n°1 21/04/04 C 10:03 O Page 46 N G R È S D ans cette rubrique de congrès, notre attention a été retenue par deux journées françaises consacrées au sein, dont nous vous présentons ici les grandes lignes. Vous trouverez ci-joint les responsables scientifiques pour tout renseignement complémentaire. LA PREMIÈRE JOURNÉE S’EST DÉROULÉE AUX DIACONESSES (RESPONSABLES DRS R. VILLET, P. GADONNEIX) LE 24 JANVIER DERNIER. Elle avait pour but de couvrir un certain nombre de sujets d’actualité “du bénin au malin”. On retiendra de cette journée les points suivants. par rapport aux lésions bénignes (35 % actuellement contre 50 % avant la diffusion importante des mammographies). On ajoutera à la classification de Le Gal des critères séméiologiques comme le polymorphisme, la distribution, le groupement et le nombre des microcalcifications. Les microbiopsies auraient un intérêt stratégique évitant une chirurgie en deux temps, les microcalcifications ne se prêtant pas aux examens extemporanés (J.Y. Serror). ● Le cancer du sein avant 50 ans est responsable d’une mortalité importante (13 % de mortalité entre 40 et 44 ans et 17 % entre 45 et 49 ans). Un essai randomisé a montré que la réduction de la mortalité chez les femmes de 40 à 49 ans ayant un dépistage tous les 18 mois était de 50 % et pourrait même passer à 65 % si le dépistage était fait tous les 12 mois (H. Tristant). L’attitude thérapeutique face aux microcalcifications malignes dépend des résultats anatomopathologiques : si, après exérèse, les marges sont saines et qu’il n’y a pas de microcalcification résiduelle à la mammographie postopératoire, une radiothérapie exclusive est proposée. Si les marges sont envahies ou qu’il existe des microcalcifications résiduelles, il faut faire une reprise large du foyer chirurgical suivie d’une radiothérapie, voire une mastectomie. Enfin, si les foyers sont étendus, il faut faire une mastectomie. Une reconstruction immédiate ou différée peut être envisagée. Les microcalcifications malignes posent le délicat problème des carcinomes in situ et de leur classification (F. Compana). La mastectomie sous-cutanéo-graisseuse, bien que souvent condamnée, peut éventuellement trouver une place dans le traitement de ces microcalcifications (R. Villet). L’expérience des Diaconesses (33 cas entre 1984 et 1993) avec 8 exérèses du mamelon (pas de récidive locale et un décès par métastase) en fait une bonne alternative à la chirurgie radicale. ● ● ● ● La mise en route d’un traitement substitutif après cancer du sein reste discutée et problématique (P. This). ● Les rappels en ce qui concerne les étapes de carcinogenèse mammaire avec les phases de transformation - initiation cellulaire, promotion et progression, invasion et métastases, résultant de mutations successives du génome. L’ensemble du développement tumoral est à considérer comme un phénomène dynamique avec des interactions entre les cellules tumorales, les cellules du système réticulo-endothélial et l’ensemble des cellules du stroma (R. Villet). ● Les mastopathies à risque rassemblent sous ce vocable des situations très différentes : le risque relatif de cancer du sein en cas d’hyperplasie sans atypie est de 1,3 à 1,9 ; il passe de 3 à 5 s’il existe des atypies ; s’il existe de surcroît des antécédents familiaux associés, le risque relatif passe à 11. La place de la mastectomie avec reconstruction est à considérer au cas par cas (J.P. Lefranc). Les signes mammographiques des cancers infracliniques sont, par ordre de fréquence, les opacités à contours irréguliers (60 %), les images stellaires et de désorganisation architecturale (15 à 20 %) et les foyers de microcalcifications (15 %). L’incidence oblique externe bien faite visualise presque tout le sein. L’échographie ne sera faite que s’il existe une anomalie clinique ou mammographique (A. Travade). ● De plus en plus de cancers infracliniques sont révélés par des microcalcifications. Il faut améliorer la spécificité du diagnostic pour augmenter le taux des lésions malignes opérées 46 Les norstéroïdes restent la contraception de choix pour l’équipe de l’Hôpital Necker en cas de mastopathie (F. Kuttenn). Il n’y aurait, d’après M. Le, pas de relation entre le traitement hormonal substitutif et le cancer du sein, au vu des études épidémiologiques après analyse de la méthodologie. ● La date opératoire dans le cycle menstruel semble ne pas influencer le pronostic des cancers du sein pour R. Villet. ● Au niveau du creux axillaire, il se dégage deux tendances : la réalisation de curage axillaire moins traumatisant avec respect au maximum des éléments vasculo-nerveux (lipo-aspiration, cœliochirurgie) et la recherche du ganglion sentinelle, technique demandant un apprentissage, qui n’est pour l’instant pas validée en dehors des protocoles de recherche (D. Salet-Lizee). La Lettre du Sénologue - n° 1 - juin 1998 n°1 21/04/04 10:03 Page 47 ● À noter l’exposé de M.C. Perrot-Bassoul sur les différentes techniques de reconstruction après mastectomie, soit par simple