Sondage urinaire Un acte qui n’est pas sans risque Souvent désigné comme un des principaux facteurs d’infections nosocomiales, graves dans bien des cas, le sondage urinaire est un acte qui doit s’effectuer selon des règles strictes. D’autant que les indications ne sont pas souvent respectées. L e sondage urinaire est fréquemment utilisé : à titre préventif et à titre thérapeutique. Il présente des risques, dont les traumatismes de la vessie et les infections urinaires nosocomiales (36,3 %, d’après l’enquête nationale de prévalence). Les germes en cause pénètrent dans les voies urinaires, soit via la lumière du cathéter (voie intraluminale), soit le long de la surface externe de la sonde, entre celle-ci et la muqueuse des voies urinaires (voie transurétrale). Les autres principales complications sont le blocage, la fuite, les réactions inflammatoires et les traumatismes, la déflation du ballonnet, les phénomènes allergiques et anaphylactiques, la douleur et l’inconfort. Le sondage urinaire, d’après la définition de l’ANAES, consiste à mettre en place une sonde dans la vessie par le méat urinaire, en suivant l’urètre de façon atraumatique et indolore et en respectant les règles d’asepsie rigoureuse. Il est utilisé pour permettre l’évacuation en cas de rétention, le drainage permanent des urines en cas de rétention chronique ou d’incontinence, ou dans un but thérapeutique : lavage, instillation, en faisant communiquer la vessie avec l’extérieur. Le sondage urinaire ne devrait être pratiqué que lorsqu’il est indispensable. La sonde doit être insérée suivant une technique aseptique en utilisant du matériel stérile. Une sonde laissée à demeure doit être bien fixée afin d’éviter qu’elle soit mobile et qu’une traction s’exerce sur l’urètre. Le dispositif de drainage doit être maintenu stérile et clos en permanence et, en cas de fuite, de déconnection ou de faute d’asepsie, le système collecteur doit être remplacé selon une technique aseptique, après désinfection de la jonction entre la sonde et le tube collecteur. Le sondage des voies urinaires ne devrait pas être pratiqué dans le seul intérêt du soignant (ce qui est consigné dans plusieurs enquêtes). Et, bien sûr, un lavage des mains doit être pratiqué immédiatement avant et après toute manipulation du site ou du matériel de sondage. Recommandations ANAES Lorsque de petites quantités d’urine fraîche sont nécessaires pour un examen, l’extrémité distale de la sonde ou, de préférence, la valve de prélèvement, quand il en existe une, devrait être nettoyée avec un désinfectant. L’urine devrait être ensuite aspirée à l’aide d’une aiguille et d’une seringue stériles. Les volumes d’urine plus importants, nécessaires à certains examens, devraient être prélevés aseptiquement à partir du sac collecteur. L’écoulement des urines ne devrait pas être interrompu. Il est pourtant parfois nécessaire d’obstruer la sonde temporairement pour en recueillir un échantillon ou pour d’autres raisons médicales. Afin de permettre le libre écoulement des urines : la sonde et le tube collecteur doivent être préservés du risque de torsion ; le sac collecteur doit être vidé régu- lièrement en utilisant un bocal séparé pour chaque malade, le robinet d’évacuation et le bocal non stériles ne devant jamais entrer en contact ; une sonde fonctionnant mal ou obstruée doit être irriguée ou, si nécessaire, remplacée ; le sac collecteur doit être maintenu en permanence en dessous du niveau de la vessie. Si la sonde s’obstrue et que l’écoulement ne peut être maintenu que par des irrigations fréquentes, elle doit être remplacée, surtout si elle contribue ellemême à l’obstruction. La pose et la surveillance des sondes urinaires ne souffrent aucune approximation. On estime en effet que 15 à 25 % des patients hospitalisés pour un court séjour auront un sondage. Plus la durée de ce dernier est courte, plus le risque infectieux est minimisé. Il en est de même pour le sondage en système clos. L’incontinence urinaire ne doit pas faire l’objet systématique d’un sondage. Les signes les plus fréquents de l’infection sont la dysurie, la pollakiurie et l’hématurie. Car l’infection qui se traduit par la présence de signes cliniques est le reflet d’une invasion tissulaire. La fièvre, la douleur et les autres signes de pyélonéphrite ne sont présents que dans moins de 1 % des cas de bactériurie sur sonde. Ces signes sont souvent absents, en particulier chez les diabétiques et les personnes âgées. De plus, chez les patients sondés, la présence de la sonde urinaire masque la perception des signes de dysurie et de pollakiurie. Mais seul un examen cytobactériologique peut établir le diagnostic de bactériurie. L.G. D’après les recommandations de l’ANAES : “La qualité de la pose et de la surveillance des sondes urinaires”. 11