A B S T R A C T S Taux élevés de leucocytes en préopératoire : un nouveau facteur de risque d’accident vasculaire après chirurgie cardiaque La survenue d’un accident vasculaire cérébral (AVC) après chirurgie cardiaque est une complication grave et invalidante. Le rapport entre le compte de globules blancs plasmatiques (GBC) et la survenue d’un AVC périopératoire n’a pas été analysé. Les auteurs se proposent d’étudier cette éventuelle relation. Méthodes. Une étude rétrospective sur 7 483 patients qui ont subi un pontage ou une chirurgie valvulaire, ou l’association des deux, a permis d’analyser l’influence du GBC pré- et postopératoire sur la survenue d’un AVC. Les pourcentages des différentes lignées ne sont analysés qu’en préopératoire. Résultats. On recense 125 AVC (115 constitués et 10 transitoires). GBC est significativement plus élevé en préopératoire et en postopératoire chez les patients présentant un AVC constitué. Des modifications qualitatives de GBC préopératoire ont été également trouvées chez ces patients (x2 ; p < 0,001). La puissance prédictive de la régression logistique pour la survenue des AVC était plus grande quand GBC préopératoire était inclus. Le risque d’AVC périopératoire est augmenté à partir d’un GBC préopératoire de 9 x 109/l (p = 0,044). GBC a aussi un impact significa- tif sur le pronostic de ces AVC (analyse de variance, p = 0,001). Conclusion. Cette étude semble retrouver une corrélation entre le GBC préopératoire et la survenue d’un AVC en périopératoire de chirurgie cardiaque. On retrouve aussi une relation entre le GBC et le pronostic de ces AVC. Ainsi, l’analyse du taux de globules blancs et le traitement précoce des infections afin d’éviter une hyperleucocytose pourraient peut-être diminuer le risque de survenue d’AVC en postopératoire de chirurgie cardiaque. E. Messas, Paris Preoperative high leukocyte count : a novel risk factor for stroke after cardiac surgery. Albert AA, Beller CJ, Walter JA et al. ● Ann Thorac Surg 2003 ; 75 : 1550-7. Un bloqueur sélectif de l’aldostérone pour l’insuffisance cardiaque post-infarctus : éplérénone et étude EPHESUS EPHESUS est une étude multicentrique, internationale, randomisée en double aveugle contre placebo, évaluant l’efficacité de l’éplérénone, bloqueur sélectif de l’aldostérone, sur la morbi-mortalité de patients ayant constitué un infarctus du myocarde aigu (IDM) compliqué de dysfonction ventriculaire gauche (fraction d’éjection ventriculaire gauche ≤ 40 %, en moyenne 33 %) et d’insuffisance cardiaque. L’inclusion a été réalisée 3 à 14 jours après l’IDM, et la dose initiale quotidienne d’éplérénone était de 25 mg, majorée jusqu’à 50 mg à partir de la cinquième semaine, en association à un traitement optimal post-IDM. Le suivi moyen a été de 16 mois, concernant 3 319 patients sous éplérénone et 3 313 patients sous placebo. Pendant cette période sont survenus 478 décès pour le groupe éplérénone et 554 décès pour le groupe placebo (p = 0,008). Parmi ces décès, 407 et 483 ont été respectivement reconnus de cause cardiovasculaire (p = 0,005). Le taux des événements combinés, décès de cause cardiovasculaire et hospitalisations pour motif cardiovasculaire, a été réduit sous éplérénone (p = 0,02). On observe également une diminution des morts subites cardiaques (p = 0,03). Pour effets indésirables, des hyperkaliémies sévères (≥ 6 mmol/l) sont survenues pour 5,5 % des sujets sous éplérénone et 3,9 % des sujets sous placebo (p = 0,002), à l’inverse des hypokaliémies, notées pour 8,4 % des sujets sous éplérénone et 13,1 % de ceux sous placebo (p < 0,001). La Lettre du Cardiologue - n° 368 - octobre 2003 Conclusion. L’adjonction de l’éplérénone, bloqueur sélectif de l’aldostérone, à un traitement médical optimal (prescription d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou d’antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II dans 87 % des cas, de bêtabloquants dans 75 % des cas, de diurétiques dans 60 % des cas) réduit la morbi-mortalité après un IDM aigu compliqué de dysfonction ventriculaire gauche systolique et d’insuffisance cardiaque. Par rapport à la spironolactone (étude RALES), la sélectivité plus marquée de l’éplérénone offre l’avantage d’effets indésirables moins fréquents (gynécomasties, impuissance...), mais à un coût plus élevé, la spironolactone appartenant au monde générique. À noter : une kaliémie > 5 mmol/l et/ou une créatinine > 220 µmol/l représentent des critères d’exclusion. