Les modèles d`apprentissage

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Les modèles d’apprentissage
Cours de Bruno Hubert
Docteur en sciences de l’éducation
ESPE de l’académie de Nantes
Apprendre c’est…
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Emmagasiner de nouvelles informations
de façon organisée.
Associer, par conditionnement, une
récompense à une réponse spécifique.
Construire et organiser ses connaissances
par son action propre.
Co-construire ses connaissances en
confrontant ses représentations à celles
d’autrui.
Cinq modèles d’apprentissages
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Le
Le
Le
Le
Le
modèle
modèle
modèle
modèle
modèle
transmissif
béhavioriste
cognitiviste
constructiviste
socio-constructiviste
1. Le modèle transmissif ou modèle de
l’empreinte
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Conception très ancienne > instruction
Considère l’enfant comme une page vierge
(Locke, XVIIème )
Le savoir dispensé objet extérieur au sujet
L’élève doit être attentif, écouter, suivre, imiter,
répéter et appliquer.
Deux voies privilégiées : le langagier et le visuel.
Le maître transmet le savoir
L’évaluation consiste à mesurer la quantité de
savoir retenu
Le non apprentissage peut venir de la non écoute
de l’élève ou de la mauvaise explication du
professeur
Limites du modèle transmissif ?
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Le caractère périssable du savoir
La posture non critique de
l’apprenant
2. Le modèle béhavioriste (Pavlov,
Skinner, Watson, Tolman)
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L’apprentissage est une modification du comportement
consécutive à un conditionnement par récompenses
verbales ou d’un autre type. (stimuli de l’environnement)
Réflexe de Pavlov (1890) Association stimulus sonore –
nourriture avec un chien
Burrhus F Skinner (1904-1990) un psychologue américain
a développé cette approche et en a tiré une pratique
pédagogique.
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Utilisation de récompenses appelées " renforcements positifs "
(ex. : nourriture chez le rat de laboratoire, bonnes notes, bons
points, images chez l'élève) et de punitions appelées "
renforcements négatifs " (ex: choc électrique chez le rat,
mauvaises notes chez l’élève).
Cette procédure s’appelle " conditionnement opérant ".
Skinner a critiqué le mode d'enseignement traditionnel
essentiellement fondé sur des renforcements négatifs et a
proposé de remplacer ceux-ci par des renforcements positifs.
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A l’origine de l’enseignement programmé.
Le béhaviorisme radical est énoncé par J.
Watson en 1913. L’homme n’est, que le
résultat des conditionnements qu’il subit.
La thèse du «Modelage» mise sur les
conditions externes pour transformer /
former les élèves.
Quand on parle de comportement, on
entend tout mouvement, activité ou
manifestation observables et mesurables
d'un organisme.
La pédagogie par objectifs
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Découpage par étapes en « objectifs
d’apprentissage »
L’élève est assimilé à une « boîte noire »,
on ne s’occupe que de ce qui y entre ou
en sort : « comportements observables »
Objectifs évaluables décomposés en
sous-objectifs (l’élève est capable de…)
Exercices progressifs à partir de prérequis
Avantages de la pédagogie par
objectifs
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Itinéraire balisé
Le non apprentissage est dû à des
défauts dans le programme.
Fonctionne bien pour faire acquérir
des automatismes, des
comportements attendus.
Les limites du modèle béhavioriste
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Ne prend pas en compte la globalité de la
tâche. On peut répondre à tous les sousobjectifs sans être capable de réussir
l’objectif
S’intéresse uniquement à l’observable
Ignore certaines dimensions du sujet
(personnalité, représentations, projets,
motivations,…)
Apprentissage linéaire > illusion de
progression
Position passive de l’apprenant
3. Le modèle cognitiviste (Miller,
Gagné, Ausuber)
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Tente de comprendre ce qui se passe
dans la boîte noire du psychisme.
Développé à partir des années 60
Processus d’apprentissage centré sur le
sujet, sa structure psychique et cognitive,
sa manière d’apprendre.
Nombreux sont les domaines explorés par
la psychologie cognitive : neuroscience,
intelligence artificielle, linguistique…
Différents types de connaissances
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Connaissances déclaratives (savoirs
donnés)
Connaissances procédurales(savoirfaire)
Connaissances conditionnelles
(contextualisation)
Les types de stratégies
d’apprentissages
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Stratégies d’énumération (mémorisation
de mots-clés)
Stratégies d’élaboration (liens entre les
informations)
Stratégies organisationnelles
(structuration de l’information)
Stratégies de contrôle de la
compréhension (métacognition)
Stratégies affectives (maîtrise des
émotions et des affects)
4. Le modèle constructiviste
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Le développement cognitif est le fruit d’interactions
entre l’individu et l’environnement
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Jean PIAGET (1896-1980)
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La pensée n’est pas innée
Sa construction passe par la confrontation au monde
On apprend en agissant sur son environnement.
