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Psychologie développementale : Piaget

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Théorie piagétienne (1896-1980) :
Théorie du développement de la pensée humaine - Constructivisme
INTRODUCTION GENERALE
La psychologie du développement :
- Décrire et expliquer les transformations qui se produisent, chez l’être humain, de la naissance à l’âge
adulte.
- Facteurs responsables de la construction et de l’évolution des capacités psychologiques de l’enfant :
comment elles se sont formées et comment elles se transforment au cours du temps.
- Etudier l’Enft en développement.
Deux principes fondamentaux :
- L’enfant possède un fonctionnement propre (à son niveau de développement), différent de celui de
l’adulte.
- Le mécanisme moteur du développement est l’adaptation.
LA THEORIE PIAGETIENNE (1896-1980)
Intérêt pour l’Enft mais... pour mieux comprendre l’Homme → psychologie du développement ou psychologie
génétique
!! Génétique > genèse (processus de formation) ≠ gènes.
3 points d’ancrage : biologie, épistémologie, logique.
1. Les trois ancrages de la théorie piagétienne (= fondements de sa théorie)
1.1. L’ancrage biologique - L’intelligence : une forme d’adaptation (comment l’Ho / l’Enft s’adapte-t-il ?)
- Adaptation de tout organisme pour sa survie.
- Comme l’organisme vivant, l’intelligence s’adapte par assimilation d’éléments nouveaux et par
ajustement de sa propre organisation (accommodation).
- Continuité entre le biologique et le psychologique.
- Intelligence : prolongement / forme d’adaptation parmi d’autres.
Assimilation : processus par lequel la réalité extérieure (objet de l’environnement ou situation) est
appréhendée par la structure actuelle du sujet.
Accommodation : processus par lequel la structure actuelle du sujet se transforme, se modifie pour s’ajuster
aux nouvelles données de la réalité extérieure (nouvel objet, modification de l’environnement).
Ex. Piaget dès l’âge de 16 ans, publie une étude sur l’adaptation (anatomique) de mollusques aux variations
de leur milieu.
● De même, la pensée de l’Enft s’adapte : s’organise, se réorganise.
● Ses structures intellectuelles ne sont pas prédéterminées : elles se construisent en interaction avec
l’environnement.
● Pour qu’elles s’améliorent, s’ajustent : éléments perturbateurs nécessaires. Conflit cognitif.
● Structures biologiques : 1ères structures sur lesquelles les structures psychologiques se construisent.
1.2. L’ancrage épistémologique - Le développement ou l’accroissement des connaissances (chez l’Ho /
l’Enft)
● Intérêt pour les connaissances (en général).
● Manière dont elles s’accroissent : évolution de la pensée scientifique.
● Comment la pensée de l’Ho s’est-elle développée pour qu’une telle évolution des connaissances soit
permise ?
« Pour appréhender les mécanismes généraux d’accroissement des connaissances, 3 conditions selon Piaget
(Bideaud, Houdé & Pédinielli 1993)
- Étudier le développement historique réel des connaissances.
- Réaliser une analyse logique de l’intelligence pour connaître les outils cognitifs dont elle dispose.
- Étudier le développement de ces outils, chez l’Enft (raccourci). »
Epistémologie : étude des conditions d’élaboration des connaissances / histoire des sciences.
Epistémologie génétique : étude du dév des connaissances, chez l’Enft ► des formes les plus élémentaires
aux formes supérieures (caractéristiques de la pensée scientifique).
1.3. L’ancrage logique ou logico-mathématique - L’évolution des outils de l’intelligence (= des
instruments de la connaissance) chez l’Ho / l’Enft
● Les instruments de la connaissance = des instruments logiques, rationnels.
● Développement des structures intellectuelles = elles prennent la forme de structures logiques (proches de
celles étudiées par les logiciens, les mathématiciens).
● Elles peuvent être représentées par des modèles formels issus de la logique et des mathématiques.
Structure : pas entité réelle = coordination de tous les instruments cognitifs de l’Enft.
