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¶ 42-473
Technique de l’ostéosynthèse costale
B. Marcheix, L. Brouchet, C. Renaud, J. Berjaud, M. Dahan
Le volet thoracique post-traumatique est une complication grave engageant le pronostic vital à court
terme du fait du risque d’insuffisance respiratoire aiguë. Après instauration d’un traitement
symptomatique optimal, et en cas d’aggravation du tableau respiratoire, différentes options
thérapeutiques doivent être envisagées, parmi lesquelles la stabilisation chirurgicale du volet par
ostéosynthèse costale. Les indications restent controversées, fonction d’école et finalement encore très
débattues. Reste qu’à condition d’indications bien posées, la stabilisation chirurgicale, toutes techniques
confondues, permet de diminuer la durée de la ventilation mécanique, de limiter la morbimortalité
hospitalière et les complications tardives mais également de réduire le coût de telles pathologies.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Traumatisme thoracique ; Volet costal ; Ostéosynthèse ; Agrafes de Judet ;
Attelles-agrafes de Martin-Borrelly ; Broches de Kirschner
Plan
¶ Introduction
¶ Définition
¶ Circonstances de survenue
Population
Circonstances de survenue
Mécanismes traumatiques
Lésions associées
¶ Physiopathologie de l’insuffisance respiratoire
¶ Formes anatomiques des volets thoraciques
Formes-types
Formes particulières
¶ Diagnostic
¶ Méthodes de traitement des volets
Traitement médical symptomatique
Ventilation mécanique
Fixation chirurgicale des volets
¶ Indications et contre-indications de l’ostéosynthèse
Topographie du volet
Évaluation de l’état du traumatisé
Lésions associées
Moment évolutif
Indications
¶ Technique de l’ostéosynthèse costale
Principes généraux
Conditionnement anesthésique préopératoire
Installation
Voie d’abord
Instrumentation spécifique
Thoracotomie et exploration endothoracique
Drainage de la cavité pleurale
Principes généraux de l’ostéosynthèse
Geste complémentaire
Fermeture
Pansement
Réveil et extubation
Techniques chirurgicales - Thorax
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¶ Matériels et techniques d’ostéosynthèse
Agrafes de Judet
Ostéosynthèses par attelles-agrafes à glissières de Borrelly
Broches de Kirschner
Autres techniques de stabilisations costales
¶ Suites opératoires
¶ Complications
Complications précoces
Complications tardives
¶ Conclusion
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10
■ Introduction
En dehors des cures chirurgicales de malformations de la
paroi et des pariétectomies faisant l’objet de chapitres spécifiques de ce traité, les traumatismes sont la principale cause
d’instabilité de la paroi thoracique. En pratique civile, 70 %
surviennent au cours d’accidents de la voie publique [1] et 9 à
15 % sont associés à un volet thoracique.
Le risque d’insuffisance respiratoire aiguë engage le pronostic
vital à court terme, tandis que tardivement, ces traumatismes
pariétaux peuvent être responsables de préjudices fonctionnels
ou esthétiques du fait de séquelles pleuropariétales ou de
l’impaction progressive du segment instable de la paroi
thoracique.
Lors de la prise en charge immédiate de ces volets thoraciques, différentes options thérapeutiques doivent être envisagées,
parmi lesquelles l’ostéosynthèse costale. Sous réserve d’indications bien posées, nécessitant une collaboration étroite et
précoce entre réanimateurs, chirurgiens thoraciques et radiologues, les procédures chirurgicales sont simples et rapides et
permettent d’escompter un bénéfice pour le patient en raccourcissant la durée de la ventilation mécanique et en limitant la
morbidité hospitalière et les complications à long terme des
volets thoraciques. [2-8]
1
42-473 ¶ Technique de l’ostéosynthèse costale
s’associe une lésion crânienne ou une lésion d’un membre, et
dans 12 à 20 % des cas, une lésion abdominale. [1, 12, 17]
■ Physiopathologie
de l’insuffisance respiratoire
Figure 1. Volet thoracique.
■ Définition (Fig. 1)
On appelle « volet thoracique » tout segment pariétal désolidarisé du reste de la paroi par une ou plusieurs séries de
fractures étagées. [9]
Pour mieux expliquer cela, Le Brigand décrivait « une solution
de continuité dans la rigidité pariétale », Couraud évoquait « un
segment de paroi désolidarisé du gril costal », et Eschapasse,
un « hublot pariétal ». [10]
■ Circonstances de survenue
Population
Les volets thoraciques sont l’apanage de l’adulte dont la paroi
a acquis une certaine rigidité. Chez le nourrisson et l’enfant, la
paroi étant cartilagineuse et souple, les fractures costales sont
rares, ce sont les lésions intrathoraciques qui prédominent. [11,
12] À l’inverse, chez le sujet âgé, la paroi étant rigide et fragile,
des lésions pariétales importantes peuvent être observées pour
des traumatismes mineurs. [12]
Circonstances de survenue
Les traumatismes thoraciques sont principalement rencontrés
dans le cadre des accidents de la voie publique (60 à 80 %). [1,
5, 12-14] Les accidents du travail, de sport et les accidents
domestiques constituent les autres principales causes. [1, 5, 12-14]
Les traumatismes thoraciques sont associés à un volet thoracique dans 5 à 15 % des cas. [1, 12] Le pronostic vital est alors mis
en jeu dans 25 % des cas. [15, 16]
Mécanismes traumatiques
Trois mécanismes lésionnels peuvent être impliqués. [17] La
contusion thoracique résulte d’un choc direct, l’impact est
localisé, les lésions associent fractures costales et complications
pleurales. L’écrasement, plus souvent antéropostérieur, est un
second mécanisme, les lésions sont alors souvent bilatérales,
l’hyperpression intrathoracique peut entraîner des lésions
intrathoraciques telles que des ruptures trachéales, bronchiques
ou diaphragmatiques. La décélération est le troisième mécanisme,
le risque est essentiellement celui de lésions intrathoraciques
graves au niveau des organes mobiles tels que le cœur, l’isthme
aortique ou le tronc artériel brachiocéphalique.
