ecole nationale veterinaire de lyon

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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON
Année 2005 - Thèse n°114
L’HYPERKERATOSE PARAKERATOSIQUE DE LA TRUFFE
DU LABRADOR
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD – LYON I
(Médecine – Pharmacie)
et soutenue publiquement le 18 novembre
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
GILLES Audrey
Née le 02 janvier 1982
à Feurs
REMERCIEMENTS
A Monsieur le Professeur Faure
De la Faculté de médecine Claude Bernard
Qui m’a fait l’honneur de présider cette thèse
Hommages respectueux
A Monsieur le Professeur Bourdoiseau
De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon
Qui m’a fait l’honneur d’accepter le rôle de premier assesseur
Pour vos qualités d’enseignant mais aussi de directeur par intérim
Sincères remerciements
A Monsieur le Professeur Cadoré
De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon
Qui m’a fait l’honneur de prendre part à ce jury de thèse
Et qui m’a fait profiter de ses qualités pédagogiques durant mes études
Sincères remerciements
A Monsieur le Docteur Pin
De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon
Qui m’a fait l’honneur de me proposer et d’encadrer ce travail
Et qui m’a fait partager sa passion pour la dermatologie avec beaucoup de patience
et de pédagogie
Remerciements sincères et respectueux
Aux éleveurs
Qui ont bien voulu collaborer à ce travail et l’ont ainsi rendu possible
Si tous les éleveurs étaient aussi coopératifs avec les vétérinaires, la science
évoluerait peut-être plus rapidement
Sincères remerciements
A Aurélia
Pour son assiduité dans la mise en place du traitement et pour sa disponibilité
Sincères remerciements
A mes parents
Pour leur amour, leur confiance en moi et tout le soutien qu’ils ont su m’apporter
Toutes mes paroles ne seront jamais assez fortes pour exprimer mon amour et toute ma
reconnaissance
A Frédéric
Mon grand frère dont j’ai suivi les traces
Merci pour tes conseils (même si je ne les ai pas forcément toujours suivis) et pour toute
l’affection que tu m’apportes
A Aurélie
Plus qu’une sœur, tu es une amie pour moi
Merci pour tous ces moments que nous avons partagés avec tant de complicité.
A Sam
La première des valeurs ajoutées de la famille, je n’aurai pas pu rêver meilleur beau-frère
A Pierrick
Pour sa patience face à tous mes problèmes informatiques et tous mes moments de
stress
Pour son affection et sa tendresse et pour tout ce qu’il m’apporte dans la vie de tous les
jours
A Elise et à ma truffe préférée, sans qui cette thèse n’aurait jamais vu le jour
Merci pour toutes les séances de photos, tous les traitements mis en œuvre ….
Et merci pour ton amitié
A Dela, ma colocataire pendant 3 années
A cette amitié très forte qui est née entre nous, qu’elle surmonte toutes les difficultés
A Amélie, Colombe, Ion, Séverine, Baïne, Jérémy et Pignon
Pour tous ces moments que nous avons partagés qui ont fait de ces années d’études des
années inoubliables. Que notre amitié survive à toutes les épreuves du temps
A Bah, le moins radin des Auvergnats
Merci de ton affection et de ton amitié
A Florence, ma mère de clinique, qui a su me faire profiter de sa joie de vivre et de
toutes ses connaissances
A Claire, Mag et Taouin, pour leurs bonnes humeurs et tout ce qu’elles m’ont appris en
tant que mères de cliniques et en tant qu’internes
A Amélie et à Cindy qui ont accepté d’imprimer cette thèse
A Isa, Marcel, Pierre, Pin, Alexis et à tous ceux qui ont partagé mes années à l’ENVL et
les ont rendues si agréables
A Clem, Martin, Laure, Pierre, Marie-So, Carole, Nico, Sam, Isa et à tous mes amis
d’enfance qui m’ont permis de surmonter les moments les plus difficiles
Au Dr Panel, merci de m’avoir fait confiance et de m’avoir permis de faire mes premiers
pas dans le métier
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Table des matières
Tables des illustrations
-p5Introduction
-p9Première partie : Anatomo-histologie de
-p11la truffe saine et présentation des principales affections
de la truffe
I. ANATOMIE DE LA TRUFFE DU CHIEN
A.
B.
C.
D.
E.
-p13-
Conformation externe
Structure cartilagineuse
Myologie
Innervation
Angiologie
-p13-p15-p16-p18-p19-
II. HISTOLOGIE DE LA TRUFFE DU CHIEN
-p20-
A. Epiderme
-p20-
1. Les kératinocytes : acanthocytes et cornéocytes
a) Division de l’épiderme
b) Cohésion des kératinocytes
c) Fonctions
d) Renouvellement des cellules épidermiques
-p21-p21-p23-p23-p24-
2. Les mélanocytes
a) Les mélanines
b) Système mélanogène
c) Morphologie
d) Hystophysiologie
-p25-p25-p25-p26-p26-
3. Les cellules de Langerhans
a) Morphologie
b) Histophysiologie
-p26-p26-p27-
4. Les cellules de Merkel
5. Terminaisons nerveuses
6. Annexes épidermiques
-p28-p28-p28-
B. La jonction dermo-épidermique
C. Derme
1.
2.
3.
4.
-p28-p29-
La substance fondamentale
Les fibres du derme
Les cellules du derme
Les composantes nerveuse, vasculaire et lymphatique
1
-p30-p30-p31-p31-
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
a) Les nerfs et les terminaisons nerveuses de la peau
b) Les vaisseaux de la peau
c) Le système lymphatique
5. Rôle du derme
D. L’hypoderme
-p33-
1. Structure
2. Fonctions
-p33-p33
E. Bilan
-p34-
III. AFFECTIONS DE LA TRUFFE DU CHIEN
A. Les Affections non tumorales de la truffe
1.
2.
3.
4.
5.
6.
Les dermatoses prurigineuses
Les dermatoses nodulaires
Les dermatoses papuleuses et pustuleuses
Les dermatoses ulcératives ou érosives
Les troubles de la pigmentation
Les troubles de la kératinisation
B. Les affections tumorales de la truffe
1.
2.
3.
4.
-p31-p32-p33-p33-
Le carcinome épidermoïde
Le mycosis fongoïde
Le plasmocytome cutané
L’histiocytose
-p35
-p35-p35-p35-p35-p36-p37-p37-
-p38-p38-p38-p38-p38-
Deuxième partie : Etude bibliographique de
l’hyperkératose parakératosique du Labrador
I. PRESENTATION DES ETUDES
A. Etude canadienne
-p39-
-p41-p41-
1. Description de l’étude
2. But de l’étude
3. Matériels et méthodes
a) Etude clinique
b) Etude du mode de transmission
c) Etude histopathologique
d) Autres analyses effectuées
B. Etudes américaines
-p41-p41-p41-p41-p42-p42-p42-
-p43-
1. Première étude américaine
a) Description de l’étude
b) But de l’étude
c) Matériels et méthodes
-p43-p43-p43-p43-
2. Deuxième étude américaine
a) Description de l’étude
b) But de l’étude
-p44-p44-p44-
2
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
c) Matériels et méthodes
II. SYNTHESE DES DONNEES BIBLIOGRAPHIQUES
A. Définition
B. Epidémiologie
C. Etude clinique
-p44-
-p45-p45-p45-p47-
1. Description des lésions
2. Evolution des lésions
-p47-p48-
D. Diagnostic différentiel
E. Etude histopathologique
-p48-p49-
1. Aspect typique
a) Lésions de l’épiderme
b) Lésions du derme
-p49-p49-p51-
2. Diagnostic différentiel
-p53-
F. Résultats des analyses
G. Pathogénie
H. Traitement
-p55-p55-p56-
Troisième partie : Etude personnelle de
l’hyperkératose parakératosique du Labrador
I. PRESENTATION DE L’ ETUDE
A. Description de l’étude
B. But de l’étude
-p61-p61-p61-
II. MATERIELS ET METHODES
-p62-
A. Etude clinique
B. Etude du mode de transmission
C. Etude histologique
1.
2.
3.
4.
5.
-p59-
-p62-p62-p63-
Prélèvements
Conditionnements des échantillons prélevés
Préparation des échantillons
Méthode de marquages immunohistochimiques
Observation
D. Autres analyses réalisées
-p63-p63-p63-p63
-p64-
-p64-
III. RESULTATS
-p64-
A. Etude clinique
-p64-
1. Antécédents pathologiques
2. Epidémiologie
3. Description des lésions lors de la première visite
3
-p64-p64-p65-
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
4. Evolution des lésions durant l’étude
5. Réponse aux traitements
a) Le chien A
b) Le chien B
c) Le chien C
d) La chienne D
e) Le chien E
f) Synthèse
B. Etude du mode de transmission
C. Etude histopathologique
-p67-p68-p68-p72-p73-p75-p75-p76-
-p77-p78-
1. Chien A
a) Lésions de l’épiderme
b) Lésions du derme
c) Immunomarquages
-p78-p78-p81-p82-
2. Chien B
a) Lésions de l’épiderme et du derme
b) Immunomarquages
-p84-p84-p84-
3. Chien C
a) Lésions de l’épiderme
b) Lésions du derme
c) Immunomarquages
-p84-p84-p86-p87-
4. Bilan
-p87-
D. Résultats des analyses
-p87-
IV. DISCUSSION
p88-
A. Etude clinique
-p88-
1. Description des lésions
2. Réponse aux traitements
-p88-p89-
B. Etude histopathologique
-p89-
1. Lésions évocatrices
2. Informations apportées par les immunomarquages
C. Etude du mode de transmission
-p89-p90-
-p91-
1. Nature de la transmission
2. Tests à réaliser
3. Difficultés rencontrées lors de notre étude
V. CONCLUSION
-p91-p91-p92-
-p93-
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Glossaire
-p95-p97-p101-p1054
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Table des illustrations
LISTE DES PHOTOS
Photos 1 et 2 : Photos de la truffe d’un chien
montrant des dermatoglyphes (Photos personnelles)
-p14-
Photo 3 : Epiderme de la truffe d’un chien (MULLER ET KIRK 1975)
-p20-
Photo 4 : Ponts intercellulaires de la couche épineuse (CORSET 1960)
-p22-
Photo 5 : Histologie de l’épiderme d’une truffe de chien
(MULLER ET KIRK 1975)
-p22-
Photo 6 : Mélanocytes dans la couche basale
(SCOTT, MILLER ET GRIFFIN 2001)
-p25-
Photo 7 : Cellules de Langerhans épidermiques,
biopsie d’un chien atopique (SCOTT, MILLER ET GRIFFIN 2001)
-p27-
Photo 8 : Zones papillaire et réticulaire du derme (BANKS 1993)
-p30-
Photos 9 et 10 : Vues de face et de profil d’un Labrador Retriever atteint
d’hyperkératose parakératosique de la truffe (PETERS ET AL. 2003)
-p47-
Photo 11 : Vue de la truffe d’un Labrador Retriever de 17 mois atteint
d’hyperkératose parakératosique de la truffe (PAGE ET AL.2003)
-p47-
Photo 12 : Coupe histologique d’une truffe d’un Labrador atteint
d’hyperkératose parakératosique de la truffe (PAGE ET AL. 2003)
-p49-
Photo 13 : Vue microscopique de la couche cornée d’une truffe d’un
-p50Labrador Retriever atteint montrant des vésicules intracornées de taille variable
(PETERS ET AL.2003)
Photo 14 : Détail de l’épiderme de la truffe d’un Labrador Retriever
atteint d’hyperkératose parakératosique (Hématoxyline/phloxine/safran)
(PAGE ET AL. 2003)
-p50-
Photo 15 ; Couche cornée visualisée à l’aide d’un microscope électronique
(PAGE ET AL. 2003)
-p51-
5
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photo 16 : Coupe histologique de la truffe d’un Labrador Retriever
-p52illusrant l’infiltration lymphocytaire et plasmocytaire et l’incontinence pigmentaire
(PETERS ET AL. 2003)
Photo 17 : Vésicules intracornées petites et en faible nombre
-p54observées sur la coupe histologique de la truffe d’un chien atteint de lupus cutané
(PETERS ET AL. 2003)
Photos 18 et 13 : Coupes histologiques de truffes de Labradors Retrievers
atteints d’hyperkératose parakératosique de la truffe (PETERS ET AL.2003)
-p54-
Photo 19 : Vésicules colorées en rouge par la coloration au noir Soudan
-p55observées dans un spécimen de peau d’un chien atteint de
parakératose folliculaire congénitale (Noir Soudan IV, x 360) (SENTER ET AL.2002)
Photos 20, 21 et 22 : Vue de face, vue dorsale et vue de profil
de la truffe du chien A (Photos Didier Pin)
-p65-
Photos 23 et 24 : Vues dorsale et de face de la truffe et du chanfrein
du chien B (Photo personnelle)
-p66-
Photo 25 : Vue de profil de la truffe du chien C (Photo personnelle)
-p66-
Photos 26, 27 et 28 : Vue dorsale, vue de face et vue de profil
de la truffe du chien A lors de périodes humides (Photos personnelles)
-p67-
Photo 29 : Lésions des paupières évocatrices d’un vitiligo
chez le chien A (Photo Didier Pin)
-p68-
Photos 30 et 31 : Truffe du chien A avant et après le traitement à la vaseline
(Photo Didier Pin et Photo personnelle)
-p69-
Photos 21 et 32: Truffe du chien A avant et après le traitement
dermocorticoïde (Photos Didier Pin)
-p69-
Photo 33 : Truffe du chien A présentant de nombreuses fissures rendant le
-p70traitement dermocorticoïde peu efficace (2 semaines après le début du traitement)
(Photo personnelle)
Photo 34 : Truffe du chien A après 3 semaines de traitement
à l’Homéoplasmine® (Photo Didier Pin)
-p70-
Photos 35 et 36 : Truffe du chien A après 2 mois de traitement
à l’Homéoplasmine® (Photos Didier Pin)
-p71-
Photo 37 : Truffe du chien A 2 semaines après la fin du traitement
à l’Homéoplasmine® (Photo personnelle)
-p71-
6
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photos 23 et 38 : Vue dorsale de la truffe du chien B
avant et 3 semaines après le début du traitement au Dermoval®
(Photo Didier Pin et photo personnelle)
-p72-
Photos 39 et 40 : Vue de face et vue dorsale de la truffe du chien B
après 1,5 mois d’application de Dermoval® et 1 semaine d’Humiderm®
(Photos personnelles)
-p72-
Photos 41, 42 et 43 : Vues de face, de profil et dorsale
de la truffe du chien B après 3 mois d’application de Dermoval® et 2 mois
d’Humiderm® (Photos Didier Pin et Photo personnelle)
-p73-
Photos 44, 45, 46 et 47 : Vues de face et de profil
-p74de la truffe du chien C avant et deux mois après la fin du traitement au Dermoval®
(Photos personnelles)
Photo 48 : Vue dorsale de la truffe du chien C
deux mois après la fin de la corticothérapie (Photo personnelle)
-p75-
Photo 49 : Vue microscopique d’ensemble
d’une section d’une biopsie de la truffe du chien A (Photo Didier Pin)
-p78-
Photo 50 : Vue microscopique de la couche cornée
de la truffe du chien A (Photo Didier Pin)
-p79-
Photo 51 : Vue microscopique de l’interface de l’épiderme
et du derme de la truffe du chien A (Photo Didier Pin)
-p79-
Photo 52 : Vue microscopique de la couche épineuse
de la truffe du chien A (Photo Didier Pin)
-p80-
Photo 53 : Vue microscopique de la peau de la truffe du chien A
(Photo Didier Pin)
-p80-
Photo 54 : Vue microscopique du derme de la truffe du chien A
(Photo Didier Pin)
-p81-
Photo 55 : Vue microscopique du derme moyen de la truffe du chien A
(Photo Didier Pin)
-p81-
Photo 56 : Vue microscopique de la peau de la truffe du chien A
après marquage du CD3 (Photo Didier Pin)
-p82-
Photo 57 : Vue microscopique de la peau de la truffe du chien A
après marquage du CD4 (Photo Didier Pin)
-p82-
Photo 58 : Vue microscopique de la peau de la truffe du chien A
après marquage du CD8 (Photo Didier Pin)
-p83-
7
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photos 59 et 60 : Vue microscopique de l’épiderme de la truffe du chien A
après marquage par les anticorps AE1/AE3 et KL1 (Photos Didier Pin)
-p83-
Photo 61 : Vue microscopique du derme de la truffe du chien A
après marquage λ (Photo Didier Pin)
-p84-
Photo 62 : Vue microscopique d’une section d’une biopsie
de la jonction truffe/chanfrein du chien C (Photo Didier Pin)
-p85-
Photo 63 : Vue microscopique de l’interface du derme
et de l’épiderme de la truffe du chien C (Photo Didier Pin)
-p86-
Photo 64 et 65 : Vue microscopique de sections de la truffe du chien C
après marquages du CD4 et du CD8 (Photos Didier Pin)
-p87-
LISTE DES DESSINS
Dessin 1 : Narines et truffe du chien (BARONE 1997)
-p14-
Dessin 2 : Cartilages du nez du chien (BARONE 1984)
-p16-
Dessin 3 : Muscles cutanés de la tête d’un chien (BARONE 1980)
-p17-
Dessin 4 : Territoires de sensibilité cutanée du trijumeau (CHATELAIN 1994)
-p18-
Dessin 5 : Innervation motrice cutanée (CHATELAIN 1994)
-p18-
Dessin 6 : Irrigation veineuse de la tête d’un chien (CHATELAIN 1992)
-p19-
Dessin 7 : Jonction dermo-épidermique (JANOFF ET MARINKOVICH 2000)
-p29-
Dessin 8 : Coupe schématique de la peau du chien (MULLER ET KIRK 1975) -p32-
LISTE DES SCHEMAS
Schéma 1 : Arbre généalogique des Labradors Retrievers atteints
d’hyperkératose parakératosique nasale (PAGE ET AL. 2003)
-p46-
Schéma 2 : Arbre généalogique des Labradors Retrievers
atteints d’hyperkératose parakératosique nasale
-p77-
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Facteurs de régulation de la kératinisation (OLIVRY 1993)
-p24-
Tableau 2 : Résultats des différents traitements
-p56-
Tableau 3 : Réponse aux différents traitements traités
-p76-
8
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
INTRODUCTION
C’est après avoir été confronté à un cas d’hyperkératose parakératosique de
la truffe chez un Labrador, dans le cadre de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon,
que nous est venue l’idée de ce travail.
