complexe trimérique inactif α-GDP-β-γ. Il a été récemment
montré que l’activité GTPasique de certaines sous-unités α
peut être activée par une protéine RGS (Regulating Gprotein
Signaling).
Plusieurs pathologies sont directement liées à des anomalies
moléculaires de l’activation ou de l’inactivation des
protéinesG hétérotrimériques. Les mutations entraînant une
diminution de l’activité GTPasique de la sous-unité αsont res-
ponsables de l’activation continue de la protéine G. Une muta-
tion “gain de fonction” est notamment l’anomalie moléculaire
du syndrome de McCune-Albright. Ce syndrome est défini par
l’association d’une dysplasie osseuse, des taches cutanées café
au lait et d’une puberté précoce indépendante des gonadotro-
phines. D’autres signes d’hyperactivité endocrinienne sont
parfois présents (hyperthyroïdie, acromégalie, syndrome de
Cushing). Tous ces systèmes endocriniens ont en commun
d’être régulés par la protéine Gs qui active l’adénylate cyclase.
Le syndrome de McCune-Albright est dû à une mutation
somatique de cette protéine Gs survenue très précocement au
cours de l’embryo-genèse. Les patients sont donc porteurs
d’une mosaïque avec des cellules ayant la mutation et d’autres,
un génotype normal. Cette mutation modifie l’arginine 201
située dans le site actif de la guanylate cyclase, ce qui entraîne
une diminution de l’activité GTPasique de la sous-unité αs.
La puberté précoce du syndrome de McCune-Albright est
observée préférentiellement chez la fille. Il s’agit habituelle-
ment de cas sporadiques. Le caractère somatique de la muta-
tion pourrait expliquer la variabilité de l’expression
phénotypique. La date de la survenue de la mutation au cours
de l’embryogenèse pourrait être un facteur déterminant cette
variabilité.
Puberté précoce familiale masculine par mutation
activatrice du récepteur de la LH
Une forme familiale de puberté précoce ne concerne que les
garçons. Elle est transmise selon un mode autosomal domi-
nant. Les patients ont une augmentation de la synthèse de la
testostérone, des valeurs prépubertaires des gonadotrophines et
une absence de réponse lors du test à la GnRH, ce qui
témoigne d’une origine indépendante des centres encépha-
liques. Cette forme particulière de puberté précoce est liée à la
présence de mutations activatrices du récepteur de la LH.
Ce récepteur appartient à la famille des récepteurs couplés aux
protéines G (6). Il est composé de sept domaines transmem-
branaires reliés par des boucles intra- et extracellulaires, un
domaine intracellulaire C-terminal et un long domaine extra-
cellulaire de 360 acides aminés. Ce long domaine extracellu-
laire est une caractéristique commune aux récepteurs des
hormones glycoprotéiques hypophysaires TSH, FSH et LH. La
LH et l’hCG sont les deux ligands physiologiques de ce récep-
teur. Il est exprimé principalement dans les cellules de Leydig
testiculaires, les cellules de la thèque interne de l’ovaire. Une
expression, dont la signification physiologique est mal connue,
a été décrite dans le sein, la peau, l’endomètre… Le gène de ce
récepteur est localisé sur le bras court du chromosome 2 à
proximité du récepteur de la FSH. Il est composé de 11 exons
dont 10 codent pour le domaine extracellulaire et le onzième
pour le domaine transmembranaire et le domaine intracellu-
laire. De nombreuses isoformes sont décrites. Elles résultent
d’un épissage alternatif. Notamment, des formes ne contenant
que le domaine extracellulaire sont retrouvées dans le milieu
interstitiel des testicules de porc. Ces formes solubles pour-
raient jouer un rôle dans la régulation physiologique de ce
récepteur. Ce récepteur n’est pas polarisé contrairement aux
récepteurs de la TSH et de la FSH. Une transcytose du récep-
teur de la LH du pôle vasculaire des cellules endothéliales vers
le milieu interstitiel a été décrite. Cela pourrait être le chemin
suivi par la LH ou l’hCG pour accéder aux cellules cibles.
Plusieurs mutations constitutives du récepteur de la LH sont
maintenant décrites dans la puberté précoce masculine et fami-
liale (1). Ce concept de mutation constitutive a été décrit dans
un premier temps par mutagenèse dirigée. Les récepteurs
constitutifs sont capables d’activer des protéines G et donc les
effecteurs en absence de ligand. Les effets obtenus sont simi-
laires à ceux observés lors d’une stimulation par le ligand phy-
siologique. Le récepteur de la LH active l’adénylate cyclase
par l’intermédiaire de la protéine Gs. Une mutation constitu-
tive de ce récepteur entraîne donc une augmentation perma-
nente de l’AMPc dans les cellules qui expriment ce récepteur,
dont les cellules de Leydig. Il en résulte une synthèse très pré-
coce de testostérone. Les mutations constitutives du récepteur
de la LH sont germinales. La transmission du phénotype suit
un modèle dominant de père en fils. Le caractère sporadique
ne permet pas d’éliminer l’étiologie, puisque la mutation peut
être transmise par la mère non atteinte.
La majorité des mutations activatrices de ce récepteur sont
localisées dans la troisième boucle intracellulaire du récepteur
de la LH et le sixième domaine transmembranaire (figure 4).
Un effet fondateur explique probablement la fréquence de
80% aux États-Unis de la mutation Asp578Gly. Les autres
mutations sont localisées dans les premier, deuxième, troi-
sième et cinquième domaines transmembranaires.
La pénétrance des mutations activatrices du récepteur de la LH
n’est pas complète, puisque trois patients porteurs d’une muta-
tion activatrice ont développé une puberté à un âge normal.
Récemment, une mutation somatique du récepteur de la LH a
été décrite chez deux enfants atteints d’un leydigiome (7).
Cette mutation substitue une histidine à la place de l’aspartate
34
La Lettre du Gynécologue - n° 270 - mars 2002
DOSSIER
Figure 3.
La voie de transduction du signal par un récepteur couplé à
la protéine Gs.