En amont du conseil de classe:
l’évaluation formative
D
ans le premier numéro de cette série, nous avons essayé de cla-
rifier les rôles du conseil de classe dans le processus d’évalua-
tion, en rappelant notamment quelques principes de base relatifs à ce processus.
Une manière d’en souligner toute l’importance.
L’évaluation, en effet, ne se limite pas à un geste posé à certains moments
de l’année scolaire, lorsque se profilent les échéances du bulletin ou des examens.
Évaluer fait partie intégrante de l’apprentissage, à toutes les étapes. C’est bien
en amont du conseil de classe, dans la dynamique du quotidien, que prend place ce
temps particulier, qui permet à l’élève de faire le point à propos de ses démar-
ches… et à l’enseignant, d’évaluer son action pédagogique. Véritable ajustement
réciproque, le processus d’évaluation s’inscrit en réalité dans une logique de com-
munication, entre un élève acteur de son apprentissage et un prof spécialiste de
celui-ci.
Se positionner dans un acte de communication, c’est passer du « guidage »
à la « guidance », selon l’expression de G. Nunziati. C’est progressivement ache-
miner l’attitude de l’élève, trop souvent
dépendante
, vers l’autonomie. C’est aussi
inviter l’adulte à troquer une forme de pouvoir contre un rôle d’accompagnateur.
Ce processus engage une série de deuils pour soi… pour laisser la place à la colla-
boration et à la négociation. Mais c’est à ces conditions que l’évaluation peut être
vraiment formative.
Dans cette logique, le rôle du directeur s’apparente à celui d’un
pilote
. Il
devient le garant de la bonne marche d’un processus dans lequel le non-négociable
(les référentiels de compétences) laisse tout grand ouvert en classe un espace de
négociations et d’interactions.
Vous avez dit… formative ? C’est à cet aspect de l’évaluation, en effet,
que nous consacrons ce second numéro. Le suivant abordera, lui, la certification.
L’évaluation formative, tout le monde en parle. Mais les représentations et les
pratiques que recouvre cette expression méritent bien, nous semble-t-il, le temps
d’un arrêt sur image...
Sommaire
Évaluer, c’est former.
C’est aussi communi-
quer… (p.1)
J’enseigne, tu apprends,
nous communiquons. Oui,
mais comment ? (p.2)
Quand j’entends le mot
« évaluation »… Ou :
comment prendre cons-
cience de sa subjectivi-
té (p.3).
L’évaluation formative :
un processus de régula-
tion pour l’élève et le
prof (pp.4-5).
Du parcours d’appren-
tissage à l’épreuve inté-
grée (p.6).
Quand le conseil de
classe évalue… (p.7)
Éléments de bibliogra-
phie (p.8).
FESeC – SeRDeP
Rue Guimard 1
1040 Bruxelles
Quand il sagit dévaluer (n°2)
Page 2
Quand il s’agit d’évaluer… (n°2)
J’enseigne, tu apprends, nous communiquons !
Rôle de l’élève
Rôle de l’ Programme -
enseignant Compétences
didactique
communication
apprentissage
« Dans l’état actuel des choses, les paro-
les du maître ne suffisent plus pour pro-
voquer les apprentissages. Le rôle de l’en-
seignant est désormais de choisir les si-
tuations et de les aménager pour qu’elles
deviennent le lieu de la médiation entre
chacun des élèves et les objets de sa-
voir. » (M.-C. GRANDGUILLOT)
« Le guidage de l’action d’un
élève, c’est, dans la plupart des
cas, baliser son parcours en lui
indiquant les opérations à ef-
fectuer et l’ordre de leur exé-
cution; c’est donc lui fournir
une base d’orientation com-
plète sans l’inviter à en tirer
les procédures transférables.
[…] La logique de l’expert
conduit ici tout le fonctionne-
ment. »
« La guidance [consiste à] ame-
ner l’élève à rationaliser les mo-
des d’utilisation des connaissan-
ces, à s’approprier les procédu-
res des tâches et les outils d’é-
valuation. C’est donc à lui de se
repérer dans la tâche et/ou
dans le dispositif de travail, de
déterminer ses priorités, de gé-
rer ses résultats, d’émettre ses
hypothèses sur ses erreurs, de
construire un questionnement. »
Du
guidage... … à la
guidance
G. NUNZIATI, in
Cahiers Pédagogiques,
n° 280, p.57
« Il y a contradiction à déplorer le manque
dautonomie des élèves, leur difficulté à gérer
eux-mêmes leur travail, tout en maintenant
tout ce quils font sous notre contrôle »
M.-C. Grandguillot
Page 3
Quand j’entends le mot « évaluation »...
« L’évaluation s’inscrit dans un processus général de communication/négociation » (Hadji).
C’est donc la rencontre de deux subjectivités. Celle de l’élève, mais aussi celle de l’ensei-
gnant. Promenade au pays des représentations...
Êtes-vous plutôt...
CERVEAU « GAUCHE » ? ...OU PLUTÔT CERVEAU « DROIT » ?
Le mode « gauche » est rationnel, analytique, logi-
que. Il est conscient du temps et pense en se ba-
sant sur des idées suivies.
Un enseignant qui fonctionne essentiellement avec
son cerveau gauche privilégie l’utilisation de notes
et de moyennes pour juger l’élève et ses produc-
tions. Cet évaluateur préfère des évaluations som-
matives, régulières et qui sont prévues. Il insiste
sur la rigueur et le savoir-faire qui priment sur le
contenu des productions.
