Bonnes pratiques autour du sondage vésical : la clé de la lutte contre la première des infections associées aux soins Journée régionale d’hygiène de Lorraine Faculté de médecine, Nancy Jeudi 16 mai 2013 N. Jouzeau, infirmière hygiéniste, C.CLIN Est 1 Surveiller et prévenir les infections associées aux soins SFHH, Ministère de la santé et des sports, Haut Conseil de la Santé Publique septembre 2010 Les infections sur sonde (bactériuries symptomatiques) : 65 % à 80 % des IU nosocomiales Services de soins de longue durée gériatrique ou neurologique : taux de colonisations ou d’infections élevés réservoir de BMR Recours au sondage vésical : 9,4 % des patients hospitalisés Infections urinaires (IU) : 30 % des IN 2 ENP 2006 3 ENP 2006 4 ENP 2012 des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissements de santé Programme national de prévention des IN (PROPIN) 2009 – 2013 : axe stratégique : « optimiser le recueil des données de surveillance ». Objectifs décrire les infections recensées/site infectieux/micro-organisme priorisation des actions de surveillance évaluation des actions de prévention des IN accroître la sensibilisation des ES /surveillance des IN /consommations d’antiinfectieux Méthodologie enquête « un jour donné » proposée à tous les ETS français/participation volontaire/ réalisée entre le 14 mai et le 29 juin 2012 Enquête européenne : 30 pays participants, 54 Ets français, résultats attendus pour mai 2013. 5 ENP 2012 Les IU sont les IN les plus fréquentes pour tous les types d’ES sauf les HIA. 6 ENP 2012 7 Microbiologie des IUN Sources endogène et exogène Escherichia coli Klebsiella pneumoniae Enterococcus faecalis Proteus mirabilis Source exogène Pseudomonas aeruginosa ENP 2012 8 Sondage vésical Mise en place d’une sonde stérile dans la vessie par le méat urinaire en suivant l’urètre de manière atraumatique et indolore permettant l’écoulement des urines. 2 types de sondage : sondage à demeure sondage évacuateur ou itératif Indications préventive : pré/post-opératoire diagnostique : épreuves urodynamiques thérapeutique : rétention urinaire aiguë, vessie neurologique, para ou tétraplégie, surveillance de la diurèse, immobilisation prolongée (polytraumatisé) Contre-indications prostatite aiguë (risque de choc septique) suspicion de rupture traumatique de l’urètre (fracture du bassin) prothèse endo-urétrale ou sphincter artificiel urétrite aiguë infection du carrefour uro-génital 9 Colonisation urinaire Présence d’un ou plusieurs micro-organismes dans l’arbre urinaire sans manifestations cliniques. Infection urinaire Agression tissulaire par un ou plusieurs micro-organismes générant une réponse inflammatoire accompagnée par au moins un signe clinique : dysurie, pollakiurie, hématurie, douleurs lombaires, fièvre >38°C + ECBU positif. Infection urinaire nosocomiale (IUN) IU survenant au cours ou au décours d’une prise en charge. 2/3 des IUN sont endogènes (flore du patient). http://www.infectiologie.com/site/medias/_documents/consensus/iun-02.pdf 10 http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_vcourte.pdf 11 Pathogénèse L’arbre urinaire est normalement stérile à l’exception de la partie distale de l’urètre : Flores : → digestive (ex entérobactéries) → cutanée (ex cocci Gram + : staphylocoques à coagulase négative, entérocoques) → génitale (ex lactobacilles chez la femme) 12 Différentes voies de contamination 13 Modes de contamination Contamination extraluminale : colonisation périnéale : migration urètre → vessie par capillarité exposition à du matériel et/ou à des solutions contaminés manuportage Contamination intraluminale : reflux d’urines contaminées : sac collecteur → vessie biofilm : croissance bactérienne le long des parois violation système clos 14 Comment prévenir les infections sur sonde ? Prise en charge globale : - Respect des règles d’hygiène (patients/soignants/soins) - Respect des bonnes pratiques de sondage vésical - Formation des professionnels de santé - Éducation du patient et des personnes participants aux soins - Hydratation des patients (âge/pathologies/saison) 15 Le risque infectieux est lié : - méthode de sondage utilisée - durée de sondage - type de sonde - terrain du patient - Près de 50 % des patients sondés plus de 7 à 10 jrs présenteraient une bactériurie 16 Le matériel : sondes urinaires et sac collecteur 17 Les différents types de sonde La durée d’utilisation conditionne le matériau. Sondage à demeure de courte durée : Inférieur à 15 jours : sonde en latex enduit de silicone ou de téflon Inférieur à 30 jours : sonde en latex enduit d’hydrogel Sondage à demeure de longue durée : sonde en silicone (en moyenne 1 mois) Pas de consensus sur le rythme de changement de la SU à demeure Si le sondage est maintenu au-delà de 8 