qu'on
attache
à
l'augmenta¬
tion
du
nombre
de
bouches
à
nourrir,
même
si
cette
augmentation
de
75
mil¬
lions
par
an
pose
à
la
production
agricole
un
problème
d'envergure
?
L'enrichissement
constant
des
pays
industrialisés
et
déjà
nantis
a
contri¬
bué,
lui
aussi,
à
accroître
de
façon
très
sensible
la
demande
alimentaire
mon¬
diale
qui
a
même
entraîné
une
accé¬
lération
du
transfert
de
produits
ali¬
mentaires
en
provenance
des
pays
du
Tiers
Monde.
Nous
rencontrons
alors
un
paradoxe.
Pour
tenter
de
mieux
comprendre
la
situation
actuelle
on
pourrait
adopter
une
classification
nouvelle
des
nations
:
Chose
étrange
que
la
faim
:
au
début,
elle
ne
vous
quitte
jamais.
Elle
est
quand
vous
travaillez,
pendant
que
vous
dormez,
elle
hante
vos
rêves.
Votre
ventre
crie
sans
trêve,
elle
vous
tenaille
et
vous
torture,
comme
si
elle
dévorait
tout
votre
être,
et
à
tout
prix,
il
vous
faut
en
finir
avec
elle...
Et
puis
la
souffrance
aiguë
s'émousse,
mais
elle
aussi
ne
vous
quitte
plus.
Kamala
Markandaya
(Romancière
indienne)
«
Au
secours!
A
l'aide
I
»
C'est
le
cri
des
affamés,
magistralement
traduit
par
le
célèbre
graphiste
soviétique
Dimitri
S.
Moor
(1883-1946)
dans
une
affiche
(ici,
détail)
créée
fin
1921
début
1922.
lors
de
la
famine
qui
sévit
dans
la
région
de
la
Volga,
en
URSS,
à
la
suite
de
la
terrible
sécheresse
des
années
1921
et
1922.
Photo
©
APN,
Paris
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