
Actes de la 1
ère
Journée ComIndus - 29 mars 2007 - Avignon
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facteurs peuvent contribuer à expliquer l’origine et le développement des grandes chaînes de
distribution, et la concentration des fabricants n’est pas un facteur indispensable à cet effet. La
structure de la distribution est plutôt déterminée, à son avis, par les caractéristiques du
produit, qui influencent le comportement d’achat des consommateurs.
Par contre, Porter accepte l’idée de Galbraith selon laquelle le pouvoir des distributeurs
limite le niveau des profits des producteurs, tout en discutant l’importance relative des
sources de ce pouvoir. Alors que selon Galbraith, ce contre-pouvoir s’explique
essentiellement par la concentration des distributeurs, et donc par leur taille, Porter soutient
que la capacité des distributeurs à différencier leur offre est une explication encore plus
importante que la première.
Quand le nombre des acheteurs d’un produit est proche du nombre des fabricants sur un
marché oligopolistique, la possibilité, voire la menace, implicite sinon explicite de refus de
vente constitue, selon Porter, une source de pouvoir. Puisque la plupart des distributeurs
proposent plusieurs produits, la menace des producteurs de retirer les leurs est moins
efficace. La concurrence de ces derniers exerce une pression indirecte sur un marché
d’oligopole bilatéral, selon Porter, à travers la possibilité des fabricants de faire des
concessions secrètes à des distributeurs. Ce dernier argument s’appuie sur la théorie de
l’oligopole de Stigler (Stigler 1964).
En revanche, la capacité de différentiation se manifeste dans le contrôle des distributeurs de
beaucoup d’attributs du service commercial qui ont une influence sur le comportement
d’achat des consommateurs. Ces facteurs peuvent être la réputation et l’image du magasin,
l’environnement du magasin (« the physical amenities »), les différents services offerts, ainsi
que l’identité du magasin. Les facteurs structurels (taille et concentration des entreprises et
des magasins, etc.) et la capacité de différenciation donnent aux distributeurs un pouvoir dans
la négociation qui leur permet de réduire les profits des fabricants.
Le pouvoir des distributeurs est différent dans les magasins « convenience », (qui
correspondent à peu près aux grandes surfaces alimentaires - GSA), et « non convenience »
(qui correspondent plutôt aux chaînes spécialisées). Selon l’analyse de Porter, la publicité des
fabricants est le principal facteur de vente des produits de marque dans les GSA, alors que
le rôle du distributeur est beaucoup plus important pour les produits vendus dans les chaînes
non alimentaires. Dans celles-ci, la publicité des fabricants ne suffit pas et les efforts de vente
des distributeurs deviennent essentiels.
Les possibilités de différenciation des distributeurs « alimentaires » étant faible, selon
Porter, leur pouvoir face aux fabricants est basé principalement sur les facteurs structurels.
Par contre, le pouvoir des distributeurs non alimentaires est plus important, puisqu’il est basé
sur leur capacité à différencier leur service, mais aussi à favoriser la vente d’un produit d’un
fabricant plutôt que celui d’un autre.
Face à cette possibilité, voire à cette menace, les fabricants seront amenés à réduire leur prix
aux distributeurs, augmenter leurs marges ou dépenser des ressources pour convaincre les
distributeurs à promouvoir leurs produits et non pas ceux des concurrents.
Le pouvoir des distributeurs diffère aussi selon leur contribution à la différenciation de chaque
produit et marque : il est plus élevé pour les marques de distributeurs (MDD) et les marques
industrielles non soutenues par la publicité plutôt que pour les grandes marques.
Ces variations des stratégies des distributeurs et des fabricants sont, pour Porter, des sources
supplémentaires d’interaction qui déstabilisent les concurrents et empêchent leurs collusions
tacites.
Dans d’autres ouvrages, plus normatifs, M. Porter traite le sujet du pouvoir des acheteurs
tous secteurs confondus et il définit les circonstances qui lui sont favorables (Porter 1980,
1985). Aux facteurs déjà mis en évidence précédemment, (la concentration, la taille, le degré
de différenciation, la menace d’intégration verticale), il en ajoute d’autres : les coûts de