Lésions associées
Les traumatismes thoraciques s’intègrent deux fois sur trois
dans le cadre de polytraumatismes. Dans 30 à 50 % des cas, il
2
La respiration paradoxale fut longtemps tenue comme entièrement responsable de l’insuffisance respiratoire post-traumatique.
Dans la théorie classique, elle était décrite comme un enfoncement du volet dans le thorax en inspiration et une expansion
en expiration. Ce trouble de la mécanique ventilatoire était
considéré comme responsable d’un asynchronisme alvéolaire,
certaines alvéoles pouvant être en inspiration et d’autres en
expiration, et ce, de façon simultanée. La principale conséquence était un phénomène d’air pendulaire entre alvéoles,
responsable de la respiration d’un air vicié, ou concept de
rebreathing.
Cette théorie a été remise en question par de nombreuses
études expérimentales à l’origine d’une théorie moderne. [17-19]
Plus qu’une respiration paradoxale, il a été démontré qu’il
s’agissait d’une hypocinésie segmentaire au niveau du volet. Le
volet thoracique bouge dans le même sens que le reste de la
paroi thoracique mais à des amplitudes différentes, entraînant
une illusion d’optique. Il existe, cependant, bel et bien un
trouble de la mécanique ventilatoire lié à une diminution de la
rigidité pariétale, mais le mécanisme physiopathologique de
l’hypoxie n’est pas un rebreathing ; c’est une hypoventilation
alvéolaire sous-jacente.
À cela s’ajoutent d’autres éléments rendant l’hypoxie multifactorielle : la douleur pariétale, les épanchements pleuraux et
les contusions pulmonaires qui participent aussi à l’apparition
d’une hypoxie. En effet, la douleur limite les mouvements
respiratoires et les efforts de toux, les épanchements pleuraux
aériens ou liquidiens atténuent les secousses de la toux et
peuvent entraîner une anémie, enfin les multiples lésions de
contusion pulmonaire aboutissent à une altération du rapport
ventilation/perfusion par le biais d’un œdème péricontusionnel
responsable d’un shunt vrai. [20-22] L’hypoxémie secondaire
augmente alors l’encombrement bronchique, aboutissant à
l’établissement du cercle vicieux de l’insuffisance respiratoire
post-traumatique qui, précoce ou secondaire, évoluera pour son
propre compte. Ce tableau est encore aggravé par l’existence
d’une acidose métabolique secondaire au traumatisme et d’un
trouble de la conscience du fait de lésions encéphaliques
fréquemment associées.
■ Formes anatomiques des volets
thoraciques (Fig. 2)
[10]
Différentes classifications ont été proposées. [23] Nous retiendrons une classification simple basée sur les principales caractéristiques
physiopathologiques
et
sur
les
indications
thérapeutiques qui en découlent. [10] Cependant, les volets
mobiles sont plus définis par la perception clinique du centre de
la respiration paradoxale que par la localisation des traits de
fracture.
Formes-types
• Les volets antérieurs, potentiellement instables, associent
deux rangées de fractures au niveau des arcs costaux antérieurs gauche et droit ou au niveau chondrocostal. On
distingue les volets étroits et les volets larges. L’un des traits
de fracture peut siéger sur le sternum avec un trajet oblique
ou vertical.
• Les volets antérolatéraux sont délimités par une ligne de
fracture antérieure et une ligne latérale. On distingue les
volets étroits, pour lesquels les deux rangées de fractures sont
situées sur le même hémithorax, et les volets larges, pour
lesquels les deux rangées sont situées de part et d’autre du
sternum.
• Les volets postérieurs ou postérolatéraux sont caractérisés par
une ligne de fractures latérales et une ligne de fractures
Techniques chirurgicales - Thorax
Technique de l’ostéosynthèse costale ¶ 42-473
Figure 2. Classification anatomique des volets thoraciques.
postérieures. Ils sont généralement stables car recouverts par
la masse des muscles dorsaux. Ils peuvent devenir instables si
le trait de fracture latéral est situé en avant de l’arc costal
postérieur.
Formes particulières
Ces formes anatomocliniques particulières ne répondent pas
à la définition stricte du volet thoracique dans la mesure où il
n’existe pas deux rangées de fractures costales. En revanche, les
mécanismes physiopathologiques mis en jeu et les nécessités
thérapeutiques sont ceux des formes-types.
