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Gériatrie
Pourquoi vieillit-on ?
Certaines de nos cellules sont programmées. Les
cellules germinales transmettent notre capital gé-
nétique et perpétuent l’espèce, mais les cellules
somatiques qui constituent notre organisme sont
appelées à mourir dans un processus entamé dès
la naissance. L’apoptose est le terme qui désigne
la mort cellulaire programmée. Pour certains, elle
est impliquée dans le processus de vieillissement.
D’autres pistes existent cependant, par exemple
celle des effets des radicaux libres dont il est
beaucoup question actuellement. On leur prête
un effet oxydant très impliqué dans les altéra-
tions cellulaires. Sur le plan biochimique, ils re-
présentent, par le biais d’un électron non appa-
rié, une grande agressivité qui peut faire des
dégâts en entraînant dans les cellules des réac-
tions à l’origine d’altérations moléculaires. L’oxy-
dation peut attaquer les lipides des membranes
(lipoperoxydation), mais aussi atteindre l’ADN
(patrimoine génétique des cellules) en provo-
quant des cassures chromosomiques. On accuse
également les radicaux libres d’influer sur plu-
sieurs pathologies augmentant avec l’âge. Par
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Points de repère
•A quel âge devient-on une personne âgée ?
Selon certaines statistiques, sont prises en compte
les personnes de plus de 65 ans, surtout quand il
s’agit de souligner statistiquement les performances
d’un produit par rapport à la population. La plupart
des gériatres commencent à parler de personnes
âgées à partir de 75 ans. «Mais tout est arbitraire,
et les chiffres sont difficiles à démêler, s’insurge Pas-
cal Champvert, président de l’ADEHPA. Entre une
personne de 60 ans et une de 80, il y a une généra-
tion d’écart. Ce peut être la fille et la mère ! » Tou-
jours est-il que, lorsque les statistiques disent qu’une
personne âgée sur deux vit à son domicile, il s’agit
des plus de 60 ans. Selon les économistes, la per-
sonne est“âgée” quand elle entre dans la période
qui précède de 10 ans l’âge moyen de mortalité.
•Quand une personne âgée quitte-t-elle
son domicile ?
Parmi les établissements qui accueillent les personnes
âgées, il faut déjà distinguer les maisons de retraite
des maisons médicalisées. L’âge moyen est de 83 ans.
Le découpage par tranches d’âge est certes arbitraire,
mais il faut bien se baser sur des données concrètes
pour traiter statistiquement du paysage et des be-
soins concernant une population cible. Ainsi, on éva-
lue le pourcentage des personnes vivant en institution
à environ 10 % quand elles sont prises en compte à
partir de 60 ans, à environ 30 % quand elles ont plus
de 80 ans et à 60 % au-delà de 90 ans. «Il ne faut
pas oublier le rôle des familles qui gardent chez elles
leur aïeul. Elles souffrent d’un véritable épuisement,
et cette prise en charge s’appuie sur le bénévolat,
essentiellement celui des femmes », souligne Pascal
Champvert.
•Qu’est-ce qui motive l’entrée en établissement ?
Deux phénomènes sont à l’origine de l’entrée en éta-
blissement. Ils sont parfois dissociés tout en étant dif-
ficiles à démêler. Ce sont l’isolement (personne
n’ayant pas de famille, personne ayant de la famille
mais éloignée, personne souffrant d’une pathologie
nécessitant un certain suivi, ou d’un handicap) et le
handicap (personne pas forcément isolée).
D’après la dernière circulaire MARTHE du ministère
de la Santé, qui prend en compte, ensemble et ainsi
libellés “les foyers-logements” et “les autres établis-
sements” (ce qui ne facilite pas une juste vue de la
réalité), 34 % des personnes ne souffrent pas de pa-
thologies invalidantes et 66 % sont des personnes
handicapées, selon les différents paliers 1, 2, 3 et 4.
Selon ces calculs, on peut estimer approximativement
que 60 % des personnes qui vivent en foyers-loge-
ments ont moins de 80 ans.
ailleurs, les facteurs environnementaux comme
la consommation de tabac et d’alcool, ainsi que
certaines pollutions (ozone, radiations, rayonne-
ments ultraviolets, polluants) favorisent toutes
les fragilités dues à l’âge.
Certains avancent aussi, d’après des expériences
faites sur les rats, que si une alimentation équi-
librée est une garantie du bien-vieillir, manger
peu serait un moyen de longévité. D’autres met-
tent en garde contre l’entrée dans le système
souvent rencontré chez la personne âgée d’une
inappétence chronique, responsable d’une res-
triction énergétique. Celle-ci s’accompagne en
effet d’une réduction de la densité nutrition-
nelle, ce qui mène à des risques de carences sé-
vères en micronutriments d’origine alimentaire
indispensables au maintien d’une bonne santé.
Il est évident que les personnes atteintes d’une
pathologie vieillissent mal ou ont une longé-
vité réduite. D’autant que les maladies les plus
fréquentes sont invalidantes, voire mortelles
puisqu’il s’agit des maladies cardiovasculaires,
des cancers et des tumeurs.
Andrée-Lucie Pissondes