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Les recommandations de prise en charge de la neurofi-
bromatose de type 1 sont le résultat d’un travail d’experts
du réseau NF-France fondé sur une recherche Medline (1966 à
1999) et sur la consultation d’ouvrages de référence. L’objectif
recherché est une mise au point des connaissances diverses sur
cette maladie et la réalisation d’un consensus permettant de don-
ner aux malades une qualité de soins identique dans les diffé-
rentes structures constituant le réseau.
La neurofibromatose de type 1 (NF1) est une maladie génétique
à transmission autosomique dominante, à pénétrance complète et
dont l’expression phénotypique est la même au sein d’une même
famille. Selon les nouvelles recommandations, le diagnostic est
clinique et il est retenu chez un individu présentant deux au moins
des critères suivants : six taches café au lait, deux neurofibromes,
des éphélides, un gliome des voies optiques, deux nodules de
Lisch, une lésion osseuse, un parent du premier degré atteint de
NF1. Selon l’âge, le diagnostic est plus ou moins facile à mettre
en évidence : chez les enfants, les taches café au lait peuvent être
le seul signe clinique et le diagnostic en l’absence d’autres cri-
tères ne peut être établi. Le diagnostic génétique est difficile et
non fait en routine ; il peut être indiqué dans les formes familiales
avec recherche de délétions par méthode de diagnostic indirect.
Les complications de la NF1 sont fréquentes : neurofibromes
plexiformes ( 30 %), scolioses (3 %), gliome des voies optiques
(15 %), hypertension artérielle (5 %), difficultés d’apprentissage
(33 à 70 %). La plupart de ces complications surviennent pendant
l’enfance, ce qui justifie une surveillance rapprochée et rigou-
reuse. Les difficultés d’apprentissage dans cette pathologie sont
davantage dues à des troubles cognitifs qu’à un retard mental. Il
s’agit de troubles de l’attention, de difficultés de coordination
motrice, de déficit de la mémoire récente, de troubles perceptifs
surtout visuels, de difficultés d’élocution. L’IRM cérébrale montre
chez ces jeunes enfants, des hypersignaux sans effet de masse,
circonscrits ou “objets brillants non identifiés” (OBNI). Sur le
plan endocrinologique, le phéochromocytome est la complication
du sujet adulte, les anomalies pubertaires sont rares, mais une
puberté précoce révèle un tiers des gliomes des voies optiques. Le
gliome des voies optiques, dont la manifestation essentielle est la
baisse d’acuité visuelle, est une crainte des médecins, les évolu-
tions rapides mettant en jeu le pronostic visuel et vital de l’enfant.
On comprend donc la nécessité d’un suivi clinique exhaustif, mul-
tidisciplinaire et à vie, dès le diagnostic de la maladie. La prise de
la tension artérielle, les examens orthopédique, dermatologique,
ophtalmologique... permettront de détecter une complication et
d’orienter le sujet vers des examens complémentaires. Les experts
recommandent une IRM cérébrale chez le patient dont l’examen
ophtalmologique et neurologique est difficile en raison du jeune
âge ou de troubles cognitifs, même en l’absence de signes cliniques,
et ce tous les deux ans jusqu’à la possibilité d’un examen clinique
fiable. S’agissant du gliome des voies optiques, seuls ceux à évo-
lution agressive justifieront le recours à un geste thérapeutique.
En conclusion, l’approche de la NF doit s’appuyer sur la clinique
et non pas sur un “dépistage paraclinique systématique”.
W. El Bakkouri
Neurofibromatose 1 : recommandations de prise en charge
Pinson S et al. •Arch Pediatr 2002 ; 9 : 49-60.
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Le traitement d’une épistaxis chez un patient atteint d’une
coagulopathie quelconque, congénitale ou acquise, ne va
pas de soi. La cautérisation dirigée sur un point de la muqueuse
nasale peut aggraver l’hémorragie, de même que l’on peut voir
une muqueuse congestive et fragile qui saigne en lac et dont
l’hémostase est difficile. Parmi les moyens mis à notre disposi-
tion pour traiter les épistaxis, l’auteur de l’article décrit l’utilisa-
tion de la colle biologique, dont le composant principal est la
fibrine. Il rappelle que la cascade de la coagulation aboutit phy-
siologiquement à la formation de fibrine, qui permet la constitu-
tion d’un caillot stoppant l’hémorragie.
Vingt-cinq patients saignant du nez dans un contexte de coagu-
lopathie ont bénéficié d’une instillation endonasale de colle bio-
logique plus ou moins guidée sous optique. Parmi ces patients,
21 prenaient des antivitamines K, 2 avaient une insuffisance hépa-
tocellulaire et 2, une hémophilie. Aucune complication locale
n’a été notée après le traitement par la colle biologique : pas de
nécrose, pas de synéchie, pas de réaction allergique. Par ailleurs,
l’hospitalisation a été de courte durée et le traitement substitutif
par vitamine K ou plasma frais congelé a pu être économisé.
À la différence de la maladie de Rendu-Osler, cas dans lequel la
colle de fibrine est injectée en sous-muqueux, dans les épistaxis
dues à une coagulopathie, il suffit d’instiller la colle à la surface
de la muqueuse nasale. Le point qui saigne coagule presque ins-
tantanément et l’hémostase est durable. Malgré un saignement
actif, le néocaillot de fibrine formé reste adhérent à la muqueuse.
P. Walshe conseille l’utilisation d’une forme de colle biologique
à concentration élevée (thrombine 500 plutôt que thrombine 4),
du fait de sa rapidité d’action.
Il conclut en rapportant les bénéfices de la colle biologique : effi-
cacité, faible coût, caractère indolore lors de son application, pos-
sibilité de surseoir à l’utilisation de plasma frais congelé ou autre
traitement de substitution.
W. El Bakkouri
ABSTRACTS
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La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no277 - novembre 2002
Traitement des épistaxis par colle biologique en cas de coagulopathie
The use of fibrin glue to arrest epistaxis in the presence of a coagulopathy. Walshe P •Laryngoscope 2002 ; 112 : 1126-8.