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La Lettre du Sénologue - n° 1 - juin 1998
●À noter l’exposé de M.C. Perrot-Bassoul sur les différentes
techniques de reconstruction après mastectomie, soit par
simple prothèse, soit par extendeur cutané, soit par lambeau de
grand dorsal ou de grand droit. On souligne la qualité de l’ico-
nographie.
D. Indjidjian (Vincennes)
B. Deremble-Marion (Athis Mons)
L’AUTRE JOURNÉE EST LA JOURNÉE
ANNUELLE DU CENTRE RENÉ-
HUGUENIN CONSACRÉE LE 9 MARS
DERNIER AUX PETITES TUMEURS
DU SEIN (RESPONSABLES DRS
F. SPYRATOS, M. TUBIANA).
Si l’incidence des cancers du sein ne
cesse d’augmenter de façon préoccu-
pante, le pourcentage croissant des
petites tumeurs du sein apporte une notion réconfortante. Nous
retiendrons particulièrement de cette journée les points sui-
vants.
●La diminution progressive de la taille des tumeurs dans le
temps (de 1959 à 1996), la diminution du nombre de malades
d’emblée métastasés et l’augmentation du pourcentage des
patientes sans envahissement ganglionnaire. On note égale-
ment un accroissement du pourcentage des lésions in situ
(J. Berlie).
●Les méthodes d’étude des facteurs pronostiques et de réponse
thérapeutique appliqués à des tumeurs de petite taille sont per-
formantes, même si les échantillons sont très petits. Les dia-
gnostics sur les cytoponctions et les microbiopsies sont très
fiables dans des mains entraînées. Les récepteurs hormonaux
sont les marqueurs les plus étudiés, dont les méthodes d’étude
sont validées qu’elles soient biochimiques ou immunohistochi-
miques. Deux domaines sont à l’étude, les marqueurs de la
prolifération cellulaire et les produits d’oncogènes et de gènes
suppresseurs de la tumeur (C-erbB-2, p53). Même sur des
échantillons tumoraux de petite taille, une analyse moléculaire
peut être réalisée grâce à l’apport de certaines techniques
comme les puces à ADN : des progrès importants sont en vue
pour les prochaines années, sous réserve d’une rigueur tech-
nique et d’un travail en réseau (V. Le Doussal, M. Briffod,
F. Spyratos, I. Bieche).
●Une étude intéressante du Centre René-Huguenin sur des
tumeurs de moins de 3 cm a été réalisée sur les facteurs pro-
nostiques : le devenir des tumeurs de moins de 1 cm paraît être
influencé essentiellement par des variables biologiques, ce en
quoi elles se distinguent des tumeurs plus volumineuses pour
lesquelles le nombre de ganglions envahis est le premier fac-
teur sélectionné (M. Tubiana-Hulin).
●Le point sur les campagnes nationales débuté en 1989 per-
met de différencier les anciens départements entrés dans cette
expérience et les départements actuels qui amorcent la voie
d’une généralisation du dépistage avec la mise en place du
cahier des charges national. La question fondamentale reste de
savoir si la généralisation de ce dépistage est parallèle à la
diminution de la mortalité. La réponse à cette question est très
difficile en l’absence de registre national ; la baisse de 30 %
paraît cependant illusoire. On insiste sur la méthodologie, la
politique de formation des différents acteurs et enfin une har-
monisation des deux systèmes de dépistage. Le contrôle de
qualité à chaque niveau de la chaîne est majeur (B. Seradour).
●La place des nouvelles techniques telles que l’IRM, le scan-
ner spiralé et la biopsie guidée sur table dédiée numérisée est
détaillée. L’IRM et le scanner restent des examens qui parais-
sent prometteurs dans le cadre de protocoles de recherche. La
biopsie guidée devrait permettre une diminution des indica-
tions de biopsies chirurgicales standards, et ce en toute sécurité
(P. Cherel, O. Ouhioun).
●L’oncogénétique est une nouvelle discipline qui a pour but
de prendre en charge les patientes qui ont des histoires fami-
liales. Le point sur la prédisposition génétique au cancer du
sein est établi avec beaucoup de clarté, en passant de
l’approche épidémiologique à l’identification des gènes
BRCA1 et BCRA2, à la prise en charge des patientes et au
déroulement des consultations (C. Nogues).
●Le traitement de l’aisselle est particulièrement important
pour ces petites tumeurs du sein en raison du caractère pronos-
tique majeur de l’envahissement ganglionnaire axillaire, mais
également de la morbidité d’un curage qui sera négatif dans
bon nombre de cas. La théorie du ganglion sentinelle est expo-
sée, nécessitant encore une évaluation rigoureuse des résultats.
Une nouvelle technique de détection des ganglions envahis par
un traceur général est développée : le fluorodésoxyglucose
marqué au fluor 18, émetteur de positons, est le premier tra-
ceur réalisant en un seul examen un bilan complet de toutes les
parties molles de l’organisme. Dans le cancer du sein, il atteint
une efficacité globale de 89 à 95 % pour localiser les ganglions
envahis. L’émission de positons est recueillie par une caméra
spéciale, d’où les initiales “Positons-Émission-Tomographie”
(PET-scan). Affaire à suivre... (J.F. Rodier, A. Pecking,
F. Bertrand).
●Les petites tumeurs doivent parfois être réopérées pour mas-
tectomie complémentaire. Seul un travail pluridisciplinaire de
qualité entre radiologues, chirurgiens et anatomopathologistes
permet d’éviter les mastectomies par excès (S. Lasry).
J.R. Garbay (Saint-Cloud)