RECOMMANDATIONS DE LA SFC
8ARCHIVES DES MALADIES DU CŒUR ET DES VAISSEAUX, tome 98, n° 2 (suppl), février 2005
RÉTRÉCISSEMENT AORTIQUE
Le remplacement valvulaire aortique pour RA est la procédure chirurgicale la plus cou-
rante après le pontage coronaire. Les études épidémiologiques estiment la prévalence
d’un RA à 5 % chez les sujets de plus de 75 ans, 3 % ayant une sténose aortique serrée,
la moitié d’entre eux étant asymptomatiques [5, 17]. Compte tenu du déclin de la mala-
die rhumatismale, la majorité des RA se développent sur une valve aortique tricuspide
initialement normale, et sont diagnostiqués à partir de la 6edécennie. Le processus
sous-jacent à la constitution de cette sténose aortique calcifiée a pendant longtemps été
considéré comme dégénératif, mais des travaux récents sont en faveur d’un processus
actif qui présente des similitudes avec le développement de la plaque d’athérome.
Plus rarement, la valvulopathie aortique est en rapport avec une bicuspidie qui est la
malformation cardiaque congénitale la plus fréquente (1 à 2 % de la population). La
bicuspidie est associée fréquemment à d’autres anomalies aortiques, congénitales
(coarctation, persistance du canal artériel) ou acquises (dilatation, dissection et ané-
vrisme) avec au plan histologique, des lésions dystrophiques de la média [18-20].
Histoire naturelle
L’histoire naturelle du RA de l’adulte est caractérisée par une période prolongée de
latence au cours de laquelle la mortalité et la morbidité sont très faibles [21-23]. Globa-
lement, la surface diminue de 0,1 à 0,2 cm2par an avec une progression du gradient de
7 à 16 mmHg. Cette évolutivité est très variable d’un patient à l’autre, et l’on distingue,
suivant la rapidité d’accroisement du degré de la sténose, les progresseurs rapides et les
progresseurs lents. L’âge, la coexistence des lésions coronaires et l’importance des calcifi-
cations ont été identifiés comme facteurs prédictifs d’évolutivité [24-26], mais il n’est
pas possible de prévoir l’évolution chez un patient donné. En général, les symptômes
apparaissent lorsque la sténose devient serrée avec une surface brute inférieure à 1 cm2,
mais là encore avec une grande variabilité individuelle. L’apparition des symptômes
constitue un tournant évolutif radical avec une espérance de vie moyenne de l’ordre de
2 ans après l’apparition des premiers signes d’insuffisance cardiaque gauche, et de 3 à
4 ans après celle de l’angor ou des syncopes [27]. Le risque de mort subite, à juste titre
redouté chez les patients symptomatiques, paraît faible, probablement inférieur à 1 %
par an, en l’absence de symptômes.
L’étude prospective d’Otto et al. [23] a l’intérêt d’utiliser un paramètre simple : la
vitesse maximale du jet aortique au doppler continu. Lorsque cette vitesse est inférieure
à 3 m/s, la probabilité de développer des symptômes nécessitant une chirurgie est infé-
rieure à 15 % à 5 ans, alors que lorsque la vitesse initiale est supérieure à 4 m/s, cette
probabilité est de 70 % à 2 ans. L’importance des calcifications valvulaires et la vitesse de
progression de la valvulopathie sont deux autres paramètres qui, combinés, permettent
aussi d’identifier les patients à haut risque de développement de symptômes [24]. L’inté-
rêt de l’épreuve d’effort chez les patients asymptomatiques est maintenant bien validé
[1, 23, 28]. Si cette épreuve reste contre-indiquée chez des patients ayant un RA serré et
des symptômes caractéristiques, sa réalisation a été montrée exempte de risque par de
nombreux travaux de la littérature chez les patients asymptomatiques. Il est ainsi pos-
sible d’apprécier de façon objective la capacité fonctionnelle des patients et dans cer-
taines études, 40 % de ceux qui se prétendaient asymptomatiques ont développé des
symptômes caractéristiques à l’effort. La mise en évidence d’une faible capacité d’effort
ou d’une réponse hémodynamique inappropriée (absence de montée tensionnelle) ainsi
que l’apparition d’une arythmie dans ces conditions sont des facteurs pronostiques péjo-
ratifs.
Traitement chirurgical
Le risque opératoire a progressivement diminué avec le temps, compte tenu des pro-
grès de la protection myocardique, de l’anesthésie-réanimation, et de la qualité du bilan
préopératoire (détection des pathologies associées, notamment de la coronaropathie).
Dans des grandes séries récentes non sélectionnées [13, 14, 29, 30], la mortalité du RVA
isolé est de l’ordre de 3 à 5 % (pour un âge moyen d’environ 70 ans). Ce taux est prati-
quement deux fois plus élevé (7 à 8 %) lorsqu’il existe des lésions coronaires significatives
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