Introduction
Ce texte est le résumé d’un article écrit par Kiran S. Kedlaya en 2005
sur les racines des polynômes de Fq(t)[X]et les automates finis, où Fq(t)est
l’ensemble des fractions rationnelles à une indéterminée tsur un corps fini
Fq. Les automates finis sont des machines abstraites utilisées pricipalement
en informatique, dans le cadre de la reconnaissance des langages.
On se donne Kun corps (commutatif), et Pun polynôme dont les co-
efficients sont dans K(t). Il faut commencer par définir dans quel corps on
cherche les racines de P.
Prenons 1 + t∈K(t), avec Kde caractéristique 0. Pour définir la racine
carrée de ce polynôme, on peut utiliser les développements en série entière.
Ainsi, la série formelle :
+∞
X
n=0
1
2·−1
2···(1
2−n)
n!tn
a pour carré le polynôme 1 + t.
Par contre, le polynôme tn’a pas de racine carrée dans les séries entières
K[[t]] = Pn∈Nantn|an∈K, ni même dans les séries de Laurent K((t)) =
(K[[t]])[1/t].
Les séries de Puiseux en l’indéterminée tsont définies comme l’ensemble
K((t1/∞)) = Sn≥1K((t1/n)) dont les éléments sont les séries de Laurent en
t1/n pour un certain entier n. Les séries de Puiseux sur Kforment un corps.
Un théorème de Puiseux [Ser79, Chapitre 2.4] dit que si Kest algébri-
quement clos et de caractéristique 0, alors l’ensemble des séries de Puiseux à
une indéterminée sur le corps Kest algébriquement clos.
Ce théorème est faux en caractéristique p > 0. En effet, Chevalley a
montré que le polynôme Xp−X−t−1n’a pas de racine dans Fp((t1/∞)). Ce
phénomène est propre aux extensions algébriques L/K de dimension ptelles
que Let Kont le même corps résiduel.
Si on essaye quand même de résoudre l’équation, on trouve une « somme »
de la forme t−1/p +t−1/p2+...+cavec c∈Fp.
Pour donner un sens à cette somme, il faut se placer dans un corps encore
plus grand, le corps des séries de Hahn Fp((tQ)). Ce corps est un ensemble de
séries formelles dont les exposants sont rationnels, avec une certaine condition
pour que la valuation, l’addition et la multiplication soient bien définies. Nous
définirons précisément les séries de Hahn dans le deuxième chapitre.
Le corps des séries de Hahn K((tQ)) est algébriquement clos dès que K
est algébriquement clos. Nous chercherons donc les éléments algébriques sur
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