MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE T Capes externe de mathématique Epreuve d’admissibilité Algèbre et géométrie Autocorrectif. sujet n°3 Pierre Burg Nombres algébriques 1 Préliminaire D ÉFINITION 1. — Soit α un nombre complexe, α est dit algébrique, s’il existe un polynôme P à coefficients rationnels tel que P (α) = 0. 1. Démontrer que tout nombre rationnel est algébrique. p p 2. Démontrer que 2 + 3 est algébrique. 3. Démontrer que α est algébrique si et seulement si la suite (αn )n∈N est liée dans l’espace vectoriel C sur Q. D ÉFINITION 2. — Soit α ∈ C, on note Q[α] l’ensemble des nombres de la forme P (α) où P ∈ Q[X ]. 4. Démontrer que Q[α] est un Q-espace vectoriel et une Q-algèbre associative unitaire intègre. 5. Démontrer que α est algébrique si et seulement si Q[α] est un Q-espace vectoriel de dimension finie. 6. En déduire que : si α et β sont algébriques alors α + β et αβ sont algébriques. 7. Démontrer que l’ensemble des nombres algébriques est un corps et une Qalgèbre associative unitaire. 1 1-2507-TC-WB-03-13 8. Démontrer que Q[i ] est un corps. 9. Soit ω une racine de X 3 + X + 1. Démontrer que Q[ω] est un corps. 10. Démontrer que α est algébrique si et seulement si Q[α] est un corps. 2 Extension de corps 2.1 Si F un sous-corps de R. On rappelle qu’un tel sous-corps contient Q. On rappelle aussi que si F est un sous-corps de G alors G est muni d’une structure d’espace vectoriel sur F, pour la loi interne + et la loi externe ×. On considère F, G, H trois sous-corps de R tel que F ⊂ G ⊂ H. Soient a 1 , . . . , a n une base de G sur F et b 1 , . . . , b m une base de H sur G. Démontrer que (a i b j ), (i , j ) ∈ {1, . . . , n} × {1, . . . , m} est une base de H sur F ; en déduire la dimension de H sur F en fonction de m et n. 2.2 D ÉFINITION 3. — Soit F un sous-corps de R et α ∈ R∗ . Le degré de α sur F, noté o n ¡ ¢ m−1 ∗ linéairement indépendants sur F deg(α, F) est l’entier égal à max m ∈ N ; 1, α, . . . , α 1. Montrer que deg(α, F) = 1 est équivalent à α ∈ F 2. Dans cette question α 6∈ F et α ∈ R et on suppose a et © qu’il existe deux éléments ª 2 b de F tels que α + aα + b = 0. On note F(α) = x + yα ; x ∈ F, y ∈ F • Préciser la dimension de F(α) en tant qu’espace vectoriel sur F. • Montrer que F(α) est un sous-corps de R. p • Vérifier qu’il existe un élément positif k de F tel que F(α) = F( k). • Déterminer deg(α, F). D ÉFINITION 4. — On dit que F(α) est une extension quadratique de F. 3. On suppose désormais que deg(α, F) = n, où n est un entier strictement supérieur à 1. (a) Démontrer qu’il existe un polynôme p de degré n, à coefficients dans F, tel que : p(α) = 0. (b) Démontrer que p est irréductible sur F, c’est à dire si p 1 et p 2 sont deux polynômes à coefficients dans F tels que : p = p 1 p 2 , alors p 1 ou p 2 est un polynôme constant. (c) Démontrer que si q est un polynôme à coefficients dans F tel que q(α) = 0, alors le reste de la division euclidienne de q par p est le polynôme nul. 2 1-2507-TC-WB-03-13 (d) Application : Déterminer deg ³p ´ 3 2, Q . ¡ ¢ 4. Soit F(α) l’espace vectoriel sur F engendré par 1, α, . . . , αn−1 . Montrer que, pour tout entier m ∈ N, αm ∈ F(α). En déduire que F(α) est stable pour la multiplication. 