MAT 504: Alg`ebre appliquée Chapitre I: Congruence

MAT 504: Alg`ebre appliqu´ee
Chapitre I: Congruence et le code ISBN
Le but de ce chapitre est d’appliquer la congruence sur les entiers pour ´etudier le code
ISBN (c’est-`a-dire, International Standard Book Number), un syst`eme international de
num´erotation des livres, qui permet d’identifier chaque livre publi´e par un mˆeme ´editeur.
On verra que l’´etude de la relation de la congruence sur les entiers exige une application de
la th´eorie des nombres et la th´eorie des anneaux.
Partout dans ce cours, Nd´esigne l’ensemble des nombres naturels; Z, l’ensemble des
nombres entiers; Q, l’ensemble des nombres rationnels; R, l’ensemble des nombres r´eels; et
C, l’ensemble des nombres complexes.
1.1 Entiers
Le but de cette section est d’´etudier les proprit´et´es des entiers.
1.1.1. efinition. Pour tout αR, la partie enti`ere de α, not´ee [α] , est le plus grand
entier qui est plus petit ou ´egal `a α. C’est-`a-dire, [α]Ztel que [α]α < [α]+1.
Exemple. [8,75] = 8 et [2,4] = 3.
1.1.2. Lemme. Si α, β R, alors [α]+[β][α+β][α] + [β] + 1.
D´emonstration. D’abord, on a [α]α < [α] + 1 et [β]β < [β] + 1. D’o`u,
[α]+[β]α+β < [α]+[β] + 2. Comme [α]+[β]Z, on a [α] + [β][α+β]<[α] + [β]+2.
´
Etant un entier, [α+β][α]+[β]+1.La preuve du lemme s’ach`eve.
1.1.3. Th´eor`eme de la division. Soient a, b Z. Si b > 0, alors il existe deux entiers
uniques qet rtels que a=qb +r, 0r < b.
D´emonstration. On montrera premi`erement l’existence de qet r. D’abord, supposons
que a0. Posons q= [a
b] et r=bq a. Alors qa
b< q + 1.Comme b > 0, on a
qb a < bq +b. D’o`u, 0 r < b. Supposons maintenant que a < 0. Comme a > 0, on a
que a=qb +ravec 0 r < b. Donc a=qb r. Si r= 0, alors a= (q)b+r. Sinon,
a= (q1)b+ (br) avec 0 < b r < b.
On montrera maintenant l’unicit´e de qet r. Supposons que q1et r1sont deux entiers tels
que a=q1b+r1,0r1< b. On peut supposer que r1r. Alors 0 rr1= (q1q)b < b.
Comme b > 0, on a q1q0. Si q1q̸= 0, alors q1q1. Ceci implique que
1
b>rr1= (q1q)bb, une contradiction. Ainsi q1q= 0 et donc r1r= 0.
C’est-`a-dire, q=q1et r=r1. Ceci ach`eve la d´emonstration du th´eor`eme.
Remarque. (1) Les entiers qet rdans l’algorithm s’appellent le quotient et le reste de
adivis´e par b, respectivement. On note q=qb(a) et r=rb(a).
(2) Si rb(a) = 0, on dit alors que best un diviseur de a, not´e b|a.
Exemple. On veut trouver le quotient et le rest de 22 par 6. D’abord, en divisant 22
par 6, on obtient 22 = 3 ×6 + 4. Donc
22 = (3) ×64 = (3) ×66+64 = (4) ×6+2.
D’o`u, q6(22) = 4 et r6(22) = 2.
Soient a, b Znon tous nuls. Un entier ns’appelle commun diviseur de aet bsi n|a
et n|b; et dans ce cas, |n|≤|a|+|b|. Ainsi le nombre de commun diviseurs de a, b est fini.
Par cons´equent, il existe un plus grand commun diviseur de a, b, not´e pgcd(a, b). Comme 1
est toujours un commun diviseur de aet b, on voit que pgcd(a, b)1.
1.1.4. Th´eor`eme de Bachet-B´ezout. Soient a, b deux entiers non tous nuls. Si
d= pgcd(a, b), alors il existe des entiers x, y tels que ax +by =d.
