. Année universitaire 2021-2022 UNIVERSITÉ A. MIRA BEJAIA FACULTÉ DES SCIENCES EXACTES DÉPARTEMENT DE MATHEMATIQUES COURS D’ANALYSE PREMIERE ANNEE Présenté par : KERAI Boudjemaa COURS D’ANALYSE i Table des matières Avant - Propos 1 2 Les suites numériques 2 2.1 Premières définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2.1.1 Suite majorée, minorée, bornée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2.1.2 Suite croissante, décroissante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2.1.3 Produit, somme de deux suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 2.2 Limite d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 2.3 Théorème de Gendarmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 2.4 Suites monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 2.5 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 2.6 Suites récurrentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 2.6.1 Monotonie d’une suite récurrente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 2.7 Théorème des segments emboîtés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 2.8 Suite de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 2.9 Théorème de Bolzano-weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 2.10 Limite inférieure et limite supérieure d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 2.10.1 Valeur d’adhérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 ii Avant - Propos Depuis quelque temps, on a pu relever une certaine disparité entre le cours de mathématiques destinés aux étudiants des sciences exactes et le support pédagogique. je serais très reconnaissant à tous ceux, parmi les enseignants et les étudiants qui voudraient bien me faire parvenir leurs suggestions et leurs critiques. 1 2 Les suites numériques Sommaire 2.1 Premières définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2.1.1 Suite majorée, minorée, bornée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2.1.2 Suite croissante, décroissante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2.1.3 Produit, somme de deux suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 2.2 Limite d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 2.3 Théorème de Gendarmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 2.4 Suites monotones . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 2.5 Suites adjacentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 2.6 Suites récurrentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 2.6.1 Monotonie d’une suite récurrente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 2.7 Théorème des segments emboîtés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 2.8 Suite de Cauchy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 2.9 Théorème de Bolzano-weierstrass . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 2.10 Limite inférieure et limite supérieure d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . 18 2.10.1 Valeur d’adhérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 2 2.1. Premières définitions 2.1 Premières définitions Définition 2.1 On appelle suite numérique ou réelle, toute application de N ou d’une partie de N à valeurs dans R, U : N −→ R ou U : D ⊂ N −→ R n 7→ U (n) = Un , n 7→ U (n) = Un . La suite numérique de terme général Un est notée (Un )n∈N . 2.1.1 Suite majorée, minorée, bornée Définition 2.2 Soit (Un )n une suite numérique (Un )n est dite majorée si, ∃M ∈ R, ∀n ∈ N, Un 6 M. (Un )n est dite minorée si, ∃m ∈ R, ∀n ∈ N, Un > m. (Un )n est dite bornée si elle est à la fois majorée et minorée . Propriété : (Un )n bornée ⇐⇒ ∃M > 0, ∀n ∈ N, |Un | 6 M, (−M 6 Un 6 M ) . 2.1.2 Suite croissante, décroissante Définition 2.3 (Un )n est dite croissante si, ∀n ∈ N, Un+1 > Un . (Un )n est dite décroissante si, ∀n ∈ N, Un+1 6 Un . (Un )n est dite strictement croissante si, ∀n ∈ N, Un+1 > Un . (Un )n est dite strictement décroissante si, ∀n ∈ N, Un+1 < Un . (Un )n est dite monotone, si elle est soit croissante ou décroissante. (Un )n est dite strictement monotone, si elle est soit strictement croissante ou strictement décroissante. Définition 2.4 Si (Un )n est une suite à termes strictement positifs, alors elle est croissante (resp. décroissante) si et seulement si pour tout entier naturel n, on a Un+1 Un+1 > 1 (resp. 6 1). Un Un 3 2.2. Limite d’une suite 2.1.3 Produit, somme de deux suites Définition 2.5 Soient (Un )n∈N et (Vn )n∈N deux suites numériques et λ ∈ R. On appelle somme de deux suites (Un )n∈N et (Vn )n∈N , la suite (Wn )n∈N définie par Wn = Un + Vn . On appelle produit de deux suites (Un )n∈N et (Vn )n∈N , la suite (Pn )n∈N définie par Pn = Un .Vn . On appelle produit externe de la suite (Un )n∈N par le nombre λ, la suite (Kn )n∈N définie par Kn = λ.Un . Définition 2.6 Soit (Un )n une suite numérique on dira que la suite (Vn )n est sous-suite ou suite extraite de (Un )n si, ∃ϕ : N −→ N telle que ϕ strictement croissante et Vn = U ϕ(n) . Exemple 2.1 Soit (Un )n∈N une suite définie par Un = (−1)n . La suite (Vn )n∈N définie par Vn = U2n = (−1)2n = 1, est une sous-suite de la suite (Un )n∈N car ϕ : N −→ N n −→ ϕ(n) = 2n. est strictement croissante et Vn = U2n = Uϕ(n) . 2.2 Limite d’une suite Définition 2.1 Soit (Un )n une suite numérique, on dit que (Un )n est convergente s’il existe l ∈ R, tel que ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un − l| < ε. l est appelé la limite de la suite (Un )n et on écrit lim Un = l. n→+∞ Exemple 2.1 Un = 1 , l = 0. n ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N∗ , ∀n ∈ N∗ , n ≥ n0 =⇒ |Un − 0| < ε. 1 1 1 −0 = = . n n n 1 1 |Un − 0| < ε ⇐⇒ < ε ⇐⇒ n > , n ε |Un − 0| = 4 2.2. Limite d’une suite 1 il suffit de prendre n0 = E + 1. ε 1 ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N , n0 = E + 1, ∀n ∈ N∗ , n > n0 =⇒ |Un − 0| < ε. ε ∗ D’où 1 = 0. n lim n−→+∞ Définition 2.2 (Un )n est dite divergente si elle n’est pas convergente. Proposition 2.1 Si (Un )n est convergente alors sa limite est unique. Démonstration. On raisonne par l’absurde. Supposons que (Un )n possède deux limites l0 , l avec |l − l0 | . l0 6= l. Choisissons ε > 0 tel que ε = 3 lim Un = l =⇒ ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un − l| < ε. n→+∞ lim Un = l0 =⇒ ∃n1 ∈ N, ∀n1 ∈ N, n > n1 =⇒ |Un − l0 | < ε. n→+∞ Prenons N = max (n0 , n1 ) , on a alors pour n > N |Un − l| < ε et |Un − l0 | < ε. |l − l0 | = |l − Un + Un − l0 | 6 |l − Un | + |Un − l0 | = |Un − l| + |Un − l0 | , |l − l0 | |l − l0 | 2 < + = |l − l0 | . 