« Ce que l’Enft sait faire, dans ses actions (pas l’idée qu’il s’en fait) est bien coordonné »
Ensemble de compétences organisées.
Correspond progressivement à la logique de l’adulte (pensée scientifique – groupe ou groupement logicomathématique).
A chaque étape du dév, les structures intellectuelles prennent la forme d’un groupe ou d’un groupement
logico-mathématique.
Ex : groupement additif des classes : tel que si A + A’ = B alors A = B – A’.
- Pourquoi et comment la pensée prend-elle progressivement la forme de structures logico-mathématiques ?
- Quelles sont la genèse et le développement des formes logiques de la pensée ?
En s’intéressant au développement de l’intelligence, Piaget étudie les processus adaptatifs et les processus
formateurs de la connaissance :
« Pour trouver un pont entre la biologie et la théorie de la connaissance, il fallait étudier le développement
mental, le développement de l’intelligence, la genèse des notions. » (Bringuier, 1970) → autrement dit
l’épistémologie génétique.
2. L’interaction enfant / environnement - La psychogenèse des connaissances
2.1. Les facteurs ou déterminants du développement
« Dans le cas du développement de l’enfant, il n’y a pas de plan préétabli mais une construction progressive
telle que chaque innovation ne devient possible qu’en fonction de la précédente. On pourrait dire que le plan
préétabli est fourni par le modèle de la pensée adulte, mais l’enfant ne le comprend pas avant de
l’avoir reconstruit. »
Chez Piaget : 4 facteurs généraux nécessaires au développement. :
● La croissance organique (maturation).
● L’exercice et l’expérience acquise.
● Les interactions et la transmission sociale.
● Le processus d’équilibration.
2.1.1. La croissance organique
Plus spécialement, la maturation du complexe système nerveux / systèmes endocriniens.
Processus de croissance anatomo-physiologique (notamment du système nerveux) permettant
l’actualisation progressive des fonctions biologiques et psychologiques.
→ Evolution interne à l’organisme (facteur endogène de dév.) indépendante de toute influence externe
(facteurs exogènes du dév.)
- Certaines conduites ou acquisitions sont irréalisables tant que le système physiologique n’est pas prêt.
- Mais la croissance organique n’est pas une condition suffisante au développement (≠ innéistes).
- Les potentialités qu’elle ouvre ne se réalisent que dans l’interaction Enft / environnement.
2.1.2. L’exercice et l’expérience
- Interaction Enft / environnement : rôle fondamental.
- Mais l’environnement n’offre pas toutes les données nécessaires à sa compréhension (≠ empiristes).
- L’enfant doit au préalable posséder des compétences.
2.1.3. Les interactions et la transmission sociale
- Interaction Enft / entourage social : rôle fondamental.
- Mais l’environnement social n’offre pas toutes les données nécessaires à sa compréhension
→ la pensée de l’autre ne peut être comprise (transmise) avant d’être reconstruite (≠ empiristes).
- L’environnement social et l’environnement physique en ce sens diffèrent peu, ils nécessitent des
compétences pour être appréhendés.
2.1.4. L’équilibration (voir partie 4)
- Contrairement aux autres facteurs (disparates), le processus d’équilibration explique la direction prise par le
développement : du moins au plus adapté, du moins au plus logique.
- Responsable de l’équilibre adaptation / organisation.
- Responsable des réorganisations de la structure cognitive elle-même.
2.2. Innéisme, empirisme et constructivisme
Constructivisme
► « La connaissance n’est pas prédéterminée dans les structures internes du sujet qui résultent d’une
construction effective et continue. La connaissance n’est pas prédéterminée dans les objets puisqu’ils
ne sont connus que grâce à la médiation nécessaire de ces structures » (Piaget, 1979)
Structure / compétence = « réalité mentale sous-jacente au comportement effectif » (Chomsky, 1965))
► La connaissance est une construction nouvelle continuelle.
Le monde physique existe mais est à construire.