• Les volets à charnière controlatérale ou en « battant de
porte » sont caractérisés par une seule rangée de fracture au
niveau des arcs costaux antérieur ou moyen. Ils peuvent
devenir mobiles du fait de la souplesse chondrocostale
antérieure.
• Les volets bilatéraux.
• Les thorax mous sont caractérisés une multitude de traits de
fractures échappant à toute systématisation. Le cas typique est
celui d’une personne piétinée par un taureau.
■ Diagnostic
• L’examen clinique reste l’élément fondamental de l’évaluation des traumatisés du thorax. Il recherche une altération de
la mécanique ventilatoire pariétale et surtout son retentissement sur la fonction respiratoire. L’examen clinique doit
rester l’élément déterminant de la décision thérapeutique, les
examens complémentaires ne venant que compléter ou
préciser l’appréciation clinique. Lui seul permet une localisation du trouble de la mécanique ventilatoire.
• La radiographie du thorax doit encore être systématique.
C’est l’examen morphologique de base. Son but n’est pas un
bilan exhaustif des lésions pariétales qu’elle situe mal et sousestime dans 30 à 50 % des cas. [24] Elle permet de retrouver
les complications pleurales nécessitant une prise en charge
immédiate ou différée et de soupçonner d’éventuelles lésions
associées (rupture diaphragmatique, contusion pulmonaire,
lésion de l’axe trachéobronchique, etc.).
• La tomodensitométrie est devenue, aujourd’hui, un examen
de référence, pratiqué en urgence en cas de discordance
radioclinique ou de suspicion de lésions potentiellement
graves. [24] Elle permet un bilan lésionnel squelettique
complet, la recherche de lésions viscérales associées (isthme
aortique et tronc supra-aortique, diaphragme, bronches,
trachée, œsophage, rupture péricardique, etc.). [24] C’est le
Techniques chirurgicales - Thorax
meilleur examen d’évaluation des contusions pulmonaires,
élément déterminant dans le choix thérapeutique, [25, 26]
qu’elle ne sous-estime que dans 8 % des cas.
■ Méthodes de traitement
des volets
Quatre options thérapeutiques sont à envisager en cas de
traumatismes thoraciques.
À l’exception de rares volets antérieurs pouvant justifier une
suspension sternale, les traitements orthopédiques des volets
thoraciques sont de moins en moins utilisés. Il reste trois
options thérapeutiques.
Traitement médical symptomatique
C’est la première étape du traitement ; il doit être systématiquement mis en place en associant un traitement antalgique,
une évacuation des épanchements pleuraux (drainage ou
ponction), une kinésithérapie respiratoire et plus largement une
lutte contre l’encombrement bronchique. Peut s’ajouter la
ventilation mécanique non invasive (VNI), permettant tout à la
fois d’optimiser la kinésithérapie respiratoire et de traiter les
détresses respiratoires débutantes.
Ventilation mécanique
Elle permet de traiter l’insuffisance respiratoire et le volet
thoracique en s’opposant aux forces de rétraction. Elle a été
souvent qualifiée de « stabilisation pneumatique interne ». [27] Les
principales limites sont les risques infectieux liés à une ventilation prolongée et l’impossibilité de réduire à elle seule les
grandes déformations, avec des risques de séquelles morphologiques et de restriction respiratoire.
Fixation chirurgicale des volets
C’est la troisième option thérapeutique. Elle permet de
réaliser une toilette pleurale, un drainage optimal et d’obtenir
une réduction anatomique et stable du foyer de fracture,
restaurant ainsi une rigidité pariétale. Ces méthodes nécessitent
une anesthésie générale, une voie d’abord souvent importante
et l’implantation de matériels d’ostéosynthèse. Le principal
avantage est de transformer un « thorax mou » en un « thorax de
thoracotomie », réduisant ainsi la durée de la réanimation.
3
42-473 ¶ Technique de l’ostéosynthèse costale
■ Indications et contre-indications
de l’ostéosynthèse (Fig. 3)
blessé : traumatisme crânien responsable d’un trouble de la
conscience durable, contusion pulmonaire étendue responsable
d’une insuffisance respiratoire, [3, 5, 29] lésion rachidienne et/ou
médullaire. D’autres, au contraire, nécessitant un abord chirurgical endothoracique (rupture de l’aorte isthmique, rupture
péricardique, des voies aériennes ou diaphragmatique, etc.)
peuvent justifier une ostéosynthèse dite « de passage ».
L’ostéosynthèse de la paroi thoracique a pour but de supprimer la mobilité pariétale anormale. Le principal objectif est
d’assurer la solidité pariétale et d’autoriser, par son effet
antalgique, la mobilisation précoce du blessé, lui permettant de
participer activement à sa réhabilitation respiratoire.
Différents facteurs sont à prendre en compte dans la décision
thérapeutique, au premier rang desquels : la topographie du
volet, l’état du traumatisé, les lésions associées et le moment
évolutif. [28]
Moment évolutif
Toutes les localisations ne se prêtent pas au traitement
chirurgical. Seuls les volets donnant lieu à une instabilité
pariétale entraînant une insuffisance respiratoire sont à prendre
en compte. Le centre de la respiration paradoxale, ou plutôt de
l’hypocinésie segmentaire, détermine la topographie du volet. Il
s’agit principalement des volets latéraux et antérolatéraux, les
volets postérieurs sont rarement instables, et les volets antérieurs étroits difficilement réparables. [23] De la même façon, les
véritables thorax mous, échappant à toute systématisation
anatomique, sont au-delà de toute ressource chirurgicale.