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Eplerenone, a selective aldosterone blocker, in patients with left ventricular dysfunction after myocardial infarction. Pitt B, Remme W, Zannad F et al., for the Eplerenone PostAcute Myocardial Infarction Heart Failure Efficacy and Survival Study Investigators ● N Engl J Med 2003 ; 348 : 1309-21. 25 A B S T R A C T S La résolution incomplète du segment ST est un marqueur des troubles transitoires de la microcirculation coronaire après stenting pour infarctus aigu du myocarde La résolution incomplète de l’élévation du segment ST après angioplastie primaire réussie en post-infarctus du myocarde aigu (IMA) est associée à un mauvais pronostic. Les auteurs utilisent le doppler intracoronaire pour savoir si ce signe ECG après angioplastie primaire est un marqueur de troubles significatifs de la microcirculation coronaire. Méthodes et résultats. On étudie 50 patients avec IMA et angioplastie primaire réussie avec stenting systématique ; un guide intracoronaire doppler est introduit dans le même temps. Les patients avec résolution incomplète de l’élévation du segment ST (< 50 %) 60 minutes après l’obtention d’un flux TIMI 3 ont des profils de vitesse d’écoulement suggestifs d’un trouble important de la microcirculation, avec une incidence plus élevée du flux rétrograde systolique (41 % contre 9 %, p = 0,007) et une diminution de la réserve coronaire (RC : 1,3 contre 1,6, p < 0,001). La RC est améliorée juste après stenting chez les patients avec une résolution de l’élévation du segment ST ≥ 50 %, mais pas chez ceux avec une résolution < 50 %. Il y a une corrélation significative entre l’abaissement du segment ST et la RC post-stent. En revanche, à 3 mois, la RC est semblable chez les patients avec un abaissement du segment ST de plus de 50 % et ceux avec un abaissement de moins de 50 %. Cependant, la ventriculographie gauche retrouve une différence significative pour la fraction d’éjection ventriculaire gauche (42 % contre 55 %, p = 0,001), et la scintigraphie myocardique (201 TI) de repos avec redistribution démontre une plus grande taille d’infarctus dans le groupe avec une résolution du segment ST < 50 % (34 % versus 16 %, p = 0,007). Conclusion. Après succès primaire post-angioplastie et stenting systématique chez des patients avec infarctus du myocarde aigu, la diminution de moins de 50 % de l’élévation du segment ST est un marqueur de troubles transitoires significatifs de la microcirculation coronaire, et est associée à une atteinte myocardique plus étendue. E. Messas, Paris Incomplete resolution of ST-segment elevation is a marker of transient microcirculatory dysfunction after stenting for acute myocardial infarction. Feldman LJ, Coste P, Furber A et al. ● Circulation 2003 ; 107 (21) : 2684-9. Valeur prédictive de l’échocardiographie de stress Quelle est la valeur pronostique à long terme de l’échocardiographie de stress (dipyridamole ou dobutamine) pour prédire la mortalité cardiaque chez des sujets coronariens ou suspects de l’être ? Ce travail essentiellement italien a regroupé 7 333 patients (4 984 étudiés sous dipyridamole et 2 349 sous dobutamine), suivis en moyenne sur 2,6 ans. Dans 29 % des cas, les patients étudiés avaient un antécédent d’infarctus du myocarde (IDM), et dans 37 % des cas, il s’agissait d’un examen réalisé pour exploration de douleurs thoraciques. Les traitements antiangineux ont été suspendus pour 5 542 patients, et 1 791 patients ont été évalués sous traitement (dont bêtabloquants). L’échocardiographie de stress a été positive, détectant une ischémie myocardique pour 2 854 patients (39 %), et négative pour 4 479 patients (61 %). Pendant le suivi, il y a eu 161 décès cardiaques (mort subite et IDM fatal), soit 2,1 % de la population. Quatre-vingts événements sont survenus en cas d’échocardiographies de stress positives (2,8 %) et 81 en cas d’échocardiographies de stress négatives (1,81 %), p = 0,0046. La survie a été significativement meilleure pour les patients dont les tests étaient négatifs (92 % versus 71,2 % ; p = 0,0001). Les antécédents d’IDM, transmuraux ou non, et le score de cinétique segmentaire au pic de l’échocardiographie de stress sont des facteurs