La connaissance n’est pas une copie du réel, tirée des données observables (enregistrement ; cf. caméra)
mais une assimilation = une interprétation, une construction du réel.
► « Ce qu’on observe, chez le jeune enfant, c’est qu’il ne dessine pas ce qu’il voit, il dessine l’idée qu’il s’en
fait, ce qu’il en sait c'est-à-dire son interprétation et non pas l’objet tel quel en tant qu’observable perceptif »
(Piaget, 1977)
Par ex., Une enfant (3 ; 6), à qui l’on demande de recopier un losange, dessine un carré muni de pointes
arrondies.
► La connaissance de l’environnement et de ses lois n’est jamais atteinte, limitée par les outils cognitifs :
« On se rapproche sans cesse de l’objectivité [...] on n’atteint jamais l’objet lui-même. L’objet qu’on croit
atteindre, c’est toujours l’objet représenté, interprété par l’intelligence du sujet » (Bringuier, 1977).
► L’Enft ne possède pas de structures cognitives innées permettant d’emblée d’appréhender les objets (de
s’appréhender lui-même).
Aussi, quels sont les instruments permettant l’échange Enft / environnement ? Les instruments de la
connaissance ?
2.3. Action et perception : instruments initiaux d’échange entre l’Enft et l’env.
Action et perception : activités sensori-motrices (découverte des objets, de leurs propriétés...).
Les 1ers outils de compréhension de l’environnement sont biologiques, innés, ce sont des réflexes
génétiquement programmés. Succion, agrippement... Ils permettent d’entrer dans l’environnement, puis dans
cette interaction l’enfant développe ses compétences, les processus cognitifs s’accroissent.
Perception : captation de l’environnement
Action : modification de l’environnement, on y ajoute des propriétés qu’il ne fournit pas à priori. Ex :
découverte empirique de la commutativité.
Piaget : l’intelligence procède davantage de l’action car contrairement à la perception, l’action (effective ou
intériorisée) est essentiellement opérative.
Aspects figuratif et opératif de la connaissance.
Aspect figuratif de la connaissance :
L’activité perceptive : connaître les propriétés de l’objet.
→ La connaissance est tirée des objets = se limite aux états du réel.
Aspect opératif de la connaissance :
L’Enft agit et transforme l’environnement = déplace, range, trie... les objets.
→ Extrait des propriétés des transformations opérées et découvre sa propre capacité à transformer les états
du réel (pour en créer de nouveaux).
L’Enft découvre des aspects du réel auxquels l’environnement ne lui donne pas accès.
Durant ses interactions avec l’environnement, l’Enft bénéficie de deux types d’expérience :
Expérience physique et expérience logico-mathématique (Piaget & Inhelder, 1966) :
- 2 aspects indissociables de l’expérience
- consistent à agir sur les objets mais...
Expérience physique : découverte des propriétés des objets par extraction d’informations perceptives =
élaboration de connaissances physiques / expérimentales.
« L’expérience physique consiste à agir sur les objets pour en abstraire les propriétés (par ex. comparer 2
poids indépendamment des volumes) ».
La connaissance est abstraite des objets, même s’il y a action sur eux.
Expérience L-M : extraction d’informations sur les propriétés que les actions introduisent dans les objets =
élaboration de connaissances L-M.
« L’expérience logico-mathématique consiste à agir sur les objets pour connaître le résultat de la coordination
des actions. »
Classer, dénombrer, sérier imposent à l’environnement une organisation qu’il ne possède pas.
L’Enft découvre les propriétés de la coordination de ses actions sur les objets.
Ex. découverte commutativité : 2+3 = 3+2 = résultat de la coordination de deux dénombrements effectués en
sens inverse.
Ex. découverte des équivalences dans l’espace, aller à un point C directement de A ou en passant de A à B.
« La connaissance est abstraite de l’action (qui ordonne ou réunit) et non pas des objets »
2.4. Conclusion
= construction progressive, chez l’Enft, des outils cognitifs responsables de l’accroissement des
connaissances (objectivité).