L’idéal est une prise en charge chirurgicale avant la 72e heure.
Au-delà, l’engrènement des foyers de fractures gênera la réduction, constituant ainsi une contre-indication relative. Il s’agit,
également, de proposer une ostéosynthèse chirurgicale avant
l’apparition d’un cercle vicieux d’insuffisance respiratoire posttraumatique. Dans les cas difficiles associant un encombrement
bronchopulmonaire avec une toux devenue inefficace, l’intubation est nécessaire. Si la gazométrie artérielle ne s’améliore pas
vite et franchement, et si l’encombrement persiste malgré la
correction de l’hypoxie, il s’agit d’un mauvais candidat à
l’ostéosynthèse : la ventilation mécanique s’impose. Dans le cas
contraire, une amélioration rapide vers une fonction respiratoire
normale compatible avec une réhabilitation respiratoire postopératoire (et l’absence de lésion associée nécessitant une
sédation prolongée) doit être un argument en faveur d’une prise
en charge chirurgicale.
Évaluation de l’état du traumatisé
Indications
Seuls les patients « sthéniques », c’est-à-dire pouvant participer activement à leur réhabilitation postopératoire, sont de bons
candidats pour l’ostéosynthèse. À l’opposé, les sujets « asthéniques », altérés par de mauvaises conditions physiologiques (âgé,
obèse, insuffisant respiratoire majeur) ou par une lésion associée
sont des contre-indications relatives à l’ostéosynthèse.
Elles restent très discutées, fonction d’école et parfois sujettes
à controverses, ce d’autant que seulement de rares études ont
comparé les résultats des deux techniques les plus couramment
utilisées que sont la ventilation mécanique prolongée et
l’ostéosynthèse costale. [2, 4, 30] Trois indications sont cependant
retenues par la plupart des auteurs : l’ostéosynthèse de passage, [1] la réduction de grand fracas pariétaux et l’ostéosynthèse
primaire de volets thoraciques isolés, c’est-à-dire non associés à
d’autres lésions nécessitant une sédation prolongée, et entraînant à eux seuls une décompensation respiratoire malgré une
prise en charge médicale optimale. [5, 6] Dans tous les cas, ces
Topographie du volet
Lésions associées
Certaines sont des contre-indications à l’ostéosynthèse car
elles réduisent ou suppriment les possibilités de coopération du
Figure 3. Arbre décisionnel. Ostéosynthèse
ou ventilation mécanique.
Volet thoracique instable vu dans les 72 heures
Lésion associée
nécessitant une
thoracotomie
Déformation pariétale
majeure avec impaction
Indication d'ostéosynthèse
Autres cas avec retentissement respiratoire
Ostéosynthèse
Ostéosynthèse de passage
1. État physiologique de base
Sujet sthénique ?
Oui
Non
Ventilation mécanique
2. Lésion associée
nécessitant une
sédation prolongée ?
Ventilation mécanique
Oui
Non
3. Contusion pulmonaire
étendue ?
Ventilation mécanique
4
Oui
Non
Ostéosynthèse
Techniques chirurgicales - Thorax
Technique de l’ostéosynthèse costale ¶ 42-473
indications sont à discuter au cas par cas et nécessitent une
collaboration étroite et précoce entre réanimateurs, chirurgiens
thoraciques et radiologues.
■ Technique de l’ostéosynthèse
costale
Principes généraux
L’ostéosynthèse costale doit être conçue comme une procédure en plusieurs temps opératoires, ne se contentant pas de
traiter les lésions osseuses. Il s’agit de pratiquer, à la fois, une
exploration endothoracique exhaustive, une toilette pleurale, un
drainage optimal de la cavité pleuropulmonaire et une fixation
pariétale anatomique.
Conditionnement anesthésique
préopératoire
Le principe est une anesthésie générale avec intubation
sélective et exclusion pulmonaire du côté du volet chez un
patient stabilisé au plan hémodynamique et respiratoire.
L’idéal est d’associer une anesthésie péridurale dorsale en
prévision de la prise en charge antalgique postopératoire, et ce
de façon à favoriser extubation et réhabilitation respiratoire
précoces.
Installation
La préparation cutanée doit être soignée (tonte et détersion),
en particulier pour ces patients difficilement mobilisables avant
l’anesthésie.
L’installation est déterminée par le choix de la voie d’abord
et de la stratégie opératoire. Il s’agit le plus souvent d’une
installation de thoracotomie postérolatérale, avec appui pubien
et appui fessier, le bras supérieur étant laissé ballant. Le champ
opératoire doit être large, du sternum en avant, au rachis en
arrière, et s’étendant, en haut, jusqu’à la jonction
cervicothoracique.
Plus rarement, le patient est installé en décubitus dorsal en
cas de thoracotomie antérolatérale bilatérale par exemple.
La principale difficulté est la prise en compte des lésions
associées dans l’installation du patient (fractures et tractions des
membres inférieurs, lésion rachidienne, etc.).
Voie d’abord
Une étude attentive du scanner thoracique permet de mettre
en place une tactique chirurgicale pertinente. [9] La thoracotomie doit être centrée sur le volet et large pour permettre un
bilan complet et une bonne exposition des lésions. Les thoracotomies atypiques doivent être évitées.