prédictifs indépendants de mortalité cardiaque. Conclusion. Pour les patients coronariens connus ou suspects de coronaropathie, les résultats de l’échocardiographie de stress pharmacologique représentent un facteur prédictif indépendant de mortalité cardiaque à long terme. Les sujets dont l’examen est négatif ont un risque de mortalité cardiaque très faible (< 1 % par an). En cas de positivité, une coronarographie est indiquée et une revascularisation myocardique guidée par les résultats de l’échocardiographie de stress améliore le pronostic. Plus l’ischémie induite est sévère (importance de l’étendue de l’ischémie et/ou survenue pour une faible dose), plus l’indication de revascularisation myocardique est urgente. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Stress echo results predict mortality : a large-scale multicenter prospective international study. Sicari R, Pasanisi E, Venneri L et al., on behalf of the Echo Persantine International Cooperative (EPIC) and Echo Dobutamine International Cooperative (EDIC) Study Groups ● J Am Coll Cardiol 2003 ; 41 : 589-95. .../... 26 La Lettre du Cardiologue - n° 368 - octobre 2003 A B S T R A C T S .../... Antibiothérapie après infarctus du myocarde Le but de l’étude prospective randomisée en double aveugle ANTIBIO (Antibiotic Therapy After an Acute Myocardial Infarction) était de déterminer l’efficacité d’un traitement antibiotique par macrolide (roxithromycine) après un infarctus du myocarde (IDM) aigu. À cette étude multicentrique allemande ont participé 872 patients pour lesquels le traitement a été mis en route en moyenne 4 jours après les premiers symptômes d’un IDM : pendant 6 semaines, 433 patients ont reçu 300 mg de roxithromycine par jour et 439 patients un placebo. Le critère de jugement principal était la mortalité à 12 mois. Hormis une plus forte proportion d’IDM antérieurs et une plus faible incidence des insuffisances respiratoires chroniques obstructives pour le groupe roxithromycine, les deux groupes étaient comparables quant à leurs caractéristiques de base et à leurs traitements. Davantage de patients ont interrompu le traitement étudié avant le terme de la quatrième semaine pour le groupe roxithromycine (18 % contre 11 % ; p = 0,003). À 12 mois, 868 patients ont achevé le suivi (99,5 %) : la mortalité totale a été de 6,5 % (28 patients) pour le groupe roxithromycine contre 6 % (26 patients) pour le groupe placebo (p = 0,739). De même, l’analyse d’événements combinés intégrant les récidives d’IDM ou d’angor, les morts ressuscitées, les accidents vasculaires cérébraux ou les revascularisations coronaires ne met pas en évidence de différences significatives entre les deux groupes. Conclusion. L’inflammation joue un rôle important dans la genèse de l’athérosclérose, et le Chlamydia pneumoniae a été identifié comme un facteur potentiel de progression des coronaropathies, d’où l’hypothèse d’un traitement antibiotique bénéfique pour les sujets coronariens. L’étude ANTIBIO comportant un traitement par roxithromycine sur 6 semaines ne met pas en évidence d’efficacité de l’antibiothérapie en post-IDM. Elle rejoint les résultats récents non significatifs d’autres travaux : étude ACADEMIC* (azithromycine pendant 3 mois - 302 patients séropositifs à Chlamydia en angor stable), étude AZACS** (azithromycine pendant 5 jours - 1 439 patients présentant un syndrome coronaire aigu), étude WIZARD (azithromycine pendant 3 mois - 3 868 patients stables après un IDM, séropositifs à Chlamydia). Les données sont donc globalement négatives pour l’azithromycine et la roxithromycine, pour des durées de traitement allant de 5 jours à 3 mois, et pour différents contextes pathologiques coronariens. J.T. Grayston, lors d’un éditorial associé, évoque la possibilité de durées de traitement antibiotique trop courtes pour être efficaces contre une infection chronique à Chlamydia : une réponse définitive sera peut-être obtenue avec les études en cours : PROVE IT et ACES, pour lesquelles la durée d’administration des antibiotiques (gatifloxacine et azithromycine) est prolongée (≥ 1 an). C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil * ACADEMIC : Circulation 2000 ; 102 : 1755-60. ** AZACS : Lancet 2003 ; 361 : 809-13. Antibiotic therapy after acute myocardial infarction. A prospective randomized study. Zahn R, Schneider S, Frilling