Néanmoins, pour Piaget, les structures cognitives sont communes à tous les hommes mais ne sont pas
prédéterminées...
Quel est le mécanisme de leur formation ?
3. Les mécanismes du développement : la biogenèse des connaissances
3.1. Continuité et discontinuité du dév.
Si pas de frontière entre le biologique et le psychique alors : l’adaptation biologique et le développement
cognitif sont sous la dépendance des mêmes processus.
Certains facteurs héréditaires conditionnent le dév.
(Piaget, 1936) = Hérédité de fonctionnement (adaptation, organisation) et non transmission de structure(s).
Deux fonctions biologiques générales de tout être vivant : organisation et adaptation.
Processus d’adaptation présents et fonctionnels dès la naissance : assurent la continuité du dév.
L’organisation (structures) en est modifiée : ses caractéristiques changent selon les « moments » (étapes) du
dév.
3.2. Organisation et adaptation
L’adaptation ≠ état d’équilibre
= processus :
« Il y a adaptation lorsque l’organisme se transforme en fonction du milieu et que cette variation a
pour effet un accroissement des échanges entre le milieu et lui, favorables à sa conservation » (Piaget,
1979)
= Équilibre dynamique
L’adaptation résulte d’une interaction entre 2 processus complémentaires et indissociables :
Assimilation : processus par lequel la réalité extérieure est appréhendé(e) par la structure actuelle du sujet.
Accommodation : processus par lequel la structure actuelle du sujet se transforme, se modifie pour s’ajuster
aux nouvelles données.
Un organisme (le système cognitif) ne peut pas tout assimiler d’un seul coup = il y toujours des éléments du
réel qui échappent à ses possibilités d’adaptation parce qu’ils sont trop nouveaux, inassimilables.
→ Caractère lent, progressif et continu du dév.
Le système n’assimile que les éléments du réel qui ne nécessitent pas un changement radical de son
organisation.
4. Les stades du développement : la genèse des formes logiques de la pensée
4.1. Organisation : la notion de structure
4.1.1. Définition
L’organisation des actions de l’Enft relève d’une logique qui a ttes les caractéristiques d’une structure :
Les structures (systèmes organisés) :
- Possèdent des propriétés « d’auto-organisation ».
- Sont composés d’éléments coordonnés entre eux et régulés par les lois du système (des schèmes).
=> Lois de transformation (d’évolution) permettant à la structure de se conserver (cohérence interne) et de
s’enrichir par auto-régulation (ou autoréglage) → équilibration.
- Loi de totalité : aucun organisme peut ne pas évoluer. Nécessité de cette organisation / adaptation. Les
schèmes sont des systèmes organisés.
Les schèmes s’articulent pour constituer des structures : ex schème d’ordre + schème de préhension.
4.1.2. La notion de schème
Les structures intellectuelles sont issues de la coordination des actions / opérations.
Leurs éléments : les schèmes.
La structure qui assimile les objets du réel et s’y accommode est le schème :
Ex : Réflexe (succion, palmaire...) = schème réflexe (répétition), puis schème d’action (incorporation
d’éléments sensori-moteurs nouveaux), ...
cf. continuité entre procédures biologiques et cognitives d’adaptation
« Le schème est la structure ou l’organisation des actions telles qu’elles se transfèrent ou se généralisent lors
de leur répétition en des circonstances semblables ou analogues » (Piaget, 1966).
Schèmes d’actions : « ce qui, dans une action, est transposable, généralisable ou différentiable d’une situation
à la suivante = ce qu’il y a de commun aux diverses répétitions ou applications de la même action. »
(Piaget, 1970)
« Organisation invariante de la conduite dans une classe de situations donnée » (Vergnaud 1990).
Ex : schème de préhension, activité de base qui va s’adapter à l’objet lui-même. L’organisation de l’activité ne
change pas, mais l’action elle-même change. Ex : tirer sur une nappe.
Organisation de l’activité = définition du schème.
Evolution progressive du schème à l’environnement = diversification des activités.
