Les mécanismes de la récession sont à l’œuvre.
Dans un contexte où les agents économiques étaient très endettés, il faut continuer à rembourser ; les entreprises
et les ménages vendent leurs actifs (ex. immobilier, actions...) et réduisent leurs dépenses pour pouvoir
rembourser leurs crédits ce qui conduit à une baisse des prix des actifs. Ceux qui ne peuvent pas vendre (ou à un
prix insuffisant) vont faire faillite ou voir leurs biens saisis par les créanciers (les banques par exemple). Pour
rembourser ses dettes, on se serre la ceinture, on vend à perte, les prix baissent : c’est la déflation liée à la dette....
La diminution de la demande et des prix (déflation) augmente le poids réel des dettes. Un mécanisme de «
déflation par la dette » a lieu (« debt deflation » Irving Fisher).
La crise actuelle s’explique ainsi par un choc de demande négatif : recul de la demande privée financée par
une hausse excessive de l’endettement et recul des exportations (baisse de la demande intérieure dans les pays
où le désendettement a lieu).
La crise actuelle se situe de plus, dans le contexte plus structurel de la financiarisation du fonctionnement des
entreprises et de la mondialisation libérale de la finance intervenues depuis les années 1980 (= « globalisation
financière ») qui a ouvert les marchés financiers, réduits certaines limites réglementaires, mis en concurrences
les produits et les places financières et ainsi poussé (incité / obligé) les agents financiers à augmenter leurs
activités à risques.
Lors de la crise, les banques qui ont financé des agents (et des projets plus ou moins risqués) et spéculé pour leur
compte ou celui de clients doivent de leur côté doivent rembourser des emprunts qu’elles ont faits pour prêter ou
faire des placements. Si elles ne récupèrent pas les créances de leurs clients qui ont fait faillite ou qui ne peuvent
plus rembourser ou qui donnent un bien d’une valeur devenue insuffisante, elles sont elles-mêmes en difficulté :
elles ne sont plus jugées assez « solides » pour emprunter auprès des épargnants ou des autres banques. Certaines
peuvent alors risquer la faillite...
Dans une économie où le niveau d'endettement est élevé, les pertes des banques sur les marchés financiers se
transmettent ensuite rapidement à l'activité économique car le crédit qu'elles octroient aux agents (ménages,
entreprises) joue un rôle considérable : la contraction (diminution) du crédit s'accompagne d'une baisse du prix
des actifs immobiliers et boursiers qui réduit la valeur du patrimoine des ménages, pousse à la remontée du taux
d'épargne par crainte de l'avenir, freine la consommation, réduit l'incitation des entreprises à investir en raison de
la baisse des profits, et conduit à la chute de la production, à la baisse des revenus distribués et à une vague de
destruction d'emplois.
L'action massive des banques centrales est alors nécessaire pour éviter un effondrement du crédit.
Les Etats appelés au sauvetage des banques (sous forme de prêts) et au soutien de l’économie (relance) ont dû
gonfler dans un premier temps les déficits publics. Mais leur dette a augmenté dans de fortes proportions et les
prêteurs (fonds de pension, compagnies d’assurances, banques, fonds de placement...) ont exigé des
rémunérations plis élevées face aux risques de non-remboursement de la dette (ou d’une partie de cette dette).
Cette envolée des taux d’intérêt à long terme pour certains Etats (Grèce, Irlande, Portugal, Italie...) a rendu la
dette insoutenable. On a demandé à ces pays de s’engager dans une sévère rigueur (baisse des dépenses
publiques et hausse des impôts ; ce qui a accru le risque de déflation) et les autres Etats européens ainsi que la
BCE ont été appelés à trouver une solution sous forme de renégociation des dettes et de nouveaux prêts.