Cette maladie est très peu décrite et fait l’objet de peu de publications. Ainsi
ce travail présente un grand intérêt car il permet de mieux connaître cette maladie
mais il constitue aussi la première description de cas en France.
Après avoir présenté l’anatomie et l’histologie d’une truffe saine ainsi que les
principales affections de la truffe, nous essayerons de décrire cette maladie par une
synthèse des différentes études déjà réalisées sur l’hyperkératose parakératosique
de la truffe du Labrador.
La troisième partie sera consacrée à la description de notre étude réalisée au sein
d’un élevage de Labradors. Nous décrirons ainsi l’épidémiologie, l’étude clinique,
l’étude histologique et les résultats des différents traitements testés sur cette
maladie.
9
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
10
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
ANATOMO-HISTOLOGIE
DE LA TRUFFE SAINE
ET
PRESENTATION DES
PRINCIPALES
AFFECTIONS DE LA
TRUFFE
11
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
12
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
I. ANATOMIE DE LA TRUFFE DU CHIEN
A. Conformation externe
Définition : Truffe = autour et au-dessus des narines avec un philtrum bien marqué
et profond (CHATELAIN 1996)
La truffe (ou planum nasale) du chien est une surface glabre, globuleuse,
aplatie en avant située à l’union de la lèvre supérieure et du chanfrein.
Elle est généralement très pigmentée chez le chien (marron ou noire) mais peut
parfois être décolorée (cas fréquemment observé chez les chiens de race Labrador
et Golden Retriever).
La truffe est une structure humide bien que dépourvue de glandes propres.
Cette humidité est maintenue chez l’animal sain grâce aux glandes tubuloalvéolaires des muqueuses du vestibule nasal.
Cette truffe correspond au rostrum, c’est à dire au revers inférieur de la pointe
du nez chez l’humain et au bord correspondant du septum nasal.
Ce rostrum également appelé groin chez le porc et mufle chez les ruminants,
présente un élargissement important chez les Mammifères domestiques. En
conséquence, les narines paraissent étirées latéralement et prennent une position
transversale (au lieu d’être parallèles au plan médian) et l’aile du nez devient dorsale
voire dorso-médiale (contrairement à l’homme chez qui l’aile du nez correspond à la
bordure latérale).
Les narines prennent donc une forme de fentes plus ou moins larges, obliques
ou dorso-caudales en position latérale et convexes ventralement.
Le bord ventral de chaque narine concave et voisin de la lèvre supérieure est le plus
long. Il est constitué par un repli de la peau, incomplètement soutenu par une
structure cartilagineuse et fibreuse.
Le bord dorsal, formé de l’aile du nez est lui convexe, plus mince et plus
mobile. Il est tendu par une lame cartilagineuse appartenant au cartilage alaire.
La commissure médiale est plus large et arrondie contrairement à la
commissure latérale qui est étroite et qui se relève dorsalement de telle sorte que la
narine dessine une virgule horizontale à queue latéro-dorsale. Cette commissure
latérale se prolonge d’un sillon peu marqué chez les Carnivores appelé sillon alaire
et appartenant au vestibule nasal.
La truffe ne se situe pas qu‘entre les narines mais ce rostrum tend aussi à les
entourer et même empiète plus ou moins sur la lèvre supérieure.
13
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Elle prend une disposition et une structure tégumentaire caractéristiques à
chaque espèce.
Ainsi chez les Carnivores, elle est saillante autour des narines et surtout
dorsalement.
La truffe est nettement divisée par le philtrum qui se prolonge sur la ligne médiane
(BARONE 1984 et 1997).
Dessin 1 : Narines et truffe du chien (BARONE 1997)
La surface de la truffe a un aspect irrégulier lié à la présence de sillons ou
dermatoglyphes la subdivisant en aires polygonales.
La disposition de ces sillons est génétiquement déterminée et immuable au cours de
la vie. Ces empreintes représentent donc une méthode d’identification des animaux
utilisée de manière officielle de 1958 à 1972 (HERVE-TREAU 1974, MULLER 1975
et BARONE 1997).
Photos 1 et 2 : Photos de la truffe d’un chien montrant les dermatoglyphes
(photos personnelles)
14
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
B. Structure cartilagineuse (Dessin 2)
La truffe repose sur une charpente cartilagineuse constituée de différents
cartilages nasaux qui sont étroitement liés et complémentaires.
Ces différents composants sont situés de part et d’autre de l’extrémité rostrale
du septum nasal, qui sert de support aux plus importants d’entre eux.
Un tissu conjonctif fibreux continu avec leur périchondre et avec le périoste
des os voisins assure leur union.
L’ensemble constitue une paroi fermant latéralement l’espace entre l’os nasal
et l’os incisif et se prolonge jusqu’au pourtour des narines.
Entre les narines, le septum nasal est cartilagineux puis fibreux à sa partie
terminale.
On qualifie de mobile cette partie de septum compris entre les deux narines
(bien qu’ayant peu de mobilité chez les Mammifères domestiques) par opposition au
reste de la cloison solidement attaché au plancher et au plafond du nez.
Les autres cartilages de la truffe sont de chaque côté, au nombre de trois
principaux et plusieurs accessoires :
n Le cartilage alaire est le principal support de l’aile du nez. Il contribue donc à
donner la forme de celui-ci. Sa forme typique (chez l’homme) correspond à une
mince plaque hyaline ployée sur elle-même au niveau de la commissure antérieure
de la narine, de sorte qu’elle s’étend dans l’aile du nez et dans le bord septal de la
narine.
Il est constitué d’une branche latérale élargie et elliptique convexe en dehors et
concave en dedans et d’une branche médiale plus étroite adossée à celle du
cartilage opposé contre la partie membranacée du septum.
Chez les Carnivores, la branche latérale (ou lame) remplace le cartilage latéral
dorsal présent chez les Equidés et la branche médiale (ou corne) a disparu.
n Le cartilage latéral dorsal paraît manquer chez les Carnivores ou est soudé à
la lame du cartilage alaire.
n Le cartilage latéral ventral constitue une sorte de bordure au processus nasal
de l’os incisif et s’unit au pli alaire du cornet ventral.
n Le cartilage accessoire latéral est situé dans la bordure ventrale de la narine.
Il forme une petite baguette appendue au cartilage latéral ventral par un petit
processus fibro-cartilagineux qui contourne la commissure latérale des narines.
n Le cartilage accessoire médial qui renforce le pli alaire n’est développé que
chez les Ruminants et les Equidés (BARONE 1997).
15
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Dessin 2 : Cartilages du nez du chien (BARONE 1984)
Le rôle de ces cartilages est de maintenir ouvert les narines en assurant la
fermeté et la souplesse de la truffe.
C. Myologie
La truffe est légèrement mobilisée par l’action de muscles qui, attachés aux os
et à la peau du voisinage, déplacent ou déforment les cartilages surtout le cartilage
alaire.
La dilatation des narines qui est vestigiale chez les Carnivores (contrairement
aux Ongulés) est assurée par des petits faisceaux musculaires provenant du muscle
orbiculaire de la bouche qui vont s’attacher sur le cartilage accessoire latéral.
16
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
L’action de ces faisceaux est complétée par :
n Le muscle canin qui tire en dehors et caudalement le bord ventral de la
narine.
n Le muscle releveur naso-labial combine son action à celle du muscle canin.
n Le muscle nasal latéral qui, fixé au niveau de l’incisure naso-incisive, abaisse
ou déforme la narine.
n Le muscle releveur de la lèvre supérieure
Dessin 3 : Muscles cutanés de la tête d’un chien (BARONE 1980)
Le muscle dilatateur des narines est absent chez le chien (si ce n’est quelques
fibres en profondeur de la truffe) (BARONE 1997 et 1980).
17
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
D. Innervation
La truffe est richement innervée.
Les nerfs sensitifs proviennent du nerf trijumeau par le nerf infra-orbitaire,
terminale du nerf maxillaire.
Dessin 4 : Territoires de sensibilité cutanée du trijumeau (CHATELAIN
1994)
Les nerfs moteurs proviennent eux du nerf facial par le rameau buccal
dorsal.
Dessin 5 : Innervation motrice cutané (CHATELAIN 1994)
18
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
E. Angiologie
Les artères qui irriguent les narines et le rostrum sont essentiellement les
artères dorsale et latérale du nez mais aussi les artères labiale supérieure et
infra-orbitaire.
Les veines des parties superficielles sont des veines satellites des artères.
Les lymphatiques sont très nombreux et se portent aux nœuds lymphatiques
mandibulaires (BARONE 1997).
Dessin 6 : Irrigation veineuse de la tête d’un chien (CHATELAIN 1992)
19
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
II. HISTOLOGIE DE LA TRUFFE DU CHIEN
La peau de la truffe est un tissu de type tissu de revêtement malpighien
kératinisé composé de trois parties :
n L’épiderme constitué d’un épiderme pavimenteux pluristratifié et
kératinisé
n Le derme contenant une composante conjonctive et une vasculaire
n L’hypoderme, le plus profond sous-jacent au derme est constitué
d’une lame fibreuse et d’une couche conjonctive plutôt lâche
Le derme et l’épiderme sont reliés par la jonction dermo-épidermique
(DUBREUIL et CANIVENC 1967, CORSET 1960, DUBREUIL et BAUDRIMONT
1950, BANKS 1981, SCOTT 2001).
A. L’épiderme
Photo 3 : Epiderme de la truffe d’un chien (MULLER et KIRK 1975)
L’épiderme est la couche la plus externe de la peau. C’est un épithélium
d’origine ectoblastique pavimenteux, stratifié et kératinisé qui se renouvelle
constamment par sa face profonde.
Le renouvellement de cet épithélium est principalement effectué par la couche
basale (ou germinative) qui est la couche la plus profonde de cet épithélium.
20
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Cet épiderme est très épais au niveau de la truffe. Il peut en effet atteindre les
1,5 mm (épaisseur d’un épiderme de peau velue 0,1-0,6 mm).
L’épiderme est composé de nombreuses couches de cellules polyédriques,
entassées et jointives les unes aux autres par leurs côtés :
n Les kératinocytes ou cellules cornées sont les cellules les plus
importantes et les plus nombreuses (85 %)
n Les mélanocytes ou cellules pigmentées (5%)
n Les cellules de Langerhans (3-8%)
n Les cellules de Merkel (2%) dont la présence dans la truffe n’est pas
encore prouvée
De plus, l’épiderme émet des bourgeons s’enfonçant dans le derme : les
crêtes épidermiques, absentes au niveau de la peau velue.
1. Les Kératinocytes : acanthocytes et cornéocytes
a) Division de l’épiderme
L’épiderme de la truffe se divise en 5 couches qui sont de la plus profonde à la
plus superficielle :
n La couche basale ou couche germinative (ou Stratum
germinativum) constituée d’une simple assise de cellules cubiques ou prismatiques,
hautes, étroitement unies. Cette couche repose sur la membrane basale qui sépare
l’épiderme du derme.
La plupart des cellules sont des kératinocytes, mais quelques-unes d’entre elles sont
des mélanocytes.
Les kératinocytes se reproduisent constamment et migrent vers le haut pour le
remplacement permanent des cellules épidermiques.
Les cellules filles se portent dans les couches externes de l’épiderme et sont
finalement éliminées sous forme de cellules cornées mortes (MULLER et KIRK
1975).
Des cellules en mitose et des kératinocytes apoptotiques peuvent être
observés au niveau de la couche basale de la truffe comme dans les autres régions
ou l’épiderme est épais (coussinets plantaires, jonction muco-cutanée).
Les hémidesmosomes sont des complexes de jonction présent tout au long de cette
couche de cellules et permettant l’adhérence des kératinocytes à la jonction dermoépidermique (SCOTT MILLER GRIFFIN 2001).
n La couche épineuse (ou Stratum spinosum) est constituée de
cellules filles de la couche basale. Cette couche est formée de plusieurs assises de
cellules polyédriques qui s’aplatissent progressivement au fur et à mesure qu’elles
deviennent superficielles. Ces cellules nucléées, à cytoplasme éosinophile ou
basophile sont des acanthocytes. Ils sont reliées entre eux par des artéfacts
21
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
représentants des fines épines (dites épines de Schultze) ou ponts intercellulaires
qui sont des desmosomes reliant deux cellules voisines.
Photo 4 : Ponts intercellulaires de la couche épineuse (CORSET 1960)
Ces cellules sont le siège de la synthèse de kératine.
Cette couche est la plus épaisse de l’épiderme (une vingtaine de couches) (SCOTT
MILLER GRIFFIN 2001).
n La couche granuleuse (ou Stratum granulosum) est constituée de
quelques assises de cellules aplaties (1 à 4). Leur noyau est vésiculeux, clair et peu
colorable ou condensé et hyperchromatique lorsque ces cellules dégénèrent. Ce
noyau est entouré de granules de kératohyaline basophiles fortement réfringents
donnant cette teinte très foncée (DUBREUIL et BAUDRIMONT 1950 , MULLER et
KIRK 1975).
Cette couche a tendance à disparaître lors de maturation anormale de la couche
cornée à l’origine de la parakératose.
Photo 5 : Histologie de l’épiderme d’une truffe de chien (MULLER et KIRK 1975)
1. couche cornée ; 2.couche granuleuse ; 3.couche épineuse
22
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
n La couche claire (ou Stratum lucidum) est une couche mince
complètement kératinisée formée de cellules fusiformes mortes et sans noyau. Ces
cellules légèrement acidophiles ont un aspect translucide car leur endoplasme
contient une substance huileuse : l’éléine produit de la transformation de la
kératohyaline .Cette couche est également présente au niveau des coussinets
plantaires où elle est beaucoup plus développée mais absente dans la peau velue
(DUBREUIL ET BAUDRIMONT 1950, MULLER KIRK 1975, CORSET 1960).
n La couche cornée (ou Stratum corneum) est la couche la plus
externe de l’épiderme. C’est une couche de cellules complètement kératinisées,
mortes, anucléées et éosinophiles, les cornéocytes. Ces cornéocytes sont éliminés
individuellement à la surface de la peau au cours du processus de désquamation.