>Film sur Piaget
Vidéo La méthode Piaget
(http://www.notrehistoire.ch/video/view/
598/)
Le modèle piagétien
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Une conception biologique de l’apprentissage, la capacité
d’apprendre est liée au développement de l’enfant
Le développement se fait par stades successifs : modèle
de la spirale :
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l'intelligence sensori-motrice (de la naissance à 2 ans)
l'intelligence prélogique ou symbolique (2 ans à 7-8 ans)
l'intelligence opératoire concrète (7-8 ans à 11-12 ans)
l'intelligence opératoire ou formelle (à partir de 12 ans) qui
consacre l'accès véritable à l'abstraction: l'enfant est capable de
raisonner sur un problème en posant des hypothèses a priori.
Selon Piaget, cette séquence est à la fois déterminée
génétiquement et dépendante de l'activité du sujet sur son
environnement.
Les concepts de Piaget
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L’assimilation et l’accommodation.
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L’assimilation est l'action de l'individu sur les objets qui
l'entourent, en fonction des connaissances et aptitudes
acquises par le sujet.
Action de l’environnement sur l‘individu, appelée
accommodation, qui déclenche un ajustement du
sujet.
L'intelligence (au sens compréhension) se construit
grâce au processus d’équilibration des structures
cognitives, auto-régulation entre assimilation et
accommodation en réponse aux sollicitations et
contraintes de l'environnement.
On appelle " constructivisme ", cette approche basée
sur l'interaction sujet/environnement
Pourquoi « spiralaire » ?
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Situation d’équilibre
Rencontre d’une nouvelle situation
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Assimilation – accommodation
Modification du schème ancien ou
création d’un schème nouveau
Equilibration
L’apprenant apprend par contact avec le
monde et les objets > expérience
La conceptualisation
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Représentation mentale générale et
abstraite d’un objet. Idée que l’on
se fait de quelque chose.
Le travail sur la compréhension de
l’action devient plus important que
l’action > réflexivité
Importance des obstacles qui
entraînent des mouvements
d’équilibration / rééquilibration
Implications pédagogiques
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Le développement cognitif du sujet
est indissociable de l’action.
On passe d’une pédagogie de la
réponse à une pédagogie de la
question.
Les connaissances sont construites
et questionnées par les élèves.
Autre statut de l’erreur.
Le modèle socio-constructiviste
(Vygotski, Bruner, Bandura)
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La construction d’un savoir, bien que
personnelle, s’effectue dans un cadre social.
Les informations sont en lien avec le milieu
social, le contexte culturel et proviennent à la
fois de ce que l’on pense et de ce que les
autres
apportent
comme
interactions.
L’apprenant élabore sa compréhension de la
réalité par la comparaison de ses
perceptions avec celles de ses pairs et
celles du professeur.
L'approche historico-culturelle de
Vygotski
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Psychologue russe contemporain de Piaget, a élaboré une théorie
interactionniste de l'apprentissage, mais qui insiste surtout sur la
composante sociale. Le socio-constructivisme a introduit le
paramètre déterminant de la médiation de l'autre, négligé par
Piaget (l'influence du monde extérieur sur le développement des
habiletés). Pour Piaget, il ne sert à rien de vouloir enseigner quelque
chose à quelqu’un tant qu’il n’est pas mûr pour l’assimiler. Cette
position clairement développementaliste/génétique des capacités
d’apprentissage a fait dire à Vygotsky que pour Piaget l’apprentissage
est à la remorque du développement.
Vygotsky prétend que les interactions sociales sont primordiales dans
un apprentissage et le langage sert d’outil d’appropriation, tant
du point de vue de l’attribution de sens par l’apprenant, que du point
de vue du développement de fonctions cognitives en vue de
l’acquisition visée par l’enseignant.
Selon lui, la pensée et la conscience sont déterminées par les
activités réalisées avec des pairs (confrontation voire
désaccord) dans un environnement social déterminés.
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Conflit socio-cognitif > remise en cause des représentations
La zone proximale de développement
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Vygotsky suppose l'existence d'une zone sensible qu'il
nomme "zone proximale de développement "
laquelle renvoie à l'écart entre ce que l'individu est
capable de réaliser intellectuellement à un moment de
son parcours et ce qu'il serait en mesure de réaliser avec
la médiation d'autrui.
Les interactions conduisent l’apprenant à réorganiser ses
conceptions antérieures et à intégrer de nouveaux
éléments apportés par la situation.
Les implications pédagogiques
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L’élève doit s’approprier le problème posé,
y investir ses connaissances initiales,
accepter la déstabilisation pour
progresser.
