Synthèse III :
Quels sont les mécanismes susceptibles d’engendrer déflation et dépression
économique ?
Quelles conséquences sur le chômage ?
Aux périodes d'emballement économique, vues comme des « surchauffes » (expansion) se juxtaposent, le plus
souvent, des périodes de hausse artificielle des prix plus rapide : l'inflation s'accélère lorsque la croissance économique
augmente. Parallèlement, lorsque l'activité réelle est marquée par un repli, les tensions inflationnistes disparaissent et les
prix augmentent moins vite : il y a désinflation.
Mais il est d'autant plus difficile de sortir de la crise lorsque l'atonie voire la baisse de l'activité économique
s'accompagne d'une période de déflation ou de tensions déflationnistes.
1/ Les effets négatifs de la déflation
Les épisodes de flation étaient assez fréquents au XIXème siècle ils accompagnaient les phases de dépression (ex : crise de
1929 : la déflation est à la fois cause et conséquence de la dépression).
En effet, dans un contexte danticipations pessimistes, pour répondre au recul de la demande, les
offreurs sont incités à réduire les prix.
Cela peut être dangereux pour 3 raisons qui constituent 3 mécanismes de la spirale déflationniste (voir schéma « La spirale
déflationniste ») :
-si les ménages anticipent que la baisse des prix va durer, ils sont tentés de reporter leurs achats dans le temps et
augmentent leur épargne de précaution, ce qui limite la demande et favorise la baisse des prix
-si les salaires ne baissent pas aussi vite que les prix, les profits des entreprises reculent et les faillites se multiplient ; les E
freinent leurs I et cessent d’embaucher =>cela freine la demande et entretient la baisse des prix
- la déflation augmente le coût réel de la dette : avec la baisse de la demande et des prix, les recettes des entreprises et
les revenus des ménages diminuent => les agents surendettés (E, ménages) dépensent moins et vendent leurs actifs pour
rembourser leurs dettes => baisse de la demande et des prix. C’est la « déflation par la dette » (I.FISCHER).
D’où un cercle vicieux déflationniste : baisse de la demande => baisse des prix => baisse de la production => hausse du chômage =>
baisse des revenus et anticipations négatives => baisse de la demande etc.
Dans un tel contexte, la production ne peut repartir à la hausse puisque les offreurs ne trouvent pas de débouchés et stockent leur
production, et l'évolution du PIB s'effondre : sans inflation, pas de croissance et donc chômage (de masse).
2/ Des effets négatifs à nuancer :
On a tendance à surestimer les effets gatifs d'une déflation modérée. Au Japon, la déflation des années 1997 - 2007
n'a pas produit les conséquences négatives prédites par le schéma. Les variations annuelles de prix sont restées modestes, comprises
entre + 0.2 et - 0.9 %. Le PIB par hab. a augmenté de 35 %, et taux de chômage est demeuré très bas (3,8 % en 2007, après un pic à
plus de 5 %). Source : FMI data mapper
Dans une économie dynamique, une déflation modérée est soutenable : elle augmente le pouvoir d’achat des ménages si les salaires
baissent moins vite que les prix, elle augmente la compétitivité externe ce qui peut être favorable à la croissance.
La déflation n'implique pas toujours la récession. On peut avoir l'une et pas l'autre.
Le Japon a eu la déflation avec la croissance, la Grèce a vécu une dépression sans déflation : certes, l'économie grecque a connu une
dépression entre 2008 et 2013, mais les prix n'ont baissé qu'en 2013 et en 2014, quand la croissance redevient positive. On ne peut
donc parler pour la Grèce de spirale déflationniste, puisque l'entrée en déflation coïncide justement avec la fin de la dépression !
L'Irlande a eu la récession et la déflation (en 2009 et 2010), le Vénézuéla et l'Argentine ont la récession et l'inflation...
Schéma pour résumer : les effets incertains de la déflation
Amélioration du pouvoir d’achat
des ménages si les salaires
baissent moins vite que les prix
Augmentation de la demande de
biens de consommation
Détérioration de la demande et de
l’offre
Si baisse des salaires au moins
égale à celle des prix, baisse du
pouvoir d’achat des ménages et
des entreprises endettés car leurs
remboursements de crédits sont
fixes
Si les salaires baissent moins que
les prix, baisse des profits des
entreprises
Report des achats de biens de
consommation et de production
dans le temps
DEFLATION
Accélération ou
ralentissement
de la croissance
Conséquences positives
ou négatives sur le
chômage de masse.
Amélioration compétitivité prix
si prix des principaux pays
partenaires ne baissent pas
EFFETS POSITIFS
EFFETS NEGATIFS
1 / 2 100%