Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume II, n° 4, août 1998
a permis une restauration complète des
fonctions de reproduction de la souris hpg.
Néanmoins, aucune anomalie du gène de
GnRH n’a été retrouvée chez l’homme,
aussi bien par Southern-Blot, afin de
rechercher des anomalies majeures du gène,
que par séquençage direct de la séquence
codante.
Les hypogonadismes liés à une
anomalie de la LH ou de la FSH
Parfois, l’anomalie concerne une des deux
gonadotrophines. Les déficits gonado-
tropes dus à un déficit isolé de la LH ou de
la FSH sont très rares. Une mutation homo-
zygote (Gln54Arg) de la sous-unité ß de la
LH a été trouvée chez un homme ayant un
retard pubertaire. Cette mutation inhibait
complètement la liaison de la LH à son
récepteur (4). Deux cas de déficit isolé en
FSH dus à des mutations inactivatrices de
la sous-unité ß de la FSH ont été décrits
chez deux femmes ayant une aménorrhée
primaire (5, 6). Une patiente était homozy-
gote pour une délétion de deux nucléotides
(codon 61) et l’autre hétérozygote compo-
site pour la même délétion et une substitu-
tion de la cystéine 51 en une glycine. La
délétion de deux nucléotides au codon 61
est responsable de la synthèse d’une protéi-
ne tronquée. Ces deux mutations diminuent
la bioactivité de la FSH. La même délétion
de deux nucléotides du gène de la FSH
vient d’être décrite à l’état homozygote
chez un homme ayant un hypogonadisme
et une azoospermie (7).
Les déficits gonadotropes asso-
ciés à une autre pathologie
congénitale
Un hypogonadisme hypogonadotrophique
est décrit dans l’hypoplasie congénitale des
surrénales liée à une mutation de DAX-1.
L’obésité due à des mutations de la leptine
ou de son récepteur est également associée
à un hypogonadisme hypogonadotro-
phique. Les mécanismes de ces déficits
gonadotropes restent incompris. Un déficit
gonadotrope a également été décrit chez un
patient ayant un déficit global de la matu-
ration des pro-hormones hypophysaires.
Un gène candidat:
le récepteur de la GnRH
Un déficit endocrinien peut être dû à un
déficit de la synthèse ou de la bioactivité de
l’hormone, mais également à un déficit
fonctionnel de son récepteur. Des muta-
tions inactivatrices de plusieurs récepteurs
couplés aux protéines G ont été caractéri-
sées dans diverses pathologies endocri-
niennes (voir MHN vol. I, n° 1. Mutations
du récepteur de la TSH et hyperthyroïdie,
p. 8-14). Néanmoins, le gène du récepteur
de la GnRH avait été réfuté par de nom-
breux auteurs en tant que gène candidat à
l’hypogonadisme hypogonadotrophique
sans anosmie. L’argument majeur étant la
réponse positive à une injection unique de
GnRH observée chez les plupart des
patients. Cette interprétation ne tenait pas
compte des possibilités d’une atteinte par-
tielle de ce récepteur, qui serait invisible
lors de l’injection d’une dose pharmacolo-
gique de GnRH (100 µg i.v.). En effet,
notre expérience acquise dans l’étude des
mutations inactivatrices du récepteur de la
TSH et de la LH avait montré que le phé-
notype de ces mutations pouvait varier
entre un déficit complet et un déficit par-
tiel. Nous avons donc recherché des ano-
malies du gène du récepteur de la GnRH
dans plusieurs cas familiaux d’hypogona-
disme hypogonadotrophique partiel ou
complet. Ceci nous a permis de décrire le
premier cas de déficit gonadotrope par
mutations inactivatrices du récepteur de la
GnRH (8).
Le clonage de l’ADNc du récepteur de la
GnRH a confirmé que ce récepteur appar-
tient à la super-famille des récepteurs cou-
plés aux protéines G (9). En effet, il est
formé de 328 acides aminés chez l’homme
et de 327 acides aminés chez la souris et le
rat. La protéine comprend sept domaines
transmembranaires, reliés par des boucles
intracellulaires et extracellulaires, et un
domaine extracellulaire. L’architecture de
ce récepteur est identique à celle d’autres
récepteurs couplés aux protéines G, sauf
sur un point. Tous les récepteurs de la
GnRH clonés chez les mammifères ne pos-
sèdent pas de domaine intracellulaire.
Deux sites de N-glycosylation sont décrits
dans le domaine extracellulaire et dans la
première boucle extracellulaire du récep-
teur humain. La séquence primaire en
acides aminés est très conservée parmi les
espèces, mais l’homologie avec les autres
RCPG est faible. Le gène du récepteur de
la GnRH comprend trois exons. Ce gène,
localisé sur le bras long du chromosome 4,
est unique (9).
Dans l’hypophyse humaine, trois bandes
sont visibles en Northern-Blot : une bande
majoritaire de 4,5 kb et deux bandes mino-
ritaires de 2,5 et 1,5 kb. La différence struc-
turale entre ces trois bandes est actuelle-
ment inconnue. Elle résulte certainement
d’un épissage alternatif de l’ARN pré-mes-
sager. Deux variants de l’ARNm du récep-
teur de la GnRH sont décrits chez la souris
et chez l’homme. Un de ces variants ne
contient pas le deuxième exon. Il code pour
une protéine de 177 acides aminés. Le
deuxième variant est obtenu par l’utilisation
d’un autre site accepteur d’épissage, locali-
sé dans le deuxième exon. Il code pour une
protéine tronquée de 249 acides aminés.
Dans des cellules humaines 293, cette pro-
téine tronquée a un effet inhibiteur sur la
stimulation de la phospholipase C par la
forme complète du récepteur de la GnRH.
L’ARNm du récepteur de la GnRH a été
mis en évidence par RT-PCR dans l’ovaire,
le sein, le testicule, la prostate et le placen-
ta. La finalité physiologique de ces locali-
sations est encore inconnue (9).
Les voies de transduction du signal par le
récepteur de la GnRH sont complexes. La
voie principale est la stimulation de la
phospholipase Cß par l’intermédiaire des
protéines Gq/G11. Il en résulte une synthè-
se d’IP3 et de diacylglycérol responsables
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