Cette perte de cellules est normalement compensée par la multiplication de cellules
basales ce qui maintien l’épaisseur de l’épiderme constante (MULLER et KIRK
1975).
b) Cohésion des kératinocytes
La cohésion entre les kératinocytes est assurée par les desmosomes et les
jonctions d’adhésion.
Les desmosomes sont constitués de glycoprotéines transmembranaires les
desmocollines (Dsc 1 et Dsc 2) et les desmogléines (Dsg 1 et Dsg3) reliées à la
plaque desmosomale. Cette plaque assure la liaison aux filaments intermédiaires de
cytokératine.
D’après une étude de KAOKI et al, la Dsg -1 semble prépondérante dans la
truffe. Le pemphigus foliacé donc l’action auto-immune a pour cible l’antigène Dg 1 a
une localisation préférentielle au niveau de la truffe contrairement au pemphigus
vulgaire (dont l’antigène cible est la Dg 3) pour lequel la localisation à la truffe est
beaucoup moins importante.
c) Fonctions
L’épiderme est une enveloppe presque étanche, protectrice, souple et
inépuisable. La couche cornée est une « enveloppe miracle » (MULLER et KIRK
1975) qui, avec la couche granuleuse, représente une barrière limitant les pertes
d’eau et d’autres éléments mais aussi limitant l’entrée de produits chimiques et
d’agents pathogènes.
Il est le lieu de la kératogénèse (ou cornéocytogénèse).
La kératogénèse est la formation de kératine à partir de tonofilaments
s’assemblant par dimères grâce à des ponts disulfures. La kératinisation des cellules
consiste dans la transformation du cytoplasme en substance dure, résistante.
La cornéocytogénèse permet la fabrication de cellules cornées.
La transformation de cellules kératinisées en cellules cornées se fait par
destruction des cellules avec perte du noyau et du contenu à l’exception des
tonofibrilles de kératines et des granules de kératohyaline (DELLMAN et BROWN
1976, OLIVRY 1993).
23
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
d) Renouvellement des cellules épidermiques
Les kératinocytes de l’épiderme sont constamment renouvelés et le cycle de
renouvellement se déroule en différentes étapes :
On assiste à des mitoses dans la couche basale, puis à une différentiation
dans la couche épineuse et la couche granuleuse et enfin à une desquamation dans
la couche cornée.
L’épaisseur de l’épiderme est donc maintenue constante grâce à ce
renouvellement qui dépend de différents facteurs extrinsèques et intrinsèques.
Parmi les facteurs extrinsèques, on trouve le derme qui produit des facteurs
promoteurs de la prolifération des cellules basales.
Un facteur épidermique et la vitamine A stimulent l’activité mitotique alors que
l’hydrocortisone l’inhibe.
Les traumatismes tels que les radiations ou les éraflures stimulent l’activité
mitotique.
Le zinc permet la maturation des kératinocytes d’où la répercussion au niveau
de la truffe d’une carence en zinc.
Des interactions complexes existent entre ces différents facteurs.
Tableau 1 : Facteurs de régulation de la kératinisation (OLIVRY 1993)
24
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
2. Les mélanocytes
Les mélanocytes sont le deuxième type de cellules trouvées dans la couche
basale de l’épiderme.
a) Les mélanines
Les mélanines sont des pigments produits par le système mélanogène. Il en
existe plusieurs types :
L’eumélanine est noire ou marron, la phaéomélanine est jaune ou rougemarron car elle contient plus de sulfure.
Il existe également des trichochromes voisines des phaéomélanines et des
mélanines mixtes contenant des polymères de la phaéomélanine et de l’eumélanine.
Les mélanines mixtes sont les pigments les plus nombreux chez le chien (SCOTT
MILLER GRIFFIN 2001).
La mélanogénèse dépend de l’activité d’une enzyme spécifique : la tyrosinase.
Des anomalies de cette synthèse de mélanine grâce à la tyrosinase sont à
l’origine de certaines affections de la truffe tel que l’albinisme qui est dû un déficit en
tyrosinase (MULLER et KIRK 1975, SCOTT MILLER GRIFFIN 2001).
b) Système mélanogène
Les mélanocytes dérivent de la crête neurale et migrent dans l’épiderme au
début de la vie fœtale.
Les mélanocytes sont répartis dans le compartiment épidermique et dans le
compartiment folliculaire.
Au niveau de la truffe, en raison de l’absence de follicules, les mélanocytes
sont exclusivement épidermiques. La proportion est de 1 mélanocyte pour 10-20
kératinocytes dans la couche basale.
Photo 6 : Mélanocytes dans la couche basale (SCOTT MILLER et GRIFFIN
2001)
25
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
La peau de la truffe est très pigmentée car les couches inférieures de
l’épiderme contiennent de nombreux granules de mélanine. En effet, la coloration de
la peau dépend du nombre de mélanine et non du nombre de mélanocytes.
c) Morphologie
Après coloration à l’hématoxyline-éosine, ils prennent l’aspect de cellules
claires et, s’ils sont chargés de mélanine, l’aspect de cellules dendritiques après
traitement à l’argent.
La microscopie électronique révèle l’absence de desmosomes mais la
présence d’un système réticulo-endoplasmique très développé et d’organites
spécifiques dérivant de l’appareil de Golgi : les mélanosomes, lieux de synthèse
des pigments mélaniques.
d) Histophysiologie
On pense que les prolongements dendritiques liant les mélanocytes et les
kératinocytes sont à l’origine de la transmission de pigments aux kératinocytes.
Le processus de mélanisation se déroule en quatre phases :
n
Apparition des mélanosomes
n
Synthèse et accumulation de mélanine dans ces organites
n
Migration des mélanosomes vers l’extrémité des dendrites
n
Transfert aux kératinocytes voisins
Le contrôle de cette mélanisation est à la fois génétique et hormonal via la
MSH (Melanocyte Stimulating Hormone).
Ainsi la MSH augmente l’activité de la tyrosinase et stimule la dispersion des
mélanosomes.
Œstrogène et Testostérone stimulent également la mélanogénèse tout comme
l’exposition solaire ou l’inflammation qui stimule les mélanocytes (MULLER et KIRK
1975).
3. Les cellules de Langerhans
a) Morphologie
Les cellules de Langerhans sont mononucléaires, de forme stellaire (ou
dendritique), d’origine ostéomédullaire. Ce sont des cellules libres, sans
desmosomes ni tonofilaments et riches en lysosomes. Les nombreuses ramifications
dendritiques de ces cellules s’insinuent entre les kératinocytes.
Ce sont des cellules claires situées dans la couche basale et au niveau de la
couche épineuse.
Le nombre de cellules de Langerhans dans l’épiderme varie en fonction des
espèces mais aussi en fonction de la zone cutanée.
Ainsi, dans la truffe, l’épithélium étant épaissi on compte 0,5% de cellules de
Langerhans contrairement aux autres zones cutanées où le pourcentage est plutôt
de 3 à 4%. (MARCHAL 1991).
26
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Ces cellules sont aurophiles et cette réactivité vis à vis des sels d’or est
attribuée à des granulations cytoplasmiques qui, observées au microscope
électronique, ont une forme de raquette.
On peut noter la présence occasionnelle de mélanine presque incolore dans
ces cellules. Ceci a autrefois été à l’origine de la théorie selon laquelle les cellules de
Langerhans étaient des mélanocytes épuisés.
Cette théorie a été réfutée par la présence de certaines enzymes dans les
cellules de Langerhans (estérases, aminopeptidases, adénosine triphosphatases)
qui sont absentes dans les mélanocytes (LEVER 1969).
Photo 7 : Cellules de Langerhans épidermiques, biopsie d’un chien atopique
(SCOTT MILLER et GRIFFIN 2001)
b) Histophysiologie
Les cellules de Langerhans sont des cellules présentatrices de l’antigène
qu’elles captent à la surface de la peau.
Elles stimulent la multiplication de lymphocytes T helper par ce rôle de
présentation de l’antigène.
Elles induisent aussi la production de cytokines par les lymphocytes T
cytotoxiques.
La cellule de Langerhans porte un marqueur membranaire CD 1. Elle est donc
considérée comme faisant partie du système de phagocytes mononucléés.
C’est la seule cellule épidermique exprimant l’antigène CMH II à l’état
physiologique.
Chez le chien, ces cellules possèdent des marqueurs CMH II, CD1, CD11,
CD18, CD45 et ICAM1. Ceci prouve la forte immunocompétence de ces cellules et
donc le rôle important dans l’immunité.
27
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
4. Les cellules de Merkel
Les cellules de Merkel sont de cellules claires situées dans la couche basale
au niveau des excroissances fongiformes dermo-épidermiques. Ce sont des cellules
dendritiques contenant une large vacuole cytoplasmique qui déplace le noyau
dorsalement.
Elles possèdent des desmosomes, des tonofilaments et des granules
neurosécrétoires de métenképhalines.
Ces cellules joueraient le rôle de récepteurs mécaniques.
Leur présence n’est pas clairement prouvée au niveau de la truffe.
5. Terminaisons nerveuses
Des terminaisons nerveuses libres s’insinuent entre les cellules épithéliales.
Elles sont responsables de la perception de certains stimuli : douleur, chaleur,
toucher et prurit (BANKS 1981).
6. Annexes épidermiques
La peau de la truffe est dépourvue d’annexes folliculaires et ceci la rend fragile
face aux radiations (dermite avec photosensibilisation).
B. La jonction dermo-épidermique
Elle apparaît comme une ligne ondulée et est appelée membrane basale.
Elle est beaucoup plus épaisse au niveau de la truffe qu’au niveau de la peau
velue.
Cette membrane basale est une structure dynamique responsable de
nombreuses fonctions :
n
n
l’épiderme
n
n
n
La cohésion de l’épiderme et du derme
Le maintien d’une prolifération constante et de la fonctionnalité de
Le rôle de barrière entre le derme et le milieu extérieur
L’échange d’informations entre le derme et l’épiderme
La mise en jeu de mécanismes immunologiques
La membrane basale peut être divisée en 4 couches :
n La membrane cellulaire basale des kératinocytes basaux contenant des
hémidesmosomes composés par différentes protéines.
n La lamina lucida (ou couche claire) traversée par des filaments
d’ancrage. On y retrouve diverses protéines.
28
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
n La lamina densa (ou lame basale) formée principalement de collagène
(IV) et de mucopollysaccharides.
n La sublamina densa (ou lame fibroréticulée) est fibreuse et contient les
fibrilles d’ancrage.
Dessin 7 : Jonction dermo-épidermique (JANOFF et MARINKOVICH 2000)
La jonction dermo-épidermique contient de nombreuses glycoprotéines et
macromolécules et une anomalie à son niveau est à l’origine de nombreuses
affections
dermatologiques
(dermatites
auto-immunes
bulleuses
sous
épidermiques,).
C. Le derme
Le derme est la couche la plus épaisse de la peau, également appelé chorion
au niveau des muqueuses. Il est d’origine mésodermique et de nature conjonctive.
Il est séparé de l’épiderme par la membrane basale et comporte de
nombreuses fibres contenues dans une substance amorphe, la substance
fondamentale et des cellules d’origine dermique ou sanguine.
Il contient également des vaisseaux et des nerfs.
29
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
On peut diviser le derme en deux zones peu différenciées :
n Le derme superficiel (ou derme papillaire) qui est très marqué dans le
derme de la truffe du fait des nombreuses crêtes épidermiques. C’est la partie la plus
lâche du derme.
n Le derme profond (ou derme réticulaire) possèdent des fibres
disposées en réseau et est plus pauvre en cellules. C’est la partie la plus dense.
Photo 8 : Zones papillaire (P) et réticulaire (R) du derme (BANKS 1993)
La flèche blanche indique une crête de l’épiderme (E) et la flèche noire une
papille dermique
1. La substance fondamentale
Il s’agit du constituant principal du derme, un gel muqueux composé de
mucopolysaccharides et d’acide chondroïtinesulfurique. Il remplit les espaces entre
les autres constituants du derme et permet aux électrolytes, aux éléments nutritifs et
aux cellules provenant des vaisseaux du derme de traverser librement vers
l’épiderme. La quantité de substance fondamentale diminue avec l’âge. (MULLER et
KIRK 1975).
2. Les fibres du derme
Les différentes fibres immergées dans la substance fondamentale sont :
n Les fibres de collagènes constituent de loin la partie la plus
importante (90% du poids total). Elles se réunissent en faisceaux sauf au voisinage
de l’épiderme et des vaisseaux. Elles prennent une couleur rose après coloration à
l’hématoxyphiline-éosine et sont formées de fibrilles enchâssées dans la substance
30
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
fondamentale visible en microscopie électronique. En coupe longitudinale, on peut
également mettre en évidence leur striation transversale.
n Les fibres élastiques représentent environ 2% du tissu conjonctif de la
peau. Elles sont colorées en rose pâle à l’éosine et en pourpre violet à la fuchsine
basique. Ces fibres sont constituées de fibrilles d’élastine incluse dans un cément
amorphe. Ces fibres élastiques sont onduleuses, peu épaisses dans le derme
profond où elles sont parallèles à la surface de l’épiderme. Dans le derme superficiel
elles prennent toutes les directions.
n Les fibres de réticulines sont de fines fibrilles collagènes. Elles sont
séparées par une substance fondamentale beaucoup plus importante.
Elles apparaissent noires après imprégnation argentique (méthode de Foot).
Ces réseaux de fibres sont responsables de la résistance et de l’élasticité du derme.
3. Les cellules du derme
Il y a trois types de cellules dermiques :
n Les fibroblastes sont des cellules conjonctives immatures ayant un
cytoplasme indistinct et un noyau en fuseau. Elles synthétisent les protéines
fibreuses du derme : collagènes, élastine, fibronectine, laminine. Elles sont donc à
l’origine de l’architecture du derme.
On les trouve souvent adjacents à la surface des faisceaux de collagène.
n Les mastocytes sont des cellules mononucléées rondes, avec un
noyau rond ou ovale. Elles possèdent de nombreux granules intracytoplasmiques
métachromatiques et basophiles contenant de l’héparine et de l’histamine.
On les trouve spécialement en région péricapillaire.
n Les histiocytes sont des cellules adultes de type lymphoïde, au
cytoplasme acidophile. Elles ont la propriété de phagocyter les bactéries. Ces
cellules sont donc des macrophages.
Ils prennent le nom de mélanophages si la matière phagocytée est de la mélanine.
4. Les composantes nerveuse, vasculaire et lymphatique
a) Les nerfs et les terminaisons nerveuses de la peau
On trouve deux types de fibres :
n Les fibres sympathiques adrénergiques centrifuges sont des nerfs
moteurs qui innervent les muscles lisses des vaisseaux sanguins.
n Les nerfs centripètes sensitifs d’origine cérébrospinale sont
responsables de la perception des stimuli tels que le toucher, la température, la
douleur, la démangeaison. Ces fibres sont parfois myélinisées et parfois non
myélinisées. Les filets se ramifient à partir de larges branches issues de
31
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
l’hypoderme. Ces fibres deviennent plus fines en approchant leur destination finale et
se terminent en rameaux terminaux qui constituent le réseau dermique.
On trouve des terminaisons nerveuses dans le derme sous forme libre et d’autres au
niveau des corpuscules tactiles qui sont l’origine des fibres.
La densité des terminaisons nerveuses du réseau dermique est inversement
proportionnelle à la quantité de pelage. Ainsi, la truffe possède un réseau nerveux et
des terminaisons nerveuses très abondants.
b) Les vaisseaux de la peau
Au niveau de la peau, les vaisseaux sanguins sont abondants, de faibles calibres et
ne pénètrent pas dans l‘épiderme.
Le sang est fourni par deux types d’artères :
n Les artères cutanées simples dont le but est de nourrir la peau
n Les artères cutanées mixtes qui fournissent d’abord les muscles puis
se terminent dans la peau
Ces deux types de vaisseaux participent à la formation des trois plexus vasculaires :
n Le plexus profond est sous hypodermique et alimenté par les deux
types d’artères
n Le plexus intermédiaire formé par des branches du plexus profond
n Le plexus superficiel prend naissance à partir du plexus intermédiaire
et irrigue les papilles dermiques bien développées au niveau de la truffe (MULLER et
KIRK 1975).