3 3 3 Alors, |l − l0 | < 2 |l − l0 | 3 2 On vient d’aboutir à l’inégalité 1 < qui est impossible. D’où l’unicité de la limite. 3 Proposition 2.2 (Un )n est convergente =⇒ (Un )n est bornée. Démonstration. (Un )n converge vers l =⇒ ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n◦ =⇒ |Un − l| < ε. Montrons que la suite (Un )n est bornée (c’est à dire ∃M > 0, ∀n ∈ N, |Un | ≤ M ). En particulier si ε = 1, on obtient qu’il existe un n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un − l| < 1.On a ∀n ≥ n0 , |Un | = |Un − l + l| 6 |Un − l| + |l| < 1 + |l| . 5 2.2. Limite d’une suite Donc si on pose M = max {|U0 | , |U1 | , ..., |Un0 −1 | , 1 + |l|} , on a alors ∀n ∈ N, |Un | 6 M. Proposition 2.3 Soit (Un )n une suite numérique. Si lim Un = l, alors toute sous-suite de (Un )n n→+∞ converge vers l. Démonstration. Comme l’application ϕ est strictement croissante, on montre facilement par récurrence que ∀n ∈ N, ϕ(n) > n. lim Un = l =⇒ ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un − l| < ε. n→+∞ Soit (Vn ) une sous-suite de (Un )n . Posons Vn = Uϕ(n) . Soit ε > 0 n > n0 =⇒ ϕ(n) > n > n0 =⇒ |Vn − l| = Uϕ(n) − l < ε, donc ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Vn − l| < ε. D’où la suite (Vn )n converge vers l. Remarque 2.1 1) On montrerait de même que si une suite numérique tend vers +∞ (resp. −∞) alors toute sous-suite de cette suite tend également vers +∞ (resp. −∞). 2) En prenant la contraposée de l’assertion énoncée dans la proposition (2.3) on obtient une condition suffisante pour qu’une suite n’admette pas se limite, il suffit que deux suites extraites aient deux limites distinctes. Ainsi la suite de terme général (−1)n diverge car la suite des termes pairs converge vers 1 et la suite des termes impairs converge vers −1. Définition 2.3 lim Un = +∞, si ∀A ∈ R, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ Un > A. n−→+∞ lim Un = −∞, si ∀A ∈ R, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ Un < A. n−→+∞ 6 2.2. Limite d’une suite Exemple 2.2 important : q > 1 ⇒ lim q n = +∞. n→+∞ q > 1 ⇒ h = q − 1 > 0. q = h + 1 =⇒ q n = (h + 1)n > 1 + nh > A vraie dés que n > A−1 . h Il suffit de prendre n0 = E A−1 + 1, n > n0 > A−1 =⇒ q n > A. h h Vérification : n ≥ n0 =⇒ n ≥ E =⇒ n > A−1 h A−1 h +1> A−1 h ≥ A−1 h =⇒ nh + 1 > A =⇒ q n ≥ nh + 1 > A =⇒ q n > A. Remarque 2.2 0 < q < 1 =⇒ q 0 = 1 >1 q 1 =⇒ (q 0 )n = ( )n → +∞, q 1 =⇒ n → +∞ =⇒ q n → 0. q Proposition 2.4 (Un )n bornée =⇒ (Un .Vn )n converge vers 0. (Vn )n converge vers 0 Démonstration. (Un )n bornée ⇐⇒ ∃M > 0, ∀n ∈ N, |Un | 6 M . lim Vn = 0 ⇐⇒ ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Vn − 0| = |Vn | < n→+∞ ε , M Montrons que lim Un .Vn = 0. Soit ε > 0. n→+∞ ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un .Vn − 0| = |Un .Vn | = |Un | . |Vn | < M. Donc ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un .Vn − 0| < ε. D’où lim Un .Vn = 0. n→+∞ Proposition 2.5 Un > 0, ∀n > n0 , lim Un = l n−→+∞ 7 =⇒ l > 0. ε = ε. M 2.2. Limite d’une suite Démonstration. On raisonne par l’absurde lim Un = l ⇐⇒ ∀ε > 0, ∃n1 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n1 =⇒ l − ε < Un < l + ε. n→+∞ et Un > 0, ∀n > n0 . l Supposons que : l < 0. Prenons ε = − > 0. On aura 2 l l = < 0. 