Quel est votre style d’évaluation ?
Le mode « droit » est irrationnel, synthétique et
intuitif. Il n’a pas la notion du temps et pense en
se basant sur la globalité des choses.
Un enseignant qui évalue en priorité avec son cer-
veau droit se sent mieux en utilisant peu de notes.
Il privilégie des évaluations formatives, plus glo-
bales et plus basées sur l’affectivité. Il donne
plus d’importance au savoir-être et au contenu
original des productions. Il insiste sur les progrès
effectués par les élèves.
D’après MUSCH, P. »Vers une exploitation positive de la subjec-
tivité dans les processus d’évaluation scolaire ».
L’évaluation,
c’est...
Vérifier les
objectifs Vérifier que tout a
été vu & compris Récolter des indices
pour aider l’appren- Permettre à l’élève
de découvrir ses
Qui est respon-
sable ?
Une personne
objective Une personne
responsable Tous L’élève
A quoi devrait-
elle servir ?
Vérifier où en sont
les élèves Faire un bilan
Guider les élèves
dans leurs apprentis-
sages
Aider à trouver les
forces et les fai-
blesses
Ce qu’on doit
évaluer ?
La matière enseignée Le programme Ce qui a été discuté
et travaillé Le progrès
Elle devrait
se situer :
Quotidiennement Surtout à la fin d’un
apprentissage
Lorsque le climat de
confiance est établi
Au moment où l’élève
en ressent le besoin
Ce qui est gê-
nant:
Le temps de correc-
tion Évaluer un produit
de création Les comparaisons
entre élèves Mettre une note
Les synonymes
Contrôles
Pouvoir Tests
Compétition Observations
Confiance Auto-évaluations
Prise de conscience
© Bélair et Bourassa. Inspiré de BELAIR, L.,
Profil d’évalutation
(1995)
Évaluation formative: un processus de régulation
Page 4
Quand il s’agit d’évaluer… (n°2)
« On parlera plus précisément d’évaluation formative, s’il s’agit d’éva-
luer en cours d’apprentissage, dans le but de former par une double
régulation. D’une part, une régulation de l’apprentissage des élèves.
Si les résultats et plus encore, l’analyse des erreurs, sous la guidance
de l’enseignant, permettent à l’élève de prendre connaissance des ac-
quis déjà réalisés, du chemin qu’il lui reste à parcourir, de son pro-
cessus d’apprentissage, des stratégies de résolution, des procédures
erronées, des méthodes de travail à valoriser. D’autre part, une ré-
gulation de l’enseignement du professeur: fournir des exercices supplé-
mentaires, réexpliquer une règle, corriger la prise de notes des élèves, of-
frir plus de temps d’appropriation, passer à la séquence d’apprentissage sui-
vante… »
HOUART, M., « Évaluer des compétences. Oui mais… comment ? »
Synthèse de l’évaluation formative
INFORMER l’élève et l’ensei-
gnant sur le degré de maîtrise
des compétences énoncées par
le programme et sur la démar-
che d’apprentissage de l’élève.
VISE l’aide pédagogique immé-
diate à l’élève.
UTILISE divers INSTRU-
MENTS:
questionnaires
grilles d’observation
échelles d’appréciation
fiches d’auto-évaluation
etc.
S’APPLIQUE À
un élève
un groupe d’élèves SE SITUE
au début
pendant
à la fin
d’une ou plusieurs activités
d’apprentissage, c’est-à-dire
pendant que l’élève est en for-
mation.
AIDE à prendre des DÉCI-
SIONS d’ordre pédagogique.
Modification:
de la planification
des stratégies
des attitudes
de l’environnement
Ajout de nouvelles activités
PERMET des DIAGNOSTICS
au besoin. Au départ, elle peut
supposer une évaluation des
acquis pour servir de base à la
confection d’un parcours péda-
gogique.
PERMET de DECELER où et en
quoi l’élève éprouve des diffi-
cultés afin de lui suggérer ou
lui faire découvrir des moyens
de progresser.
Évaluation
formative
D’après CARON, G.,
Quand revient septembre
Page 5
Évaluation formative: un processus de régulation
Du côté de l’élève : réguler ses apprentissages
une démarche menée par l’élève lui-même, sur ses propres productions,
- accompagné par l’enseignant
- en référence à des critères et indicateurs
- pour se représenter son degré de maîtrise
- pour atteindre une autonomie suffisante dans la gestion de sa formation
L’évaluation formative est au service de l’ap-
prentissage de l’élève et de la pratique de
l’enseignant : le droit à l’erreur y est donc
reconnu. L’erreur est même perçue positive-
ment, car c’est à partir d’elle que les ajuste-
ments pourront s’opérer.
Du côté de l’enseignant et de l’équipe : ajuster
sa pédagogie
- à partir de son expertise, accompagner l’élève dans son
auto-évaluation
- évaluer l’efficacité des procédés didactiques utilisés
- réajuster, affiner ceux-ci
- différencier les procédures d’apprentissage
Du côté de la Direction : piloter
- promouvoir une pédagogie interactive, basée sur la communication;
- être garant de la visée non négociable : l’application des programmes, en
lien avec les référentiels de compétences;
- promouvoir de la cohérence entre la pédagogie mise en œuvre lors des
apprentissages et l’évaluation des compétences;
- promouvoir de la cohérence des dispositifs d’évaluation avec une philoso-
phie de l’approche par compétences.
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