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La Lettre du Cardiologue - n° 402 - février 2007
(rétinopathie, néphropatie, neuropathie) ou macrovasculaires
(AVC, IDM, artériopathie oblitérante des membres inférieurs
[AOMI]).
Les cellules endothéliales sont les premières victimes des agres-
sions, qu’elles proviennent du tabac, du diabète, de l’HTA, ou
des dyslipidémies. Le sachant, il faut se demander comment
les protéger, pour enrayer toute évolution ultérieure. Pour s’en
rendre compte, il faut savoir ce qu’est l’endothélium sain : il
assure une perméabilité adéquate, et surtout synthétise l’oxyde
nitrique, ou NO, puissant facteur vasodilatateur ; de plus, il
assure la non-adhésion des éléments figurés du sang, donc
l’absence de formation de thrombus. Soumis à des agressions
comme le stress oxydatif ou les médiateurs de l’inflammation,
l’endothélium perd progressivement ses qualités et sa permé-
abilité augmente : les conditions de formation de la plaque et
de la thrombose sont ainsi réunies. Le blocage précoce de ces
mécanismes constitue un enjeu fondamental. L’olmésartan
inhibe le stress oxydatif (Fliser D et al. J Am Soc Nephrol
2005;16:1135).
L’essai EUTOPIA (European Trial on Olmesartan and Pravas-
tatin in Inflammation and Atherosclerosis) a cherché à savoir si,
chez 199 patients diabétiques hypertendus, polyartériels et ayant
des stigmates de micro-inflammation, l’olmésartan à 20 mg/j
pendant 12 semaines réduirait les marqueurs de l’inflammation
(Fliser D et al. Circulation 2004;110:1103-7) après un prétraite-
ment par pravastatine 20 mg/j. Il est apparu que les effets ont
été significatifs dès la sixième semaine et se sont maintenus
à la douzième, que ce soit sur la MCP-1, la hsCRP, l’IL-6. Il
est donc établi que l’olmésartan bloque les phases précoces de
l’inflammation, point de départ des évolutions délétères ulté-
rieures, comme l’hyperperméabilité microvasculaire (rétino-
pathie, albuminurie).
Or, précisément, la microalbuminurie et plus encore la protéi-
nurie macroscopique et l’insuffisance rénale consécutive sont
hautement prédictives d’accidents cardiovasculaires et de
mortalité (Valmadrid et coll. Arch Intern Med 2000 ; 160 : 1093-
1100). Adler et al. ont clairement établi (Kidney Int 2003 ; 63 :
225-32) que chaque année, chez le diabétique de type 2, 2,0 %
des patients (mortalité : 1,4 %) passent à la microalbuminurie
(mortalité : 3,0 %), que 2,8 % de ceux-ci passent à la macroal-
buminurie (mortalité 4,6 %), enfin, que 2,3 % de ceux-ci passent
à l’insuffisance rénale (mortalité : 19,2 %).
Ainsi, la prévention de la survenue de la microalbuminurie
est essentielle, mais est-elle possible ? C’est l’intérêt de l’étude
ROADMAP (Randomised Olmesartan and Diabetes Micro-
Albuminurie Prevention Study) : de savoir si un traitement par
olmésartan permet, chez des diabétiques de type 2 à risque
(dyslipidémiques, tabagiques, obèses ou hypertendus), de
retarder voire de prévenir la survenue de la microalbumi-
nurie. ROADMAP est une étude en double aveugle contre
placebo, multicentrique (200 sites d’inclusion) et internationale
(20 pays), qui analyse le bénéfice représenté par l’olmésartan
à 40 mg/j chez 4 400 patients sur 5 ans. Les inclusions sont
terminées et les résultats seront connus en 2012. Ainsi, on
aura établi l’intérêt déjà fortement pressenti des ARA2, et de
l’olmésartan en particulier, dans la prévention de la néphro-
pathie diabétique et des lourdes complications qui lui sont
corrélées.
S.E. Kjeldsen a conclu le débat par une synthèse, en s’attachant
à comprendre le nécessaire équilibre chez l’hypertendu âgé :
difficulté de la prise en charge thérapeutique, d’atteindre les
objectifs de PA, surtout en matière de PAS, en conciliant la
protection des organes cibles et les coûts d’un traitement au
long cours.
Le patient âgé se définit pas une PAS élevée, avec un risque cardio-
vasculaire élevé ; il bénéficie d’un traitement par olmésartan
en monoprise autant que par nitrendipine en deux prises par
jour. Les bénéfices de l’olmésartan s’accroissent avec la durée
du traitement : par exemple, après la 12
e
semaine, il est plus
efficace que la nitrendipine.
Pourtant, l’obtention d’un contrôle approprié de la PA est encore
plus l’exception que la règle, et cela se traduit par une surmor-
talité parfaitement évitable ; ainsi, ce contrôle tensionnel insuf-
fisant aboutit à 13 % de la mortalité mondiale ! Une initiation du
traitement par une association à doses modérées fixes de deux
principes actifs représente une solution efficace pour obtenir
plus fréquemment une PA < 140/90 mmHg.
Touts les associations ne sont pas équivalentes : par exemple,
l’association olmésartan 20 mg/HCTZ 12,5 est plus efficace
que losartan 50 mg/HCTZ 12,5 mg, à la fois pour la réduction
de la PA et pour l’obtention d’une PA satisfaisante, que l’HTA
soit légère à modérée ou sévère, avec une excellente tolérance.
Cette association éviterait bien plus d’accidents CV, avec une
incidence très significative sur les coûts de santé.
En plus de réduire efficacement la pression artérielle, un
traitement doit protéger les organes cibles ; c’est l’une des
supériorités reconnues des ARA2 : la protection contre la
survenue de la dégradation rénale, laquelle se traduit par
une microalbuminurie, puis une protéinurie, enfin par une
perte de la fonction de filtration. Les diabétiques, de plus en
plus nombreux, sont victimes d’une atteinte rénale très tôt
dans leur évolution ; dans cette classe de patients, les ARA2
exercent une protection rénale ; or, la microalbuminurie, et
plus encore la protéinurie macroscopique et l’insuffisance
rénale sont prédictives d’accidents cardiovasculaires, AVC,
insuffisance cardiaque. L’étude ROADMAP est en cours pour
démontrer, chez des milliers de patients suivis plus de 5 ans,
l’effet préventif de l’olmésartan sur l’apparition de la micro-
albuminurie chez les diabétiques de type 2, et ainsi sur les
complications cardiovasculaires qu’elle annonce.
En conclusion, le prescripteur est confronté à de nombreuses
difficultés pour la prise en charge du patient hypertendu : réduc-
tion de la PA aux objectifs recommandés, patient âgé [avec HTA
systolique de traitement difficile], coûts des thérapeutiques,
protection des organes cibles. Pour cela, les ARA2, associés
éventuellement aux thiazidiques, constituent un choix efficace,
comme cela a été montré pour l’olmésartan. ■