2 2 =⇒ Un < 0, ∀n > n1 , impossible car, Un > 0, ∀n > n0 . ∃n1 ∈ N, ∀n > n1 =⇒ Un < l + ε = l − Remarque 2.3 1) Un > 0 (pour un certain rang) ; Un = lim Un > 0. n−→+∞ 1 > 0, ∀n ∈ N∗ , mais n lim Un = 0. n−→+∞ 2) Un > 0 (pour un certain rang) =⇒ lim Un ≥ 0. n−→+∞ Théorème 2.1 Soient (Un )n et (Vn )n deux suites numériques convergentes, lim Un = l et n−→+∞ lim Vn = l0 . n−→+∞ Alors 1) 2) lim (Un + Vn ) = l + l0 . n−→+∞ lim (Un .Vn ) = l.l0 n−→+∞ 3) l0 6= 0 =⇒ lim n−→+∞ Un l = 0. Vn l Démonstration. lim Un = l =⇒ ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un − l| < 2ε . n→+∞ lim Vn = l0 =⇒ ∀ε > 0, ∃n1 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n1 =⇒ |Vn − l0 | < 2ε . n→+∞ Montrons que (Un + Vn )n converge vers (l + l0 ) . Posons n2 = max (n0 , n1 ) , on a |(Un + Vn ) − (l + l0 )| = |(Un − l) + (Vn − l0 )| 6 |(Un − l) + (Vn − l0 )| < 8 ε 2 + ε 2 = ε, ∀n > n2 , 2.2. Limite d’une suite donc ∀ε > 0, ∃n2 = max (n0 , n1 ) , ∀n ∈ N, n > n2 =⇒ |(Un + Vn ) − (l + l0 )| < ε. D’ou (Un + Vn )n converge vers (l + l0 ) . 2) Montrons que (Un .Vn )n converge vers l.l0 lim Un = l =⇒ ∃M > 0, ∀n ∈ N, |Un | ≤ M. n→+∞ lim Un = l =⇒ ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n > n0 =⇒ |Un − l| < n→+∞ lim Vn = l0 =⇒ ∀ε > 0, ∃n1 ∈ N, ∀n > n1 =⇒ |Vn − l0 | < n→+∞ ε . 2|l0 | ε . 2M Prenons n2 = max (n0 , n1 ) |Un Vn − ll0 | = |Un Vn − Un l0 + Un l0 − ll0 | 6 |Un Vn − Un l0 | + |Un l0 − ll0 | = |Un | . |Vn − l0 | + |l0 | . |Un − l| 6 M |Vn − l0 | + |l0 | . |Un − l| <M ε ε + |l0 | = ε, ∀n > n2 , 2M 2 |l0 | donc ∀ε > 0, ∃n2 = max (n0 , n1 ) , ∀n ∈ N, n > n2 =⇒ |Un .Vn − l.l0 | < ε. 0 D’où (Un Vn )n converge vers l.l . Un Un 1 l 3) Montrons que est le produit de Un par . Compte tenu converge vers 0 . Le quotient Vn n l Vn Vn de la limite d’un produit, il suffit de vérifier que 1 1 0 (Vn )n converge vers l =⇒ converge vers 0 . Vn n l Nous avons lim Vn = l0 =⇒ ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Vn − l0 | < n→+∞ Indication : (Vn )n converge vers l0 =⇒ ∃n1 ∈ N, ∀n ≥ n1 , |Vn | > On a 1 1 − 0 Vn l |l0 | . 2 = |l0 − Vn | |Vn − l0 | 1 = = |Vn − l0 | 0 0 0 |Vn .l | |Vn | . |l | |Vn | . |l | 6 2 |Vn − l0 | . l02 9 l02 ε . 2 2.2. Limite d’une suite Prenons n2 = max (n0 , n1 ) ∀n ≥ n2 =⇒ 1 1 2 2 l02 ε − 0 6 02 |Vn − l0 | < 02 . = ε. Vn l l l 2 D’où 1 Vn converge vers n 1 . l0 Proposition 2.6 Soit (Un )n une suite numérique. Si (Un )n converge vers l, alors (|Un |)n converge vers |l| . Démonstration. On a lim Un = l =⇒ ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un − l| < ε. n→+∞ Montrons que lim |Un | = |l| . On a n→+∞ ||Un | − |l|| ≤ |Un − l| , donc ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ ||Un | − |l|| ≤ |Un − l| < ε. D’où lim |Un | = |l| . n→+∞ Proposition 2.7 Soient (Un )n et (Vn )n deux suites convergentes. Un 6 Vn (pour