Applications Continues Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative One Pager Décembre 2013 Vol. 8 – Num. 009 Copyright © Laréq 2013 http://www.lareq.com Applications Continues Jean–Paul K. Tsasa Vangu & Moïse Mbikayi Tshimueneka « En mathématiques, "évident" est le mot le plus dangereux ! » Eric Temple Bell (1883 – 1960) Résumé Ce papier propriétés présente quelques topologiques applications –propriétés d’un continues espace en topologie topologique se et introduit conservant les par homéomorphisme. Mots – clé : Application, fonction, homéomorphisme, continuité. Abstract This paper focuses on analyze of some applications continuous in topology. And, in fine it defines the topological properties (homeomorphism). Introduction Afin de prouver l’existence de l’équilibre général en économie de marché, plutôt que d’appliquer le calcul d’équations, les économistes Arrow et Debreu ont recouru à une approche topologique. Ce succès a mis, une fois de plus, en évidence l’implication de mathématiques dans les avancées observées en économique moderne. Cependant, remarquons que l’appréhension ou la lecture aisée de la preuve en cause exige soit une possession adéquate des prérequis, soit une acquisition légitime de la quantité de connaissances nécessaires, notamment par une initiation méthodique et rigoureuse. S’inscrivant dans ce cadre, le Laboratoire se propose de construire une plateforme qui doterait l’économiste en herbe des outils nécessaires à la conquête de cette classe spécifique de connaissances. Par ailleurs, il convient de noter que l’objectif ultime poursuivi dans la mise en place d’une telle plateforme n’est pas de naviguer "stationnairement" dans l’abstraction mais de fournir un arsenal d’outils facilitant la convergence vers la frontière des connaissances, permettant une lecture de la plupart des articles de grandes revues et des ouvrages de recherche avancée en économique et surtout, aidant à formaliser soigneusement les idées nouvelles. Estimons – nous que, c’est de la maitrise du cadre théorique, qu’émerge en suite la robustesse des applications empiriques. Ainsi, l’abstrait rigoureux génère le concret pertinent. Dans des publications antérieures, nous avons introduit les notions de structure d’espaces vectoriels (Tombola – Tsasa, 2013) et d’espaces topologiques (Mbikayi – Tombola – Tsasa, 2013). Dans ce présent papier, nous poursuivons la suite de nos publications dans la série topologie pour économistes et abordons le concept d’applications continues. Dans la section première, nous précisons la notion d’application et illustrons celle de fonction. Dans la section deuxième, nous 85 J–Paul K. Tsasa & Moïse Mbikayi Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative définissons la continuité d’une application et démontrons quelques propositions fondamentales se rapportant aux applications continues, notamment les notions de continuité globale et de continuité locale. Enfin, dans la section troisième, nous introduisons le concept d’homéomorphisme. Application et Fonction Soient et deux ensembles. Une application est une relation entre deux ensembles reliant chaque élément (antécédent) de l’ensemble élément (image) de l’ensemble et (source ou ensemble de départ) à un unique (but ou ensemble d’arrivée). Une application peut être injective (injection) ou surjective (surjection). En effet, une application est dite injective si tout élément de admet au plus un antécédent image b dans B par par soit si tout élément a de A possède une et une seule ou autrement si le noyau de surjective si tout élément de est se réduit au singleton zéro. Elle est admet au moins un antécédent par ou si l’image de est égale à l’ensemble d’arrivé. Alors que l’injection implique l’unicité d’un antécédent pour chaque élément de l’ensemble la surjection en implique l’existence. La conjonction de l’injection et de la surjection donne la bijection (application bijective). En définissant l’application comme un triplet telle que ainsi les concepts d’unicité et d’existence se traduisent comme suit : - Unicité : ; - Existence : Une application de où la notation de dans qui à l’élément associe se note : est apparue vers 1734, à la suite des travaux du mathématicien suisse Leonhard Euler. Par ailleurs, le terme application admet également les termes opérateur, morphisme, transformation, règle ou flèche comme synonyme. Notons au passage que le morphisme ou homomorphisme désigne une application entre deux ensembles munis et respectant une même espèce de structure. Dans la littérature, fonction et application sont, de fois, des termes substituts. Le terme fonction, a été introduit par le mathématicien allemand Gottfried Wilhelm Leibniz en 1964 et parallèlement, par le mathématicien anglais Isaac Newton sous le nom de fluente. Elle est généralement utilisé comme synonyme du terme application dans le cas où l’ensemble d’arriver