jours avec une sonde non adaptée (composition), il est fortement recommandé de remplacer le dispositif en place par un dispositif 100 % silicone 18 Igau-Edon Frédérique, Gonsot Michel « les sondes de Foley 2010 » 19 Sac collecteur o contenance variable (0,5 à 2 l) o stérile, non conditionné en vrac o valve anti reflux o site de prélèvement o système d’accrochage o robinet de vidange 20 Le système clos = une sonde et un sac collecteur stériles qui ne doivent pas être désolidarisés. Ces deux éléments : o sont assemblés avant la pose o ne doivent jamais être déconnectés pendant la durée du sondage o sont retirés ensemble o systèmes pré connectés en usine, connexion « thermo soudé » 21 Valve anti reflux Robinet de vidange Sonde de Foley Site de prélèvement Sac collecteur Sonde urinaire/poche de recueil en système clos 22 La pose o information du patient o toilette urogénitale avec savon doux o hygiène des mains (PHA) o détersion/antisepsie cutanéo-muqueuse avec antiseptique non alcoolique (PVPI dermique ou dakin) o port de gants stériles pour l’introduction de la sonde o sac collecteur : en dessous du niveau de la vessie/ position déclive/attaché au lit/jamais au sol/vidange sac (3/4 plein) 23 La pose o Fixation de la sonde Homme : sur l’abdomen (épouse courbure urètre) ou sur cuisse si patient valide Femme : haut de cuisse Jamais sous la cuisse (escarre) o ! Globe urinaire : clamper SU après écoulement 400 ml risque hémorragique «a vacuo » o Traçer la pose dans le dossier de soins (type de SU, n° charrière, volume évacué, date, nom opérateur) 24 Le ballonnet Se gonfle toujours à l’eau stérile Jamais de sérum physiologique : risque de cristallisation, d’obturation du canal de gonflage Jamais d’air : porosité des matériaux en latex et/ou silicone risque d’explosion 25 Lubrification de la SU Huile de vaseline ou à base de vaseline à proscrire sur du latex Huile de silicone en spray à proscrire sur du silicone Gels aqueux ou minéraux ( GELCAT®, KY®) convient à tout type de matériaux 26 Les manipulations Vidange du sac collecteur o o o o Friction hygiénique des mains Gants non stériles Compresse imbibée d’un antiseptique alcoolique L’ extrémité du sac ne doit en aucun cas toucher les parois du flacon de recueil 27 Réalisation d’un examen cytobactériologique des urines (ECBU) - Utiliser exclusivement le site de prélèvement/gants UU/désinfection avec compresses imbibées d’un antiseptique alcoolique - Matériel : corps de pompe/tube sous vide. Homogénéiser après recueil (acide borique) - Ne pas clamper le corps de la sonde urinaire/si recueil impossible, clampage canal écoulement du sac de 20 minutes maximum (! stase urinaire) - Demande d’examen correctement renseignée : URINES SUR SONDE, date, heure, service, identité (patient, préleveur) - Ne jamais prélever à partir du robinet de vidange du sac - Ne jamais déconnecter le système clos ! La bandelette urinaire ne peut pas être utilisée pour le dépistage d’une bactériurie chez le patient sondé (http://www.infectiologie.com/site/medias/_documents/consensus/iun-02.pdf 28 Prévention /Surveillance ! La présence de SU masque les signes cliniques. L’IU sur sonde est très souvent asymptomatique. Respect impératif du système clos Apports hydriques : 1,5 l/24 H Toilette périnéale : 1x/jr + après selles pas de désinfection systématique du méat douche possible S’assurer de la perméabilité du système de drainage Sac collecteur : position déclive/niveau de remplissage Vérifier l’absence de fuites (méat, sac) Urines : aspect/quantité Traçer la surveillance quotidienne 29 Complications Déconnexion accidentelle : pose d’un nouveau sondage en système clos Fuites autour de la SU : Hyperactivité vésicale, ne pas tenter d’augmenter la charrière (dilatation du méat) Dégonfler le ballonnet sans aspiration puis le regonfler avec la quantité d’eau notée sur SU Douleurs persistantes : pose traumatique, nécrose locale, ballonnet trop gonflé Obstruction due à des précipités de phosphate d’ammonium, de calcium si l’urine est alcaline : changement SU Réactions inflammatoires : sonde surdimensionnée, mal enduite, en place depuis trop longtemps Dépôts dans sac collecteur : hydratation suffisante ? 30 A ne pas faire 31 Traitement • http://www.antibiolor.org/site/medias/_documents_partages/antibioguide/2011/Situations_cliniques_1. 32 pdf En conclusion Réévaluer chaque jour la pertinence du maintien de la sonde. Retirer la sonde dès que possible. Privilégier les alternatives : sondage aller/retour, étui pénien, protections absorbantes. 33 C.CLIN EST Centre de Coordination de Lutte Contre les Infections Nosocomiales du Grand Est Hôpitaux de Brabois, Rue du Morvan, 54511 Vandœuvre-lès-Nancy Tél. : 03 83 15 34 73 www.cclin-est.fr http://arlin-lorraine.chu-nancy.fr/ 34