prothèse, soit par extendeur cutané, soit par lambeau de grand dorsal ou de grand droit. On souligne la qualité de l’iconographie. D. Indjidjian (Vincennes) B. Deremble-Marion (Athis Mons) L’AUTRE JOURNÉE EST LA JOURNÉE ANNUELLE DU CENTRE RENÉHUGUENIN CONSACRÉE LE 9 MARS DERNIER AUX PETITES TUMEURS DU SEIN (RESPONSABLES DRS F. SPYRATOS, M. TUBIANA). Si l’incidence des cancers du sein ne cesse d’augmenter de façon préoccupante, le pourcentage croissant des petites tumeurs du sein apporte une notion réconfortante. Nous retiendrons particulièrement de cette journée les points suivants. ● La diminution progressive de la taille des tumeurs dans le temps (de 1959 à 1996), la diminution du nombre de malades d’emblée métastasés et l’augmentation du pourcentage des patientes sans envahissement ganglionnaire. On note également un accroissement du pourcentage des lésions in situ (J. Berlie). ● Les méthodes d’étude des facteurs pronostiques et de réponse thérapeutique appliqués à des tumeurs de petite taille sont performantes, même si les échantillons sont très petits. Les diagnostics sur les cytoponctions et les microbiopsies sont très fiables dans des mains entraînées. Les récepteurs hormonaux sont les marqueurs les plus étudiés, dont les méthodes d’étude sont validées qu’elles soient biochimiques ou immunohistochimiques. Deux domaines sont à l’étude, les marqueurs de la prolifération cellulaire et les produits d’oncogènes et de gènes suppresseurs de la tumeur (C-erbB-2, p53). Même sur des échantillons tumoraux de petite taille, une analyse moléculaire peut être réalisée grâce à l’apport de certaines techniques comme les puces à ADN : des progrès importants sont en vue pour les prochaines années, sous réserve d’une rigueur technique et d’un travail en réseau (V. Le Doussal, M. Briffod, F. Spyratos, I. Bieche). ● Une étude intéressante du Centre René-Huguenin sur des tumeurs de moins de 3 cm a été réalisée sur les facteurs pronostiques : le devenir des tumeurs de moins de 1 cm paraît être influencé essentiellement par des variables biologiques, ce en quoi elles se distinguent des tumeurs plus volumineuses pour lesquelles le nombre de ganglions envahis est le premier facteur sélectionné (M. Tubiana-Hulin). La Lettre du Sénologue - n° 1 - juin 1998 ● Le point sur les campagnes nationales débuté en 1989 permet de différencier les anciens départements entrés dans cette expérience et les départements actuels qui amorcent la voie d’une généralisation du dépistage avec la mise en place du cahier des charges national. La question fondamentale reste de savoir si la généralisation de ce dépistage est parallèle à la diminution de la mortalité. La réponse à cette question est très difficile en l’absence de registre national ; la baisse de 30 % paraît cependant illusoire. On insiste sur la méthodologie, la politique de formation des différents acteurs et enfin une harmonisation des deux systèmes de dépistage. Le contrôle de qualité à chaque niveau de la chaîne est majeur (B. Seradour). ● La place des nouvelles techniques telles que l’IRM, le scanner spiralé et la biopsie guidée sur table dédiée numérisée est détaillée. L’IRM et le scanner restent des examens qui paraissent prometteurs dans le cadre de protocoles de recherche. La biopsie guidée devrait permettre une diminution des indications de biopsies chirurgicales standards, et ce en toute sécurité (P. Cherel, O. Ouhioun). ● L’oncogénétique est une nouvelle discipline qui a pour but de prendre en charge les patientes qui ont des histoires familiales. Le point sur la prédisposition génétique au cancer du sein est établi avec beaucoup de clarté, en passant de l’approche épidémiologique à l’identification des gènes BRCA1 et BCRA2, à la prise en charge des patientes et au déroulement des consultations (C. Nogues). ● Le traitement de l’aisselle est particulièrement important pour ces petites tumeurs du sein en raison du caractère pronostique majeur de l’envahissement ganglionnaire axillaire, mais également de la morbidité d’un curage qui sera négatif dans bon nombre de cas. La théorie du ganglion sentinelle est exposée, nécessitant encore une évaluation rigoureuse des résultats. Une nouvelle technique de détection des ganglions envahis par un traceur général est développée : le fluorodésoxyglucose marqué au fluor 18, émetteur de positons, est le premier traceur réalisant en un seul examen un bilan complet de toutes les parties molles de l’organisme. Dans le cancer du sein, il atteint une efficacité globale de 89 à 95 % pour localiser les ganglions envahis. L’émission de positons est recueillie par une caméra spéciale, d’où les initiales “Positons-Émission-Tomographie” (PET-scan). Affaire à suivre... (J.F. Rodier, A. Pecking, F. Bertrand). ● Les petites tumeurs doivent parfois être réopérées pour mastectomie complémentaire. Seul un travail pluridisciplinaire de qualité entre radiologues, chirurgiens et anatomopathologistes permet d’éviter les mastectomies par excès (S. Lasry). J.R. Garbay (Saint-Cloud) 47