est réel ou complexe 86 J–Paul K. Tsasa & Moïse Mbikayi Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Par exemple, on utilise généralement la notion de fonction pour décrire les relations qu’entretiennent deux grandeurs quelconques. C’est le cas, notamment, d’une fonction réelle d’une variable réelle qui est une loi associant à tout nombre un nombre réel à par uniquement défini par est noté par situé dans une certaine partie On note ainsi la fonction par et appelé image de où et le nombre de associé constitue le domaine de définition Il revient également de signaler que dans la pratique, une fonction est vue comme une application dès lors que son domaine de définition s’étend à l’ensemble de départ L’ensemble des images des éléments de noté est appelé image de La fonction définie apparaît comme une boîte ou mieux une machine qui transforme l’input telle que en output Figure 1 : Fonction Fonction Cette machine est déterministe et ne laisse aucune place à l’aléa. C’est – à – dire, à chaque fois qu’on injectera la même valeur de la machine produira toujours et exactement la même valeur de On distingue différentes classifications des fonctions. Celle proposée par Stöcker (2002, p. 143) se présente comme suit : (i) fonctions simples (fonctions constantes, valeur absolue ou partie entière) ; (ii) fonctions polynomiales (fonctions linéaires, quadratiques) ; (iii) fonctions rationnelles (simple hyperbole, quotient de polynômes) ; (iv) fonctions algébriques non rationnelles (racine carrée, racines de polynômes, fonction puissances avec exposants rationnels) ; (v) fonctions transcendantes particulières (fonctions logarithmiques, exponentielles et de gauss) ; (vi) fonctions hyperboliques ; (vii) fonctions hyperboliques inverses ; (viii) fonctions trigonométriques ; (ix) fonctions trigonométriques inverses. L’approche d’analyse de chaque type de fonctions se fait en privilégiant l’une des options suivantes : (i) définition sous une forme explicite ou sur une forme implicite ; (ii) propriétés des fonctions, notamment la définition du domaine de définition, du quadrant, de la périodicité, de la monotonie, des symétries ou des asymptotes ; (iii) étude des valeurs particulières, notamment l’étude des zéros, des points de discontinuité à saut, des pôles, des extrema ou des points d’inflexion ; (iv) inversion de la fonction ; (v) fonction réciproque (fonction inverse) ; (vi) fonctions apparentées ; (vii) application des formules de conversion (fonction quadratique) ; (viii) application des formules d’approximation ; (ix) développement en série ou produit ; (x) calcul de la dérivée de fonctions ou de la primitive de la fonction ou (xi) prolongements particuliers des fonctions. Par ailleurs, on distingue généralement quatre types d’opérations sur les fonctions, à noter : l’addition, la multiplication, la division et la composition des fonctions. 87 J–Paul K. Tsasa & Moïse Mbikayi Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Soient et des fonctions : (i) leur somme, notée ; (ii) leur produit, notée notée est la fonction fonction définie par est la fonction est la fonction définie par définie par définie par ; (iii) leur rapport, ; (iv) leur composée, notée est la Continuité globales et continuité locale Soient sur et deux espaces topologiques. Une application si l’image réciproque par Par illustration, soient d’un ouvert quelconque de un espace discret et de dans est dite continue est un ouvert de un espace grossier : (i) toute application de un espace topologique est continue ; (ii) toute application d’un espace topologique dans continue ; (iii) toute application constante d’un espace topologique dans est dans un autre est continue ; (iv) l’identité de tout espace topologique sur lui – même est continue. Proposition 1. Soient et deux espaces topologiques et une application de les assertions (i, ii, iii) sont équivalentes : (i) réciproque par de tout fermé de est un fermé de dans Alors, est continue ; (ii) l’image ; (iii) pour toute partie de de Par passage au complémentaire, l’assertion (ii) peut être reformulée comme suit : (ii)’ l’image réciproque par de tout ouvert est un ouvert de E. Démonstration. Pour démontrer cette proposition, nous allons procéder par une démonstration en cercle, c’est-àdire : soient ouvert de et ; : soient Donc, Soit qui contient un ouvert de contenant Alors, il existe tel que et est un Et donc, et un fermé de et Puisque il vient que : est fermé. : puisque pour tout l’assertion implique donc Avant d’aborder la notion de continuité locale (continuité en un point), prouvons tout d’abord la proposition suivante intégrant la notion de « base » dans la définition de la continuité. Par définition, si est un espace topologique, alors une base de la topologie est composée d’ouverts de sur l’ensemble (Mbikayi – Tombola – Tsasa, 2013). 