Hormonothérapie du cancer du sein OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL CONTINU

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OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT
PROFESSIONNEL CONTINU
Hormonothérapie
du cancer du sein
en cas d’envahissement ganglionnaire initial (1, 4). L’actualisation
récente des essais avec IA a permis de conforter certains résultats
(tableau I). La dernière publication de l’essai ATAC a permis de
montrer que, après 100 mois de suivi, le bénéfice de l’anastrozole
persistait, en termes de survie sans métastase à distance, mais sans
incidence sur la survie globale (5). L’actualisation de l’essai BIG
1-98 a, de même, confirmé le bénéfice du létrozole (6). La substitution de l’exémestane au tamoxifène reste également bénéfique
à long terme (7). Enfin, les données actualisées de l’étude MA-17
(létrozole en relais, après 5 ans de tamoxifène) continuent à être
positives, avec cependant des interrogations délicates sur les causes
de mortalité compétitives, notamment cardio-vasculaires (8).
P. Cottu, P. de Cremoux
État des lieux
Les traitements hormonaux des cancers du sein sont les plus anciens
et ceux qui ont apporté le plus de bénéfice avec le meilleur rapport
bénéfice/risque. On distingue classiquement quatre situations, en
fonction du statut ménopausé ou non et du caractère précoce ou
avancé de la maladie.
Phase avancée, patiente non ménopausée
Phase précoce,
patiente non ménopausée
Depuis la méta-analyse de J.G. Klijn et al., le traitement hormonal
de référence dans cette indication est l’association castrationtamoxifène (9).
Le tamoxifène (20 mg/j pendant 5 ans) reste le standard en cas
d’indication de traitement hormonal avant la ménopause. Les
revues de la littérature et la conférence de consensus de Saint-Gall
ont confirmé cette indication (1, 2). Supprimer la fonction ovarienne
peut être utile ; la castration chirurgicale est considérée comme
la méthode de choix (1). La castration par agonistes de la LHRH
(luteinising hormone-releasing hormone) n’est pas supérieure au
tamoxifène et, surtout, n’a pas montré de bénéfice par rapport à
une association chimiothérapie-tamoxifène (3). Sa durée optimale
est inconnue.
Phase avancée, patiente ménopausée
Les IA sont également la référence dans cette indication (10). La
stratégie thérapeutique pour les patientes rechutant durant ou
après un traitement par IA n’est pas définie à ce jour.
Faits nouveaux
Phase précoce, patiente ménopausée
Les IA restent la référence et doivent être inclus à un moment ou
à un autre dans le schéma de traitement hormonal. Cependant, la
tolérance parfois mauvaise et le bénéfice globalement marginal des
IA font que le tamoxifène pour 5 ans reste une option acceptable
pour beaucoup. Parmi les stratégies possibles, on peut actuellement
identifier le traitement initial par IA, ou un traitement initial par
tamoxifène durant 2 à 3 ans suivi d’un IA pour un total de 5 ans,
ou enfin un relais par IA après 5 ans de tamoxifène, en particulier
Quelles avancées en hormonothérapie
avant la ménopause ?
L’introduction des IA avant la ménopause est une question ouverte.
Les premières tentatives de prescription chez des patientes âgées de
plus de 40 ans présentant une aménorrhée chimio-induite se sont
soldées par des taux élevés de retour à un statut non ménopausé,
Tableau I. Résultats actualisés des essais d’inhibiteurs d’aromatase en situation adjuvante.
Essai
n
Suivi (mois)
Survie sans maladie
Survie globale
ATAC
Anastrozole
6 186
100
HR = 0,85
p = 0,003
NS
BIG 1-98
Létrozole
8 028
51
HR = 0,82
p = 0,007
NS
IES
Exémestane
4 274
56
HR = 0,76
p = 0,0001
HR = 0,83
p = 0,05
MA-17
Létrozole
5 169
64
HR = 0,68
p = 0,0001
NS
NS : non significatif.
La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011 |
255
Hercep
OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT
PROFESSIONNEL CONTINU
Cancer du sein
Score du RE
Score du Ki67
1 mois, p = 0,27
8
1 mois, p = 1,95 x 10-5
8
6
6
4
4
2
2
0
0
Faible
intermédiaire
Élevé
Faible
Fin d’étude, p = 0,0001
intermédiaire
Élevé
Fin d’étude, p = 7,7 x 10-6
8
8
6
6
4
4
2
2
0
0
Faible
intermédiaire
Élevé
Faible
intermédiaire
Élevé
Figure 5. Scores du récepteur estrogénique et du Ki67 en fonction du score génomique de prolifération à 1 mois et au moment de l’intervention (18).
allant jusqu’à 27 % dans certaines séries (11). Une grande étude
randomisée, présentée lors du congrès 2008 de l’ASCO et publiée
depuis, a comparé tamoxifène et anastrozole chez des patientes
non ménopausées par ailleurs traitées par goséréline (12). Aucune
différence n’a pu être mise en évidence après 3 ans de traitement.
Il est difficile d’établir des recommandations, d’autant que les
éventuels suivis endocriniens biologiques sont techniquement
délicats et difficiles à reproduire.
Quelle gestion des effets indésirables
des inhibiteurs de l’aromatase ?
Les effets indésirables osseux des IA commencent à être mieux
connus. L’analyse des effets osseux observés dans l’étude IES montre
une augmentation rapide et pérenne de la résorption osseuse
et des marqueurs de formation (13). La sous-étude osseuse de
l’essai ATAC confirme ces résultats, en soulignant toutefois que
les patientes ayant une densité minérale osseuse initiale normale
ne deviennent jamais ostéoporotiques à 5 ans (14). Il existe des
recommandations pour prendre en charge l’ostéoporose induite
par les IA (15). Les effets indésirables cardio-vasculaires des IA sont
fréquents et parfois graves. La méta-analyse des essais randomisés
rapporte une fréquence de ces effets plus élevée que celle observée
avec le tamoxifène (HR = 1,31 ; p = 0,007) [16]. Ces effets sont
surtout cardio- et cérébro-vasculaires, et moins souvent thromboemboliques.
Comment la biologie
va-t-elle modifier nos pratiques ?
Les analyses complémentaires des essais ATAC et BIG n’ont pas
permis de dégager de sous-groupe bénéficiant plus particulièrement
des IA. Les études biologiques récentes, menées notamment sur
des modèles néo-adjuvants avec biopsies itératives, ont mis en
évidence que les tumeurs fortement proliférantes (définies par
analyse moléculaire à grande échelle [17, 18] ou par le niveau du
Ki67 [19, 20]) étaient vraisemblablement moins hormonosensibles
(figure 5, tableau II).
Tableau II. Résumé des faits nouveaux en hormonothérapie du
cancer du sein.
Question
Faits nouveaux
IA avant la ménopause
Aucune indication actuellement
Supériorité non démontrée
avant la ménopause
Effets indésirables
des IA
Effets osseux : gestion adaptée au risque
individuel et à la densitométrie initiale
Effets cardio-vasculaires : évaluer le risque
artériel avant prescription
Biologie tumorale
L’hormonosensibilité est inversement
proportionnelle à la prolifération
L’évaluation biologique répétée aidera
à la décision
Retrouvez l’intégralité des références bibliographiques sur notre site www.edimark.fr
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* Déf
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** Don
(1) RCP
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déclaré
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OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT
PROFESSIONNEL CONTINU
Cancer du sein
Références bibliographiques (suite de la p. 256)
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