30 DOSSIER Cancer du pancréas Infos ... Qu’est-ce que le pancréas ? Le pancréas est une glande située dans l'abdomen, derrière l'estomac. Cet organe est doté de deux fonctions : • la fonction dite exocrine est la production de sucs qui participent à la digestion et qui se déversent dans l'intestin, au niveau du duodénum. • La fonction dite endocrine est la production d'insuline, hormone produite par les îlots de Langerhans et directement déversée dans le sang. Le pancréas se compose anatomiquement de trois parties, de gauche à droite, la queue, le corps et la tête. Le pic de fréquence du cancer du pancréas se situe entre 60 et 70 ans. Une fréquence croissante est actuellement voisine de 13/100 000. Les circonstances de découverte de l’adénocarcinome du pancréas sont presque toujours liées à son extension anatomique, ce qui crée la variété de ses manifestations, comme la difficulté de son diagnostic. S i l’on ne connaît pas encore les causes du cancer du pancréas, on peut suspecter le tabagisme comme un facteur de risque, les fumeurs étant beaucoup plus souvent atteints d’un cancer du pancréas que les non-fumeurs. En revanche, cette relation de cause à effet n’a pas été établie entre la consommation de café et le cancer du pancréas. Quant au rôle de l’alcool, les avis divergent, bien que les personnes souffrant d’une pancréatite chronique (souvent d’origine alcoolique) aient un gros risque de développer un cancer du pancréas. L’apparition ou l’aggravation d’un diabète, de type II est un autre signe de découverte. Cela doit faire évoquer ce cancer chez un homme de plus de 40 ans sans antécédent familial de diabète et sans obésité. Le cancer du pancréas peut également se révéler par l’apparition d’un zona cutané ou d’une phlébite chez des sujets jusque-là indemnes. Malheureusement, dans plus de 90 % des cas, le diagnostic d’adénocarcinome est fait à un stade où plus aucun traitement chirurgical à visée curative n’est possible en raison de métastases ou d’un envahissement local d’un vaisseau majeur. Signes de découverte Les adénocarcinomes de la tête du pancréas se révèlent fréquemment par un ictère cholestatique. D’apparition progressive, il n’est accompagné ni de fièvre ni de douleurs. L’altération de l’état général est en ce cas liée à l’anorexie. L’ictère peut être précédé d’une cholestase anictérique où le prurit est le seul signe. Les cancers du corps et de la queue du pancréas sont plus rares et de diagnostic plus tardif. Au premier plan : les douleurs liées alors à l’envahissement postérieur du plexus solaire. L’altération de l’état général est souvent majeure. Diagnostic Pour confirmer la suspicion clinique, on dose l’antigène CA 19,9 dont un taux sérique élevé est présent dans 80 % des cas. Ici, c’est surtout l’imagerie médicale qui a toute sa place. L’échographie abdominale est l’examen de première intention. Elle montre une dilatation de l’ensemble des voies biliaires et éventuellement la tumeur. Elle n’est pas toujours lisible en échographie. Dans ce cas, il est utile de faire des examens supplémentaires : le scanner permet le diagnostic et le bilan d’extension, notamment vasculaire, ganglionnaire et rétropéritonéal. Le bilan pré-opératoire sera complété par un échodoppler utilisé pour déceler un envahissement vasculaire, veineux plus fréquent qu’artériel. Traitement En premier lieu, la chirurgie est indiquée sauf lorsque la tumeur est inextirpable en raison de métastases ou de l’envahissement locorégional, surtout vasculaire, ou d’une contre-indication chirurgicale liée au terrain. On discute un traitement chimiothérapique ou radiochimiothérapique, dont l’efficacité n’est pas démontrée, sur la durée de survie. En revanche, ces traitements semblent améliorer la qualité de vie, notamment les douleurs. Seulement moins de 5 % de l’ensemble des patients sont vivants 5 ans après le diagnostic. Parmi les malades dont la tumeur n’est pas résécable, 50 % sont morts entre 4 et 5 mois après le diagnostic. Parmi les patients opérés “à visée curative” (c’est-à-dire dont tout le tissu tumoral macroscopiquement visible a été extirpé), le taux de survie à 5 ans est de 10 à 30 %. Le résultat est d’autant meilleur que la tumeur est plus petite et qu’il n’y a pas d’envahissement ganglionnaire histologique. Jacques Bidart Adénocarcinome de la tête du pancréas Principaux signes cliniques Fréquence (%) Ictère 40-80 Prurit 25 Douleurs abdominales Amaigrissement (souvent massif et rapide) Thrombophlébite Vomissement 60-80 50-80 < 15 < 15 Pancréatite aiguë < 15 Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005 © Airelle-Joubert/Phanie >> DOSSIER Diagnostiqué parfois trop tard Scanner axial de l’abdomen montrant un cancer du pancréas. Les reins sont en rouge, au milieu de la vertèbre (blanc). Audessus, le pancréas (rose pâle). La tumeur apparaît comme une tâche orange.