B et al., for the Arbeitsgemeinschaft Leitender Kardiologischer Krankenhausärste (Working Group of Leading Hospital Cardiologists ; ALKK) ● Circulation 2003 ; 107 : 1253-9. Risques de l’utilisation du pontage mammaire intrathoracique chez des patients en hémodialyse chronique avec fistule artérioveineuse au niveau du membre supérieur Les auteurs se proposent d’étudier la question de l’interférence hémodynamique entre la fistule et le pontage pendant la dialyse chez des patients en hémodialyse chronique avec fistule artérioveineuse du membre supérieur et pontage artériel intrathoracique ipsilatéral. Méthodes et résultats. Chez 5 patients subissant une hémodialyse chronique par fistule artérioveineuse du membre supérieur ipsilatérale au pontage mammaire antérieur gauche, on étudie les flux artériels par écho-doppler couleur transthoracique initial, puis pendant l’hémodialyse. Le flux dans l’artère mammaire controlatérale est utilisé comme référence. On évalue aussi simultanément la cinétique segmentaire ventriculaire gauche par échographie bidimensionnelle. Juste après le début de la mise en route de l’hémodialyse, on observe une réduction marquée des vitesses maximales systoliques et télédiastoliques du pontage mammaire ipsilatéral à la fistule, tandis qu’aucune modification hémodynamique substantielle n’est observée dans l’artère controlatérale. La réduction La Lettre du Cardiologue - n° 368 - octobre 2003 dialyse-induite du flux de la mammaire ipsilatérale est accompagnée d’une hypocinésie du mur ventriculaire gauche antérieur. Trois patients ont également présenté des signes d’angor. Conclusion. L’effet de vol hémodynamique de la fistule artérioveineuse sur le flux de l’artère mammaire ipsilatérale avec ischémie myocardique observé pose le problème de la prise en charge de ces patients nécessitant une coordination entre chirurgiens néphrologues et cardiologues. E. Messas, Paris Risks of using internal thoracic artery grafts in patients in chronic hemodialysis via upper extremity arteriovenous fistula. Gaudino M, Serrichio M, Luciani N et al. ● Circulation 2003 ; 107 : 2653-55. 27 A B S T R A C T S Survenue d’un accident ischémique transitoire après diagnostic d’un prolapsus valvulaire mitral (PVM). Étude sur population avec incidence et facteurs prédictifs L’association du prolapsus de la valve mitrale (MVP) à des événements neurologiques ischémiques (ENI) est incertaine. Méthode. Dans la population du comté d’Olmsted (Minnesota), les auteurs ont identifié tous les PVM diagnostiqués (de 1989 à 1998) chez des patients en rythme sinusal et sans histoire antérieure d’ENI. On évalue les taux d’ENI et on les compare aux taux prévus dans cette population pour définir le risque relatif d’ENI. Résultats. Parmi 777 sujets éligibles (âge : 49 ± 20 ans ; 66 % de femmes ; suivi : 5,5 ± 3,0 ans), 30 patients ont eu au moins un ENI pendant le suivi (à 10 ans, à 7 ± 1 %). Comparé au taux d’ENI prévu dans la même population, les sujets avec PVM ont un risque relatif plus important (RR = 2,2 ; IC95, 1,5 à 3,2 ; p < 0,001) ainsi que pendant le suivi sous traitement médical (RR = 1,8 ; IC95, 1,1 à 2,8 ; p = 0,009). Les paramètres indépendants d’ENI étaient un âge plus ancien (RR = 1,08 par an ; IC95, 1,04 à 1,11 ; p < 0,001), l’épaisseur des feuillets mitraux (R = 3,2 ; IC95, 1,4 à 7,4 ; p = 0,008), fibrillation atriale [FA] pendant le suivi (RR = 2,5 ; IC95, 1,1 à 5,8 ; p = 0,03). Les taux à dix ans d’ENI étaient bas chez les patients < 50 ans (0,4 ± 0,4 %, p = 0,60 versus témoin) mais excessifs chez les patients > 50 ans (16 ± 3 %, p < 0,001 versus témoin) ou avec des feuillets mitraux épaissis (7 ± 2 %, p < 0,001 versus témoin). Les facteurs prédictifs de survenue de FA sont l’âge, la régurgitation mitrale et le diamètre gauche de l’oreillette (tous avec un p < 0,01). Conclusion. Dans notre population d’étude, les sujets avec PVM montrent un taux plus important d’ENI que ceux retrouvés dans la population de référence. Des feuillets plus épais et un âge plus ancien définissent des patients avec PVM avec un risque plus important d’ENI, et la survenue d’une FA ou la nécessité d’une chirurgie cardiaque, tous deux liés au degré de la fuite mitrale, augmentent aussi le risque d’ENI. E. Messas, Paris Cerebral ischemic events after diagnosis of mitral valve prolapse. A community-based