Les schèmes :
- se consolident en se répétant
- s’enrichissent, se généralisent en s’appliquant à de nouveaux objets
- s’ajustent, se différencient en nouveaux schèmes plus spécifiques
- s’intègrent, se combinent en totalités nouvelles plus complexes.
Synthèse :
► L’organisation cognitive procède d’une logique de l’action. Sous l’effet de l’assimilation / accommodation,
l’intelligence s’organise en structures en même temps qu’elle organise le réel (espace, temps, vitesse,
causalité, quantité...).
► L’adaptation et l’organisation = deux aspects indissociables de la pensée :
« C’est en s’adaptant aux choses que la pensée s’organise elle-même et c’est en s’organisant elle-même
qu’elle structure les choses. » (Piaget, 1936)
► Au fil du dév, les schèmes se coordonnent, formant des systèmes organisés.
Le dév de l’intelligence s’opère par structuration.
Cette structuration donne lieu à une succession de trois grandes structures identifiables et caractéristiques
d’un niveau de développement : cf. notion de stade du développement.
4.1.3. L’évolution (nécessaire) des structures : le processus d’équilibration
Si le dév n’est pas prédéterminé, pourquoi progresse-t-il chez tous les Enfts, vers des formes de pensée de +
en + logiques ?
Processus d’équilibration (4ème facteur).
Dév (adaptation) = évolution dirigée par une nécessité interne d’équilibre (autorégulation).
Accommodation et assimilation sont régulés par le processus d’équilibration.
= Autorégulation qui permet de compenser activement les perturbations (externes ou internes)
= Rééquilibrations, réajustements, autorégulation compensatrice → rétablit l’équilibre de la structure ou
engendre sa réorganisation.
L’équilibration est majorante.
Facteur permanent de dév : le conflit cognitif (résistance à l’assimilation, contradiction interne, sentiment de
lacune)
= facteur de déséquilibre, garant d’une rééquilibration de niveau supérieur.
Fin d’un stade = point d’équilibre avant déséquilibre et reconstruction d’une nouvelle structure...
Le dév cognitif :
- du point de vue du fonctionnement : succession de déséquilibres et rééquilibrations (interaction Enft /
environnement).
- du point de vue de l’organisation : élaboration successive de 3 grandes structures cognitives.
=> A la construction de chacune de ces structures correspond une période clé du dév.
4.2. La notion de stade
4.2.1. Les stades du développement
A l’origine, le bébé ne dispose que des outils sensori-moteurs pour assurer son développement.
Schèmes réflexes => Schèmes d’action => Schèmes opératoires, qui agissent d’abord sur l’environnement
concret => Schèmes du possible, qui s’appliquent sur le symbolique, la pensée.
4.2.2. Caractéristiques principales des stades
► Leur ordre de succession est constant mais les âges d’entrée peuvent varier et ne pas correspondre aux
âges moyens.
► Les stades ont un caractère intégratif : les structures construites à un stade donné sont intégrées dans les
structures du stade suivant.
► Un stade se caractérise par une structure d’ensemble, régie par des « lois de totalité ».
Toutes les acquisitions réalisées à un stade donné relèvent d’une même structure.
Chaque stade :
- est le reflet du niveau d’organisation cognitif atteint par l’enfant
- peut être caractérisé par la nature des actions, opérations que l’enfant maîtrise (engendrant des conduites
adaptatives qualitativement différentes).
4.2.3. Ex de stade détaillé : Le stade sensori-moteur ou période sensori-motrice (de 0 à 24 mois) :
Développement des principaux schèmes sensori-moteurs
► Durant cette période, l’enfant construit progressivement le réel, en interagissant avec son environnement :
6 étapes, durant lesquelles l’enfant élabore l’objet permanent, l’espace et le temps, la causalité.
- L’activité sensori-motrice se dégage peu à peu des réflexes pour devenir intentionnelle, vers 4 mois.
- L’activité sensori-motrice constitue, ensuite, à partir de 12 mois, un outil au service de la compréhension du
réel (coordination des moyens et des buts puis découverte de moyens nouveaux par expérimentation active).
