Préparation à l’agrégation Année 2015/2016
ALGÈBRE ET GÉOMÉTRIE
Algèbre — extensions de corps
A. CHAMBERT-LOIR
EXERCICE 1
Soit EFune extension de corps et soit P,Qdes polynômes de E[T].
1On suppose que Pet Qsont premiers entre eux dans E[T]. Démontrer qu’ils sont encore premiers
entre eux dans F[T].
2Plus généralement, démontrer que le pgcd de Pet Qdans E[T] est un pgcd dans F[T].
EXERCICE 2
Soit Eun corps de caractéristique 0 et soit PE[T] un polynôme irréductible.
1Démontrer que Pet P0sont premiers entre eux.
2Démontrer que les racines de P(dans une extension quelconque de E) sont simples.
EXERCICE 3
Soit Kun corps et soit une extension de K. Soit Eet Fdes extensions finies de Kqui sont contenues
dans ; on note m=[E:K] et n=[F:K]. On note aussi EF le corps engendré par Eet Fdans .
1Soit Aune sous-algèbre unitaire de . On suppose que dimK(A) est finie. Démontrer que Aest un
corps, et donc une extension de K.
2Démontrer que EF est une extension finie de Ket que [EF :K]6mn .
3On suppose met npremiers entre eux. Démontrer que [EF :K]=mn et EF=K.
4Soit PK[T] un polynôme irréductible de degré m. On suppose que met nsont premiers entre eux.
Démontrer que Pest irréductible dans F[T].
EXERCICE 4
Soit Eun corps infini, soit une extension algébriquement close de E.
1Soit α,βdes éléments de qui sont algébriques sur E; on note P=Q(Tαi) et Q=Q(Tβj) leurs
polynômes minimaux, où α=α1et β=β1. On suppose que les racines de Psont simples.
a) Démontrer qu’il existe uEtel que α+uβ=αi+uβjentraîne i=1 et βj=β.
b) Soit γ=α+uβet F=E(γ). Quelles sont les racines communes de P(γuT ) et de Q? Démontrer
que le pgcd de P(γuT ) et Q(dans F[T]) est égal à Tβ.
c) Démontrer que βFet en déduire que E(α,β)=E(γ).
2Soit Fune extension finie de Equi est engendrée par des éléments dont le polynôme minimal est
à racines simples. (Cette condition est automatique si Eest de caractéristique 0, voir l’exercice 2.)
Démontrer qu’il existe αFtel que F=E(α).
EXERCICE 5
On dit qu’un point Pest constructible (à la règle et au compas) s’il existe une suite P0,...,Pnde points
du plan tels que P0=O,P1=(1,0), Pn=P, et tels que pour tout m{2,...,n}, il existe i,j,k,`
{0,...,m1} tels que le point Pmsoit obtenu par l’une des trois constructions suivantes :
(i) C’est le point d’intersection de deux droites non confondues (PiPj) et (PkP`) ;
1
(ii) C’est l’un des deux points d’intersection de la droite (PiPj) et du cercle de centre Pket passant
par P`;
(iii) C’est l’un des deux points d’intersection du cercle de centre Pipassant par Pjet du cercle de
centre Pkpassant par P`.
On identifie le plan à l’ensemble des nombres complexes.
1a) Démontrer qu’un nombre complexe est constructible si et seulement si sa partie réelle et sa partie
imaginaire sont constructibles.
b) Démontrer que l’ensemble des nombres constructibles est un sous-corps de C.
c) Soit aun nombre constructible et soit bCtel que b2=a. Démontrer que best constructible.
2a) Dans les trois constructions précédentes, démontrer que zmest algébrique sur le corps
Q(zi,zj,zk,z`) et que son degré est 62.
b) Démontrer qu’un nombre complexe zest constructible si et seulement s’il existe une suite finie
(E0,...,En) de sous-corps de Ctelle que Q=E0E1· · · En, où [Em:Em1]=2 pour tout m{1,...,n}
et zEn. (Théorème de Wantzel.)
c) En déduire que si zest un nombre constructible, alors zest algébrique sur Qet son degré est une
puissance de 2.
d) Calculer sin(3α) en fonction de sin(α). Démontrer que sin(π/9) n’est pas constructible (impossibi-
lité de la trisection de l’angle).
3Soit aun nombre complexe constructible et soit Pson polynôme minimal. Soit El’extension de Q
engendrée par les racines de P.
a) Soit bune racine de P. Démontrer que best constructible.
b) En déduire que [E:Q] est une puissance de 2.
4Soit aun nombre complexe algébrique et soit Pson polynôme minimal ; on note a=a1,...,anses
racines dans Cet E=Q(a1,...,an). On pose m=[E:Q] et on suppose que mest une puissance de 2 ;
le but de cette question est de démontrer que aest constructible. (La preuve classique utilise la théorie
de Galois, celle-ci est inspirée d’une démontration classique du théorème de D’Alembert-Gauss.) On
raisonne par récurrence sur n.
Soit Pl’ensemble des paires {i,j}, où 1 6i,j6n. Pour pPet cQ, on pose zp,c=ai+aj+caiaj;
on pose aussi Qc=Q
p(Tzp,c).
a) À l’aide du théorème sur les polynômes symétriques, démontrer que pour tout cQ, on a QcQ[T].
b) Soit cQ. Démontrer que les degrés des facteurs irréductibles de Qcsont des puissances de 2, et
que l’un d’entre eux est de degré <d. En utilisant l’hypothèse de récurrence, en déduire qu’il existe
pPtel que zp,csoit constructible.
c) Démontrer qu’il existe pPet c6= c0dans Qtels que zp,cet zp,c0soient tous deux constructibles.
d) Si p={i,j}, en déduire que ai+ajet aiajsont constructibles, puis que aiet ajsont constructibles.
e) Démontrer que aest constructible.
2
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !