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● le secteur des services a été bouleversé ses dernières années par la
dérégulation. Les transports, la distribution d’énergie, la banque ont vu les conditions de la
concurrence se durcir et le consommateur plus courtisé. Reichfeld et Sasser 3 (1990) ont
montré que fidéliser les clients favorise l’augmentation des bénéfices. Leur étude célèbre a
montré qu’une réduction de 5% de l’infidélité des clients pouvait augmenter les bénéfices
en moyenne dans les entreprises de 25%. Cette augmentation est due au coût de
recrutement élevé de nouveaux clients aussi bien qu’à l’augmentation du panier moyen des
clients les plus fidèles. Une analyse, menée dans le secteur des cartes de crédit aux Etats-
Unis par ces auteurs, a montré que la baisse du taux de défection des clients de 20 à 10%
avait doublé la durée de vie moyenne d’un client, la faisant passer de 5 à 10 ans. De la
même façon le produit net par client passait de 134 à 300 $. Ces auteurs ont souligné que si
ce taux baissait encore de 5 points, passant ainsi à 5%, la durée de la relation doublait à
nouveau et le produit net passait alors à 525 $. L’entreprise a donc tout intérêt à mettre en
place un marketing relationnel.
● Une meilleure connaissance de son fournisseur réduit le risque perçu du
client. La construction d’une relation entre le fournisseur de service et le client valorise ce
dernier qui aime se sentir reconnu. Cette reconnaissance sociale a été mise en évidence
dans de nombreux secteurs de service et en particulier dans le secteur bancaire
(Parasuraman et al 1991 4). Le secteur bancaire cumule deux difficultés : il fournit un
service intangible qui rend la relation interpersonnelle entre le chargé de clientèle et le
client fondamentale, il traite d’un « produit » à forte connotations pour le client : l’argent.
A ce double titre l’approche relationnelle de l’échange est particulièrement bien adaptée.
● Une façon de répondre à ce défi est de renforcer l’image de marque de
l’entreprise (Berry et Parasuraman, 1991) 5. Or la plupart des banques françaises et
européennes ont pris conscience de l’insuffisante différenciation de leur marque. En
l’absence d’un réel positionnement, le client choisit l’entreprise la moins coûteuse ou la
plus proche de chez lui. Les banques qui vont gagner cette lutte concurrentielle seront donc
celles qui pratiquent des prix faibles ou ont le réseau de distribution le plus dense. La
grande distribution se lance sur le marché financier avec des avantages sur ces deux points.
Badoc (2004)6 appelle à la création d’une politique de marque pertinente pour les banques
européennes pour gagner cette lutte concurrentielle. On associera alors à la relation
interpersonnelle, une relation entre le client et l’entreprise à travers sa marque.
Kapferer7 représente l’identité de la marque par un prisme à six facettes qu’on peut
appliquer à la banque : la facette physique comprend les caractéristiques propres de la
banque quant à ses produits et ses services. C’est la facette la plus facile à imiter pour des
concurrents ; la facette « personnalité » permet de personnifier la banque. La facette du
reflet repose sur un mécanisme d’identification pour les clients. La facette de la
mentalisation représente l’aspect « intérieur » du client. Quelle image de lui même lui
renvoie la banque : un créateur, un bon gestionnaire…La facette de la relation représente le
3 Reichfeld F., Sasser W. (1990) : zero defections: quality comes to services, Harvard Business Review,
N°68, oct. pp 105-111.
4 Parasuraman A., Berry L, Zeithaml V. (1991) : Understanding customer expectations of service, Sloan
Management Review (spring) pp 39-48.
5 Berry L., Parasuraman A. (1991), Marketing Services , New York, Free Press.
6 Badoc M .(2004), Rénover le marketing bancaire, Banque Stratégie N°216, juin ? pp 2-5.
7 Kapferer, J-N. (1991), Les Marques, Capital de l’entreprise, 3ème édition, Paris : Editions
d’Organisation
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