D´emonstration. On peut supposer que ab > 0. Posons r0=aet r1=b. On effectue
une suite de divisions comme suit:
r0=q1r1+r2,0< r2< r1;
r1=q2r2+r3,0< r3< r2;
.
.
.
ri2=qi1ri1+ri,0< ri< ri1;
.
.
.
rt2=qt1rt1+rt,0< rt< rt1;
rt1=qtrt+rt+1,0 = rt+1.
D’abord, on pr´etend que rt|ri, pour i=t+ 1, t, . . . , 1,0. En effet, c’est ´evident pour
i=t+ 1, t. Supposons que ti > 0 et rt|rjpour j=t+ 1, t, . . . , i + 1, i. Comme
ri1=qiri+ri+1 et rt|riet rt|ri+1, on a voit rt|ri1. Ceci montre l’´enonc´e. En
particulier, rtest un commun diviseur de aet b. D’o`u, rtd.
Ensuite, on pr´etend que ri=axi+byi, o`u xi, yiZ, pour i= 0,1, . . . , t. C’est ´evident
pour i= 0,1. Supposons que 1 i < t et que l’´enonc´e est vrai pour j= 0,1, . . . , i 1, i. Or
ri+1 =ri1riqi=a(xi1+xi) + b(yi1yiqi).
2
Ceci ´etablit l’´enonc´e. En particulier, rt=axt+byt. D’o`u, d|rt, et drt.Par cons´equent,
d=rt=a xt+b yt.
Ceci ach`eve la d´emonstration du th´eor`eme.
Remarque. La d´emonstration du th´eor`eme de Bachet-B´ezout donne une technique,
appel´ee algorithme d’Euclide, pour trouver pgcd(a, b) et r´esoudre l’´equation
ax +by = pgcd(a, b).
Exemple. Consid´erons 196 et 60. Pour trouver x, y tels que 196x+60y= pgcd(196,60),
on effectue successivement les divisions suivantes:
196 = 60 ×3 + 16,(1)
60 = 16 ×3 + 12,(2)
16 = 12 ×1 + 4,(3)
12 = 4 ×3 (4).
D’o`u, pgcd(196,60) = 4. En outre,
4(3)
= 16 ×1 + 12 ×(1)
(2)
= 60 ×(1) + 16 ×4
(1)
= 196 ×4 + 60 ×(13).
Deux entiers non nuls a, b sont dits co-premiers si pgcd(a, b) = 1.
1.1.5. Corollaire. Soient a, b deux entiers non tous nuls.
(1) Si n|aet n|b, alors n|pgcd(a, b).
(2) Les entiers a, b sont co-premiers si, et seulement si, ax +by = 1 avec x, y Z.
D´emonstration. D’apr`es le th´eor`eme de Bachet-B´ezout, d=ax +by avec x, y Z. Si
n|aet n|b, alors n|ax et n|by. Ainsi n|d. La preuve du corollaire s’ach`eve.
Un entier nest ditpremier si n > 1 et nn’a que deux diviseurs positifs 1 et p. Par
exemple, les entiers 2,3,5,7,11,13,et 17 sont premiers, mais 1,4,6,et 9 ne le sont pas.
Voici des propri´et´es de nombres premiers.
1.1.6. Proposition. Soient p, a, b Zavec ppremier.
(1) Si p̸ | a, alors pgcd(p, a) = 1.
(2) Si p|ab, alors p|aou p|b.
3
D´emonstration. (1) Posons d= pgcd(p, a).Si p̸ | a, alors d̸=p. Comme pest premier,
on voit que d= 1.
(2) Supposons que p̸ | aet p̸ | b. D’apr`es l’´enonc´e (1), pgcd(p, a) = pgcd(p, b) = 1. D’apr`es
le corollaire 1.1.5, il existe x, y, u, v Ztels que ax +py = 1 et bu +pv = 1.Ceci donne
(ab)(xu) + p(axv +ybu +ypv) = 1.
D’papr`es le corollaire 1.1.5(2), pgcd(p, ab) = 1. D’o`u, p̸ | ab. la preuve de la proposition
s’ach`eve.