Dessin 8 : Coupe schématique de la peau du chien montrant une papille
épidermique et les vaisseaux sanguins (MULLER et KIRK 1975)
La peau de la truffe possède de nombreuses anses capillaires irriguant les
corps papillaires. Le plexus superficiel est donc très développé comme pour les
autres peaux glabres.
Les vaisseaux sanguins de la truffe sont beaucoup plus volumineux dans les
couches profondes du derme en particulier les artérioles qui sont très nombreuses et
de gros calibre.
Les veines sont des satellites des artères.
32
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
c) Le système lymphatique
On ne trouve pas de vaisseaux lymphatiques dans l’épiderme, mais des
vaisseaux lymphatiques drainés par le plexus superficiel en région dermique
papillaire.
Ces vaisseaux lymphatiques accompagnent les vaisseaux sanguins de
l’hypoderme et forment de véritables canaux qui acheminent la lymphe jusqu’aux
nœuds lymphatiques périphériques (BANKS 1981).
5. Rôle du derme
Le derme est le support principal de la peau.
La substance fondamentale complète le rôle de barrière de l’épiderme et
intervient dans la nutrition de la peau en électrolytes et en eau.
Les fibroblastes ont un rôle dans la cicatrisation des plaies, les histiocytes
dans la défense immunitaire et les mastocytes dans les phénomènes
inflammatoires.
D. L’hypoderme
1. Structure
Il s‘agit d’un tissu conjonctif lâche faisant suite sans limite au derme constitué
surtout de graisse d’origine mésodermique.
Il est composé de cellules adipeuses, de nerfs, de vaisseaux sanguins et de
tissu conjonctif.
Il est cloisonné par des travées conjonctivo-élastiques délimitant des lobules
remplis de cellules graisseuses ou adipocytes.
2. Fonctions
Les différentes fonctions de l’hypoderme sont :
n Le stockage des graisses
n La protection des nerfs et vaisseaux en jouant le rôle de coussinet
absorbant les chocs
n La protection du derme et de l’épiderme
n L’isolation thermique
33
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
E. Bilan
En résumé les caractéristiques histologiques de la truffe du chien sont :
n Un épiderme très épais avec une couche cornée très développée
et pigmentée, une couche granuleuse fine et une couche claire irrégulièrement
visible
n Des
développées
crêtes
n L’absence
glandes sudoripares
épidermiques
d’annexes
et
des
folliculaires :
papilles
unités
dermiques
pilo-sébacées
très
et
n Une jonction dermo-épidermique épaisse
n Une vascularisation et une innervation du derme très développées
34
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
III. AFFECTIONS DE LA TRUFFE DU CHIEN
La truffe est le siège de nombreuses affections et une analyse anatomopathologique est souvent nécessaire au diagnostic.
A. Les affections non tumorales de la truffe
Dermatoses de la truffe ordonnées par une classification clinique.
LESIONS ET SYMPTOMES
ETIOLOGIE
PATHOGENIE
Les dermatoses
prurigineuses
§ La dermatite
atopique et la dermatite
de contact
Prurit facial entraînant des Souvent des gamelles en
lésions d’excoriation
plastique
Les dermatoses
nodulaires
Papules, nodules,
dépigmentation et ulcères
Destruction possible de la
zone du nez (Harvey et Mc
Keever 2000)
Cryptococcus est le
principal agent mycosique
affectant le chien
§ Le pemphigus
foliacé
Pustules, croûtes, érythème
et érosions
Dépigmentation (suite à la
présence des croûtes)
Pathogénie complexe
mettant en jeu des
auto-anticorps dirigés
contre la desmogléine 1 et
la desmocolline 1
§ La pyodermite
cutanéo-muqueuse
Tumescence et érythème
Affection bactérienne rare
Croûtes et tendance à la
fissuration
§ La cryptococcose
Les dermatoses
papuleuses et
pustuleuses
35
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Les dermatoses
ulcératives ou érosives
§ Le lupus cutané
Truffe +/- chanfrein
Dépigmentation, érythème,
érosions, ulcères et croûtes
Maladie la plus fréquente
affectant la truffe
Pathogénie remise en
cause :
maladie auto-immune
§ Le lupus
érythémateux
systémique
Lésions nasales non isolées :
érythème, squames, érosions
+/- ulcères buccaux et
hyperkératose de la truffe
Symptômes généraux :
atteinte rénale, articulaire,
anémie, hyperthermie
Pathogénie : dépôt
d’immuns complexes et
production
d’ auto- anticorps
§ Le pemphigus
vulgaire
Lésions vésicobulleuses
rapidement transformées en
ulcères puis recouvertes de
croûtes
Pathogénie : réaction
auto-immune contre la
desmogléine 3
§ Le pemphigus
foliacé
Croûtes, ulcères, érosions et
dépigmentation
Dermatose auto-immune
bénigne dont la
pathogénie est peu
connue
§ La pemphigoïde
bulleuse
Lésions sur pavillons
auriculaires, abdomen, creux
axillaire et jonctions cutanéomuqueuses
Vésicules puis ulcères
Signes généraux associés
Pathogénie : attaque
auto-immune des
hémidesmosomes
§ La pemphigoïde
des muqueuses
Dépigmentation, œdème,
érosions, croûtes et ulcères
Maladie auto-immune
affectant la membrane
basale
§ L’aspergillose
Dépigmentation de la narine,
érosions voire ulcérations
Mycose profonde due à
Aspergillus
§ Les mycoses sous
cutanées
Nodules d’inoculation puis
nodules ulcérés
Mycose due aux
champignons saprophytes
§ Le syndrome
hépato-cutané
Erythème, érosions, ulcères
et croûtes
Dermatite due à une
affection métabolique
36
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Les troubles
pigmentation
de
la
§ La leishmaniose
Ulcère (chancre
Protozoose
infectieuse
d’inoculation),dépigmentation, inoculable
épaississement de la truffe
Pathogénie : captage des
parasites par les cellules
de Langerhans
§ Le vitiligo
Macules achromiques au
niveau des jonctions cutanéomuqueuses avec persistance
des dermatoglyphes
Amélanose
circonscrite
génétique
Pathogénie
discutée :
affection auto-immune
§ La dépigmentation Décoloration, couleur roseidiopathique de la truffe
marron à l’âge adulte
Hypomélanose raciale à
déterminisme
probablement génétique
§ La déficience en Coloration rose de la langue,
tyrosinase du Chow- des muqueuses buccales et
Chow
dépigmentation de zones de
fourrure
Maladie d’origine
génétique
Pathogénie : déficience de
production de tyrosinase
§ Le
uvéo-cutané
Dermatose rare
Atteinte immunologique
des mélanocytes
syndrome Symptômes cutanés,
oculaires et pilaires
Dépigmentation, croûtes,
érythème et parfois ulcères
affectant les jonctions
cutanéo-muqueuses, l’anus
et les coussinets plantaires
Les troubles
kératinisation
§ La
Carré
de
maladie
la
de Hyperkératose de la truffe et Seule
maladie
virale
des coussinets plantaires
affectant la truffe due à un
Nombreux symptômes
Paramyxovirus
généraux associés
§ L’hyperkératose
naso-plantaire
Hyperkératose de la truffe Idiopathique ou familiale
et/ou
des
coussinets chez le Terrier du Tibet et
plantaires
le Dogue de Bordeaux
37
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
§ La dermatose
répondant au zinc
Hyperkératose, croûtes,
érythème, ulcères affectant le
chanfrein, la truffe, les
pavillons auriculaires, les
points de pression, l’anus et
les extrémités podales
Maladie
héréditaire
à
transmission autosomique
récessive
§ L’hyperkératose
parakératosique
héréditaire du Labrador
Hyperkératose de la truffe,
croûtes, érosions
Maladie
dont
la
transmission semble être
héréditaire
B. Les affections tumorales de la truffe
LESIONS ET
SYMPTOMES
TYPE DE TUMEUR
Le carcinome
épidermoïde
N’importe quelle
localisation chez le chien :
truffe, doigt, scrotum…
Ulcère térébrant atteignant
souvent la lèvre
supérieure
Tumeur cutanée maligne
très fréquente avec une
prédisposition des races
peu ou pas pigmentées
Le mycosis fongoïde
Lésions des jonctions
cutanéo-muqueuses
Erythème très prurigineux
ou ulcères et/ou nodules
Lymphome malin cutanéomuqueux rare
Prédisposition pour les
races : Boxer, Cocker,
Setter
Le plasmocytome
cutané
Localisation
préférentielle : oreille ou
lèvre mais affection truffe
possible
Nodule de couleur
blanche très localisé
Tumeur dermique
L’histiocytose
Localisation : face,
pavillons auriculaires,
fourreau et scrotum
Papules, plaques, nodules
alopéciques, ulcères et
croûtes
Prolifération incontrôlée
d’histiocytes
Prédisposition raciale :
Bouvier Bernois
Prédisposition des mâles
38
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
DE
L’HYPERKERATOSE
PARAKERATOSIQUE DE LA
TRUFFE DU LABRADOR
39
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
40
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
I. PRESENTATION DES ETUDES
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador est une dermatose
récemment décrite qui fait l’objet de peu de publications.
Ces études ont été effectuées au sein de la faculté de médecine vétérinaire de
Montréal et au sein de l’Université de médecine vétérinaire de Cornell à New York.
A. Etude canadienne
1. Description de l’étude
Une étude canadienne a été réalisée par l’équipe de N.Pagé sur neuf chiens
de propriétaires ou d’élevages examinés à l’hôpital de l’université de Montréal, ainsi
qu’un chien référé par un vétérinaire praticien spécialisé en dermatologie et huit
chiens déjà présentés dans d’autres études.
Quatorze de ces chiens sont des Labradors Retrievers issus de quatre lignées
différentes. Les quatre autres chiens étudiés sont des chiens croisés Labradors issus
de quatre lignées différentes pour lesquels la mère était toujours un Labrador
Retriever et le père un croisé Labrador Retriever – Bouvier Bernois.
Sur ces dix-huit chiens étudiés, on dénombre cinq femelles et treize mâles de pelage
crème, noir ou chocolat.
Tous ces chiens ont été sélectionnés car ils présentaient des signes cliniques et une
anamnèse compatibles avec l’affection étudiée.
2. But de l’étude
Le but de cette étude canadienne était de mieux décrire l’expression clinique,
les modifications histologiques et le mode de transmission de cette affection chez
des Labradors et des croisés Labradors de lignées différentes.
3. Matériels et méthodes
a) Etude clinique
Elle est basée sur :
n Les commémoratifs de chaque chien
n L’anamnèse de l’affection
n Les caractéristiques épidémiologiques
n Les manifestations cliniques
n La réponse aux différents traitements
41
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
b) Etude du mode de transmission
L’étude du mode de transmission est effectuée :
n en réalisant un arbre généalogique des Labradors atteints
n en évaluant le coefficient de parenté et le coefficient de consanguinité.
Cette étude familiale est donc basée sur l’observation de signes cliniques
chez les différents individus de l’arbre généalogique.
c) Etude histopathologique
Cette étude est réalisée sur des échantillons de biopsies de truffes qui sont
observés aux microscopes optique et électronique après avoir été techniqués.
Les biopsies sont effectuées à l’aide d’un trépan à biopsie de 4 ou 6 mm de
diamètres.
Pour l’observation au microscope optique, les spécimens sont fixés dans du formol à
10 %, inclus en paraffine, recoupés en fines sections puis colorés par la coloration
hématoxyline-phloxine-safran.
Pour l’observation au microscope électronique, les spécimens sont enrobés dans de
la résine, puis recoupés en section très fines, fixés avec une solution d’acétate
d’uranyl et de citrate puis observés à l’aide d’un microscope électronique Philips 300.
Dans cette étude, quatre échantillons sont également colorés avec une
coloration Acide périodique – réactif de Schiff (PAS) pour déterminer le caractère
PAS positif ou négatif du contenu des vacuoles et sept échantillons sont colorés
avec une coloration de trichrome Masson pour évaluer la présence de fibrose.
d) Autres analyses effectuées
n Cultures fongiques réalisées sur sept chiens
n Sérologies d’anticorps antinucléaires réalisées sur quatre chiens
n Profils biochimiques et Numération et Formule Sanguine (NFS) réalisés
sur trois chiens
n Tests immuno-histochimiques réalisés sur quatre chiens :
- Marquage des IgG canins
- Recherche du virus de la maladie de Carré
- Recherche de Papillomavirus
- Recherche du virus de la rougeole
42
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
B. Etudes américaines
1. Première étude américaine
a) Description de l’étude
La première étude publiée est réalisée par l’équipe de D.A. Senter.
Il s’agit d’une étude histopathologique rétrospective réalisée sur des prélèvements
biopsiques cutanés de 111 chiens, entre 1973 et 2000, dont l’examen histologique
avait montré une hyperkératose parakératosique. Ces chiens de races différentes ont
été présentés à l’université de Cornell.
b) But de l’étude
Le but de cette étude est de déterminer si des vacuoles intracornées sont présentes
et d’évaluer la taille et la position de ces vacuoles ainsi que le degré de parakératose
dans différentes dermatoses :
-
la séborrhée primaire idiopathique (SPI)
l’érythème nécrolytique migrant (ENM)
la dermatite à Malassezia (DM)
la dermatose répondant au zinc (ZRD)
l’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
la thallotoxicose
la parakératose folliculaire congénitale (CFP)
c) Matériels et méthodes
Cette étude est réalisée sur des biopsies de truffes prélevées à l’aide d’un trépan à
biopsie de 4-6 mm de diamètre, fixées dans du formol à 10 %, incluses en paraffine
puis recoupées en fines sections.
La coloration utilisée, classique en histopathologie, est la coloration HE :
hématoxyline-éosine.
Trois échantillons (issus d’animaux atteints de CFP) ont également été colorés
avec une solution de noir de Soudan afin de déterminer la présence de lipides dans
les vacuoles.
Les différentes observations réalisées sont :
n L’importance de l’hyperkératose parakératosique
n La présence de vacuoles intracornées
n La localisation des vacuoles
n La taille des vacuoles dont la mesure est réalisée à l’aide d’un
micromètre. Un classement est ensuite réalisé :
- vacuoles petites ⇒ < 50 µm
- vacuoles moyennes⇒ 50 - 250 µm
- vacuoles larges ⇒ >250 µm
43
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
-
n Le nombre de vacuoles qui est classé en :
Faible ⇒ 1 – 10 vacuoles par section
Intermédiaire ⇒ 11 - 20 vacuoles par section
Importante ⇒ > 20 vacuoles par section
n L’importance de la parakératose évaluée par le nombre de couches de
parakératine, est classée en :
- Parakératose faible ⇒ 2- 5 couches
- Parakératose modérée ⇒ 6 -10 couches
- Parakératose marquée ⇒ 11 -20 couches
- Parakératose sévère ⇒ > 20 couches
2. Deuxième étude américaine
a) Description de l’étude
La deuxième étude publiée a été réalisée par l’équipe de J. Peters en 2003.
Il s’agit d’une étude réalisée sur onze chiens de race Labrador atteints
d’hyperkératose parakératosique de la truffe.
b) But de l’étude
Son but est de décrire ces nouveaux cas et d’évaluer la prévalence de vacuoles
intracornées en comparaison avec d’autres affections de la truffe :
- le lupus érythémateux cutané (LC)
- la dermatose répondant au zinc (ZRD)
- le pemphigus foliacé (PF)
c) Matériels et méthodes
Cette étude est réalisée sur des biopsies de truffes réalisées à l’aide d’un trépan à
biopsie de 4-6 mm de diamètre ou d’un scalpel.
La préparation des spécimens est identique à celle réalisée dans l’étude de Senter et
al. (voir p37).
Les lames sont examinées à l’aide d’un microscope optique.
Ces observations réalisées au microscope optique sont les mêmes que celles
effectuées dans l’étude de Senter et al.
