LA VACCINATION CONTRE LE ZONA IL EST TEMPS D’AGIR INTRODUCTION Le zona, aussi appelé herpès zoster, est causé par le même virus que la varicelle. Environ une personne sur 3 au Canada, comme dans tous les pays industrialisés, développera un zona à un moment ou un autre de sa vie. Bien que l’incidence du zona augmente avec l’âge, la plupart des personnes qui en sont atteintes ont moins de 65 ans (60%) et sont, selon toutes probabilités, sur le marché du travail. Au Canada, on estime à environ 130 000 le nombre de cas de zona par année, à 17 000 le nombre de cas de névralgie post-herpétique (douleur nerveuse persistante sur la trajectoire des nerfs touchés) et à 20 le nombre de décès reliés aux complications du zona donnant lieu à 252 000 consultations chez le médecin et à 2 000 hospitalisations [1]. Chaque année, le diagnostic et le traitement du zona et ses complications coûtent 68 millions de dollars au système de soins de santé canadien [2]. Coûts des soins en 2005 : 69 millions & Nombre d’événements liés au Zona au Canada Décès 20 Hospitalisation 14 millions (21%) NPZ : 5 millions (8%) Hospitalisations 2 000 NPZ : 17000 Consultations médicales et ordonnaces 49 millions (71%) Consultations : 360 000 Cas de zona : 130 000 Référence : Brisson M, Pellissier JM, Camden S et al. The potential cost-effectiveness of vaccination against herpes zoster and post-herpetic neuralgia. Hum Vaccin 2010; 4(3):238-45. DESCRIPTION Chez une personne qui a eu la varicelle, le virus n’est jamais éliminé et peut rester latent pendant de nombreuses années i.e. qu’il reste caché à l’intérieur des nerfs sensitifs de la moelle épinière sans causer aucun symptôme. Mais le virus peut redevenir actif et causer une nouvelle éruption cutanée douloureuse lorsque le système immunitaire fonctionne moins bien. C’est ce qu’on appelle le zona. Plusieurs raisons peuvent expliquer une diminution de fonctionnement de notre système immunitaire: • Le vieillissement • Les maladies chroniques, par exemple le cancer, le sida • La prise de médicaments qui affectent la fonction immunitaire; par exemple les immunosuppresseurs ou les modulateurs du système immunitaire • Le stress • La radiothérapie SYMPTÔMES Le zona se caractérise par une éruption cutanée, des maux d’estomac, des maux de tête, de la fièvre et des frissons. Ces symptômes sont souvent précédés par des signes précurseurs (démangeaison, engourdissement et dans certains cas, une douleur intense) dans les jours qui précèdent l’éruption cutanée. L’éruption cutanée s’accompagne d’une sensation de brûlure et de picotement produit par des vésicules rouges remplies de liquide. L’éruption se manifeste le plus souvent sur le thorax, l’abdomen, le dos, les fesses ou la nuque et parfois le visage et le cuir chevelu et dure généralement de 7 à 10 jours, pour disparaître complètement après un mois. Cependant, si le système immunitaire est affaibli, l’éruption cutanée peut être plus grave, les lésions prennent plus de temps à guérir et peuvent laisser des cicatrices. Une névralgie post-herpétique est une des complications du zona qui se produit dans 8 à 27% des cas. Elle suit la trajectoire des nerfs touchés, là où le virus de l’herpès zoster est situé. Cette névralgie peut durer plusieurs semaines, mois ou années et peut même persister toute une vie. AUTRES COMPLICATIONS POSSIBLES; • Atteinte du nerf optique : Le virus peut causer une infection ou une douleur oculaire déclenchée par l’exposition à la lumière. Si cette infection n’est pas traitée, le virus peut entraîner la cécité. • Atteinte de certains nerfs du visage : L’atteinte de certains nerfs du visage peut causer le syndrome de Ramsay Hunt. Ce syndrome entraîne une douleur aux oreilles, une paralysie du visage et une perte de l’ouïe et du goût qui sont, heureusement, passagères. IMPACT SUR LES ABSENCES ET LA PRODUCTIVITÉ AU TRAVAIL La douleur associée au zona peut être très invalidante et peut réduire la productivité au travail des personnes qui en sont atteintes tel que démontré dans l’étude de Drolet et all. [3] parue en 2012. En effet, cette étude prospective, effectuée au Canada chez des sujets atteints de zona de 50 ans et plus, a démontré que 64% des sujets avaient été absents de leur travail à cause de leur zona. De plus, 76% avaient rapporté une diminution de leur productivité au travail (présentéisme) à cause de la névralgie associée à leur zona. En moyenne, chaque employé s’était absenté 27 heures de son travail et avait rapporté 34 heures de présentéisme. PRÉVENTION Selon l’Agence de la Santé Publique du Canada, la vaccination contre le zona représente la meilleure protection contre cette maladie. Approuvé par Santé Canada en 2008, le Zostavax est le seul vaccin disponible pour contrer le zona. Il est destiné aux adultes de 50 ans et plus et vise à renforcer le système immunitaire, permettant ainsi de se protéger contre le zona. Une seule dose suffit. La protection conférée par le vaccin contre le zona demeure statistiquement importante pendant au moins 5 ans et les derniers résultats semblent indiquer une efficacité pouvant aller jusqu’à 7 ans [1]. Malgré son efficacité, certaines personnes ayant reçu le vaccin pourront tout de même développer un zona. Toutefois, chez les personnes vaccinées les cas de zona sont moins douloureux et de plus courte durée. Outre la vaccination, on peut aider à prévenir le zona en s’assurant d’avoir un système immunitaire fort grâce à une alimentation saine, de l’exercice physique régulier et du repos. CONCLUSION Le zona a un impact important sur la qualité de vie et les activités journalières des Canadiens. Bien que la prévention soit à privilégier, peu de Canadiens ont reçu le vaccin du zona depuis sa mise en marché en 2008. Ceci s’explique entre autres, par le manque d’information sur la maladie, ses complications ainsi que sur les bénéfices du vaccin, et par le fait que le vaccin ne soit pas couvert par l’assurance maladie ni par plusieurs plans d’assurance collective. Le traitement du zona et de ses complications coûte plusieurs dizaines de millions de dollars par année à notre système de santé. De plus, l’impact négatif de cette maladie sur la productivité des individus au travail coûte cher aux employeurs en jours d’absence et en présentéisme. Ceci devrait être pris en considération au moment de choisir un plan d’assurance collective et notamment, d’y inclure ou non le remboursement des vaccins Références : 1- Agence de la Santé publique du Canada. Guide canadien d’immunisation, partie 4. 2- Brisson M, Pellissier JM, Camden S, Quach C and De Wals P. The potential cost effectiveness of vaccination against herpes zoster and post-herpetic neuralgia. Hum Vaccin 2010;4:238-45 3- M. Drolet et al. Employment related productivity loss associated with herpes zoster and postherpetic Mars 2016