La voie d’abord habituelle est une thoracotomie postéroantérieure en « S », passant le plus près possible du centre du volet
et pouvant au besoin être agrandie en haut et en arrière en voie
de thoracoplastie avec section du muscle trapèze (voie de
Paulson). Les thoracotomies préservant tout ou partie du muscle
grand dorsal n’ont pas leur place, car elles ne permettent pas un
abord suffisant de l’ensemble du gril costal lésé.
D’autres voies d’abord peuvent être utilisées : les thoracotomies antérolatérales chez un patient en décubitus dorsal
permettent l’abord des fractures antérieures ou antérolatérales,
de même que le traitement des lésions parasternales ou sternales. Un abord bilatéral est rarement nécessaire.
Instrumentation spécifique
Les principaux instruments spécifiques sont les écarteurs
permettant de soulever la scapula et les différents ancillaires
d’ostéosynthèse.
En début de procédure, un aide peut soulever la scapula à
l’aide d’un écarteur d’Ollier. Par la suite, une valve de thoracoplastie reliée par une chaînette à un piquet de Toupet fixé à la
table permet une bonne exposition du gril costal.
Techniques chirurgicales - Thorax
Les différents matériels d’ostéosynthèse seront détaillés au
chapitre de l’ostéosynthèse.
Thoracotomie et exploration
endothoracique
Le but de ce temps est de réaliser une exploration endothoracique exhaustive, une toilette pleurale et la mise en place de
drains endothoraciques, et ce sans aggraver les lésions par la
mise en place d’un écarteur.
L’ouverture de la plèvre est indispensable. Elle se fait au
centre du volet en incisant l’espace intercostal choisi au bord
supérieur de la côte inférieure. Une réduction préalable de cette
côte à l’aide de deux pinces de Museux avant toute incision
permet de rétablir les repères anatomiques normaux et d’éviter
toute lésion supplémentaire du pédicule intercostal.
Les épanchements sont évacués, la cavité pleurale est
décaillotée et lavée au sérum physiologique tiède.
Il est capital de ne pas « se laisser impressionner » par les
lésions pulmonaires. [10] Il faut se contenter de gestes simples,
allant de points d’hémostase ou d’aérostase (sutures bronchiolaires ou capitonnage) à des résections atypiques limitées par
apposition de pinces à agrafage automatique. Les contusions, les
hématomes doivent être respectés. En dehors des exceptionnels
cas de fracture pulmonaire, les lésions parenchymateuses ne
justifient pratiquement jamais une exérèse ; ce type d’intervention étant souvent difficile (même pour un spécialiste, en raison
des infarcissements pulmonaires et/ou pédiculaire) et inutile car
la cicatrisation de ces lésions est rapide. Les exérèses plus larges
ne doivent être pratiquées que contraint et forcé en cas d’échec
des mesures chirurgicales simples.
Une attention toute particulière doit être accordée à l’exploration du diaphragme, de l’isthme aortique, du péricarde et de
l’axe trachéobronchique. Toute lésion découverte à cette
occasion doit être réparée dans le même temps opératoire.
Enfin, l’ouverture de la cavité pleurale permet un bilan des
lésions osseuses par un palper bimanuel : une main endothoracique, l’autre à la surface du gril costal.
Drainage de la cavité pleurale
La thoracotomie permet un drainage optimal de la cavité
pleurale. Deux drains doivent être mis en place avant de
débuter tout geste pariétal. Un drain antérieur et supérieur et un
drain postérieur et inférieur sont classiquement fixés au feuillet
pleural pariétal de façon lâche par deux points de fils
résorbables.
Principes généraux de l’ostéosynthèse
Le principe est de rétablir la morphologie et la rigidité costale
en remettant les côtes fracturées dans leur continuité tout en
conservant leur mobilité physiologique. C’est en somme
appliquer aux côtes un principe d’orthopédie générale.
Le but est de fixer le plus grand nombre de foyers de fractures
de manière à obtenir une réduction à peu près anatomique et
surtout de supprimer la mobilité tout en redonnant une stabilité
à la paroi thoracique. Il est donc souhaitable de synthéser tous
les foyers latéraux de la 4 e à la 8 e côte et tous les foyers
antérieurs de la 4e à la 7e côte. La synthèse des foyers postérieurs est moins importante pour la stabilité mais peut être
nécessaire en cas de déplacement important menaçant le
parenchyme pulmonaire, ou de grande instabilité pariétale.
Au-dessus de la thoracotomie, les foyers de fracture proximaux sont synthésés de haut en bas jusqu’à l’espace intercostal
ouvert, au-dessous de la thoracotomie, les fractures sont
synthésées de bas en haut.
Geste complémentaire
Un blocage des nerfs intercostaux par injection de Naropeine® dans chaque espace, à quelques centimètres du rachis,
peut être effectué.
La cavité pleurale est abondamment lavée au sérum chaud et
les drains pleuraux sont immédiatement mis en aspiration.
5
42-473 ¶ Technique de l’ostéosynthèse costale
Fermeture
Variante (Fig. 4E)
La thoracotomie est refermée par des fils tressés résorbables
de gros calibre passant à distance des foyers de fracture. La
fermeture se poursuit, classiquement, plan par plan.
