972 FORT-DE-FRANCE. 44, boulevard Robert-Attuly
LYCÉE polyvalent mixte Victor-Schoelcher
I. Historique
Un établissement d’enseignement secondaire est créé à Saint-Pierre le 6 décembre 18801, sous
l’appellation de « collège national ». A partir de 1881, il prend la dénomination de « lycée ». Puis, il
est assimilé à un lycée français, et le même programme doit y être enseigné. Le 28 février 1902, il
reçoit le nom de « lycée Schoelcher »2. En septembre, après la destruction de Saint-Pierre,
l’enseignement secondaire est transféré dans les locaux de l’externat colonial, à la caserne Bouillé.
En 1915, Louis Achille, premier agrégé antillais en devient le proviseur.
On décide d'établir le nouveau lycée à Fort-de-France sur une partie de l’ancien domaine de
Bellevue. Le lycée est construit à l’emplacement de l’ancienne maison du Gouverneur3, avant son
transfert à Didier. D’importants travaux de terrassements et de soutènement dus à la pente forte sont
nécessaires pour constituer les trois plates-formes sur lesquelles est implanté le lycée. Ces travaux
durent plus de dix ans, commencés dans les années 204 , ils ne se terminent pas avant janvier 19365.
Ceci entraîne le retard de la livraison du lycée et des surcoûts. En effet, prévu initialement pour le
tricentenaire de la colonie en 1935, la mise en service du lycée s’étale de 1937 à 1938. En 1937, le
nouveau lycée ouvre ses portes avant la fin des travaux de l’internat. Les travaux ont été réalisés par
les entreprises martiniquaises Roy-Camille, Kalfon et Roseau et suivis par les ingénieurs Donat,
Roy-Camille et Delaval. Le lycée est attribué à Honoré Donat, ingénieur du Service des Travaux
Publics4. Il semble que ce dernier a seulement suivi le déroulement des travaux, en tant que
fonctionnaire responsable de son exécution. L’importance de l’ouvrage - c’est un des premiers
lycées de France - plaide pour une conception depuis la métropole, car, à cette époque les structures
présentes en Martinique semblent sous-dimensionnées. De plus, d'après Jean Doucet, la conception
des structures qui représentaient, à l’époque, l’aboutissement des connaissances parasismiques a été
menée par le cabinet des ingénieurs Delfosse et Trompat, à Paris. Le séisme de 1953 n’a pas affecté
la structure : destruction (normale) des joints de dilatation et fissures. Un témoignage d’Yves
Edmont confirme ce point. Sur une photographie ancienne (doc. 1), on constate que le lycée à sa
construction était situé plus près de la mer qu'aujourd'hui. Il existe aussi des photographies datant
les travaux (doc. 2 et 3).
Sous l’administration de l’amiral Robert, le lycée est partiellement occupé par l’armée : on ferme
l’internat ouvert en 1938, et on recrute dix professeurs. L’année d’après, il devient le siège
d’enrôlement du bataillon n°5 des Forces armées libres, comme le rappelle une plaque posée sur
l’un des murs d’enceinte (à droite de l'entrée sud-est). Durant cette période, une anecdote rapportée
par Jean Doucet mentionne un impact d’obus dans l’enceinte du lycée lors d’un exercice de tir raté
depuis le fort Desaix, assez proche. En 1948, après la départementalisation, le lycée colonial devient
lycée national de garçons, jusqu’en 1973-1974, époque à laquelle il est érigé en « lycée polyvalent
mixte ». Aimé Césaire et Emile Maurice y ont enseigné1.
L'état de l'édifice pose très vite problème. L'utilisation de sable de mer pour le béton en est la
principale cause : les fers à béton s'oxydent et font éclater le béton par plaques. Après de
1 Le patrimoine des communes de la Martinique. Dir. Jean-Luc Flohic. Editions Flohic, 1998, p.137.
2 Victor Schoelcher, d’origine alsacienne, est la figure emblématique de la lutte pour l’abolition de l’esclavage qui a
abouti en 1848.
3 Fragments d’histoire à la faveur d’une promenade dans les rues et aux environs de Fort-de-France, pas d’éditeur,
1940, p. 75/76. Le domaine de la résidence du gouverneur à Bellevue a été démantelé pendant la guerre 14/18, puis
fractionné et vendu aux enchères publiques. Une partie sera le terrain d’assiette du lycée Schoelcher. La résidence
du gouverneur fut ensuite le « vieux moulin » (au dessus de Didier)
4 DOUCET, Jean. Architecture moderniste en Martinique. Etude non publiée. Notice de l'édifice.
5 AD Martinique : 1S977. Journal de chantier.