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ÉDITORIAL
La pancréatologie au cœur de
notre spécialité
“
C
hers lectrices, cher lecteurs, chers collègues,
Nous vous proposons ce mois-ci un numéro de La lettre de
l’hépato-gastroentérologue dont le dossier est dédié aux maladies
du pancréas. Cet organe, synonyme d’angoisse pour les patients (et
parfois pour les médecins !), reste encore mal connu malgré des avancées
majeures depuis la dernière décennie. Les maladies sont le plus souvent
graves et les thérapeutiques limitées.
Les maladies du pancréas, inflammatoires et tumorales, sont très
fréquentes et tout gastroentérologue est (ou sera) confronté à la prise en
charge de lésions kystiques, de cancer exocrine, de pancréatite, etc.
Le cancer du pancréas est devenu une source majeure d’inquiétude en
raison de son incidence galopante dans les pays occidentaux. En France,
elle a doublé en 6 ans et nous sommes passés de 6 000 à 12 000 nouveaux
cas entre 2006 et 2012. Les projections en Europe et aux États-Unis
estiment un nouveau doublement du nombre de cas d’ici à 2030. Il sera
alors la deuxième cause de mortalité par cancer, tous cancers confondus
(juste derrière celui du poumon). Les raisons d’une telle augmentation
ne sont pas connues, mais le tabac, le diabète, l’obésité, la pancréatite
chronique et certains facteurs génétiques constituent des facteurs de
risque démontrés. Cependant, les facteurs environnementaux (pollution,
pesticides, etc.) et épigénétiques sont encore peu explorés et de grandes
enquêtes épidémiologiques sont nécessaires et attendues. Cette année,
l’Institut national du cancer dirige un PAIR (Programme d’actions
intégrées de recherche) sur le cancer du pancréas. Toutes les thématiques
de recherche seront couvertes par l’appel d’offre : épidémiologie,
traitement, diagnostic, soins, etc. Il faut se mobiliser. Dans ce dossier
spécial pancréas, vous trouverez un état des lieux des traitements
préconisés en 2017 et les avancées attendues à court terme.
Les meilleures accessibilité et performance des outils diagnostiques
d’imagerie nous confrontent à un nombre croissant de consultations
pour découverte fortuite de lésions kystiques du pancréas et, notamment,
suspicion de TIPMP (tumeur intracanalaire papillaire et mucineuse du
pancréas). La littérature rapporte une prévalence élevée. Après 60 ans,
environ 15 % de la population pourraient avoir une TIPMP des canaux
secondaires, lésion précancéreuse. Seule une très faible partie des
patients présenteront des lésions évolutives et éventuellement invasives.
Cependant, par manque de données scientifiques suffisantes, un suivi est
toujours et encore recommandé pour tous les patients. En effet, il n’existe
pas d’outils diagnostiques fiables du grade de dysplasie ; le pronostic
du cancer du pancréas reste catastrophique et nous ne connaissons
pas de marqueurs qui pourrraient nous permettre de cibler la souspopulation des TIPMP qui évolueront vers le cancer. Ce suivi est coûteux,
potentiellement invasif (en cas d’usage répété de l’échoendoscopie
nécessitant une anesthésie générale) et imparfait (développement de
cancer d’intervalle entre 2 examens de surveillance). Heureusement
2 | La Lettre de l'Hépato-gastroentérologue • Vol. XX - n° 2 - mars-avril 2017
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les travaux sont multiples et les connaissances évoluent vite. Il est
vraisemblable que les recommandations retenues en 2017 évolueront dans
un avenir proche.
Dans ce numéro, vus pourrez lire également un article sur
les traitements disponibles pour la prise en charge des tumeurs
neuroendocrines pancréatiques. L’arsenal thérapeutique est maintenant
très large, et il est souvent difficile de faire le meilleur choix stratégique.
Il est primordial de discuter ces dossiers en réunions de concertation
pluridisciplinaire spécifique (réseau RENATEN). C’est aussi le meilleur
moyen de colliger les données relatives à ces tumeurs plus rares et de
pouvoir faire des études de recherche clinique. Les patients doivent être
inclus dans des protocoles thérapeutiques.
Enfin, vous pourrez lire une mise au point sur les traitements
endoscopiques des pancréatites nécrosantes. La pancréatite aiguë est
la première cause d’hospitalisation en gastroentérologie. La nécrose
pancréatique, survenant dans environ 15 % des cas, est une des
complications principales, responsable d’une grande partie de la mortalité
par pancréatite. L’intérêt du traitement endoscopique dans la prise en
charge de la nécrose infectée est désormais bien établi, y compris par
rapport à la chirurgie. Le débat actuel concerne principalement les
modalités de drainage : type de prothèse, combinaison des voies internes
et percutanées, etc.
”
Il est certain que dans un avenir proche ce petit organe fera encore
beaucoup parler de lui.
Bonne lecture !
V. Rebours déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts.
Vinciane Rebours
Service de pancréatologie, gastroentérologie, DHU Unity, Inserm UMR 1149,
université Paris 7 ; hôpital Beaujon, Clichy.
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