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urgences. Il n’est pas normal que des patients meu-
rent d’une crise d’asthme. Nous sensibilisons donc
ces services à ce problème. L’enquête ASUR, conduite
par S. Salmeron, montre que le taux d’hospitalisa-
tions après un passage aux urgences est plus élevé
en France que dans les pays anglo-saxons. Des pro-
tocoles commencent à être mis en place pour opti-
miser la prise en charge et former les professionnels
en amont et en aval.
Par ailleurs, compte tenu du rôle de l’habitat
dans la maladie, un nouveau métier se déve-
loppe : celui de conseiller en environnement in-
térieur (CEI). Un diplôme interuniversitaire a été
créé. Ces CEI participent aux actions des écoles
de l’asthme et contribuent à améliorer l’hygiène
de vie des malades. Il est facile d’accuser la pol-
lution, mais on ne peut nier les inconvénients
d’atmosphères calfeutrées, de l’humidité et, bien
sûr, du tabac à l’intérieur des maisons.
PSII : Les maladies infectieuses reviennent en
force. On parle beaucoup du syndrome respira-
toire aigu sévère (SRAS), moins de la tuberculose.
Pr P.G. : Le SRAS plane encore comme une épée
de Damoclès. Le cycle du virus n’est pas connu.
Il pourrait être instable au niveau de son ADN,
rendant difficile son diagnostic, mais aussi son
traitement. La prochaine saison hivernale sera
cruciale. Le Congrès de pneumologie de langue
française (CPLF) consacrera une demi-journée à
ce problème important.
La tuberculose est toujours un problème d’actua-
lité. Certes, la prévalence en est désormais faible,
et les changements d’attitude réglementaire vis-à-
vis de la vaccination BCG sont justifiés. Mais la pré-
carité, les mauvaises conditions socio-écono-
miques et la pauvreté sont toujours des facteurs de
risque. Il convient de continuer la lutte antituber-
culeuse. En ouverture du prochain CPLF, les pneu-
mologues de la SPLF ont organisé une conférence
d’experts pour répondre à un certain nombre de
questions. Les pays francophones, en particulier
d’Afrique, sont très concernés et participeront en
masse à cette conférence. Un grand nombre de ré-
sumés ont été adressés pour le congrès.
PSII : Y a-t-il des disparités régionales pour ces
maladies infectieuses ?
Pr P.G. : Oui et non. Quand il s’agit de maladies
dues à la précarité et à la concentration de la po-
pulation, il est évident que la région parisienne est
davantage concernée. De plus, le climat est plus
rude que dans le Midi. Mais, quand il s’agit de lé-
gionellose, par exemple, tout le territoire peut être
atteint. Ainsi, pendant que la région parisienne se
préoccupait des victimes de la canicule, nous
étions très soucieux des 37 cas de légionellose,
dont trois décès, que nous avions à Montpellier.
PSII : Qu’est-ce qui rend la légionellose difficile à
soigner ?
Pr P.G. : Les facteurs de risque sont l’immuno-
dépression, le tabac et l’âge. Le pronostic dépend
essentiellement de la rapidité à mettre en route
un traitement antibiotique adapté.
PSII : Si l’on revient aux services hospitaliers qui soi-
gnent les maladies respiratoires, pouvez-vous dres-
ser une typologie de ces maladies et des patients qui
occupent ces services, en quelque sorte une infor-
mation pour les infirmières qui veulent y travailler ?
Pr P.G. : Les services des maladies respiratoires
sont très divers et la typologie des malades qui y
sont soignés dépend de nombreux facteurs. Ce-
pendant, certaines tendances peuvent se dégager :
l’oncologie est en nette progression. Le Plan Can-
cer est le bienvenu. Les maladies infectieuses sont
fréquentes et justifient souvent une hospitalisa-
tion, surtout chez les personnes les plus âgées
ayant des comorbidités, voire immunodéprimées.
Les maladies bronchiques (asthme et BPCO) sont de
plus en plus prises en charge en ambulatoire. En
termes d’investissement personnel, la pneumolo-
gie est une spécialité très large puisque, d’une part,
la gestion de la fin de vie est souvent nécessaire,
d’autre part, la prise en charge de l’asthme aller-
gique chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte jeune
est commune.
PSII : Pourtant, ces affections sont majoritaire-
ment évitables par la prévention.
Pr P.G. : La prévention dépend d’abord d’une
bonne hygiène de vie au sens large du terme :
équilibre alimentaire, exercice physique au grand
air (des études sont actuellement publiées, faisant
état d’un taux moins élevé d’asthmatiques vivant
à la campagne), et surtout, n’ayons pas peur de le
répéter, l’arrêt du tabac. C’est un domaine où l’in-
firmière jouera un rôle de plus en plus important.
Pour des raisons de démographie médicale, certes,
mais aussi pour la place que prend l’éducation du
patient quant à l’observance des traitements. On
l’a vu pour l’asthme. D’ailleurs, lors du CPLF, du
23 au26 janvier 2004 à Nice, la journée du 25
abritera des sessions infirmières (prise en charge
du patient cancéreux, perfusions, surveillance épi-
démiologique, etc.). Ce sera aussi l’occasion de-
sessions qui mettront en exergue les complémen-
tarités entre les divers paramédicaux comme
l’infirmière et le kinésithérapeute accueillant un
enfant atteint de bronchiolite, par exemple.
Propos recueillis par Andrée-Lucie Pissondes
Professions Santé Infirmier Infirmière - No49 - octobre 2003
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Pneumologie