88 J–Paul K. Tsasa & Moïse Mbikayi Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Proposition 2. Soient et application de deux espaces topologiques et dans une base pour la topologie est continue si et seulement si pour tout élément Une de est un ouvert de Démonstration. Condition nécessaire, puisque ne peut qu’être continue (résultat immédiat). Condition suffisante, puisque où il y a lieu d’écrire que : pour tout Comme : l’hypothèse implique que Soient et L’application de Et donc, deux espaces topologiques, est continue au point tel que De même, est continue. Une application de si, pour tout voisinage est continue au point dans de et un point de il existe un voisinage si, pour tout voisinage de est un voisinage de Proposition 2*. Soient point de et deux espaces topologiques, L’application est continue au point d’un système fondamental de voisinages de une application de dans et un si et seulement si, pour tout élément l’image réciproque est un voisinage de On peut dès lors établir un lien entre continuité globale et continuité locale. Proposition 3. Soient et est continue sur deux espaces topologiques et une application de dans Alors, si et seulement si elle est continue en tout point de Démonstration. Soient et un ouvert de donc il est voisinage de ouverts contenant contenant Il suit que l’application On a que l’ensemble ouvert est continue au point est un système fondamental de voisinage de contient puisque l’ensemble des (Condition nécessaire) ; 89 J–Paul K. Tsasa & Moïse Mbikayi Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Réciproquement (Condition suffisante), Soit un ouvert de implique que et Puisque soit voisinage de est voisinage de Ainsi, il vient que continue en est voisinage de chacun de ses points, et par conséquent un ouvert de Proposition 4. Soient trois espaces applications de dans continue si (i) et continue au point topologiques , (respectivement et dans . Soient (respectivement g) des ). Alors l’application sont continues ; (ii) au point si d dans est continue en est et de Démonstration. (i) En effet, soit ouvert dans un ouvert de ; si d’autre part si est continue, par définition de la continuité est un est continue, est un ouvert de (ii) soit un voisinage de point ; par ailleurs si ; est un voisinage de dès lors que est continue au est continue au point , on a qui est voisinage de . Homéomorphisme Soient et deux espaces topologiques, une application homéomorphisme si : (i) elle est bijective ; (ii) les applications et de dans est dite (la réciproque de ) sont continues ou encore bicontinues. Nous tenons donc, à faire remarquer qu’un homéomorphisme sur deux espaces topologiques est tout simplement un isomorphisme associé à cette structure, et que toute bijection continue n’est pas nécessairement un homéomorphisme. Dès lors, lorsque les conditions (i) et (ii) sont vérifiées, on dit que les deux espaces topologiques sont homéomorphes. A titre illustratif, toute application monotone bijective entre deux ouverts de est un homéomorphisme ; une bijection sur deux espaces discrets est un homéomorphisme. In fine, ce papier, s’inscrivant dans la continuité des présentations précédentes sur la structure d’espaces vectoriels et les espaces topologiques, constitue un input additionnel à la suite des publications prévues dans la série « Topologie pour économistes ». Dans un prochain papier, nous présentons quelques constructions topologiques. Il sera question de dériver les topologies initiale, induite, produit, finale et quotient. 90 J–Paul K. Tsasa & Moïse Mbikayi Laboratoire d’Analyse – Recherche en Economie Quantitative Bibliographie AIGNER Martin et Günter M. ZIEGLER, 1998, Raisonnements ième Démonstrations Mathématiques Particulièrement Elégantes, 2 Divins : Quelques édition Springer, Berlin, 270p. ASLANGUL Claude, 2011, Des Mathématiques pour les Sciences. 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Analyse (Cours complet avec 600 test et Exercices corrigés), avec la collaboration de Hakim BOUMAZA, Benjamin COLLAS, Stéphane COLLION, Marie DELLINGER, Zoé FAGET, Laurent LAZZARINI et Florent SCHAFFA_HAUSER), édition Pearson, Paris, 932p. MBIKAYI Moïse, TOMBOLA Cédrick et Jean – Paul TSASA, 2013, « Espaces topologiques (Présentation des Notions Préliminaires). Série Topologie pour Économistes (2P –1) », One Pager Laréq (mars), 5 (16): 100 – 111. OK Efe A., 2007, Real Analysis with Economic Applications, Princeton University Press, Princeton, 802p. RUDIN Walter, 1976, Principles of Mathematical Analysis, 3th edition, McGraw – Hill, New – York, 342p. STÖCKER Horst, 2002, Toutes les Mathématiques et les Bases de l’informatiques, Traduction de l’édition originale Taschenbuch mathematischer par Vincent Bosser et Sandra Marcello, Dunod, Paris, 1158p. TOMBOLA Cédrick et Jean – Paul TSASA, 2013, « Analyse de la Structure d’Espaces Vectoriels», One Pager Laréq (février), 5 (15): 93 – 99. 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