446 Ann. Kinésithér., 1985, t. 12, nO 9
Enfin, il est classique d'affirmer que c'est le
vaste interne qui assure les derniers degrés
d'extension mais ceci n'est pas tout àfait exact.
Il est certain que ce faisceau lors de sa
contraction oriente la rotule et la palpation à
la face inférieure et antéro-interne de la cuisse
permet d'apprécier la contraction et le volume
musculaire.
Il faut savoir que dans des cas rares de patients
ayant une paralysie complète du quadriceps, le
genou peut être étendu contre pesanteur mais
incomplètement (- 250) grâce à l'action du
tenseur du fascia-lata. Ce trucage sera dépisté
par l'absence complète de fixation de la rotule
et par ailleurs par la contraction très marquée
du fascia-lata sur la face externe de la cuisse.
Au pied
FLEXION DORSALE
Deux muscles principaux (jambier antérieur
et extenseur commun des orteils), un muscle
accessoire (extenseur prop"re du 1) agissent
synergiquement lors de la flexion dorsale de la
tibio-tarsienne. La prévalence d'un des deux
muscles principaux entraîne un déséquilibre
dans le mouvement soit en inversion (jambe
antérieur) soit en éversion (extenseur commun)
selon le muscle dominant. En effet, bien qu'in-
nervés. tous les deux par le tibial antérieur, il
est possible de rencontrer chez certains patients
polytraumatisés (par suite d'une fracture du
cotyle par exemple) une atteinte élective du
jambier antérieur causée par l'embrochage trans-
tibia!. La récupération est habituelle et ne pose
aucun problème après l'ablation de la broche.
INVERSION
Beaucoup plus intéressante est la distinction
entre jambier antérieur et jambier postérieur,
tous deux inverseurs du pied.
Plusieurs cas de figures peuvent être ren-
contrés :
- le jambier antérieur est absent ainsi que
l'extenseur commun et les péroniers latéraux,. le
jambier postérieur est présent.
Il s'agit d'une atteinte de type sciatique poplité
externe; en effet,lejambier postérieur est innervé
par le sciatique poplité interne.
- lejambier antérieur est absent ainsi que l'exten-
seur commun et lespéroniers latéraux,. lejambier
postérieur est également paralytique. On notera
la persistance de la fonction du triceps pour
éliminer une atteinte globale du sciatique et l'on
pourra alors affirmer que la paralysie :
Jambier antérieur +jambier postérieur +exten-
seurs +péroniers =atteinte radiculaire L4/L5.
Car le jambier antérieur et le jambier posté-
rieur sont de même niveau radiculaire L4/L5
mais innervés par des terminales différentes :
- sciatique poplité externe pour le jambier
antérieur,
- sciatique poplité interne pour le jambier
postérieur.
Le jambier postérieur ne s'évalue pas en force
car l'inversion du pied est certes due àsa
contraction mais aussi àl'action du jambier
antérieur et du triceps, c'est la palpation, facile,
en arrière du sommet de la malléole interne qui
permet d'affirmer ou d'infirmer sa présence.
FLEXION PLANTAIRE
Aucun autre muscle ne peut remplacer le
triceps surallors de l'élévation sur la pointe du
pied mais lors de la cotation «non fonction-
nelle », lepatient étant en décubitus, il ne faudra
point se laisser abuser par la contraction du long
péronier latéral qui tout en ayant tendance à
placer le pied en éversion portera l'avant-pied
en flexion plantaire.
Par contre, lors d'une atteinte du musculo-
cutané, la paralysie des péroniers gênera l'éléva-
tion sur la pointe du pied, non pas par
insuffisance du triceps mais par manque de
stabilité latérale au niveau de la sous-astraga-
lienne. L'examinateur devra bloquer le calca-
néum par un appui sur sa face interne et un
contre appui sur le tiers inférieur et externe de
la jambe afin que le patient puisse effectuer
plusieurs élévations consécutives sur la pointe
du pied (cotation fonctionnelle).
D'où l'intérêt dans toute atteinte neurologique
périphérique du pied, d'évaluer d'abord les
péroniers latéraux (indispensables àla stabilisa-
tion de la sous-astragalienne avant d'évaluer le
triceps sural).