Un drainage complémentaire de la paroi thoracique, en
particulier des espaces scapulothoraciques, s’impose en cas de
contusion importante des parties molles. L’idéal est alors la mise
en place de drains de Redon® de gros calibre (16 ou 18) au sein
des décollements pariétaux.
Il est possible, en cas de perte de substance, de réaliser un
pont entre deux agrafes par une troisième agrafe de Judet. [28]
Pansement
Un pansement compressif débordant sur la ligne médiane en
avant et en arrière est mis en place, permettant de compléter
l’hémostase d’une paroi contuse, évitant la constitution d’épanchements entre les différents plans de glissement de la paroi
thoracique, et complétant l’étanchéité de la fermeture pariétale.
Réveil et extubation
Un réveil calme, sans agitation et sans effort de toux inconsidéré est souhaitable pour ne pas favoriser un démontage
précoce de l’ostéosynthèse. Une prise en charge immédiate de
la douleur, c’est-à-dire dès la période pré- et périopératoire,
permet d’envisager une extubation précoce et permet une
participation active de l’opéré à sa réhabilitation respiratoire.
.1
Il s’agit d’une technique simple, permettant une réduction
anatomique des foyers de fracture, rétablissant la rigidité costale
et préservant la mobilité articulaire des côtes.
Inconvénients
Le principal inconvénient est la nécessité d’un abord direct de
tous les foyers de fracture et donc de larges voies d’abord. Le
risque potentiel d’infection du matériel d’ostéosynthèse et la
possibilité de la persistance de la douleur à long terme nécessitant une ablation de matériel sont deux autres inconvénients
liés à la mise en place de matériel.
Ostéosynthèses par attelles-agrafes
à glissières de Borrelly [33, 34] (Fig. 5)
Un système d’ostéosynthèse original par attelles-agrafes a été
proposé, en 1983, par Martin et Borrelly. [33-35]
Matériel (Fig. 5A à C)
■ Matériels et techniques
d’ostéosynthèse
Ce matériel comprend des petites agrafes à une seule paire de
griffes et munies d’une glissière, des attelles rectilignes de
longueur variable (70, 90, 110, 140, 170 et 200 mm) se plaçant
dans les glissières, des raccords à glissière pouvant relier deux
attelles avec des raccords rectilignes et des raccords d’angulation
variable droite ou gauche, de 15, 25, 35, ou 45°.
Agrafes de Judet
Ancillaire
(Fig. 4)
Judet a décrit, en 1972, un système d’ostéosynthèse costale par
agrafage. Chaque agrafe immobilise un foyer de fracture. [31, 32]
Matériel (Fig. 4A à C)
Différents modèles d’agrafes sont disponibles, de différentes
largeurs (12 à 24) et de différentes longueurs avec deux ou trois
paires de griffes à chaque extrémité. Les griffes sont asymétriques, formant d’un côté un angle aigu (destiné au rebord
inférieur de la côte) et de l’autre un angle ouvert (supérieur),
parfaitement adaptées à la morphologie costale latérale. En effet,
en arrière, la section costale est ronde, ceci ne permettant pas
une bonne prise des agrafes.
Ancillaire (Fig. 4E)
Trois pinces permettent de sertir les agrafes sur les côtes : une
pince droite et deux pinces coudées, l’une sur le plat, l’autre sur
la tranche.
Choix du matériel
Le type d’agrafe doit être choisi en fonction de l’épaisseur de
la côte et du type de fracture (agrafes longues à trois paires de
griffes en cas de foyer oblique ou comminutif). Le choix de la
taille de l’agrafe est capital. Il faut qu’une fois impactée sur le
rebord inférieur de la côte, la partie supérieure de l’agrafe
vienne s’encliqueter sur le rebord supérieur. En effet, une agrafe
trop grosse se déformera à la pose et se descellera.
Technique d’implantation
.
Avantages
Les foyers de fractures sont exposés au bistouri électrique, les
uns après les autres, de part et d’autre du foyer, sur une
longueur comparable à celle de l’agrafe et en préservant au
maximum les insertions des muscles intercostaux. Les éventuelles interpositions au niveau des foyers de fracture sont nettoyées
à la curette. Les fractures costales sont réduites les unes après les
autres sur l’agrafe en utilisant une pince de Museux comme un
davier et en disposant les griffes de part et d’autre du foyer.
L’agrafe est sertie sur la côte par serrage des griffes avec un
mouvement de bas en haut et de manière très progressive afin
de ne pas aggraver les lésions osseuses.
6
Cinq pinces, destinées à sertir ou à dessertir les glissières, à
sertir les agrafes et à modeler les assemblages constituent
l’ancillaire.
Choix du matériel
Les attelles sont confectionnées sur place et doivent s’adapter
au cas par cas, c’est-à-dire aux formes, aux orientations et aux
mensurations. Elles résultent d’un assemblage plus ou moins
complexe des différents implants. Il s’agit de confectionner
« l’attelle-agrafe » avant de la mettre en place sur le foyer de
fracture réduit. Il faut donc choisir la longueur de l’attelle et
d’un éventuel raccord (sorte de prolongateur) et sertir l’attelle
dans la glissière des différentes agrafes.