44
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
II. SYNTHESE DES DONNEES BIBLIOGRAPHIQUES
A. Définition
L’hyperkératose parakératosique nasale est une maladie récemment décrite,
considérée comme une génodermatose et affectant les Labradors et les croisés
Labradors. Elle est décrite comme une dermatose croûteuse due à un trouble de la
kératinisation (parakératose importante associée à la présence de vacuoles
intracornées) observée chez les jeunes chiens de race ou de type Labrador.
B. Epidémiologie
n Race : Labradors et croisés Labrador
n Age d’apparition : 6 mois à 1 an.
n Répartition géographique : Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, Belgique,
Australie, Nouvelle-Zélande
n Antécédents pathologiques : Aucun sauf un chien de l’étude de Pagé et al.
ayant présenté une hyperkératose des coussinets disparue lors de l’étude
n Sexe : Absence de prédisposition sexuelle
n Couleur de robe : Absence de prédisposition liée à la couleur de la robe
(crème, marron ou noir).
n Mode de transmission
:
L’analyse des pedigrees réalisée par l’équipe de Pagé et al. a révélé que 16 chiens
sur 18 avaient des ancêtres communs (Fig. 18), ceci laisse supposer que la maladie
est due à une même mutation.
Le coefficient de parenté entre les différentes lignées varie de 0,01 à 0,17 et le
coefficient de consanguinité varie entre 0,004 et 0,14. Ces deux coefficients sont
faibles et ne permettent pas de préciser le mode de transmission de la maladie.
L’étude démontre également qu’aucun des parents des chiens atteints n’est
cliniquement affecté, ce qui prouve que la transmission génétique serait de type
autosomale récessive.
45
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
En effet, on peut éliminer les autres hypothèses car :
Ø si la transmission était dominante, un des parents serait forcément atteint
Ø si la transmission était liée au gène Y, seul les mâles seraient atteints
Ø si la transmission était récessive et liée au gène X, les pères des chiens
atteints seraient également atteints
Donc la transmission, si elle est génétique, serait une transmission autosomale
récessive.
Schéma 1 : Arbre généalogique des Labradors Retrievers atteints
d’hyperkératose nasale (PAGE ET AL. 2003)
EPIDEMIOLOGIE :
Race Labrador et croisés
Age : 6 mois à 1 an
Aucune prédisposition de sexe ni de couleur de robe
Génodermatose à transmission autosomale récessive
46
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
C.Etude clinique
1. Description des lésions
Les lésions sont typiquement réparties sur la zone dorsale de la truffe et se
caractérisent par l’accumulation de squames sèches et rugueuses de couleur grise à
marron donnant un aspect blanchâtre et humide à la truffe.
Généralement les propriétaires remarquent d’abord les squames adhérentes
et la dépigmentation de la truffe puis l’apparition de croûtes.
Dans les cas les plus sévères, on note également la présence de fissures et
d’érosions.
Aucun prurit et aucune douleur n’ont été décrites.
Photos 9 et 10 : Vues de face et de profil d’un Labrador Retriever
atteint d’hyperkératose parakératosique de la truffe.
On note la dépigmentation, l’érythème et l’hyperkératose de la truffe
(PETERS ET AL. 2003)
Photo 11 : Vue de la truffe d’un Labrador Retriever de 17 mois
atteint d’hyperkératose parakératosique de la truffe
On note la présence de croûtes sur la zone dorsale de la truffe et la
dépigmentation de la partie inférieure (PAGE ET AL. 2003)
47
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Deux chiens de l’étude de Pagé et al. présentaient des lésions squamocroûteuses sur le chanfrein et l’un de ces deux chiens présentait également une
hyperkératose des coussinets.
CLINIQUE :
Epaississement de la truffe
Squames donnant un aspect humide à la truffe
Croûtes
Erosions et fissures possibles
2. Evolution des lésions
Dans l’étude de Senter et al. , les lésions se sont aggravées dans 9 cas sur
11, sont restés stables dans 1 cas et se sont améliorées dans un autre cas.
Des modifications des lésions (diminution de l’hyperkératose selon les
propriétaires et coloration grise pâle de la truffe) sont observées chez certains chiens
de l’étude de Pagé et al lorsque ces chiens jouaient dans l’eau ou dans la neige donc
avec l’humidité
Par contre, les deux études ne décrivent pas d’aggravation lors de l’exposition
solaire.
Généralement aggravation avec l’âge
Pas d’aggravation avec le soleil
D. Diagnostic différentiel
Il existe de nombreuses causes d’épaississement de la truffe par accumulation de
squames et de croûtes :
n Causes infectieuses : maladie de Carré, leishmaniose
n Causes auto-immunes : lupus érythémateux cutané ou systémique,
pemphigus foliacé, pemphigus érythémateux
n Troubles primaires de la kératinisation : dermatose répondant au zinc,
ichtyose, dermatose séborrhéique primaire
n Cause métabolique : syndrome hépato-cutané
n Idiopathique : hyperkératose du vieux chien
48
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
E. Etude histopathologique
1. Aspect typique
a) Lésions de l’épiderme
L’examen à l’aide d’un microscope optique montre :
n Une hyperkératose parakératosique modérée à sévère (100% des
biopsies montrent plus de 15 couches de parakératine) accompagnée d’acanthose
moyenne à modérée
Photo 12 : Coupe histologique d’une truffe de Labrador Retriever atteint
d’hyperkératose parkératosique de la truffe
On note l’hyperkératose parakératosique marquée et la présence de vésicules
intracornées (hematoxyline/ phloxine/safran, x10) (PAGE ET AL. 2003)
n Une spongiose nette allant jusqu’à la formation de vésicules
n Ces vésicules, situées dans les couches cornée et épineuse
contiennent un matériel éosinophile et quelques polynucléaires neutrophiles
(PAGE ET AL. 2003).
Elles sont en nombre important (>20 par section) et de taille moyenne (50-250
µm) à grande (>250 µm) (PETERS et AL. 2003).
49
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photo 13 : Vue microscopique de la couche cornée de la truffe d’un Labrador
Retriever atteint d’hyperkératose parakératosique montrant les vésicules
intracornées de taille variable (barre=120µm) (PETERS ET AL. 2003)
n La colorations PAS (étude de Pagé et al.) démontre que le contenu
dans les vésicules est PAS positif
n Quelques images de dyskératose
hydropique de kératinocytes de la couche épineuse
ou
de
dégénérescence
n Des kératinocytes aux cytoplasmes dilatés et contenant un matériel
éosinophile
Photo 14 : Détail de l’épiderme de la truffe d’un Labrador Retriever atteint
d’hyperkératose parakératosique
On note la présence de kératinocytes ayant subit une dégénération hydropique
(Hématoxyline/ phloxine/safran) (PAGE ET AL. 2003)
50
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
n Six chiens sur dix de l’étude de Pagé et al. présentent une infection
bactérienne superficielle révélée par la présence de colonies de cocci et
d’accumulation de neutrophiles au sein des croûtes
n Dans 90% des cas étudiés par Pagé et al., une exocytose de
neutrophiles et de lymphocytes est observée
L’examen à l’aide d’un microscope électronique permet de confirmer la présence de
spongiose et l’exocytose de neutrophiles et de lymphocytes et met en évidence
dans la couche cornée :
n Une altération du cytoplasme des cornéocytes qui prend un aspect
fibrillaire
n La rétention de la chromatine nucléaire
n La présence d’un œdème intercellulaire important
n La présence de vacuoles dans le cytoplasme de cornéocytes
Cet examen met également en évidence :
n L’absence de corps lamellaires (corps d’Odland) dans la partie
supérieure de la couche granuleuse
n De rares images d’apoptose de kératinocytes au sein de la couche
basale ou épineuse
Photo 15 : Couche cornée visualisée à l’aide d’un microscope électronique
On note l’œdème intercellulaire (E), la présence de neutrophiles (N) et
l’étirement des jonctions intercellulaires (flèches) (Barre=2,5µm)
(PAGE ET AL. 2003)
b) Lésions du derme
L’examen à l’aide d’un microscope optique montre :
n Un infiltrat à dominante lymphocytaire et plasmocytaire dans le derme
superficiel, sous la membrane basale ou périvasculaire.
51
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
n Quelques histiocytes, polynucléaires neutrophiles, et mastocytes
(PETERS et AL. 2003).
n Dans tous les cas, une incontinence pigmentaire et un œdème
dermique.
Photo 16 : Coupe histologique de la truffe d’un Labrador Retriever illustrant
l’infiltration lymphocytaire et plasmocytaire et l’incontinence pigmentaire
(Barre= 240µm) (PETERS ET AL. 2003)
n Une
fibrose
superficielle
modérée
et
une
fibrose
périvasculaire.confirmées par la coloration au trichrome de Masson (PAGE et AL
2003).
LESIONS HISTOLOGIQUES
Epiderme :
•
Hyperkératose parakératosique marquée à sévère
•
Acanthose moyenne
•
Vésicules intracornées en nombre important et de taille moyenne à
grande
•
Couche cornée contenant des colonies de cocci et des neutrophiles
•
Couche épineuse contenant des vésicules spongiotiques et des
kératinocytes ayant subit une dégénérescence hydropique
•
Couche basale : spongiose et exocytose de neutrophiles et de
lymphocytes
Derme :
•
Infiltrat mixte lymphocytaire et plasmocytaire et incontinence
pigmentaire
•
Fibrose modérée du derme
52
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
2. Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel histopathologique peut être fait avec :
n La pyodermite cutanéo-muqueuse : la parakératose est absente et
l’infiltrat inflammatoire est plus dense lors de pyodermite
n La kératose actinique : l’hyperkératose parakératosique, l’inflammation
et la fibrose sont communes aux 2 maladies mais on note une absence d’atypies
cellulaires
Les études de Peters et al. et de Senter et al. ont également permis de
comparer les lésions des truffes atteintes d’hyperkératose parakératosique de la
truffe aux lésions observées lors de séborrhée primaire idiopathique (SPI),
d’érythème nécrolytique migrant (ENM), de dermatite à Malassezia (DM),de
dermatose répondant au zinc (ZRD), de thallotoxicose (T), de parakératose
folliculaire congénitale. (CFP), de lupus érythémateux cutané (LC) et de pemphigus
foliacé (PF) :
n La proportion de spécimens présentant des vésicules pour chaque
affection est approximativement de :
- 90-100% pour l’hyperkératose parakératosique de la truffe et la CFP
- 70% pour le PF
- 50% pour l’ENM
- 30% pour le LC, la SPI, la DM et la ZRD
n Le nombre de vésicules intracornées est:
- Important (> 20/ sections) pour 90% des échantillons de truffes atteintes
d’hyperkératose parakératosique de la truffe
- Intermédiaire (10-20 / sections) pour 50% des cas de ZRD
- Faible (1-10) pour 100% des échantillons de PF et 50% des échantillons de
truffes atteintes de LC
n La taille des vésicules intracornées est:
- Petite pour les dermatites à malassezia, le LC et les ZRD.
- Moyenne pour la SPI, l’ENM et le PF
- Grande pour les cas de CFP.et d’hyperkératose parakératosique de la
truffe
53
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photo 17 : Vésicules intracornées petites et en faible nombre observées sur la
coupe histologique de la truffe d’un chien atteint de lupus cutané
(Barre= 120µ) (PETERS ET AL. 2003)
Photos 18 et 13 : Coupes histologiques de truffes de Labradors Retrievers
atteints d’hyperkératose parakératosique de la truffe.
On note la différence de tailles des vacuoles: moyennes (photo 18) à grande
(photo 13) (Barre=120µm) (PETERS ET AL. 2003)
n La parakératose est :
- Faible à modérée pour le LC
- Modérée pour le PF, la SPI, la DM et la thallotoxicose
- Modérée à sévère pour la ZRD
- Sévère pour l’ENM, la CFP et l’hyperkératose parakératosique de la
truffe.
n Alors que la présence de vésicules à contenu lipidique est démontrée
par la coloration au noir Soudan réalisée dans un cas de CFP par l’équipe de Senter
et al. , cette coloration n’a pas été utilisée sur des coupes de biopsies de truffes
atteintes d’hyperkératose parakératosique.
54
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photo 19 : Vacuoles colorées en rouge par la coloration au noir Soudan
observées dans un spécimen de peau d’un chien atteint de parakératose
folliculaire congénitale (Noir Soudan IV, x360) (SENTER ET AL. 2002)
F. Résultats des analyses
Les résultats des analyses effectuées par l’équipe de Pagé et al. montrent
l’absence :
n D’anticorps antinucléaires sériques
n D’éléments fongiques
n De modifications des paramètres biochimiques et de la numération et
formule sanguine
n De dépôts d’IgG dans les lésions de la truffe
n D’antigènes de papillomavirus, de virus de la maladie de Carré et de
virus de la rougeole dans les lésions de la truffe
G. Pathogénie
La pathogénie de l’hyperkératose parakératosique n’a pas pu être déterminée
par les différentes études mais des hypothèses ont été émises.
La microscopie électronique a permis de montrer que la cornification
épidermique était altérée (rétention du noyau, cytoplasme fibrillaire, absence de
corps de Odland, vacuoles intracytoplasmiques). Ce trouble de la cornification
pourrait être un trouble de la kératinisation primaire, l’inflammation associée étant
alors secondaire, ou être secondaire à l’inflammation observée (PAGE ET AL.2003).
55
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
H. Traitement
Les résultats des différents traitements sont résumés dans le tableau cidessous :
Céfalexine
(60mg/kg/j par voie orale
pendant 3-4 semaines)
Vitamine A
(40000 UI/j par voie orale
pendant 1 mois)
Oméga 3 / Oméga 6
(voie orale)
Zinc
(2,5-3mg/kg/j par voie orale
pendant 1 mois)
Trétinoine
(application topique 2 fois par
jour pendant 1,5 mois)
Propylène glycol
(application topique 2-3 fois
par jour)
Vaseline
(application topique 1-3 fois
par jour)
Prednisone
forte
dose
(2mg/kg/j par voie orale)
Vitamine E
(Application topique 1-3 fois
par jour)
Pagé et al.
Peters et al.
4-
3-
143-
3-
13+;2-
5+
2+
1+
2+
2+
3+
Tableau 3 : Résultats des différents traitements (+ : nombre de chiens ayant
répondu positivement au traitement, - : nombre de chiens n’ayant pas répondu
au traitement)
TRAITEMENTS :
•
Pas de réponse à l’administration de céfalexine, de zinc, de vitamine A
et de trétinoïne
•
Amélioration suite à l’application de vitamine E, de propylène glycol et
de vaseline et à l’administration de prednisone forte dose
•
Rémission non totale des symptômes à maladie contrôlable mais
incurable
56
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
D’autres traitements non testés dans les différentes études pourraient être
efficaces (PAGE ET AL. 2003):
n L’utilisation de rétinoïdes de synthèse qui régulent la croissance et la
différenciation des cellules de l’épiderme et qui donnent de bons résultats dans
certaines maladies de la cornification d’origine congénitale (LEWIS ET AL. 1998)
(mais nombreux effets secondaires).
n L’administration de vitamine D3 qui inhibe la prolifération des
kératinocytes et induit la différentiation (mais ce médicament est responsable de
nombreux effets secondaires et un contrôle de la parathormone, du calcium et du
phosphore devra alors être réalisé).
57
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
58
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
ETUDE PERSONNELLE
DE
L’HYPERKERATOSE
PARAKERATOSIQUE DE LA
TRUFFE DU LABRADOR
59
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
60
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
I.PRESENTATION DE NOTRE ETUDE
A. Description de l’étude
Après avoir diagnostiqué un cas d’hyperkératose parakératosique de la truffe
sur un Labrador (chien A) lors d’une consultation de dermatologie au sein de l’Ecole
Nationale Vétérinaire de Lyon, nous avons décidé, avec le docteur Pin, d’essayer de
mettre en œuvre une étude de cette maladie chez l’animal présenté à la consultation
(chien A) mais aussi de rechercher d’autres cas.
Ainsi nous avons tout d’abord pris contact avec l’élevage dont est issu le chien
A. En effet, l’hyperkératose parakératosique nasale étant supposée être une
génodermatose (d’après la bibliographie voir chapitre 2), la présence de plusieurs
cas dans la famille du chien A était probable.
Nous avons ainsi pu retrouver 4 autres cas d’hyperkératose parakératosique de la
truffe au sein de la famille du chien A.
