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En particulier, dim Ef,x = deg µf,x et le polynôme minimal de l’induit de fsur Ef,x est
µf,x.
Proof. D’abord démontrons que Ef,x = vect{fk(x)}k∈N. Pour voir cela, déjà remarquons
que inclusion ⊂est conséquence de la définition de Ef,x. En effet, vect{fk(x)}k∈Nest
un espace vectoriel stable par fet contenant x, et du coup Ef,x est inclu dedans. Pour
l’autre sens, évidemment x∈Ef,x, mais f(x)aussi, car Ef,x est stable par f. Par
récurrence on en déduit que fk(x)∈Ef,x pour tout k, ce qui fallait démontrer.
Maintenant, raffinons l’argument ci dessus. Écrivons µf,x(X) = Pd
k=0 akXk. Alors
µf,x(f)(x)=0E, ce qui veut dire que les vecteurs x, f(x), . . . , fd(x)sont liés. Ainsi
vect{fk(x)}k∈N= vect{x, f(x), f2(x), . . . , fd−1(x)}. Il faut maintenant montrer que les
vecteurs x, f(x), f2(x), . . . , fd−1(x)sont linéairement indépendants. Mais si ce n’était
pas le cas, on trouverait un polynôme non nul P∈K[X], de degré au plus d−1tel que
P(f)(x) = 0, ce contredirait la minimalité de µf,x.
Pour voir l’énoncé sur le polynôme minimal de Ef,x, posons pour simplicité G=Ef,x
et gl’induit de fsur G. Noter que
Ig={P∈K[x] : P(g)=0L(G)}
={P∈K[x] : P(g)(x) = P(g)(f(x)) = · · · =P(g)(fd−1(x)) = 0E}
={P∈K[x] : P(g)(x)=0E}
={P∈K[x] : P(f)(x)=0E}=If,x.
Ceci implique µg=µf,x.
La proposition précédente justifie la remarque que le polynôme minimal de fen x
jour le rôle de l’ordre d’un élément dans un groupe abélien fini. En effet, l’ordre d’un
élément, c’est l’exposant du sous-groupe qu’il engendre, et de façon analogue, µf,x est
le polynôme minimal du sous-espace cyclique Ef,x engendré par x.
Proposition 3.2. Soit f∈ L(E)quelconque. Pour tout x∈Etel que µf=µf,x le
sous-espace cyclique Ef,x engendré par xadmet un supplément stable par f.
Remarque 1. La preuve construira un supplément stable de Ef,x explicitement. Mais
pour le moment, supposons donné un supplément stable Fde Ef,x; qu’elles propriétés
a-t-il?
La décomposition en somme directe E=Ef,x ⊕Fdonne lieu a une décomposition
E∗=E⊥
f,x ⊕F⊥de l’espace dual. En particulier, F⊥consiste en toutes les fonctionnelles
de Equi s’annule sur F, et si p= dim Ef,x on a dim F⊥=p.
Par ailleurs, la stabilité de Fpar fentraine la stabilité de F⊥au sens suivant: si
`∈F⊥alors f∗(`)∈F⊥aussi, où f∗(`) = `◦f. On peut même montrer que F⊥cyclique
sous l’action de f∗. En effet, si on convient d’écrire ei=fi(x)pour i= 0, . . . , p −1,
alors une base pour Ef,x est donnée par {e0, e1, . . . , ep−1}. Complétons cette base en
une base e0, e1, . . . , en−1de E, et écrivons e∗
0, . . . , e∗
n−1la base duale dans E∗. Alors le
vecteur e∗
p−1engendre F⊥sous l’action de f∗.
On peut bien sûr inverser ce raisonnement: si on connaît une description indépendante
de F=F⊥alors on peut tout simplement définir Fen posant F=F⊥={x∈E:
`(x) = 0 ∀`∈ F}. C’est ce qu’on va faire.