envisageable de l’appliquer à un plus grand nombre de personnes. La mise en place de l’impôt mondial
permettrait également de lutter contre un fléau grandissant de nos économies, l’évasion fiscale, qui
techniquement est tout à fait contrôlable mais qui dans les faits perdure à cause du manque de volonté
politique. L’impôt proposé par Piketty permettrait ainsi de diminuer le poids des paradis fiscaux avec la
mise en place de sanctions automatiques aux banques et aux pays qui refuseraient d’étendre l’obligation
de transmission automatique à tous les actifs. Si ce nouveau prélèvement s’ajoute à ceux déjà existant,
c’est parce que l’auteur juge l’impôt sur le revenu insuffisant pour les « ultra-riches », car leurs revenus
fiscaux déclarés représentent pour le moment moins d’un centième de leur revenu économique. Imposer
sur le capital semble donc un meilleur indicateur de la capacité contributive des plus riches. Cependant,
utiliser cet outils seul serait trop extrême et mettrait une pression disproportionnée sur les contribuables
dont les rendements varient à la baisse, c’est donc pour cela que l’imposition sur l’héritage, le revenu et
le capital sont trois formes d’impositions complémentaires. Piketty propose par la suite la mise en place
de l’impôt sur le capital au niveau européen dans une premier temps, où au XXIème siècle le niveau de
patrimoine privé a atteint des sommets. Appliqué à 2,5% des contribuables (les plus fortunés), il pourrait
rapporter jusqu’à 2% du PIB européen. Pour la fixation du taux d’imposition, l’auteur propose d’ajuster
le degré de progressivité en fonction des rendements moyens, avec un taux minimum de 5% sur les
patrimoines les plus importants. Réaliste techniquement dans son application, il représenterait l’outils le
plus efficace pour la situation de l’Union Européenne, mais nécessite inévitablement une coopération
des institutions politiques européennes. L’auteur se lance par la suite dans l’impôt à travers l’histoire, où
il explique que la mise en place de chaque mesure fiscale a toujours été fonction du contexte économique
et politique. Sa critique des différentes formes d’impositions au cours de l’histoire montre qu’au final
l’impôt sur le capital semble logique nécessaire, mais difficile à mettre en place efficacement dans un
seul pays; c’est donc pourquoi l’auteur propose sa mise en place, à termes, au niveau mondial. Il existe
d’autres formes de régulation du capitalisme patrimonial, comme le protectionnisme et le contrôle des
capitaux. Le protectionnisme permet de protéger certains secteurs peu développés dans un pays donné,
mais l’histoire a su montrer que son utilisation trop poussée sur le long terme ne règle en rien le problème
de l’accumulation et la concentration de richesse du patrimoine. La Chine de son côté a pu voir avec la
crise asiatique que la dérégulation à outrance des marchés n’avait pas que du positif. C’est pour cela que
le pays pratique une régulation de ses capitaux, ne permettant pas à sa monnaie d’être convertie, et en
contrôlant les sorties et entrées de capitaux. Malgré ces mesures, cette régulation d’avère opaque et
instable. Cependant, le pays a mis en place un impôt progressif sur le revenu, lui permettant d’obtenir
des recettes fiscales et de les réinvestir dans des infrastructures publiques. Il serait possible de faire de
même avec un impôt progressif sur le capital, et serait même mieux armé que l’Europe par exemple pour
le mettre en place, le morcellement politique européen étant le plus grand frein à la mise en place de cet