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Q u e l l e f o r m a t i o n i n i t i a l e e t conti n u e p our l e s p r o f e s s i o n n e l s é d u c a t i f s t r a v a i l l a n t e n IM E ?
Parallèlement, au regard de leurs diplômes et
place dans l’organisation, du projet d’établis-
sement, du projet associatif ou de l’employeur
public, la fonction de ces « professionnels
éducatifs » balance entre « prise en charge
éducative », « accompagnement social », « réfé-
rence de projet personnalisé ou projet indivi-
dualisé », « coordination d’équipe de
travailleurs sociaux », « animateur d’activités »,
combinaison de fonctions…
De fait, il semble évident que la question de
l’engagement dans un processus continu d’ac-
quisition de compétences et de savoirs s’impose,
et avec une nécessité particulière pour ce qui
est des IME au vu de l’évolution et des transfor-
mations importantes auxquelles ces établisse-
ments ont été confrontés, telles la diversification
des modes d’accueil, la spécialisation, la person-
nalisation des parcours.
Selon Claude Dubar 4, être professionnel est un
mode de socialisation fort « pour réaliser la
construction biographique d’une identité profes-
sionnelle et donc sociale, les individus doivent
entrer dans des relations de travail, participer
sous une forme ou sous une autre à des activités
collectives dans des organisations, intervenir
d’une manière ou d’une autre dans des jeux
d’acteurs ». On peut comprendre la difficulté à
se situer professionnellement, « géographique-
ment » ou/et « symboliquement » dans un orga-
nigramme et un fonctionnement au regard des
autres professionnels et en lien avec les jeunes
accueillis et les parents ou responsables légaux.
Par ailleurs, chaque corps professionnel, champ
disciplinaire, véhicule ses codes, son langage,
son histoire, est empreint d’enjeux… Psy -
chiatres, psychologues, infirmiers, assistants de
service social, enseignants spécialisés, encadre-
ment, orthophonistes, etc., ont un spectre d’in-
tervention, d’action, lié à une expertise et un
savoir reconnu, identifié, validé. Si l’on consi-
dère les éducateurs (au sens large) comme
professionnels éducatifs, ceux-ci, en France, ne
peuvent se référer à un cadre de référence scien-
tifique ou universitaire spécifique et reconnu, à
une technicité explicite, à des concepts du
« travail social ». Un « bon » éducateur est un
éducateur qui « fait », « la double contrainte
culpabilisante dans laquelle les éducateurs sont
emprisonnés, soit normaliser, intégrer, rentabi-
liser le non-normalisable, non-intégrable, non-
rentable, a conduit la profession à une religion
du “faire” 5».
Leur compétence doit être validée en acte, dans
le faire, dans l’action, la capacité à appréhender
des problématiques complexes, en discerner les
contours et enjeux, à les inscrire dans un ou
des projets et à socialiser les hypothèses envi-
sagées auprès d’autres professionnels dont ils
doivent préalablement avoir intégré les codes
et modes de communication faute de se voir
invalidés dans leur légitimité à faire émettre du
sens. Compétences et savoirs n’ont de réalité
effective que confrontés à leur évaluation. Dans
ce contexte, la question de la professionnalisa-
tion, de la formation (qu’elle soit initiale, conti-
nue, permanente) des professionnels, est un
enjeu fort des nouvelles organisations, mais
également de leur devenir et de la pertinence
de ce qui est engagé auprès des personnes
accueillies et accompagnées dans les services,
établissements ou pôles.
Au-delà des compétences et savoirs pertinents
pour des professionnels exerçant en institut
médico-éducatif, la question, semble-t-il, est
plutôt de savoir comment les acquérir. Ce qui
interroge tout à la fois les référentiels des diffé-
rentes formations et la place des employeurs,
des professionnels, mais aussi, au regard des
orientations du plan d’action interministériel
pour l’action sociale, des personnes accueillies,
dans leur élaboration. Quelle fonction « appre-
nante » des organisations ? Comment agir le
rôle de tuteur, de transmetteur d’une technicité,
mais également d’une culture, des profession-
nels entre eux, entre les générations, les secteurs
d’activité ?
Dans une profession où la fonction d’accompa-
gnement (cum panis) se combine avec celle
d’éduquer (ex ducere, conduire vers…, hors de…,
au sens d’émanciper, de s’élever), la question
de la recherche permanente du sens de l’action
(sociale, éthique, politique) participe des fonde-
ments mêmes de ce qui fait socle à l’acquisition
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