Elaboration de la fonction sémiotique (entre 18 et 24 mois)
► Avec la fonction sémiotique, apparition de nouvelles conduites :
- L’imitation différée est une représentation en acte : l’enfant est capable d’imiter un modèle en son absence.
- Le jeu symbolique est un jeu de « faire semblant » ; par ex., faire semblant de téléphoner avec une banane...
- Le dessin consiste à imiter le réel (ce qui nécessite d’en avoir une image mentale).
- L’image mentale correspond à une imitation intériorisée.
- Le langage apparaît également.
Cependant, le langage utilisé par l’enfant de cet âge n’a pas la même valeur que pour l’adulte : la pensée de
l’enfant, à cette période, est imagée et symbolique.
Elaboration du « groupe pratique des déplacements », 1ère structure de groupe construite par l’enfant.
► Son élaboration résulte des coordinations d’actions effectives, sensorielles et motrices, que l’enfant réalise
dans son environnement, à l’occasion de déplacements d’objets (qu’il poursuit du regard, recherche
activement ou encore manipule, etc.) et de ses propres déplacements dans l’espace.
Le groupe pratique des déplacements est « une structure fondamentale qui constitue la charpente de
l’espace pratique [...] dont la signification psychologique est la suivante :
a) un déplacement AB et un déplacement BC peuvent se coordonner en un seul déplacement AC qui fait
encore partie du système ;
b) Tout déplacement AB peut être inversé en BA, d’où la conduite du « retour » au point de départ ;
c) La composition du déplacement AB et de son inverse BA donne le déplacement nul AA ;
d) Les déplacements sont associatifs, c’est à dire que dans la suite ABCD, on a AB + BD = AC + CD : cela
signifie qu’un même point D peut être atteint à partir de A par des chemins différents (si les segments AB, BC,
etc., ne sont pas en ligne droite), ce qui constitue la conduite du « détour » dont on sait le caractère tardif. »
(Piaget, 1966)
Elaboration de l’objet permanent
► Le « groupe pratique des déplacements » est solidaire de la construction d’un invariant, celui de l’objet
permanent : compréhension, par l’enfant, du fait que les objets, même s’ils sortent du champ perceptif,
existent toujours et peuvent être retrouvés en reconstituant leurs déplacements.
L’enfant, à ce stade, dispose de la capacité à se représenter mentalement les objets : l’objet acquiert un statut
réel d’objet : est conçu comme extérieur au moi, comme ayant une réalité en soi, qui s’étend au-delà de la
perception directe qu’on peut en avoir (visuelle, auditive, tactile etc.) et indépendante de l’activité qu’on exerce
sur elle (regard, écoute, manipulation etc.). L’objet possède une existence indépendante de la connaissance
ou de l’idée que l’on peut en avoir.
A partir de 18-24 mois, des combinaisons mentales permettent, à l’enfant, de se représenter les actions à
accomplir.
CONCLUSION
♦ L’enfant est directement en interaction avec l’environnement. L’adulte n’est pas directement responsable de
l’adaptation, mais propose des environnements plus ou moins « riches ».
Variables conatives : émotion, motivation...
L’adulte n’agit que par proposition de situations d’expérience. L’apprentissage tiré de cette expérience est
propre à l’enfant.
≠ Vygotski, Bruner.
♦ L’enfant en naissant ne possède pas les structures intellectuelles héritées, mais il hérite d’un
fonctionnement : cette capacité à s’adapter par assimilation et accommodation.
♦ Adaptation à son environnement qui modifie son organisation cognitive.
♦ Critiques :
- Ne pas mettre en évidence le rôle de l’autre dans le développement de l’enfant.
- Système très logique qui n’est pas évident dans le développement de l’enfant.
- Piaget arrête le développement au stade des opérations formelles. Selon différents auteurs tout adulte n’est
pas parvenu au stade des capacités opératoires formelles. Piaget y verrait une déficience.
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