Technique d’implantation
La souplesse du métal qui les compose permet le modelage de
la courbure suivant les faces (d’enroulement), et de la courbure
suivant l’axe (de torsion) ; il est indispensable de n’effectuer de
modelage qu’après confection de l’attelle-agrafe. Il est impératif
que l’axe de l’attelle soit parallèle à l’axe de la côte dans la zone
d’ancrage, d’où l’importance du bon choix du raccord angulaire
pour l’ancrage dans la région du plastron. Les foyers de fracture
ne sont abordés qu’au niveau de l’implantation des agrafes, de
la même façon que pour les agrafes de Judet. Enfin, les attellesagrafes sont serties sur les côtes et maintiennent le foyer en
position anatomique. L’agrafe brise légèrement les bords de la
côte, surtout dans la zone où elle est très aplatie, mais il faut
toujours serrer très fort la pince. Dans la zone cartilagineuse, le
cartilage est très proche de la forme cylindrique, il doit également être légèrement échancré par l’agrafe.
Avantages
Le principal intérêt est la polyvalence du matériel avec la
possibilité de nombreux montages s’adaptant à toutes les
situations. Les attelles-agrafes courtes réalisent des ostéosynthèses focales à la manière des agrafes de Judet. Les attelles-agrafes
longues éventuellement associées à des raccords angulaires en
avant constituent des arcs-boutants amarrés de part et d’autre
du volet, permettant de le suspendre dans sa partie centrale à
l’aide d’une agrafe.
Techniques chirurgicales - Thorax
Technique de l’ostéosynthèse costale ¶ 42-473
Figure 4. Ostéosynthèse par agrafes de Judet.
A à E. Matériel.
F. Résultat radiographique.
Inconvénients
Broches de Kirschner [10,
Aux inconvénients des agrafes de Judet s’ajoutent une mise
en place un peu plus complexe que pour l’agrafage simple
et un manque de solidité. Il est à noter que le matériel
se casse plus fréquemment lorsqu’on utilise des attelles
longues.
Matériel
Techniques chirurgicales - Thorax
36-38]
(Fig. 6)
Les broches de Kirschner doivent avoir un calibre suffisant
pour permettre une certaine rigidité des montages. En pratique,
seules des broches de calibre 18 à 20 doivent être utilisées.
7
42-473 ¶ Technique de l’ostéosynthèse costale
Figure 5. Ostéosynthèse par attelles-agrafes
de Martin-Borrelly.
A à C. Matériel.
D. Résultat radiographique.
Ancillaire
Les broches sont montées sur une poignée américaine à main,
une pointe carrée et une pince coupante permettant de sectionner la portion non utilisée des broches.
Technique chirurgicale
Il s’agit de pratiquer un « enclouage centromédullaire » de la
côte passant par le foyer de fracture. L’ostéosynthèse des
fractures est guidée par la main endothoracique qui réduit et
contrôle les foyers (Fig. 6A). Deux pinces de Museux tenues par
l’aide peuvent fixer la réduction avant l’embrochage (Fig. 6B,
C). Le périoste costal est incisé au bistouri électrique à trois
travers de doigt du foyer. Un orifice est percé dans la corticale
externe à la pointe carrée. Une broche de Kirschner montée sur
une poignée est introduite dans le canal médullaire qui la guide.
Elle traverse le foyer de fracture et accroche la table interne de
la face costale quelques centimètres plus loin. La broche est
sectionnée au ras de la côte à l’aide d’une pince coupante plate
(Fig. 6D).
Avantages
Cette technique peut être facilement mise en œuvre sans
ancillaire spécifique. Il est possible de pratiquer des ostéosynthèses percutanées, notamment au niveau des foyers de fracture
extrême, permettant ainsi de réduire la voie d’abord.
Inconvénients
Les ostéosynthèses exclusivement réalisées par broches de
Kirschner restent souvent instables, en particulier en cas de
foyers de fracture comminutifs. La principale complication est
la migration qui peut être dramatique lorsqu’elle rencontre un
gros vaisseau, moins lorsqu’elle apparaît sous la peau. Son
ablation est alors simple. Tous ces inconvénients en font une
méthode de dernier recours.
Autres techniques de stabilisations costales
• Ostéosynthèse par différents types de plaques vissées avec ou
sans compression [5, 14, 39-41] (Fig. 7) : pratiquée par certaines
8
équipes avec de très bons résultats, cette technique repose sur
l’utilisation de procédés directement issus de la chirurgie
orthopédique. L’avantage serait une grande stabilité des
montages, y compris pris isolément. Le principal inconvénient est lié à la lourdeur de sa mise en place avec la nécessité d’utilisation d’un moteur permettant de perforer les côtes
et de mettre en place des vis corticales nécessitant une
mesure de chaque trou et un taraudage des corticales.
• Autres types d’agrafes : ils ont été proposés par différents
auteurs ; leur utilisation est largement moins répandue. [42, 43]
• Ostéosynthèse par matériel synthétique résorbable. [44, 45]
■ Suites opératoires
Le principal objectif de l’ostéosynthèse costale reste l’extubation précoce devant survenir quelques heures après l’intervention chez un patient normotherme, stable au plan hémodynamique respiratoire et après avoir écarté toute complication
hémorragique intrathoracique.