Cette étude est donc basée sur l’observation de 5 chiens de race Labrador
issus de la même lignée. Deux de ces chiens (chien D et E) n’ont pas pu être
examinés et seul un contact téléphonique a permis de recueillir les informations les
concernant.
Les chiens A, B et E sont des chiens jeunes ayant respectivement 9 mois, 1
an et 1,5 ans. Le premier contact avec le chien C a eu lieu à l’âge de 7 ans et la
chienne D avait 4 ans lors de l’entretien téléphonique.
Cette étude est réalisée au sein du service de dermatologie de l’Ecole
Nationale Vétérinaire de Lyon.
B. But de l’étude
Le but de cette étude est de décrire les premiers cas d’hyperkératose
parakératosique nasale en France.
L’étude comprend l’analyse des commémoratifs et l’observation des lésions
permettant d’essayer de préciser l’épidémiologie et la clinique de la maladie ainsi
que l’analyse des résultats des traitements testés permettant de proposer un
protocole thérapeutique qui nous semble le plus adapté.
Une étude histologique a également été mise en œuvre afin de préciser les
lésions histopathologiques présentes dans cette maladie et d’essayer d’en expliquer
la pathogénie.
61
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
II.MATERIELS ET METHODES
A. Etude clinique
Lors de notre étude, nous avons essayé de réaliser un contrôle le plus régulier
possible des chiens étudiés.
Certains chiens (chiens D et E) n’ont pas pu être examinés à l’ENVL, les
informations les concernant ont été obtenues par communication téléphonique.
La première consultation nous a permis de préciser pour chaque chien:
n
n
n
n
n
Les commémoratifs
La présence ou non d’antécédents médicaux
L’historique de cette dermatose (date d’apparition, évolution)
La réponse aux traitements déjà testés
Les manifestations cliniques alors présentes
Ensuite les consultations de suivi ont permis de préciser :
n L’évolution des lésions
n Les facteurs favorisant le développement de la maladie
n La réponse aux traitements testés lors de l’étude : solution réhydratante
à base de propylène glycol (Humiderm®), dermocorticoïde (Dermoval®), vaseline et
pommade d’Homéoplasmine®
B. Etude du mode de transmission
Cette étude du mode de transmission de l’hyperkératose parakératosique de
la truffe du Labrador a été réalisée en recherchant un maximum de cas parmi les
chiens appartenants à la lignée du chien A, cette étude étant effectuée en
collaboration avec l’élevage de Labradors. Des cas sont également recherchés par
l’intermédiaire du journal des clubs de chiens de race Labrador et Golden Retriever.
Nous avons ensuite essayé de dessiner un arbre généalogique de ces
animaux étudiés nous permettant ainsi d’expliquer leurs liens de parenté.
62
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
C. Etude histologique
L’étude histologique a été réalisée sur les chiens A, B et C qui nous ont été
présentés à la consultation.
1. Prélèvements
Les prélèvements consistent en des biopsies de truffe et du chanfrein (si celuici présente des lésions).
L’animal est tout d’abord anesthésié avec de la médétomidine (Domitor®) par
voie intraveineuse.
Les biopsies sont alors réalisées à l’aide d’un trépan à biopsie de 4mm de
diamètre. La plaie est ensuite suturée à l’aide d’un fil résorbable de type VICRYL®
décimale 2 ou 3.
Les prélèvements sont ensuite essuyés à l’aide de compresses pour
supprimer le sang présent sur ceux-ci puis ils sont conditionnés.
2. Conditionnements des échantillons prélevés
Deux modes de conditionnement sont utilisés : le formol et la congélation.
La conservation dans du formol utilisée en histologie classique est inadaptée pour la
réalisation de certains marquages immunohistochimiques, réalisables par contre sur
des biopsies congelées.
Le protocole utilisé pour congeler les spécimens est décrit en annexe (voir annexe
1).
3. Préparation des échantillons
Les prélèvements sont colorés avec une coloration d’Hématoxyline-éosine suivant le
protocole décrit en annexe (voir annexe2).
4. Méthode de marquages immunohistochimiques
Les marqueurs utilisés sont :
n Un marqueur du CD3 permettant de mettre en évidence les
lymphocytes T
n Des marqueurs du CD4 et du CD8, permettant de typer les
lymphocytes T en lymphocytes T Helper non cytotoxiques (CD4+) et lymphocytes T
cytotoxiques (CD8+).
n Un marquage du CD79 α (anticorps HM57) permettant de mettre en
évidence les lymphocytes B différenciés.
63
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
n Des marqueurs des cytokératines épidermiques (anticorps AE1/AE3)
n Un marqueur des cytokératines suprabasales (anticorps KL1)
n Des marqueurs des chaînes légères des IgG (chaînes κ et λ)
Ces marquages sont réalisés suivant le protocole décrit en annexe (voir annexe 3).
5. Observation
Les échantillons après coloration ou après immunomarquage, sont observés à l’aide
d’un microscope optique.
D. Autres analyses réalisées
Des prises de sang ont également été effectuées sur les chiens A et B et un dosage
des anticorps antinucléaires est réalisé.
III.RESULTATS
A. Etude clinique
1. Antécédents pathologiques
Les animaux étudiés n’ont jamais présenté de problèmes dermatologiques.
Les seuls antécédents décrits (dysplasie du coude) sont sans rapport avec la
maladie étudiée.
2. Epidémiologie
n Age d’apparition : les lésions de la truffe sont apparues entre l’âge de 6
mois et de 10 mois.
Les âges d’apparition pour les différents chiens sont :
Ø 6 mois pour le chien C
Ø 7 mois pour le chien A et le chien D
Ø 10 mois pour le chien B
Ø Inconnu pour le chien E
64
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
n Facteurs favorisants :
Selon les propriétaires des chiens A et C, l’humidité semble être un facteur favorisant
de la maladie.
Le propriétaire du chien A nous rapporte également une aggravation des lésions
avec le soleil.
n Sexe : 4 mâles (chiens A, B, C et E) et 1 femelle (chienne D)
n Couleur de robe : les 5 chiens ont une robe crème
n Géographie : France
3. Description des lésions lors de la première visite
Le chien A présente uniquement des lésions sur la truffe. Il présente un
épaississement et une dépigmentation de la truffe associée à des croûtes et à des
squames épaisses et adhérentes situées à la jonction truffe/chanfrein.
La dépigmentation et l’épaississement de la truffe sont les premières lésions
apparues et ont été suivies, en 1 mois, par l’apparition des dépôts de kératine de
couleur gris-marron et de croûtes. On note également une atténuation voire une
disparition des dermatoglyphes.
Photos 20,21 et 22 : Vue de face, vue dorsale et vue de profil de la truffe du
chien A
On note la dépigmentation, les squames et les croûtes localisées sur la face
dorsale de la truffe, à la jonction truffe/chanfrein (photos Didier Pin)
65
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Le chien B présente les mêmes lésions que le chien A ainsi que des fissures
de la truffe et un érythème marqué de la truffe et du chanfrein.
La truffe du chien B apparaît gonflée et blanchâtre et donnent un aspect de peau
humide à cette truffe.
Le chien B présente donc des lésions plus importantes que le chien A.
Photos 23 et 24 : Vues dorsale et de face de la truffe et du chanfrein du chien B
On note la présence de squames épaisses et adhérentes sur la zone dorsale de
la truffe, l’érythème sur la truffe et le chanfrein, les fissures, la dépigmentation
et l’aspect humide de la truffe (Photos Didier Pin)
Le chien C présente un épaississement de la truffe, de nombreuses croûtes et
quelques fissures localisées uniquement à la truffe. La dépigmentation est très peu
marquée sur ce chien
Photo 25 : Vue de profil de la truffe du chien C
On note la présence de squames et de croûtes épaisses et adhérentes et de
fissures sur la truffe (Photo personnelle)
66
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
La description des lésions des chiens D et E a uniquement été recueillie par des
entretiens téléphoniques.
La chienne D a présenté un épaississement de la truffe accompagné de
croûtes mais sans dépigmentation au début de la maladie. Cette chienne est la seule
qui possède déjà un traitement lors du premier entretien. Lors de cet entretien
téléphonique, elle est donc traitée avec une pommade à base de corticoïdes 2 à 3
fois par semaine et ne présente plus qu’un léger épaississement de la truffe.
Le chien E présente uniquement un épaississement et quelques croûtes très
discrètes sur la truffe.
4. Evolution des lésions durant l’étude
Cette évolution a été observée sur les chiens A, B et C.
Ainsi les lésions se modifiaient à l’humidité pour les trois chiens avec
apparition de nombreuses fissures et gonflement de la truffe lui donnant un aspect
spongieux.
Photos 26, 27 et 28: Vue dorsale, vue de face et vue de profil de la truffe du
chien A lors de périodes humides
On note la présence des fissures et l’aspect spongieux de la truffe (Photos
personnelles)
67
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
La photosensibilisation rapportée au début de l’étude par le propriétaire du
chien A n’a pas été observée. Par contre, il a noté une dégradation des lésions si le
chien se baigne puis s’expose au soleil. La truffe se gonfle alors à l’humidité puis se
fissure au soleil.
Le propriétaire du chien C (le plus âgé), rapporte une aggravation modérée avec
l’âge.
Le chien A a présenté des lésions discrètes des paupières de l’oeil droit évocatrices
d’un vitiligo. Ces lésions ont disparu spontanément en 1,5 mois.
Photo 29: Lésions des paupières évocatrices d’un vitiligo chez le chien A
(Photo Didier Pin)
5. Réponse aux traitements
Différents traitements ont été testés sur ces chiens.
a) Le chien A
Le chien A n’a montré aucune amélioration lors du traitement à l’aide d’un
réhydratant à base de propylène glycol sous forme de topique appliqué deux à trois
fois par jour, pendant 2 semaines.
Le traitement à base de vaseline appliquée deux fois par jour, pendant 2-3
semaines, n’a pas donné, non plus, de résultats.
68
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photos 30 et 31: Truffe du chien A avant et après le traitement à la vaseline
On note la persistance voire l’augmentation des croûtes et l’aggravation de
l’aspect spongieux de la truffe (Photo Didier Pin et photo personnelle)
Par contre, le premier traitement à l’aide d’un dermocorticoïde, appliqué
deux fois par jour, pendant deux semaines, puis une fois par jour, pendant un mois a
donné très vite de bons résultats. Ce traitement était associé à l’application d’un
écran solaire (écran total) sur les parties de truffe où les croûtes tombaient.
Photos 21 et 32 : Truffe du chien A avant et après le traitement dermocorticoïde
On note la diminution des croûtes (Photos Didier Pin)
Le Dermoval® , dermocorticoïde de classe IV, doit être appliqué après avoir
mis des gants. Il est nécessaire de bien faire pénétrer le produit.
Une autre phase de traitement, réalisée plus tard dans l’étude sur le chien A, n’a pas
permis une aussi nette amélioration. Ce deuxième traitement a été mis en place
alors que le chien A présentait des fissures importantes et la pommade à base de
corticoïdes empêchait la cicatrisation de ces fissures.
69
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photo 33 : Truffe du chien A présentant de nombreuses fissures rendant le
traitement dermocorticoïde peu efficace (2 semaines après le début du
traitement)
(Photo personnelle)
Nous avons, alors, essayé un traitement à base d’Homéoplasmine®,
appliquée deux fois par jour, pendant 2 semaines, puis une fois par semaine. Ce
traitement a permis une nette amélioration des lésions.
Photo 34 : Truffe du chien A après 3 semaines de traitement à
l’Homéoplasmine®
On note la disparition des fissures (comparer à la photo 33)
(Photo Didier Pin)
70
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photos 35 et 36 : Truffe du chien A après 2 mois de traitement à
l’Homéoplasmine®
L’amélioration des lésions est de plus en plus nette (Photo Didier Pin)
Photo 37 : Truffe du chien A 2 semaines après la fin du traitement à
l’Homéoplasmine®
On ne note pas de réapparition des lésions (Photo personnelle)
En résumé, les résultats des traitements testés sur le chien A sont :
n Pas d’amélioration avec le réhydratant à base de propylène glycol et la
vaseline
n Amélioration nette avec un traitement dermocorticoïde si l’animal ne
présente pas de fissures trop importantes de la truffe
n Amélioration plus lente avec l’application d’Homéoplasmine®
n Nécessité de l’application de protection solaire lorsque les croûtes
tombent
71
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
b) Le chien B
Le traitement mis en place pour le chien B a été tout d’abord un traitement à
base de dermocorticoïde (Dermoval®) appliqué une fois par jour.
Ce traitement a apporté une amélioration des lésions.
Photos 23 et 38 : Vue dorsale de la truffe du chien B avant et 3 semaines après
le début du traitement au Dermoval®
On note la diminution du nombre de croûtes et de l’érythème (Photo Didier Pin
et photo personnelle)
Un réhydratant à base de propylène glycol (Humiderm®) a été ajouté au
traitement et est appliqué sur le chanfrein. L’application du dermocorticoïde est alors
limitée à la truffe.
Ce protocole thérapeutique a permis une amélioration supplémentaire des lésions,
en particulier sur le chanfrein, avec repousse des poils, diminution du nombre de
croûtes et diminution de l’aspect gonflé et spongieux de la truffe.
Photos 39 et 40 : Vue de face et dorsale de la truffe du chien B après 1,5 mois
d’application de Dermoval® et 1 semaine d’Humiderm®
On note la repousse des poils sur le chanfrein, la diminution du nombre de
croûtes et de l’aspect spongieux de la truffe (Photos personnelles)
72
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Le traitement est alors adapté à l’évolution des lésions, avec une application 1
jour sur 2, qui permet de conserver un état satisfaisant.
Photos 41, 42 et 43: Vue de face, de profil et dorsale de la truffe du chien B
après 3 mois d’application de Dermoval® et 2 mois d’Humiderm®
On note une nette amélioration des lésions mais persistance d’un érythème
modéré (Photos Didier Pin et photo personnelle)
L’érythème présent risquant d’être aggravé par le soleil, il est conseillé au
propriétaire d’appliquer une protection solaire, type écran total, lors d’exposition
prolongée du chien au soleil.
L’Homéoplasmine®, utilisé pendant 2 semaines en remplacement de l’Humiderm®, a
donné les mêmes résultats.
c) Le chien C
Le suivi du chien C a été moins régulier.
Le traitement consistait en l’application de Dermoval®, deux fois par jour, pendant 2
semaines, puis une fois par jour, pendant 2 semaines, puis une fois tous les deux
73
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
jours, pendant un mois. Le propriétaire relate alors une nette amélioration des
lésions.
Lors du contrôle de l’animal, effectué deux mois après la fin du traitement au
Dermoval®, l’état est très satisfaisant car il ne reste plus que quelques squames sur
la face dorsale de la truffe.
Le traitement d’entretien consiste en l’application d’Homéoplasmine® dès la
réapparition des lésions (environ une fois toutes les trois semaines).
Photos 44, 45, 46 et 47 : Vues de face et de profil de la truffe du chien C avant
et deux mois après la fin du traitement au Dermoval®
On note la disparition de la totalité des croûtes sur le chanfrein et la
persistance de quelques squames sur la truffe (Photos personnelles)
74
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photo 48 : Vue dorsale de la truffe du chien C deux mois après la fin de la
corticothérapie
On note un état satisfaisant malgré la persistance de quelques squames
adhérentes sur la truffe (photo personnelle)
d) La chienne D
Cette chienne est déjà traitée avec une pommade à base de corticoïdes
depuis quelques mois lors de l’entretien téléphonique.
Le propriétaire rapporte une amélioration des lésions après 1 à 2 semaines de
traitement.
e) Le chien E
Vu la faible intensité des lésions chez ce chien, le propriétaire ne souhaite pas mettre
en place de traitement.