un certain rang) =⇒ lim Un 6 lim Vn . n→+∞ n→+∞ Démonstration. Un 6 Vn =⇒ Vn − Un > 0 =⇒ lim (Vn − Un ) > 0 n−→+∞ =⇒ lim Vn − lim Un > 0 n→+∞ n→+∞ =⇒ lim Vn > lim Un . n→+∞ n→+∞ Remarque 2.4 Si Un < Vn (pour un certain rang) =⇒ lim Un 6 lim Vn . n→+∞ 10 n→+∞ 2.3. Théorème de Gendarmes 2.3 Théorème de Gendarmes Théorème 2.1 (de Gendarmes) : Soient (Un )n , (Vn )n et (Wn )n trois suites numériques tels que, Un 6 Vn 6 Wn , ∀n ∈ N, n > n2 . Supposons que (Un ) et (Wn ) convergent vers une même limite l. Alors, (Vn )n converge et lim Vn = l. n→+∞ Démonstration. On a lim Un = l =⇒ ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ l − ε < Un < l + ε n→+∞ lim Wn = l =⇒ ∀ε > 0, ∃n1 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n1 =⇒ l − ε < Wn < l + ε n→+∞ ∀n ∈ N, n > n2 , Un 6 Vn 6 Wn . Posons n3 = max (n0 , n1 , n2 ) . ∀n ∈ N, n > n3 =⇒ l − ε < Un 6 Vn 6 Wn < l + ε, donc ∀ε > 0, ∃n3 = max (n0 , n1 , n2 ) ∈ N, ∀n ∈ N, n > n3 =⇒ l − ε < Vn < l + ε =⇒ |Vn − l| < ε. D’où lim Vn = l. n→+∞ 2.4 Suites monotones Théorème 2.1 1) Soit (Un )n une suite croissante. Alors (Un )n convergente ⇐⇒ (Un )n majorée. 2) Soit (Un )n une suite décroissante. Alors (Un )n convergente ⇐⇒ (Un )n minorée. 3) Soit (Un )n une suite croissante. Alors (Un )n non majorée =⇒ 11 lim Un = +∞. n→+∞ 2.4. Suites monotones Démonstration. 1) On sait déjà que toute suite convergente est bornée. Il reste donc à démontrer que toute suite (Un )n croissante majorée est convergente. Soit A = {Un , n ∈ N} . On a A 6= φ car U0 ∈ A =⇒ sup A existe. A est majorée car (U ) l’est n n Posons α = sup A. ∀ε > 0, α − ε n’est plus un majorant de A ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, α − ε < Un0 . ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ α − ε < Un0 ≤ Un 6 α =⇒ −ε < Un − α ≤ 0 < ε. ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un − α| < ε. D’où lim Un = α, n→+∞ donc la suite (Un )n est convergente. 2) Cette assertion se démontre de même à l’aide de la propriété de la borne inférieure. 3) Supposons que (Un )n croissante et non majorée. On a alors ∀A ∈ R, ∃n0 ∈ N, Un0 > A, et comme (Un )n est croissante, donc ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ Un > Un0 > A =⇒ Un > A. On en déduit bien que lim Un = +∞. n→+∞ Remarque 2.1 Si (Un )n est décroissante. Alors (Un )n non minorée =⇒ 12 lim Un = −∞. n→+∞ 2.5. Suites adjacentes Exemple 2.1 Un = 2n X 1 k=n k . 2(n+1) Un+1 − Un 2n X 1 X 1 = − k k=n k k=n+1 1 1 1 1 1 1 1 + ... + + + − + + ... + = n+1 2n 2n + 1 2n + 2 n n+1 2n = 1 1 1 + − 2n + 1 2n + 2 n = − (3n + 2) n (2n + 1) (2n + 2) = − (3n + 2) < 0, n (2n + 1) (2n + 2) donc la suite (Un )n est décroissante. Comme (Un )n est minorée, car Un = 2n X 1 k=n k > 0. D’où (Un )n est convergente. 2.5 Suites adjacentes Définition 2.1 Deux suites (Un )n et (Vn )n sont dites adjacentes si : l’une croissante et l’autre décroissante et lim (Un − Vn ) = 0. n→+∞ Théorème 2.1 Si (Un )n et (Vn )n sont adjacentes alors elles sont convergentes et ont la même limite. Démonstration. 