Une prise en charge antalgique optimale est alors indispensable pour permettre à l’opéré thoracique une participation active
et précoce à sa réhabilitation respiratoire favorisée par une
mobilisation elle aussi précoce au fauteuil. La kinésithérapie
respiratoire doit alors être efficace après stabilisation pariétale.
La réanimation hydroélectrolytique doit être maintenue sur
un versant sec, se contentant de compenser les pertes volume à
volume, en particulier en cas de contusion pulmonaire associée,
dont le retentissement maximal sur l’hématose survient autour
de la 48e heure.
■ Complications
Outre les complications classiques de toute chirurgie thoracique que sont les épanchements pleuraux aériques ou liquidiens,
les fistules bronchopleurales responsables d’un bullage persistant
et autres complications postopératoires infectieuses ou thromboemboliques, certaines complications sont spécifiques des
Techniques chirurgicales - Thorax
Technique de l’ostéosynthèse costale ¶ 42-473
Figure 6. Ostéosynthèse par broches de Kirschner : technique et résultat radiographique (A à
F).
procédures d’ostéosynthèse costale. Ces complications peuvent
être réparties en deux grandes catégories : précoces ou tardives.
Complications précoces
Collections intrapariétales
Elles sont liées à la contusion des parties molles de la paroi
thoracique. Elles favorisent les infections de paroi. Elles doivent
Techniques chirurgicales - Thorax
être normalement évitées par un drainage pariétal associé à un
pansement compressif dont la réfection ne doit être effectuée
qu’au 5e jour postopératoire.
Infections
Les infections de la voie d’abord sont favorisées par une
mauvaise préparation cutanée et l’apparition de collections
postopératoires. Leur principal risque est lié à la présence sous-
9
42-473 ¶ Technique de l’ostéosynthèse costale
Retard de consolidation et pseudarthrose
Il s’agit de complications rares en cas d’ostéosynthèse. La
principale raison serait la persistance d’interposition de fibres
musculaires au niveau des foyers de fracture. Un curetage des
foyers permet d’éviter ce type de complication.
Séquelles respiratoires des traumatismes
du thorax
Tout traumatisme thoracique est responsable de séquelles
fonctionnelles respiratoires et motrices. La thoracotomie et plus
encore les fractures multiples de côtes peuvent entraîner des
douleurs, des paralysies intercostales ainsi que des accolements
pleuraux anarchiques. Ce type de complication doit être limité
du fait de la toilette pleurale, d’un drainage optimal et d’une
réduction anatomique et stable des foyers de fracture. Au
maximum, il peut s’agir d’une véritable insuffisance respiratoire
chronique postostéosynthèse ; celle-ci est d’autant plus marquée
qu’elle préexistait au traumatisme.
Séquelles fonctionnelles intéressant le membre
supérieur
Les délabrements musculaires thoraciques peuvent retentir sur
la mobilité du membre supérieur et peuvent être responsables
de véritables périarthrites scapulohumérales plus ou moins
invalidantes.
■ Conclusion
Le traitement chirurgical des lésions de la paroi thoracique, et
spécialement des volets thoraciques, reste l’objet de beaucoup
de discussions, notamment sur les indications. Lorsque ce
traitement est mis en place, il importe de pouvoir réaliser une
technique simple, ne nécessitant pas de matériel trop sophistiqué et permettant d’obtenir une bonne solidité de paroi.
L’ostéosynthèse chirurgicale des volets thoraciques ne doit
être ni considérée comme le traitement exclusif, ni au contraire
exclue systématiquement. C’est une alternative thérapeutique
intéressante pour certains patients capables de participer à leur
réhabilitation respiratoire. À condition d’indications correctement portées, la prise en charge chirurgicale permet, au prix de
procédures simples, de réduire la durée d’hospitalisation des
patients, la morbimortalité hospitalière liée à la ventilation
mécanique prolongée et les séquelles des traumatismes
thoraciques.
Figure 7.
Ostéosynthèse par plaques vissées (A à D).
■ Références
[1]
[2]
jacente de matériel d’ostéosynthèse. Il est donc indispensable de
prendre toutes les précautions nécessaires en termes de préparation cutanée, de drainage pariétal et d’antibioprophylaxie pré-,
per- et postopératoire.
Démontage de l’ostéosynthèse
Les démontages peuvent survenir précocement en cas de
réveil agité ; il est alors indispensable de rétablir une réparation
pariétale anatomique et stable.
[3]
[4]
[5]
Complications tardives
[6]
Douleurs
Comme après toute thoracotomie, des zones pariétales
douloureuses peuvent persister plus ou moins longtemps, et ce
en rapport avec des lésions des pédicules intercostaux. D’autres
types de douleurs peuvent être dus à la présence du matériel
d’ostéosynthèse, notamment lors d’un démontage tardif, en
particulier en cas de migration de broches de Kirschner.
10
[7]
[8]
[9]
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J. Berjaud, Praticien hospitalier.
M. Dahan, Professeur des Universités, chef de service* ([email protected]).
Service de chirurgie thoracique, Centre hospitalier universitaire Larrey – TSA 300 30, 24, chemin de Pouvourville, 31059 Toulouse cedex 9, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Marcheix B., Brouchet L., Renaud C., Berjaud J., Dahan M. Technique de l’ostéosynthèse costale. EMC
(Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Thorax, 42-473, 2005.
Disponibles sur www.emc-consulte.com
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