Il construit avec l’aide des pairs et de
l’enseignant de nouveaux savoirs puis les
consolide par des exercices.
Les erreurs sont constitutives de
l’apprentissage.
L’élève est confronté à un problème à
résoudre, ce qui confère sens à
l’apprentissage.
Les limites du modèle socio-constructiviste
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Nécessite une professionnalité
enseignante > trouver les
situations-problèmes adéquates
Coûteux en temps.
La phase de déstabilisation est
délicate pour certains élèves en
difficulté.
D’autres conséquences
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Par ailleurs, l’aménagement de la salle de
classe, basé sur la théorie de Vygotsky, est
appelé à changer. On peut y voir les bureaux ou
les tables former des îlots et les étudiants
regroupés en petites équipes pour permettre
l'apprentissage par les pairs et la collaboration.
Le projet met l’accent sur le rôle des
interactions
sociales
multiples
vers
la
construction des savoirs. Le projet se fonde sur
une logique de l’interaction et de la négociation
entre une équipe d’apprenants. En ce sens, les
personnes concernées deviennent des acteurs
et les premiers artisans de leur apprentissage.
Bruner (1915- ), inspiré par Piaget
et Vygostky


Pour qu'il y ait un réel apprentissage, l'élève
doit participer à celui-ci. Le sujet ne reçoit
pas des informations, mais les interprète.
Concepts clés:
L'apprentissage par la découverte ainsi que
l'exploration et l'action.
 Importance des activités de soutien dans le
processus d’apprentissage, c'est-à-dire de la
fonction déterminante de la «médiation» ou de
«l’étayage».

> Voir document 5
Bruner (1915- ), inspiré par Piaget
et Vygostky
Selon lui, il existe deux modes d'enseignement :
 1. Le mode fondé sur l'exposition (l'élève est auditeur :
modèle de transmission)
 2. Le mode fondé sur l'hypothétique (coopération entre
l'élève et l'enseignant).
Concepts clés:
 L'apprentissage par la découverte ainsi que l'exploration
et l'action.
 Importance des activités de soutien dans le processus
d’apprentissage, c'est-à-dire de la fonction déterminante de
la «médiation» ou de «l’étayage».
Pour qu'il y ait un réel apprentissage, l'élève doit
participer à celui-ci. Le sujet ne reçoit pas des
informations, mais les interprète.
Serge Moscovici (1928 - )


Les représentations sociales des sujets constituent de
véritables filtres face à toute intervention éducative.
« Les multiples convictions personnelles
construites par le sujet, à travers ses
diverses expériences, lui donne des manières
d’interpréter
le
réel,
de
décoder
les
messages, et de se construire des manières
de penser qui orientent, filtrent, voire
déforment les leçons dont il bénéficie. »
Apprendre, enseigner, méthodes
d’apprentissage
Transmissif
Traiter et emmagasiner
de nouvelles
informations de façon
organisée.
Béhavioriste
Associer, par
conditionnement, une
récompense à une
réponse spécifique.
Présenter l’information Stimuler, créer et
de façon structurée, renforcer des
hiérarchique, déductive comportements
observables
Constructiviste
Offrir des situations
obstacles qui
permettent
l’élaboration de
représentations
adéquates du monde
Construire et
organiser ses
connaissances par son
action propre
appropriés .
Exposé magistral,
résolution de problèmes
fermés.
Programme
d’autoformation
assistée par ordinateur
Apprentissage par
problèmes ouverts,
étude de cas
Socioconstructiviste
Co-construire ses
connaissances en
confrontant ses
représentations à celles
d’autrui.
Organiser des situations
d’apprentissage propices
au dialogue en vue de
provoquer et de résoudre
des conflits sociocognitifs.
Apprentissage par
projets, discussions,
exercices, travaux.
Bibliographie
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« Quels savoirs enseigner ? » Revue Sciences humaines n° 121, 2001
Hubert Bruno, Chartrain Xavier, Prévenir l’échec scolaire, Chronique
sociale, 2000
https://sites.google.com/site/ideesash/pedagogieressources/theoriesde-l-apprentissage
spiral.univ-Lyon1.fr/files_m/M152/Files/194973_2014.ppt > Les différentes théories
de l'apprentissage. Aline Germain-Rutherford. Université d' Ottawa, Canada.
Middlebury College
Anastassis Kozanitis « Les principaux courants théoriques de
l’enseignement et de l’apprentissage : un point de vue historique »,
2005
La pédagogie et le cognitivisme dans le processus d’étayage,
Crahay, 1999, Psychologie de l'éducation, Paris, PUF, p. 330
Vergnaud Gérard, Lev Vigotski, pédagogue et penseur de notre temps,
Hachette éducation
Jean Piaget et l’intelligence de l’enfant, dossier numérique sciences
humaines
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