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Introduction
● J. Auroux*
adénocarcinome du pancréas représente environ
90 % des tumeurs malignes du pancréas. Son incidence est plus élevée dans les pays industrialisés
et représente environ 3 % des cancers en Occident. En Europe,
son incidence est de 6,5 pour 100 000 hommes et 3,4 pour
100 000 femmes. Il est la cinquième cause de mortalité par cancer alors qu’il est le dix-septième cancer en incidence. Son pronostic est donc effroyable avec une espérance de vie à 5 ans de
1 %, tous stades confondus.
Ce mauvais pronostic s’explique en partie par des symptômes
souvent non spécifiques retardant le diagnostic, une agressivité
tumorale marquée et, enfin, par l’absence de facteur de risque
très spécifique permettant de sélectionner les patients à haut
risque et ainsi de tenter un dépistage tumoral précoce, voire une
prévention primaire du cancer.
Le seul traitement curatif est chirurgical. Il n’est cependant réalisable que dans 10 à 15 % des cas. En cas de tumeur de petite
taille (< 2 cm), une survie à 5 ans chez près de 20 % des patients
a été rapportée (1). Ces résultats impliquent que le diagnostic doit
être précoce. Les progrès en radiologie, en cytologie et en biologie travaillent dans ce sens. L’apport du scanner hélicoïdal a
permis de détecter des petites tumeurs de plus de 25 mm et d’en
déterminer avec précision le bilan d’extension vasculaire. L’échoendoscopie améliore ces résultats en détectant des tumeurs parfois infra-centimétriques. Avec les nouvelles générations d’échoendoscopes linéaires, la ponction écho-guidée est devenue
possible permettant au cours du même examen de faire un diagnostic radiologique mais aussi histologique.
Le dépistage tumoral est aujourd’hui illusoire car aucun facteur
de risque spécifique n’a vraiment été défini. La pancréatite chro-
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* Service d’hépato-gastroentérologie, CHU Henri-Mondor, Créteil.
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - no 2 - vol. IV - avril 2001
nique peut faire le lit de l’adénocarcinome, cependant la probabilité actuarielle de développer un cancer du pancréas sur pancréatite chronique est faible (2). Les techniques de dépistage de
l’adénocarcinome compliquant la pancréatite chronique sont en
cours d’évaluation. Elles font intervenir des techniques de cytologie et de biologie moléculaire (recherche de la mutation du gène
Ki-ras, recherche de gènes suppresseurs de tumeur mutés) à partir du suc pancréatique ou de microbiopsies prélevées au cours
d’une CPRE ou d’une écho-endoscopie ponction. Le but est, chez
des patients qui se présentent avec un doute diagnostique (pancréatite chronique à forme pseudo-tumorale ou pancréatite aiguë
“idiopathique”, par exemple), de dépister le cancer à un stade
précoce ou de mettre en évidence chez ces mêmes patients la présence de lésions à haut risque de dégénérescence. Enfin, l’étude
de ces marqueurs devrait permettre de mieux comprendre les
mécanismes de cancérogenèse de l’adénocarcinome du pancréas.
Les traitements palliatifs de l’adénocarcinome du pancréas ont
fait beaucoup de progrès ces dernières années : les traitements
antalgiques et leurs indications sont mieux hiérarchisés et les traitements endoscopiques ont permis, au prix d’une morbidité et
d’une mortalité faibles, la décompression biliaire et duodénale
par insertion de prothèses. L’amélioration du confort de vie, mais
aussi de la survie, a été obtenue grâce aux progrès de la chimiothérapie, en particulier depuis l’introduction de nouvelles drogues
(gemcitabine).
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1. Nitecki SS, Sarr MG, Colby TV, Van Heerden JA. Long-term survival after
resection for ductal adenocarcinoma of the pancreas. Is it really improving ?
Ann Surg 1995 ; 221 : 59-66.
2. Lowenfels AB, Maisonneuve P, Cavallini G et al. Pancreatitis and the risk
of pancreatic cancer. International Pancreatitis Study Group. N Engl J Med
1993 ; 328 : 1433-7.
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