On a un crit`ere pour qu’un entier soit premier.
1.1.7. Lemme. Si n > 1 est un entier, alors nest premier si et seulement si nn’est
divisible par aucun nombre premier pqui est plus petit ou ´egal `a n.
D´emonstration. La necessit´e est trivial. Supposons que nn’est pas premier. Alors, il
existe un entier pavec 1 < p < n tel que n=pq avec qun entier. On peut supposer pest
le plus petit entier pour cette propr´et´e. Alors pest premier et pq. Or p2pq =n, d’o`u
pn. La preuve du lemme s’ach`eve.
Exemple. Le nombre 97 est premier.
D´emonstration. D’abord, 97 <100 = 10. Or, les nombres premiers 10 sont
2,3,5,7, qui ne sont pas diviseurs de 97. Donc, 97 est premier.
En appliquant le lemme 1.1.7, on obtient une m´ethode pour chercher les nombres premiers
plus petits ou ´egaux `a un entier donn´e. Pour un entier a, on note aN={an |nN}.
1.1.8. Crible d’´
Eratosth`enes. Soit N > 1 un entier.
(1) Posons E1={n|2nN}, dont le plus petit entier est p1= 2.
(2) Posons E2=E1\p1N, dont le plus petit entier est p2= 3.
(3) Posons E3=E2\p2N, dont le plus petit entier est p3= 5.
.
.
.
(n) Posons En=En1\pn1N, dont le plus petit entier est not´e pn.
Si p2
nN, on continue par posant En+1 =En\pnN.
Si p2
n> N, alors {p1, . . . , pn1} ∪ Enest l’ensemble des nombres premiers N.
Exemple. Trouver les premiers 60. D’abord, 60 <8.
4
2345678910
11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
31 32 33 34 35 36 37 38 39 40
41 42 43 44 45 46 47 48 49 50
51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
On trouve que les nombres premiers 60 sont les nombres suivants:
2,3,5,7,11,13,17,19,23,29,31,37,41,43,47,53,59.
1.1.9. Th´eor`eme d’Euclide. Il y a une infinit´e de nombres premiers.
D´emonstration. Supposons, au contraire, qu’il n’y a qu’un nombre fini de nombres
premiers, disons p1, . . . , pr. Posons n=p1···pr+ 1. Comme n > pi, pour tout 1 ir,
nn’est pas premier. D’apr`es le lemme 1.1.6, il existe au moins un piavec 1 irtel que
pi|n. Comme pi|p1···pr, on obtient pi|1, c’est absurde. La preuve du th´eor`eme s’ach`eve.
Remarque. Jusqu’`a f´evrier 2013, le plus grand nombre premier connu a 17,425,170
chiffres d´ecimales.
1.1.10. Th´eor`eme. Tout entier n(>1) admet une factorisation unique, appel´ee la
factorisation canonique, comme suit :
n=pe1
1···per
r, p1<··· < pr;e1, . . . , er>0,
o`u p1, . . . , prsont des nombres premiers.
D´emonstration. Il suffit de montrer que nadmet une d´ecomposition unique:
()n=p1p2···ps; avec p1p2≤ ··· ≤ ps,
o`u les pisont premiers. On proc`ede par r´ecurrence. Si n= 2, l’´enonc´e est ´evident. Supposons
que n > 2 et l’´enonc´e est valide pour tout entier mavec 1 < m < n. Si nest premier, l’´enonc´e
est valide. Sinon, n=ab avec 1 < a, b < n. Par l’hypoth`ese de r´ecurrence, a=a1···as
et b=b1···bt, o`u les ai, bjsont premiers. Ceci montre l’existence de la d´ecomposition ().
Supposons que na une autre d´ecomposition
(∗∗)n=q1q2···qt; avec q1q2≤ ··· ≤ qt,
o`u les qjsont premiers. Soit qle plus grand diviseur premier de n. En vue de la d´ecomposition
(*), on d´eduit de la proposition 1.1.6(2) que q=ps. De mˆeme, on a q=qt. Ceci donne
p1···ps1=q1···qt1.
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