1) Supposons que (Un )n croissante et (Vn )n décroissante. Montrons que ∀n ∈ N, Un 6 Vn . Première méthode : Posons Wn = Un − Vn . On a Wn+1 − Wn = Un+1 − Vn+1 − Un + Vn = (Un+1 − Un ) + (Vn − Vn+1 ) ≥ 0, donc (Wn )n est croissante. Comme lim Wn = 0, donc (Wn )n est majorée par sa limite 0. D’où n→+∞ ∀n ∈ N, Un 6 Vn . 13 2.6. Suites récurrentes Deuxième méthode : On raisonne par l’absurde, on suppose qu’il ∃p0 ∈ N, Up0 > Vp0 . Comme (Un )n croissante et (Vn )n décroissante, donc ∀n > p0 , Un > Up0 > Vp0 > Vn . D’où Un − Vn ≥ Up0 − Vp0 . Posons Wn = Un − Vn . Wn ≥ Up0 − Vp0 > 0 =⇒ lim Wn ≥ Up0 − Vp0 > 0 =⇒ lim Wn > 0, (0 > 0) impossible. n→+∞ n→+∞ D’où ∀n ∈ N, Un 6 Vn On a ainsi U0 ≤ U1 ≤ ... ≤ Un−1 ≤ Un ≤ Vn ≤ Vn−1 ≤ ... ≤ V1 ≤ V0 . La suite (Un )n étant croissante et majorée (par V0 ) est convergente. La suite (Vn )n étant décroissante et minorée (par U0 ) est convergente. En notant lim Un = l et lim Vn = l0 , on a lim (Un − Vn ) = l − l0 , n→+∞ n→+∞ n→+∞ 0 or lim (Un − Vn ) = 0, donc l = l . n→+∞ Exercice 2.1 Montrer que (Un )n et (Vn )n sont adjacentes Un = n X 1 k=0 k , Vn = Un + 1 , n ∈ N. n! Exercice 2.2 Montrer que (Un )n et (Vn )n sont adjacentes U0 = a V =b 0 , a, b < 0, √ U + V n n Un+1 = V Un Vn n+1 = 2 2.6 Suites récurrentes Définition 2.1 Soit f : D ⊂ R −→ R. On appelle suite récurrente, une suite (Un )n définie par la donnée U0 ∈ D et de la relation U = f (Un ) , ∀n ∈ N, n+1 avec f (D) ⊂ D. 14 2.7. Théorème des segments emboîtés 2.6.1 Monotonie d’une suite récurrente L’étude de la monotonie de la suite revient à celle de la fonction f . Si f est croissante, la suite (Un )n est croissante si f (U0 ) − U0 > 0 et décroissante si f (U0 ) − U0 6 0. Si f est décroissante, Un+1 − Un est alternativement positif et négatif. 2.7 Théorème des segments emboîtés Théorème 2.1 Des segments emboîtés : Soit In = [an , bn ] , une suite de segments de R vérifiant les deux conditions 1) In+1 ⊂ In . 2) lim |bn − an | = 0. Alors n→+∞ ∃ξ ∈ R, T In = {ξ} . n∈N Démonstration. In = [an , bn ] , In+1 ⊂ In =⇒ (an )n croissante, (bn )n décroissante et lim (bn − an ) = 0 (car − |bn − an | ≤ (bn − an ) ≤ |bn − an |). Par conséquent (an )n et (bn )n sont n→+∞ adjacentes. D’où elles sont convergentes et ont la même limite ξ. an 6 ξ 6 bn , ∀n ∈ N =⇒ ξ ∈ In , ∀n ∈ N =⇒ {ξ} ⊂ T In . n∈N T Montrons que In ⊂ {ξ}. T n∈N Soit x ∈ In =⇒ x ∈ In , ∀n ∈ N =⇒ an 6 x 6 bn , ∀n ∈ N. D’après le théorème de gendarmes n∈N lim an = lim bn = ξ =⇒ x = ξ. n→+∞ n→+∞ Donc T In ⊂ {ξ} . nN 2.8 Suite de Cauchy Définition 2.1 Soit (Un )n une suite numérique, (Un )n est de Cauchy si : ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀p ∈ N, ∀q ∈ N, p > n0 et q > n0 =⇒ |Up − Uq | < ε. 15 2.8. Suite de Cauchy Théorème 2.1 Toute suite convergente est une suite de Cauchy. Démonstration. Soit (Un )n une suite convergente ( lim Un = l). n→+∞ ε lim Un = l =⇒ ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un − l| < . n→+∞ 2 Montrons que (Un )n est de Cauchy. On a |Up − Uq | = |(Up − l) + (−Uq + l)| 6 |Up − l| + |Uq − l| < ε ε + = ε, si p > n0 , q > n0 . 