5. Soit r ∈ F(α), r 6= 0 et soit ρ l’application F-linéaire : F(α) → F(α), ρ(r ) = r s. Montrer que ρ est injective ; en déduire que r −1 appartient à F(α) et que F(α) est un sous-corps de R. 3 Droites et cercles R2 est muni de la distance euclidienne usuelle. F est un sous-corps de R et U = F × F est l’ensemble des points à coordonnées dans F. On note : D l’ensemble des droites passant par deux points distincts de U. C l’ensemble des cercles centrés en un point de U, de rayon égal à la distance de deux points de U. 1. Soit ∆ une droite de D. Démontrer que ∆ admet au moins une équation à coefficients dans F. 2. Soit Γ un cercle de C . Démontrer que Γ admet au moins une équation à coefficients dans F. 3. Soient ∆1 , ∆2 deux droites distinctes de D sécantes en un point M . Démontrer que M ∈ U. 4. Soit ∆ une droite de D et Γ un cercle de C possédant au moins un point commun M . Démontrer que : • ou bien M ∈ U, • ou bien les coordonnées de M appartiennent à un corps G qui est une extension quadratique de F. 5. Que peut-on dire d’un point M commun à deux cercles distincts de C ? 4 Construction à la règle et au compas On note, dans R2 , O = (0, 0) et I = (1, 0). Soit E un ensemble de points de R2 . Avec la règle et le compas, on trace des droites et des cercles en utilisant deux points de E. Les points d’intersection obtenus sont alors des points constructibles à partir de E. 3 1-2507-TC-WB-03-13 On dira qu’un point M est constructible s’il existe une suite finie de points (M 1 , . . . , M n ) telle que M = M n , M 1 est construit à partir de O et I et pour tout i ∈ {2, . . . , n} M i est construit à partir de l’ensemble {O, I , M 1 , . . . , M i −1 }. Un nombre réel est constructible s’il est l’une des coordonnées d’un point constructible. 1. Montrer que : (a) Si A, B,C sont trois points constructibles, alors le point D tel que A, B,C , D soit un parallélogramme est constructible. (b) Le point J = (0, 1) est constructible. (c) Les points à coordonnées entières sont constructibles. 2. (a) Soit M un point constructible. Montrer qu’il existe une suite finie de souscorps de R, (F 0 , . . . , F n ) vérifiant : Q = F0 ⊂ F1 ⊂ . . . ⊂ Fn ∀i , 0 ≤ i ≤ n − 1, F i +1 est une extension quadratique de F i Les coordonnées de M appartiennent à F n Une telle suite sera appelée « suite d’extensions quadratiques » et abrégée en s.e.q. En déduire que la dimension de F n sur Q est 2n . (b) Démontrer que si α est un réel tel que deg(αp; Q) n’est pas une puissance 3 de 2, alors α n’est pas un réel constructible. 2 est-il constructible ? 3. Démontrons la réciproque. (a) Montrer, sans oublier de faire un dessin, que : • si α et β sont des réels constructibles, il en est de même de α − β et β 6= 0. p • si α est un réel positif constructible, il en est de même de α. α , β (b) Soit Q = F 0 ⊂ F 1 ⊂ . . . ⊂ F n une s.e.q. Montrer que tous les réels de F n sont constructibles. 2π 4. Montrer que cos est racine d’un polynôme à coefficients entiers, en utilisant 5 l’expression de cos(5θ) en fonction de cos(θ). ³ 2π ´ Déterminer deg cos ;Q . 5 5. Démontrer que le pentagone régulier inscrit dans le cercle unité de centre O et passant par I est constructible. 4 1-2507-TC-WB-03-13 5 Un réel non constructible vérifiant deg(r ; Q) = 4 Soit P un polynôme à coefficients entiers : P (x) = α0 + · · · + αn x n avec α0 αn 6= 0. a 1. Soit un rationnel irréductible, racine de P . Démontrer que a divise α0 et que b b divise αn . On suppose désormais que P (x) = x 4 − 4x + 2. 2. Démontrer que P n’admet aucune racine rationnelle mais exactement deux racines réelles r 1 et r 2 . 3. Démontrer qu’il existe (a, b, c, d ) ∈ R4 tels que : P (x) = (x 2 + bx + c)(x 2 + cx + d ) 4. Démontrer que, pour toute factorisation du type ci-dessus, le réel t = b + d est racine d’un polynôme de degré 3, que l’on précisera. En déduire que t n’est pas rationnel et déterminer deg(t ; Q). 5. Démontrer que P est irréductible sur Q et en déduire deg(r i ; Q) pour i ∈ {1, 2}. 6. Démontrer qu’au moins un des deux réels r 1 , r 2 n’est pas constructible. 5 1-2507-TC-WB-03-13