study of incidence and predictive factors. Avierinos JF, Brown RD, Foley DA et al. ● Stroke 2003 ; 34 (6) : 1339-44. Tous les jours, recevez les temps forts du congrès sur votre messagerie électronique où un lien hypertexte vous permettra très facilement d’accéder au compte-rendu présenté sous forme de brèves et de courtes interviews. Vous pouvez également vous connecter sur le site (adresse ci-dessous) pour recevoir ces informations. Vous désirez : e - recevoir directement le -journal : contactez [email protected] - accéder au site : connectez-vous à partir du 10 novembre 2003 sur www.vivactis-media.com/congres2/aha2003.htm 28 La Lettre du Cardiologue - n° 368 - octobre 2003 A B S T R A C T S Valeur pronostique de l’hyperexcitabilité ventriculaire en phase de récupération Quelle est la valeur pronostique de l’hyperexcitabilité ventriculaire détectée en période de récupération après un test d’effort ? Les auteurs ont évalué 29 244 patients consécutifs d’âge moyen 56 ans, adressés à la Cleveland Clinic Foundation de 1990 à 1999 pour tests d’effort, sans notion d’insuffisance cardiaque, de valvulopathie ou d’arythmies. Les troubles du rythme ventriculaires devaient, pour être pris en compte, comporter au moins 7 extrasystoles ventriculaires (ESV) par minute, des épisodes de bigéminisme ou de trigéminisme, des doublets ou triplets d’ESV, des tachycardies ou fibrillations ventriculaires, des torsades de pointes, ou des flutters ventriculaires. Ces troubles du rythme ventriculaires sont survenus pour 945 patients uniquement pendant l’effort (3 %), pour 589 patients uniquement en phase de récupération (2 %), et pour 491 patients aux deux temps de l’examen (2 %). Les patients concernés étaient plus âgés et plus souvent coronariens que les sujets indemnes de troubles du rythme. Pour un suivi moyen de 5,3 ans, on a observé 1 862 décès. L’hyperexcitabilité ventriculaire au cours de l’exercice prédit un risque accru de mortalité (9 % contre 5 % à 5 ans, soit un hazard-ratio de 1,8 et p < 0,001). Mais l’impact des troubles du rythme ventriculaires est encore plus manifeste lorsqu’ils surviennent en phase de récupération : mortalité de 11 % contre 5 % (hazard-ratio = 2,4 et p < 0,001). Après une nouvelle analyse statistique appariée, seuls les troubles du rythme ventriculaires en récupération prédisent un risque accru de mortalité (p = 0,003). La fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) était disponible pour un sous-groupe de 6 421 patients : une FEVG ≥ 40 % était associée à une fréquence plus importante de troubles du rythme ventriculaires en récupération, et ces deux circonstances pathologiques représentaient des facteurs indépendants prédictifs de décès. L’hyperexcitabilité ventriculaire en récupération était également plus souvent constatée en présence d’une ischémie myocardique documentée par une échocardiographie d’effort (sous-groupe de 4 007 patients : 22 % versus 11 %, p < 0,001). Conclusion. L’apparition d’une hyperexcitabilité ventriculaire importante en phase de récupération après un test d’effort est prédictive d’une mortalité toutes causes à 5 ans. Ces troubles du rythme surviennent lorsque se réactive le système parasympathique (réaction vagale inadaptée), et leur valeur pronostique supplante celle des mêmes troubles du rythme observés pendant l’exercice. Des informations complémentaires prenant en compte la fonction ventriculaire gauche systolique (FEVG) et l’existence d’une ischémie myocardique associée peuvent être obtenues en choisissant un test d’effort couplé à une technique d’imagerie autorisant l’analyse ECG de la récupération (échocardiographie d’effort). Les résultats de cette étude renforcent l’intérêt de l’analyse de la récupération après effort. C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil Frequent ventricular ectopy after exercise as a predictor of death. Frolkis JP, Pothier CE, Blackstone EH, Lauer MS ● N Engl J Med 2003 ; 348 : 781-90. Les articles publiés dans “La Lettre du Cardiologue” le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. ALJAC SA, locataire-gérant d’EDIMARK SA © mai 1983 Imprimé en France - Differdange SA - 95110 Sannois Dépôt légal : à parution Ce numéro comporte un encart 4 pages Plavix® (Sanofi-Synthelabo) agrafé entre les pages 26 et 27. La Lettre du Cardiologue - n° 368 - octobre 2003 29