
1 Le symbole ÎŁ
1.1 Etude dâun exemple
NĂ©cessitĂ© dâune nouvelle notation. La somme Sndes entiers impairs 1,3,5,..., 2n â1sâĂ©crit
Sn=1+3+5+... + (2n â1).
Cette notation cohĂ©rente se rĂ©vĂšle Ă lâusage pleine de piĂšges. En eïŹet, que signiïŹe lâĂ©criture 1+3+5+... + (2n â1)quand
nvaut 1,2,3ou mĂȘme 4? Si on ne rĂ©ïŹĂ©chit pas suïŹsamment, on Ă©crit S2=1+3+5+...+3, alors quâil fallait comprendre
que S2Ă©tait constituĂ©e de 2termes, en commençant par 1et en ïŹnissant par 2Ă2â1=3. Câest encore pire avec S1qui
ne contient quâun seul terme. On peut trouver dĂ©sagrĂ©able que soit Ă©crit explicitement le nombre 5dans lâĂ©criture de Sn,
alors quâil nâapparaĂźt ni dans S1, ni dans S2... De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, dans de nombreuses situations, les notations utilisant
des pointillĂ©s sont sources dâerreurs si elles ne sont pas maĂźtrisĂ©es.
Pour cette raison et par souci de concision, on introduit une nouvelle notation. La somme Snci-dessus est la somme des n
nombres 2Ă1â1=1,2Ă2â1=3,..., 2Ănâ1. Ils ont une Ă©criture commune, Ă savoir 2k â1oĂč kprend successivement
les valeurs 1,2,..., n. On décide alors de la noter
n
X
k=1
(2k â1) (â)
(la lettre grecque ÎŁcorrespondant Ă notre S, initiale du mot somme). On peut apporter sur lâexpression (â)les commentaires
suivants :
âen bornes du symbole ÎŁ, on voit que kvarie de 1Ă net on a donc en Ă©vidence le nombre de termes de la somme,
Ă savoir n, ce qui Ă©tait peut-ĂȘtre moins Ă©vident dans la notation utilisant des pointillĂ©s ;
âdans lâexpression
n
X
k=1
(2k â1), nous avons fait lâeïŹort de donner une Ă©criture commune Ă chacun des termes de la somme
et donc de comprendre cette somme, ce qui nâest pas le cas dans lâexpression 1+3+5+...+ (2n â1);
â
n
X
k=1
(2kâ1)est une expression comprĂ©hensible mĂȘme quand n=2ou n=1. Dans ce dernier cas, la somme est constituĂ©e
dâun seul terme et on parle donc dâune somme de un terme. Cette phrase a un sens conventionnel.
âla somme obtenue est une fonction de n, mais nâest pas une fonction de k, ce qui est explicite dans la notation Sn(et
non pas Sn,k) ou encore, on ne retrouve pas la lettre kdans le rĂ©sultat ïŹnal. Ainsi, on peut Ă©crire une phrase du genre
ânâNâ,
n
X
k=1
k=n(n+1)
2,
mais par contre, la phrase âkâNâ,ânâNâ,
n
X
k=1
k=n(n+1)
2nâa aucun sens. Pour cette raison, la variable kest dite
muette et on peut la remplacer par nâimporte quelle autre lettre sans que cela ne modiïŹe le rĂ©sultat ïŹnal :
n
X
i=1
i=
n
X
k=1
k=
n
X
kâČ=1
kâČ=...=n(n+1)
2.
âlâĂ©criture de Snnâest absolument pas unique, et par exemple, on pourrait tout Ă fait considĂ©rer que les entiers 1,3,...,
2n â1sont de la forme 2k +1oĂč kvarie cette fois-ci de 0Ă nâ1et Ă©crire Sn=
nâ1
X
k=0
(2k +1), mais aussi que ces entiers
sont de la forme 2k â3oĂč kprend les valeurs 2,3,..., n+1et Ă©crire dans ce cas Sn=
n+1
X
k=2
(2k â3); lâessentiel est dâobtenir
1pour la premiĂšre valeur de kconsidĂ©rĂ©e, 3pour la deuxiĂšme,... et 2n â1pour la derniĂšre.
Que signiïŹe calculer une somme ? Calculons maintenant la somme proposĂ©e et pour cela, posons nous dâabord la
question : que signiïŹe la phrase « calculer la somme Sn» ? Calculer 1+3+5consiste Ă eïŹectuer les deux additions pour
obtenir 9. De mĂȘme, calculer 1+3+... + (2n â1)consiste Ă eïŹectuer les nâ1additions et donc Ă exprimer le rĂ©sultat
sous une forme nâutilisant plus de pointillĂ©s.
Dans les paragraphes suivants, on décrira quelques techniques de calculs de somme. Ici, en calculant les premiers termes,
nous allons essayer de deviner une formule gĂ©nĂ©rale, formule que lâon dĂ©montrera ensuite par rĂ©currence.
c
îJean-Louis Rouget, 2018. Tous droits rĂ©servĂ©s. 2 http ://www.maths-france.fr