75
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
f) Synthèse
Les résultats obtenus pour chaque chien sont résumés dans le tableau suivant :
Rédhydratant à
base de
propylène
glycol
(Humiderm®)
Chien A
Pas de réponse
Chien B
Réponse + en
entretien mais
pas en phase
d’attaque
du
traitement
Vaseline
Pas
réponse
Vaseline +
homéopathie
(Homéoplasmine®)
de Réponse ++
Dermocorticoïdes
(Clobétasol,
Dermoval®)
Réponse +++ sauf
si présence de
fissures à pas de
réponse
Réponse + en phase Réponse +++ en
d’entretien
phase d’attaque du
traitement
Chien C
Réponse
++
en Réponse +++
phase d’entretien
Chienne
D
Dermocorticoïde
inconnu
Réponse ++
Tableau 3: Réponse aux différents traitements testés
76
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
B. Etude du mode de transmission
L’étude effectuée au sein de l’élevage nous a permis de repérer 5 chiens
atteints d’hyperkératose parakératosique appartenant à la même lignée. Ainsi nous
avons pu réaliser l’arbre généalogique dessiné ci-dessous :
Schéma 2 : Arbre généalogique des Labradors Retrievers atteints
d’hyperkératose parakératosique nasale
Certaines modalités de transmission ont pu être éliminées :
n Un parent atteint ne transmet pas la maladie à tous ses chiots donc la
transmission n’est pas dominante
n Les mâles et les femelles sont atteints par la maladie donc la
transmission n’est pas liée au gène Y
n Les pères des chiens atteints ne sont pas forcément atteints donc la
transmission n’est pas liée au gène X
Donc la transmission, si elle est génétique, serait une transmission
autosomale récessive.
77
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
C. Etude histopathologique
1. Chien A
a) Lésions de l’épiderme
L’examen histopathologique montre :
n Une hyperkératose parakératosique modérée à sévère au sein de
laquelle des vésicules contenant un matériel hyalin sont observées
Photo 49 : Vue microscopique d’ensemble d’une section d’une biopsie de la
truffe du chien A (Photo Didier Pin) (Barre=100µm)
On note l’hyperkératose très marquée et les vésicules contenant un matériel
hyalin
78
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photo 50 : Vue microscopique de la couche cornée de la truffe du chien A
(Photo Didier Pin) (barre=100µm)
On note la parakératose marquée
n Une acanthose modérée
n Une disparition incomplète de la couche granuleuse
n Une spongiose modérée
n Des images d’apoptose et de dégénérescence hydropique de
kératinocytes isolés, souvent associées à la présence de lymphocytes collés à ces
kératinocytes détruits (satellitose), évoquant fortement une action cytotoxique des
lymphocytes
Photo 51 : Vue microscopique de l’interface de l’épiderme et du derme de la
truffe du chien A (Photo Didier Pin) (barre=50µm)
On note des images d’apoptose et de dégénérescence hydropique de
kératinocytes isolés, souvent associées à la présence de lymphocytes collés à
ces kératinocytes détruits (satellitose)
79
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
n La présence de vésicules dans la couche cornée et dans la partie
superficielle de la couche épineuse. Ces vésicules sont nombreuses et de taille
variable. Les lésions de spongiose, de dégénérescence hydropique et de satellitose
peuvent être à l’origine de la formation de ces vésicules qui contiennent des cellules
inflammatoires mononuclées et plurinucléées et un matériel hyalin.
Photo 52 : Vue microscopique de la couche épineuse de la truffe du chien A
(Photo Didier Pin) (barre=100µm)
On note la présence de nombreuses vésicules de taille variable dont certaines
contiennent des cellules inflammatoires
n Une exocytose de neutrophiles et de lymphocytes, contenus dans
des vésicules spongiotiques ou présents sous forme d’agrégats
Photo 53 : Vue microscopique de la peau de la truffe du chien A
(Photo Didier Pin) (barre=100µm)
On note la présence de vésicules mais aussi l’exocytose de neutrophiles et de
lymphocytes
80
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
b) Lésions du derme
L’examen histopathologique montre :
n Un infiltrat mixte lymphocytaire et plasmocytaire très dense, en
bande sous épidermique, dans le derme superficiel contenant également quelques
histiocytes
n Une incontinence pigmentaire et la présence de mélanophages
Photo 54 : Vue microscopique du derme de la truffe du chien A
(Photo Didier Pin) (barre=50µm)
On note l’infiltrat lymphocytaire et plasmocytaire et l’incontinence pigmentaire
n Un infiltrat lymphocytaire et plasmocytaire dans le derme moyen en
position péri-vasculaire ou péri-nerveuse.
Photo 55 : Vue microscopique du derme moyen de la truffe du chien A
(Photo Didier Pin) (barre=100µm)
On note l’infiltrat lymphocytaire et plasmocytaire périannexiel
81
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
c) Immunomarquages
Les différents immunomarquages réalisés montrent :
n De nombreux lymphocytes T dans le derme et l’épiderme mis en
évidence par le marquage du CD3
Photo 56: Vue microscopique de la peau de la truffe du chien A après
marquage du CD3 (Photo Didier Pin) (barre=500µm)
On note la présence de nombreux lymphocytes T
n Une densité de lymphocytes T helper très importante dans le derme
et de rares lymphocytes T helper dans l’épiderme. Ces lymphocytes étant mis en
évidence par le marquage du CD4
Photo 57: Vue microscopique de la peau de la truffe du chien A après
marquage du CD4 (Photo Didier Pin)
On note une densité de lymphocytes T helper beaucoup plus importante dans
le derme que dans l’épiderme
82
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
n Une densité de lymphocytes T cytotoxiques plus importante dans
l’épiderme que dans le derme, mise en évidence par le marquage du CD8
Photo 58: Vue microscopique de la peau de la truffe du chien A après
marquage du CD8 (Photo Didier Pin) (barre=500µm)
On note la présence de lymphocytes cytotoxiques en majorité dans l’épiderme
n Quelques rares lymphocytes B différenciés dans l’épiderme mis en
évidence par le marquage du CD79α (anticorps HM57)
n Un aspect normal du marquage des cytokératines de l’épiderme par
les anticorps AE1/AE3 (toutes les cytokératines épidermiques) et KL1 (cytokératines
suprabasales)
Photos 59 et 60: Vue microscopique de l’épiderme de la truffe du chien A après
marquage par les anticorps AE1/AE3 (toutes les cytokératines épidermiques)
et KL1 (cytokératines suprabasales) (Photos Didier Pin)
83
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
n Des plasmocytes mis en évidence par les marquages des chaînes
légères d’immunoglobulines κ et λ
Photo 61 : Vue microscopique du derme de la truffe du chien A après
marquage λ (Didier Pin) (barre=50µm)
On note la présence de quelques plasmocytes dans le derme superficiel
2. Chien B
a) Lésions de l’épiderme et du derme
L’examen microscopique des biopsies de la truffe du chien B montre des lésions
identiques mais de moindre intensité de l’épiderme et du derme que celles
observées chez le chien A.
b) Immunomarquages
Les immunomarquages effectués sur les sections des biopsies de la truffe du chien
B donnent les mêmes résultats que ceux réalisés sur le chien A.
3. Chien C
a) Lésions de l’épiderme
L’examen histopathologique des biopsies de la truffe montre :
n Une hyperkératose orthokératosique modérée
n L’absence de vésicules intracornées
84
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Photo 62 : Vue microscopique d’une section d’une biopsie de la jonction
truffe/chanfrein du chien C (Photo Didier Pin) (barre=200µm)
On note une hyperkératose orthokératosique et l’absence de vésicules
n Une acanthose modérée
n Une spongiose très légère
n Une dermatite d’interface caractérisée par des images de
dégénérescence hydropique des kératinocytes de l’assise basale et une
exocytose de lymphocytes (voir photo 63)
85
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
b) Lésions du derme
L’examen histopathologique montre :
n Un infiltrat mixte lymphocytaire et plasmocytaire, en bande sous
épidermique, dans le derme superficiel qui contient également quelques histiocytes
n Une
mélanophages
incontinence
pigmentaire
nette
et
la
présence
de
Photo 63 : Vue microscopique de l’interface du derme et de l’épiderme de la
truffe du chien C (Photo Didier Pin) (barre=50µm)
On note la présence d’images de dégénérescence hydropique de kératinocytes
de l’assise basale ainsi que l’incontinence pigmentaire et l’infiltrat
lymphocytaire et plasmocytaire
n L’absence de phénomène inflammatoire dans le derme profond
86
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
c) Immunomarquages
Les marquages des lymphocytes ont donné les mêmes résultats que sur les
2 autres chiens, c'est-à-dire une densité plus importante de lymphocytes T helper
dans le derme que dans l’épiderme et une densité plus importante de lymphocytes T
cytotoxiques dans l’épiderme que dans le derme.
Photos 64 et 65: Vue microscopique de sections de la truffe du chien C après
marquages du CD4 et du CD8 (Photos Didier Pin) (barre=100µm)
On note une concentration des lymphocytes T helper dans le derme alors que
les lymphocytes T cytotoxiques sont nombreux dans l’épiderme
4. Bilan
L’étude histopathologique montre des lésions similaires pour le chien A
et le chien B.
Chez le chien C, on note l’absence de l’hyperkératose parakératosique,
des vésicules intracornées à contenu hyalin ou cellulaire, de l’exocytose marquée de
polynucléaires mais la présence d’une réaction inflammatoire de type cytotoxique
contre l’épiderme identique à celle observée sur les biopsies des chiens A et B.
D. Résultats des analyses
Les dosages d’anticorps antinucléaires réalisés sur le sang prélevé sur les
chiens A et B sont tous les deux négatifs.
87
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
IV.DISCUSSION
A. Etude clinique
1. Description des lésions
Notre étude a permis d’observer les mêmes lésions que celles décrites dans
la littérature (voir chapitre 2).
Ces lésions sont principalement localisées à la truffe et parfois associées à
des lésions du chanfrein. Elles apparaissent vers l’âge de 6 à 10 mois.
On ne note pas de prédisposition sexuelle ni de prédisposition liée à la couleur
du pelage.
Ainsi les lésions à retenir sont :
n
n
n
n
n
La présence de squames - croûtes de couleur marron - grise
L’épaississement de la truffe
La dépigmentation de la truffe
L’atténuation voire la disparition des dermatoglyphes de la truffe
L’aspect gonflé et spongieux de la truffe lui donnant un aspect
humide
n La présence de fissures dans les cas les plus graves
Les lésions semblent s’aggraver à l’humidité chez les trois chiens et avec
l’âge chez le chien C.
88
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
2. Réponse aux traitements
Nous proposons le protocole thérapeutique suivant :
n Si la truffe du chien ne présente pas de fissures trop importantes :
ü Application d’un dermocorticoïde fort (type Dermoval®) en phase d’attaque
une fois par jour (port de gants obligatoire). Le relais par un
dermocorticoïde moins puissant pourrait être intéressant.
ü Puis application d’Homéoplasmine® une fois par jour
n Si la truffe présente de nombreuses fissures :
ü Application d’Homéoplasmine® 2 à 3 fois par jour, puis 1 fois par jour
jusqu’à disparition des fissures
ü Puis seulement application d’un dermocorticoïde, si on veut accélérer
l’évolution des lésions
n Dans tous les cas, une protection solaire est conseillée
n Le traitement devra être adapté en fonction de l’humidité
(augmentation de la fréquence d’application ou passage à un dermocorticoïde fort)
Le traitement ne permet que de contrôler, à moyen ou long terme, les lésions
de la truffe et il doit être modulé en fonction de l’évolution des lésions.
B. Etude histopathologique
1. Lésions évocatrices
Les lésions les plus caractéristiques sont :
n Une hyperkératose parakératosique marquée et diffuse
n Un grand nombre de vésicules de taille variable contenant un matériel
hyalin ou de cellules inflammatoires
n Des images d’apoptose, avec satelittose, et de dégénérescence
hydropique des kératinocytes isolés des couches basales et épineuses
n Une exocytose de polynucléaires neutrophiles et de lymphocytes
n Une infiltration lymphocytaire et plasmocytaire en bande sousépidermique
n Une incontinence pigmentaire
89
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Il convient de souligner que les vésicules et l’hyperkératose parakératosique
ne sont pas caractéristiques de l’affection car retrouvées, au niveau de la truffe, dans
le lupus cutané, la dermatose répondant au zinc et la pemphigus foliacé.
La nature du contenu des vésicules intracornées n’a pas pu être déterminée.
Les hypothèses sont :
n Le contenu est une sérosité coagulée, dont l’origine est douteuse car la
spongiose est discrète ou absente
n Le contenu hyalin est le résultat d’une cornification anormale
Ces vésicules sont absentes sur les lames issues de la biopsie du chien C,
dont l’image histologique est celle d’une réaction inflammatoire de type cytotoxique
envers l’épiderme.
L’absence de vésicules chez le chien C pourrait, premièrement, être due à une
modification liée à l’âge. En effet, le chien C est le plus vieux de l’étude et dans la
bibliographie, seuls les chiens jeunes atteints d’hyperkératose parakératosique
nasale ont été étudiés. Un suivi long des chiens affectés est donc souhaitable.
Cette absence pourrait, deuxièmement, être liée au site des biopsies qui est
différent de celui des deux autres chiens (jonction truffe-chanfrein / truffe) car
l’aspect clinique est identique à celui des deux autres chiens.
2. Informations apportées par les immunomarquages
Les immunomarquages des chaînes κ et λ ainsi que les marquages à l’aide
des anticorps HM57, AE1/AE3 et KL1 ne révèlent pas d’anomalies.
Les marquages du CD4 et du CD8 révèlent que la réaction lymphocytaire est
faite de lymphocytes T helper qui restent dans le derme et de lymphocytes T
cytotoxiques qui pénètrent l’épiderme et sont vraisemblablement à l’origine de la
destruction des kératinocytes de l’épiderme.
La pathogénie alors suspectée pour cette maladie est soit une action
immunitaire primaire provoquant la destruction des kératinocytes qui se regroupent
en amas, qui coagulent et qui sont alors à l’origine de la formation des vacuoles
intracornées; soit une réaction immunitaire secondaire associée à une altération du
processus de cornification d’origine génétique.
On peut alors se poser la question de savoir si l’hyperkératose
parakératosique nasale est vraiment une génodermatose.
En effet, on n’a jamais décrit de réaction cellulaire cytotoxique secondaire à un
trouble de la cornification chez le chien.
90
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Les trois hypothèses concernant cette maladie sont donc :
n Soit une maladie d’origine immunitaire (réaction lymphocytaire de type
cytotoxique envers l’épiderme) avec une prédisposition raciale et familiale
n Soit un trouble primaire de la cornification compli qué par une réaction
de type cytotoxique envers l’épiderme
n Soit une maladie plurifactorielle associant, par exemple, des facteurs
génétiques, des anomalies de la maturation kératinocytaire et une réponse
inflammatoire
C. Etude du mode de transmission
1. Nature de la transmission
L’apparition précoce des lésions, les liens familiaux entre les différents chiens
affectés et le fait que l’apparition de la maladie soit plus fréquente dans une famille
que dans la population totale sont nettement en faveur d’une maladie héréditaire
mais le mode exact de transmission n’est pas connu. De plus, la lignée que nous
avons étudiée est issue d’un chien provenant du Canada mais nous n’avons pas pu
savoir si celui-ci appartenait à la même lignée que les chiens étudiés dans l’étude de
Pagé et al. par soucis de confidentialité. Ce rapprochement des deux lignées aurait
pourtant constitué un élément fortement en faveur d’une transmission génétique de
la maladie.
Notre étude permet tout de même de préciser que la transmission, si elle est
génétique, serait une transmission autosomale récessive (ceci étant en accord avec
l’étude de Pagé et al.).
Seule une étude génétique du mode de transmission sur un grand nombre
d’animaux, sains ou atteints, appartenant à plusieurs générations permettrait de
déterminer la nature mono ou polygénique de l’hyperkératose nasale.
2. Tests à réaliser
Pour pouvoir confirmer l’hypothèse d’une mutation d’un gène se transmettant
sur un mode autosomal récessif, il faudrait réaliser une étude de l’ADN des animaux
atteints. L’utilisation de la génétique inverse permettrait alors d’identifier le gène
morbide mis en cause dans la maladie et donc de confirmer que l’hyperkératose
parakératosique nasale est une génodermatose.
91
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
Le principe de cette génétique inverse est le suivant :
n On étudie une sélection d’ADN de chiens issus de plusieurs familles
atteintes
n On localise le gène responsable de la maladie en identifiant des
marqueurs de liaisons (correspondant à des portions d’ADN génomique polymorphe
dont la localisation chromosomique est connue) les plus proches du locus morbide.
