daires difficiles à supporter. Au cours de
ces quinze dernières années, les benzo-
diazépines ont fait leur entrée dans l’ar-
senal thérapeutique de ce syndrome.
Elles ont pour elles l’avantage de la rapi-
dité d’action, mais les risques de dépen-
dance et de syndrome de sevrage en cas
d’utilisation à long terme plaident en
leur défaveur. Actuellement, certains
inhibiteurs sélectifs de la recapture de la
sérotonine sont conseillés comme traite-
ment de premier choix dans le cas du
trouble panique. Ces molécules sem-
blent présenter le meilleur rapport
bénéfice/risque. Elles sont moins nocives
en cas de surdosage et elles induisent
moins d’effets secondaires que les
IMAO. Par rapport aux benzodiazépines,
leur propension à entraîner une dépen-
dance physiologique est moindre,
quoique certaines études aient mis en
évidence un syndrome de sevrage. Les
auteurs de cette étude ont examiné l’uti-
lisation à long terme des traitements
psychotropes par des patients souffrant
de trouble panique. Leur but était, en se
focalisant plus spécifiquement sur les
dix dernières années, de voir si une évo-
lution de la prescription des traitements
pouvait être mise en évidence, comme
conséquence de la disponibilité de nou-
veaux traitements et de la modification
des recommandations concernant cette
pathologie (Bruce S, Vasile R, Goisman
R et al. Are benzodiazepines still the
medication of choice for patients with
panic disorder with or without agora-
phobia ? Am J Psychiatry 2003 ; 160 :
1432-8). Pour ce faire, ils ont pu dispo-
ser des résultats d’un programme spéci-
fique, le Harvard/Brown Anxiety
Research Project, qui est une étude mul-
ticentrique longitudinale prospective
concernant les troubles anxieux chez les
adultes. Quatre cent quarante-trois
patients souffrant de trouble panique ont
ainsi pu être inclus dans cette étude, et
suivis pendant dix ans. En dépit des
recommandations multiples et des
efforts engagés pour encourager l’usage
des inhibiteurs sélectifs de la recapture
de la sérotonine dans cette pathologie
(citons, par exemple, les recommanda-
tions de l’APA, et l’approbation de ces
médicaments par la FDA), les auteurs
n’ont observé qu’une augmentation
modérée de leur utilisation. Les profils
des traitements ont peu changé en dix ans,
et les benzodiazépines sont demeurées le
médicament de prédilection auprès des
thérapeutes. Pendant la même période,
l’utilisation des inhibiteurs sélectifs de la
recapture de la sérotonine est restée
faible. Les patients ayant utilisé ce traite-
ment n’ont pas montré une évolution plus
favorable que ceux traités par benzodia-
zépines, et l’usage conjoint des deux
types de médication n’a pas démontré de
meilleurs taux de rémission. Ces résultats
illustrent l’existence d’un fossé entre les
recommandations en faveur des inhibi-
teurs sélectifs de la recapture de la séroto-
nine et les traitements effectivement pres-
crits, qui ne suivent pas encore ces
recommandations.
Mots clés. Trouble panique – IMAO –
Benzodiazépines – Inhibiteurs sélectifs
de la recapture de la sérotonine.
Jusqu’à 40 ans, le risque de
schizophrénie ne diminue
pas avec l’âge
Helsinki (Finlande)
L
e fait que l’incidence de l’entrée dans
la schizophrénie présente un pic vers
l’âge de vingt ans et diminue ensuite est
communément admis. Une équipe finlan-
daise vient de publier des résultats qui ten-
dent à montrer que tel n’est pas le cas.
(Haukka J, Suvisaari J, Lonnqvist J.
Increasing age does not decrease risk of
schizophrenia up to age 40. Schizophr Res
2003 ; 61(1) : 105-10). Leur étude se fon-
dait sur un modèle statistique particulier,
qui présume au départ que seule une par-
tie de la population est susceptible de
développer cette pathologie. À des âges
plus élevés, une proportion plus importan-
te des individus susceptibles de dévelop-
per la maladie en est déjà atteinte et l’inci-
dence liée à l’âge commence à diminuer.
Cette diminution de l’incidence est consi-
dérée comme un résultat de la sélection.
Toutefois, au niveau individuel, dans le
groupe susceptible de la population, le
risque pourrait être de nature relativement
différente. En utilisant une telle méthode,
les chercheurs ont modélisé la susceptibi-
lité au niveau individuel. Ils ont fondé
leurs calculs sur des cohortes de popula-
tions finlandaises nées entre 1950 et
1968. Chaque cohorte a été suivie jus-
qu’en 1991, jusqu’à l’âge de 40 ans. La
méthode détecte la proportion d’individus
susceptibles, mais ne permet pas d’identi-
fier les individus à risque. Le modèle a
révélé une augmentation du risque de
développer une schizophrénie au fur et à
mesure de l’avancée en âge des indivi-
dus appartenant à la partie susceptible de
la population. L’accroissement du risque
était plus élevé chez les sujets de sexe
mâle mais, dans le groupe susceptible, le
risque était le même pour les deux sexes.
La proportion d’individus susceptibles
semblait plus faible dans les cohortes les
plus jeunes. Le modèle a donc permis de
révéler que, chez les individus suscep-
tibles, le risque basique de développer une
schizophrénie augmente avec l’âge, au
moins jusqu’à quarante ans. L’impression,
s’appuyant sur des données agrégées, que
le risque est maximum vers vingt ans et
diminue ensuite, serait donc invalidée.
Cette modélisation a également permis
de mettre en évidence des raisons à l’ap-
parente baisse actuelle de l’incidence et
de la proportion des individus suscep-
tibles. Notons, parmi celles-ci, la diminu-
tion d’un certain nombre de risques infec-
tieux pendant la vie fœtale et/ou de
risques environnementaux, qui pourrait
être à l’origine de la réduction de la pro-
portion des individus susceptibles.
Mots clés. Schizophrénie – Incidence – Âge.
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Revue de presse
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