UV SQ 20
page 3
Chap.1 Espaces Probabilisés
-I- Introduction:
1°) Le hasard
Le calcul des probabilités est l’étude des phénomènes aléatoires, du mot latin alea = hasard. Cette
notion n’est d’ailleurs pas très facile à cerner. Ce qu’on nomme hasard peut être dû simplement à un
phénomène qu’on maîtrise mal, ou dont on ne connaît pas les causes.
Il y a quelques millénaires, l’apparition d’une éclipse pouvait être considérée comme un phénomène
relevant du hasard alors qu’après la découverte des lois de la gravité et de l’orbite des objets célestes du
système solaire, il devient un phénomène entièrement déterminé.
De même le lancer d’une pièce de monnaie, exemple même du phénomène aléatoire, n’a rien de ha-
sardeux à condition de connaître avec précision tous les paramètres du mouvement. Dès que la pièce est
lancée, son trajet est entièrement déterminé, ainsi que le résultat du lancer.
Alors, le hasard ? Existe-t-il vraiment, ou est-il simplement une mesure de notre incompétence ?
On peut considérer le monde comme un environnement totalement déterminé, tendance Laplace, ou
au contraire, considérer qu’il existe une part incompressible de hasard, (Cf. le principe d’incertitude de
Heisenberg) dans laquelle on peut loger un espace de liberté.
2°) Probabilités objectives et subjectives :
Avant de définir la probabilité, il est nécessaire de considérer la notion de fréquence.
Soit une expérience à deux issues, succès et échec, qui est répétée n fois dans les mêmes conditions.
La fréquence de succès s’écrit fnombre de succès
n
n=.
On peut ainsi définir la probabilité de succès d’une expérience aléatoire par pfp
nn
=∈
→∞
lim ,01, le
problème étant que cette probabilité ne peut être connue qu’après une infinité d’expériences.
Dans certains cas, il est possible de contourner cette difficulté par des considérations géométriques.
Par exemple, pour le lancer d’un dé cubique parfaitement équilibré (mais l’est-il parfaitement ?), à cha-
que face on peut attribuer la probabilité 1/6.
La définition de la probabilité d’un événement ainsi donnée peut être appelée probabilité objective.
Une autre définition, beaucoup plus floue, celle de la probabilité subjective, serait « combien un
joueur serait prêt à parier sur un résultat ? »
Par exemple, on demande à un étudiant d’évaluer ses chances de succès à un examen, c’est-à-dire sa probabilité de ré-
ussite p∈[0, +1]. Puis on lui propose l’expérience suivante : faire tourner une aiguille sur un axe situé au dessus d’un dis-
que dont un secteur d’angle θ est blanc, le reste étant coloré. Après rotation de l’aiguille, si elle s’arrête sur le secteur
blanc, on lui donne son examen, sinon … Puis on lui donne le choix, passer effectivement l’examen ou laisser l’aiguille,
donc laisser le hasard décider. En fonction de l’angle θ l’étudiant choisira l’une ou l’autre solution, ce qui permettra
d’évaluer sa probabilité subjective p.
Pour terminer cette introduction, il faudrait préciser que le Calcul des Probabilités n’est pas qu’un
amusement de mathématicien. Il est utilisé dans des domaines aussi divers que la fiabilité, les assuran-
ces, la gestion des stocks ou des sièges mis à la vente par les compagnies aériennes, la vitesse des
conducteurs (y a-t-il un radar sur ma route ?) et bien sûr les jeux de hasard (Cf. les bénéfices de la Fran-
çaise des Jeux). Sans le calcul des probabilités les compagnies d’assurances seraient ingérables, ou avec
des primes dissuasives, et les compagnies aériennes ne pratiqueraient pas la surréservation, qui peut
avoir ses avantages pour certains passagers.
Il est intéressant, par exemple en séance de TD, de pratiquer des expériences pour vérifier
l’adéquation entre la théorie (calculs effectifs) et la pratique (observation).