Les différents marqueurs utilisés en génétique inverse sont :
- les RFLP (Restriction Fragment Length Polymorphism ou Polymorphisme de
longueur des fragments de restriction) dont l’analyse est effectuée soit par une
technique de Southern Blot soit par PCR (Polymérase Chain Reaction)
- les minisatellites, qui sont des séquences d’ADN répétitives, constituées d’un
motif de base de 10 à 50 nucléotides et dont l’analyse s’effectue également
par Southern Blot ou par PCR
- les microsatellites, qui sont des séquences d’ADN répétitives dont le motif est
constitué de 1 à 4 paires de bases dont l’analyse s’effectue par PCR
n Une fois les marqueurs localisés, la localisation du gène est déduite
d’une analyse de liaison. Ceci consiste à mettre en évidence une liaison génétique
entre le gène responsable de la maladie et les marqueurs génétiques. Ceci nécessite
de connaître un grand nombre de marqueurs de liaisons et de disposer d’un
échantillon de famille de grande taille (LIAUTARD 2000).
3. Difficultés rencontrées lors de notre étude
Lors de notre étude, nous avons été confrontés à deux principales difficultés :
n La maladie étudiée peut se manifester par de discrètes lésions ou peut
être confondue avec une autre dermatose. Ainsi, beaucoup de cas demeurent
inconnus, par absence ou erreur de diagnostic, ou manque d’informations redonnées
à l’éleveur après la vente d’un chiot.
n Le travail dans l’élevage a vite été limité par un problème de tares
génétiques cachées dans certains élevages pour ne pas discréditer ceux-ci. Ainsi
l’élevage dont est issu le chien C n’a pas voulu collaborer à notre étude.
Ces deux difficultés sont à l’origine du faible nombre de cas que nous avons pu
étudiés. En effet, notre étude ne porte que sur cinq cas et la nature de la
transmission de la maladie est donc très difficile à déterminer.
92
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
V.CONCLUSION
L’hyperkératose parakératosique nasale est une maladie récemment décrite,
considérée comme une génodermatose affectant les Labradors. Une composante
immunitaire a pu être mise en évidence par notre étude et remet donc en question
l’origine monogénique de cette maladie. Seul des tests génétiques pourraient
permettre de confirmer l’origine génétique de l’hyperkératose parakératosique nasale
et devront certainement être envisagés dans l’avenir pour pouvoir mieux décrire cette
maladie.
Les symptômes cliniques assez constants et l’analyse histopathologique
permettent d’établir un diagnostic. Un nombre élevé de vésicules intracornées est un
élément évocateur, même si, d’après notre étude, celles-ci peuvent être absentes sur
les biopsies de chiens plus âgés.
Un protocole thérapeutique utilisant un dermocorticoïde de classe III ou IV
(type Dermoval®) ou de l’Homéoplasmine® est proposé. Il a perm is de contrôler les
lésions par une médicalisation, mais cette maladie reste incurable.
L’hyperkératose parakératosique doit faire partie du diagnostic différentiel lors
d’atteinte de la truffe des Labradors. Ainsi de plus en plus de cas pourraient être
décrits et permettre une meilleure description de cette maladie dont l’origine est
encore incertaine et le protocole thérapeutique encore approximatif et très
expérimental.
93
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
94
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
CONCLUSION
La truffe est une surface glabre, globuleuse et aplatie située à l’union de la
lèvre supérieure et du chanfrein. Celle-ci prend une disposition et une structure
tégumentaire caractéristique à chaque espèce. La truffe du chien est constituée d’un
épiderme très épais avec une couche cornée très développée et pigmentée, une
couche granuleuse fine et une couche claire irrégulièrement visible. On note la
présence de crêtes épidermiques et de papilles dermiques très développées et
l’absence d’annexes folliculaires. Cette truffe est le siège d’une irrigation et d’une
innervation très importantes.
La truffe est le siège de diverses affections tumorales ou non. Parmi celles-ci, une
nouvelle dermatose a été récemment décrite : l’hyperkératose parakératosique de la
truffe du Labrador.
Cette maladie a fait l’objet de peu de publications, celles-ci étant
exclusivement américaines et canadiennes. Ces publications ont tout de même
permis de définir la maladie comme une dermatose squamo-croûteuse affectant les
Labradors et les croisés Labradors, dès le jeune âge sans prédisposition liée à la
couleur de la robe ou au sexe de l’animal . Les lésions histologiques évocatrices
sont : une hyperkératose parakératosique marquée, la présence de nombreuses
vésicules intracornées de taille moyenne à grande, un infiltrat lymphoplasmocytaire
et une incontinence pigmentaire dermique. Divers traitements ont été testés et
certains se sont révélés partiellement efficaces: propylène glycol ou vaseline
appliqués par voie topique, corticoïdes administrés par voie orale. Mais ces
publications n’ont pas permis de définir la pathogénie de cette maladie et le mode de
transmission reste hypothétique. En effet, l’hypothèse de génodermatose avec une
transmission autosomale récessive n’a pas pu être prouvée.
Ainsi le but de notre étude a été tout d’abord de décrire de nouveaux cas
d’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador (premiers cas décrits en
France), mais aussi d’essayer de préciser la pathogénie et le mode de transmission
de cette maladie. Notre étude a donc consisté en l’observation de cinq cas issus de
la même lignée pour lesquels nous avons pu préciser les symptômes de la maladie
et l’évolution de ceux-ci. Un protocole thérapeutique a pu être proposé. L’examen
histologique et la réalisation d’immunomarquages ont révélé dans nos cas, une
intense réaction inflammatoire de type lymphocytaire cytotoxique ayant pour cibles
les kératinocytes des couches basale et suprabasale. L ’étiologie de cette affection
pourrait donc être multifactorielle et faire intervenir, en plus des facteurs génétiques
envisagés précédemment, des facteurs immunitaires.
95
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador est une dermatose
récemment décrite qui doit dorénavant faire partie du diagnostic différentiel des
affections de la truffe du Labrador.
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
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L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
100
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
ANNEXES
ANNEXE 1 : Technique de congélation des échantillons biopsiés utilisée à
l’ENVL
n Le prélèvement est posé sur un bout de liège
n Ce prélèvement est enrobé dans l’OCT Compound® permettant de
protéger le tissu lors de la congélation
n L’ensemble est placé dans une cuve d’azote liquide pendant environ 1
minute
n Le tout est placé dans un cryo-tube en plastique adapté à la
congélation
n Le tube est identifié
n Ce tube est replongé dans le bac d’azote liquide puis placer dans le
congélateur (à -80°C) où il sera conservé
ANNEXE 2 : Technique de coloration hématoxyline-éosine utilisée à l’ENVL
(méthode inspirée par la technique décrite par HOULD en 1984)
n Fixation des tissus au Bouin®, au Perfix® ou au Tissufix®
n Mode opératoire :
1)
Déparaffinage et hydratation des coupes (avec de l’Ottix®)
2)
Coloration avec de l’hématéine Mayer pendant 5 minutes
3)
Lavage des coupes avec de l’eau du robinet pendant 2 minutes
4)
Différenciation par 2 plongées dans une solution d’eau acidifiée (0,5mL
d’acide chlorhydrique et 100mL d’eau distillée)
5)
Lavage à l’eau du robinet
6)
Virement des noyaux par 6 plongées dans une solution de carbonate de
lithium (1g de carbonate de lithium et 100mL d’eau distillée)
7)
Lavage à l’eau du robinet pendant 3 minutes
8)
Coloration avec de l’éosine à 0,5% ou avec de la phloxine aqueuse à 1,5%
(Phloxine B 1,5%, 100mL d’eau distillée chaude et 1g de phénol)
9)
Déshydratation des coupes par 1 plongée dans un bain d’éthanol à 95%
101
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
ANNEXE 3 : Technique d’immunomarquage utilisée à l’ENVL (inspirée par les
fiches techniques distribuées par les laboratoires (SEROTEC, IMMUNOTECH,
DAKO …))
Cette technique est réalisable sur :
n lames de cellules fraîchement étalées : réaliser directement
l’immunomarquage (III)
n lames de cellules congelées : sortir les lames du congélateur (-80°C) et
laisser à température ambiante 20 minutes puis réaliser l’immunomarquage (III)
n lames de coupes de blocs en paraffine : effectuer la déparaffinage (I)
ainsi que le prétraitement enzymatique et à la chaleur (II) avant de réaliser
l’immunomarquage (III)
I. DEPARAFFINAGE
ü Identifier les lames selon l’Ac qui sera utilisé
ü Plonger les lames dans les 3 bains successifs d’OTTIX pendant 10
minutes
ü Plonger les lames dans des bains successifs : alcool 95°C pendant 5
minutes puis alcool 70°C pendant 5 minutes puis rinçage à l’eau du
robinet
II. PRETRAITEMENT ENZYMATIQUE ET A LA CHALEUR
ü Plonger les lames dans un bain de PBS pendant 5 minutes
ü Déposer sur les lames la solution d’Autozyme et incuver à l’étuve à
37°C pendant 10 minutes
ü Plonger les lames dans un bain de PBS froid pendant 5 minutes
ü Faire chauffer environ 2 L de solution C (36 ml de solution A (1,05g
d’acide citrique dans 50 ml d’eau distillée) + 164 ml de solution B
(5,88g de citrate de Na dans 200 ml d’eau distillée)) dans l’autocuiseur
ü Plonger dans un bain d’eau pendant 5 minutes
ü Plonger les lames dans la solution C en ébullition, fermer l’autocuiseur,
et laisser 2 minutes à partir de l’échappement de la vapeur
ü Laisser refroidir 15 minutes en plaçant l’autocuiseur sous le jet d’eau
froide
III. IMMUNOMARQUAGE
ü Pour les étalements frais ou congelés, entourer les zones cellulaires à
marquer à l’aide du Dako Pen et identifier les lames en indiquant l’Ac
utilisé
ü Réhydrater les lames 5 minutes dans un bain de PBS
ü Déposer sur chaque lame la solution d’agent bloquant et laisser 10
minutes
102
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
ü Evacuer la solution précédente et déposer sur les lames l’Ac (dilué en
PBS) et laisser 1 heure à température ambiante (sauf pour les
marquages des chaînes κ, λ, µ, et γ qui nécessite nt 30 minutes
d’incubation à 4°C
ü Rincer : 2 bains de 5 minutes en PBS
ü Préparer la solution DAB (5 ml d’eau distillée + 5 gouttes de Buffer + 1
pastille de DAB) et laisser la pastille se dissoudre
ü Déposer sur les lames la solution d’Ac II biotinylé et laisser 30 minutes
ü Rincer : 2 bains de 5 minutes en PBS
ü Déposer sur les lames le conjugué streptavidine–peroxydase et laisser
30 minutes
ü Rincer : 2 bains de 5 minutes en PBS
ü Ajouter extemporanément à la solution de DAB 1 goutte de substrat
(H2O2), puis déposer le mélange sur les lames et laisser reposer 15
minutes
ü Rincer : Bain de 5 minutes en PBS puis bain de 5 minutes en eau
ü Pour les CD3, CD79α, (HM57) et Ki67 : déposer sur les lames la
solution d’acide osmique et laisser 1 minute puis rincer 5 minutes en
bain d’eau
ü Contre-coloration à l’hémalum : bain d’une minute
ü Rincer : bain de 5 minutes en eau
ü Déshydratation par des bains successifs de 3 minutes d’alcool (alcool
70°, puis 95° puis 2 bains à 100°) puis d’OTTIX (3 bains)
ü Montage des lames
103
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
104
L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
GLOSSAIRE
•
Acanthose : augmentation du nombre de cellules nuclées
• AE1/AE3 :
épidermiques
•
anticorps
utilisés
pour
le
marquage
des
cytokératines
Apoptose : mort cellulaire programmée
• CD3 : molécule de surface des lymphocytes T utilisée pour le marquage de
ces lymphocytes
• CD4 : molécule de surface des lymphocytes T helper non cytotoxiques
utilisée pour typer ces lymphocytes T
• CD8 : molécule de surface des lymphocytes T cytotoxiques utilisée pour le
typage des lymphocytes T cytotoxiques
• CD79 α : molécule de surface des lymphocytes B différenciés utilisée pour le
marquage des lymphocytes B par l’anticorps HM57
• Croûtes : signe d’un épisode d’exsudation passée. C’est un conglomérat de
protéines plasmatiques coagulées, de cellules inflammatoires, d’érythrocytes et
contenant parfois des microorganismes
• Dégénérescence hydropique : œdème intracellulaire preuve de la souffrance
kératinocytaire montrant une vacuolisation du cytoplasme
• Dermatoglyphes : sillons, plus ou moins marqués, présents à la surface de
la truffe et subdivisant celle-ci en petites aires polygonales
•
Dermoval® : Clobétasol, dermocorticoïde de niveau IV
• Erythème : lésion élémentaire primaire traduisant une vasodilatation des
vaisseaux du derme superficiel. Il se manifeste par une congestion de la peau
•
Exocytose : migration de cellules dans l’épiderme
• Génodermatose : dermatose dont la transmission génétique est liée à la
mutation d’un seul gène
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L’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador
• Homéoplasmine® : pommade constituée de vaseline, de teinture de Souci
des jardins (0,1%), de teinture de Phytolaque (0,3%), de teinture de Bryone (0,1%),
de teinture de Benjoin du Laos (0,1%) et d’acide borique (4%)
•
Hyperkératose : épaississement épidermique du à un excès de kératine
• Incontinence pigmentaire : atteinte de l’unité de mélanisation caractérisée
par la présence de grains de mélanine dans les macrophages adjacents
•
KL1 : anticorps marquant les cytokératines suprabasales
•
κ et λ : chaînes légères des immunoglobulines
•
Mélanophage : macrophage contenant des grains de mélanine
• Orthokératose : maturation cornée normale de l’épithélium malpighien,
caractérisée par l’absence de noyaux au niveau des cellules de la couche cornée
• Parakératose : processus de kératinisation atypique caractérisé par
l’absence de stratum granulosum tandis que les cellules cornées gardent leur noyau
• Satellitose : lésion caractérisée par la présence de lymphocytes T acollés à
des kératinocytes détruits
• Spongiose : œdème intercellulaire de l’épiderme. Ce terme est dû à un
artéfact rendant les ponts épineux visibles entre les kératinocytes
• Squame : pellicule blanchâtre ou grisâtre traduisant un épaississement de la
couche cornée de l’épiderme ou une hyperkératose
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NOM Prénom : GILLES AUDREY
TITRE : L’HYPERKERATOSE PARAKERATOSIQUE DE LA TRUFFE
DU LABRADOR
Thèse Vétérinaire : Lyon, 18 novembre 2005
RESUME :
La truffe du chien est une surface glabre constituée d’un épiderme épais avec une couche
cornée importante, des crêtes épidermiques et des papilles dermiques. Elle est le siège de
diverses affections dont l’hyperkératose parakératosique de la truffe du Labrador, une
dermatose squamo-croûteuse récemment décrite qui affecte les Labradors dès le jeune âge.
Les lésions histologiques évocatrices sont une hyperkératose parakératosique marquée, la
présence de vésicules intracornées et un infiltrat lymphocytaire et plasmocytaire. La
pathogénie et le mode de transmission (suspicion de génodermatose) restent
hypothétiques. Nous rapportons l’observation de 5 cas présentant des lésions semblables à
celles décrites dans la littérature. L’examen histologique et les immunomarquages ont
révélé une réaction inflammatoire cytotoxique visant les kératinocytes. Donc l’étiologie de
cette affection pourrait faire intervenir des facteurs immunitaires. Enfin nous avons pu
proposer un protocole thérapeutique.
MOTS CLES :
-
Dermatologie
Truffe
Labrador
- Hyperkératose
- Parakératose
JURY :
Président :
Monsieur le Professeur Faure M.
1er Assesseur :
2ème Assesseur :
Membre invité :
Monsieur le Professeur Bourdoiseau G.
Monsieur le Professeur Cadoré J-L.
Monsieur le Docteur Pin D.
DATE DE SOUTENANCE :
18 novembre 2005
ADRESSE DE L’AUTEUR :
3 route de Paris
73100 BRISON ST INNOCENT
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