2 2 D’où (Un )n est de Cauchy. Lemme 2.1 (Un )n est de Cauchy =⇒ (Un )n est bornée. Démonstration. (Un )n est de Cauchy ⇐⇒ ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀p, q ∈ N, p > n0 et q > n0 =⇒ |Up − Uq | < ε. Nous choisissons par exemple ε = 1. il existe donc un rang n0 tel que ∀p, q ∈ N, p > n0 et q > n0 =⇒ |Up − Uq | < 1. En particulier cette inégalité est vraie pour tout p > n0 et q = n0 . On a donc ∀p > n0 , |Up − Un0 | < 1. Or ||Up | − |Un0 || ≤ |Up − Un0 | < 1 =⇒ |Up | ≤ |Un0 | + 1, donc ∀p > n0 , |Up | < |Un0 | + 1. Posons M = max (|U0 | , |U1 | , ..., |Un0 −1 | , |Un0 | + 1). Par conséquent, la suite (Un )n est bornée par M. 16 2.9. Théorème de Bolzano-weierstrass 2.9 Théorème de Bolzano-weierstrass Théorème 2.1 de Bolzano-weierstrass : De toute suite bornée, on peut extraire une sous suite convergente. Démonstration. (Un )n bornée ⇐⇒ ∃a, b ∈ R, a 6 Un 6 b, ∀n ∈ N. a+b (Un )n ⊂ [a, b] = I. On divise I en deux par son milieu. On obtient deux intervalles a, a+b et 2 , b , 2 au moins l’un des deux contient une infinité de termes de (Un )n . On l’appelle I0 et soit Un0 un terme de I0 . On refait l’opération, en divisant I0 par deux par son milieu, on obtient I1 et Un1 ∈ I1 , avec n1 > n0 . En refaisant l’opération on obtient I2 et Un2 ∈ I2 , avec n2 > n1 > n0 ....etc Posons V1 = Un1 , V2 = Un2 , ..., Vk = Unk . On obtient une suite d’intervalles (Ik )k tel que Ik+1 ⊂ Ik et Vk ∈ Ik , ∀k ∈ N. min Ik 6 Vk 6 max Ik , On a T b−a = 0 =⇒ ∃ξ ∈ R, In = {ξ} . k k→+∞ 2 n∈N Ik+1 ⊂ Ik , lim |Ik | = lim k→+∞ (En appliquant le théorème des segments emboîtés) donc (min Ik et max Ik sont adjacentes). lim Vk = ζ. k→+∞ Théorème 2.2 Dans R, toute suite de Cauchy est convergente. Démonstration. Soit (Un )n une suite de Cauchy dans R, cette suite (Un )n est bornée. On peut en extraire une sous-suite convergente (par Bolzano). Soit vn = Uϕ(n) , cette sous-suite convergente et soit l sa limite. La suite (Un )n est de Cauchy. On a donc, par définition : ε ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀p, q ∈ N, p, q > n0 =⇒ |Up − Uq | < . 2 |Un − l| = |(Un − Up0 ) + (Up0 − l)| 6 |Un − Up0 | + |Up0 − l| , ∀p0 ∈ N, p0 > n0 17 2.10. Limite inférieure et limite supérieure d’une suite et Up0 soit un terme de cette suite extraite (vn )n vérifiant ε |Up0 − l| < . 2 ε Si en même temps on a : p0 > n0 , n > n0 , on a |Un − Up0 | < . Donc 2 ∀ε > 0, ∃n0 ∈ N, ∀n ∈ N, n > n0 =⇒ |Un − l| < ε. D’où (Un )n converge vers l. 2.10 2.10.1 Limite inférieure et limite supérieure d’une suite Valeur d’adhérence Définition 2.1 Soit (Un )n une suite numérique, on dit que le nombre a ∈ R= ]−∞, +∞[ ∪ {−∞, +∞} est valeur d’adhérence de (Un )n s’il existe une sous-suite Uϕ(n) n ⊂ (Un )n converge vers a. Remarque 2.1 L’ensemble des valeurs d’adhérence de la suite (Un )n est noté Ad {Un } ⊂ R. Définition 2.2 On appelle limite supérieure (resp. inférieure) de la suite (Un )n la borne supérieure (resp. inférieure) de Ad {Un } qu’on note lim Un = max Ad {Un } , lim Un = min Ad {Un } . Exemple 2.1 Soit (Un )n une suite définie par Un = (−1)n . Ad {Un } = {−1, 1} , lim Un = 1, lim Un = −1. Remarque 2.2 1) lim Un et lim Un existent toujours (dans R). 2) lim Un existe, si et seulement si lim Un = lim Un . n→+∞ Exemple 2.2 ((−1)n )n∈N sa limite n’existe pas car ses valeurs d’adhérence sont −1 et 1. 18