Hôpital en Ile-de-France Face à un patient-client L’HEGP ouvre enfin ses portes L’UHRIF* a tenu, au mois de juin, un congrès qui a donné lieu à un rapport concernant l’avenir de l’hôpital francilien. Un constat : il existe de grandes disparités sociales dans la population, mais le patient “consommateur” s’affirme de façon significative. © AP-HP A vec 11 millions d’habitants, la population de la région Ile-de-France représente près de 19 % de la population française. Son état de santé se caractérise par une mortalité inférieure de 8 % à la moyenne nationale, sauf dans le Nord et l’Est de la région. Les causes importantes de décès – maladies cardiovasculaires, traumatismes et empoisonnements – sont moindres qu’à l’échelon national. Mais de nouvelles pathologies émergent car, en Ilede-France, l’environnement, le brassage des populations, les conditions et styles de vie constituent désormais des facteurs de risque importants. La qualité de la prestation hospitalière et le coût engendré par cette exigence de qualité y sont devenus les moteurs de restructuration. L’hôpital doit faire face à un paradoxe : être un produit de consommation tout en demeurant une mission du service public. La montée du consumérisme Le patient de l’hôpital public est devenu un consommateur de soins. Mieux éduqué, notamment par les médias, le patientcitoyen exige la transparence et recherche la responsabilité de chacun. Il devient nomade, change facilement de médecin, veut connaître les thérapeutiques et, dans un désir de mieux vivre, contribue au développement de la médecine de confort à laquelle il veut avoir droit. Comme pour tout produit de consommation, le choix est guidé par une de- mande de qualité et de technique. La proximité n’est plus un facteur prioritaire. Le patient veut avant tout choisir. Une étude récente du Credes1 montre que la majorité des Franciliens ne choisit pas le plateau technique le plus proche de son domicile. Transparence, libre choix et exigence de résultats se sont imposés. Les récentes dispositions législatives sur le droit d’accès au dossier médical ne font qu’accentuer cette évolution. En entrant au conseil d’administration ou dans les commissions de conciliation, les usagers de l’hôpital sont devenus acteurs. Cette dimension nouvelle est pourtant à relativiser. Ces comportements sont fonction du niveau d’éducation et de culture de l’usager qui conditionne l’accès à l’information sur la qualité des soins. L’étude du Credes sur la consommation des soins en Ile-de-France montre en effet clairement la corrélation entre le niveau d’études et le choix d’un établissement éloigné, les populations défavorisées demeurant captives de l’institution hospitalière. Par ailleurs, pour tous, ce n’est qu’en cas d’urgence que la volonté de choisir l’hôpital devient secondaire par rapport à l’acte médical. Lucie Galion D’après les interventions au congrès de printemps de l’UHRIF. * Union hospitalière de la région Ile-deFrance. 1. Les trajectoires des patients en Ile-deFrance, Credes-URML, avril 2000. Entièrement autofinancé par l’AP-HP, l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) rassemble les diverses activités des hôpitaux Boucicaut, Broussais, Laennec et le service d’orthopédie de l’hôpital Rothschild. Près de 5 000 personnels médicaux et non médicaux, 29 services cliniques, 14 services médico-techniques et 1 centre d’investigation clinique composent le nouvel hôpital qui compte 24 salles d’opération, dont 4 réservées à la chirurgie ambulatoire, 12 salles d’imagerie (radiologie et échographie), 1 salle de curiethérapie, 1 plateau technique invasif cardiovasculaire, 1 centre d’endoscopie digestive et pulmonaire et 81 lits de réanimation. L’HEGP dispose, entre autres, de 3 gamma-caméras, 2 scanners, 1 IRM, 1 ostéodensitomètre et 1 mammographe. L’innovation technologique réside notamment dans la numérisation des clichés. L’ouverture d’un hôpital neuf engage à une démarche de changement dans l’organisation des activités médicales. L’HEGP est volontairement construit comme un établissement destiné à travailler en réseau. Le système d’information est particulièrement moderne avec, pour la médecine de ville, un dossier médical électronique d’abord partagé en interne puis, ultérieurement, en externe. Ce système est doté de 45 applications informatiques qui peuvent être gérées simultanément. 5