DÉROULEMENT DES TESTS
Recherche de la mutation en cause dans la famille
L’exemple des familles où une mutation délétère d’un gène
BRCAx a été identifiée a servi de base, au sein du groupe
Génétique et Cancer de la FNCLCC, à une réflexion sur le
déroulement des consultations d’oncogénétique.
Le but de cette réflexion était de préciser cette démarche
depuis la première consultation de prise en charge jusqu’à la
réalisation de tests moléculaires chez les apparentés indemnes
et d’en prévoir les retombées potentielles.
Cette réflexion s’est inscrite dans le cadre légal du fonctionne-
ment des consultations (loi de bioéthique n° 94-654 du
29 juillet 1994, loi n° 95-116 du 4 février 1995, dont les
décrets d’application sont encore en attente), en prenant en
compte l’avis des sociétés savantes, du Comité consultatif
national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé et
les bonnes pratiques cliniques (4, 5).
Cette réflexion a donc permis d’établir un dénominateur com-
mun entre les différents membres de ce groupe (6, 7), dans le
but d’harmoniser la prise en charge des familles qui, en outre,
sont parfois géographiquement dispersées.
Un livret d’information est en cours d’élaboration.
Lorsque l’histoire d’une famille est compatible avec la trans-
mission d’un gène de prédisposition aux tumeurs du sein et/ou
de l’ovaire, des analyses moléculaires sont proposées.
La première analyse est réalisée chez la personne dont l’his-
toire clinique est la plus évocatrice de l’existence d’une prédis-
position héréditaire. Si ce n’est pas la proposante, il faudra
alors que l’information lui soit transmise par cette dernière et
qu’elle vienne à son tour en consultation pour recevoir une
information précise. On insistera sur les limites des tests, les
enjeux personnels et sociaux (risque tumoral, prise en charge
médicale, problème de la diffusion de l’information dans la
famille). Il est souhaitable également de préciser les délais de
réalisation des tests.
Les analyses seront effectivement mises en route après un
délai de réflexion et l’obtention d’un consentement éclairé.
Deux prélèvements indépendants sont nécessaires.
Quels que soient les résultats de ces analyses, ils seront rendus à
la personne concernée lors d’une nouvelle consultation d’onco-
génétique et non par courrier ou directement à un médecin.
Un résultat positif de mutation sera transmis oralement, sauf
demande formelle de la personne. De même, ce résultat sera
transmis au(x) médecin(s) de son choix. Il sera écrit dans le
dossier hospitalier après avoir été rendu, avec l’accord du
patient.
Cette consultation sera également l’occasion de reparler de
l’histoire familiale, des risques tumoraux et des possibilités de
prise en charge dans un contexte multidisciplinaire. On invi-
tera la personne, en cas de résultat positif, à diffuser cette
information dans sa famille.
Étape prédictive
Les tests de prédisposition chez les apparentés indemnes se
déroulent maintenant de façon assez codifiée :
– consultation d’information générale centrée sur l’histoire
familiale ; déroulement du test et enjeux ;
– délai de réflexion ;
– choix éclairé authentifié par la signature d’un consentement
lors d’une nouvelle consultation ;
– test avec deux prélèvements sanguins indépendants ;
– résultat après 4 à 6 semaines, en consultation ;
– prise en charge multidisciplinaire avec le suivi des femmes
porteuses, sur le plan mammaire et ovarien.
Un soutien psychologique doit pouvoir être proposé à tout
moment. Il peut être utile pour démêler les motifs qui ont
amené la personne à envisager cette démarche, à sa demande
ou à celle du médecin oncogénéticien.
CONCLUSION
Démarche active, décision autonome et éclairée du consultant,
secret médical et confidentialité, sont autant de principes majeurs
qui président à la réalisation de tests génétiques dans le cadre des
prédispositions aux tumeurs du sein et/ou de l’ovaire.
Les progrès des techniques d’analyses moléculaires vont per-
mettre une plus large diffusion de ces tests pratiques ; les
enjeux économiques générés vont être importants. Tout cela
renforce encore la nécessité d’une prise en charge multidisci-
plinaire pour anticiper les effets négatifs potentiels de cette
démarche et garantir le choix éclairé des patients.
Il faut souligner l’importance de l’évaluation de nos pratiques,
que ce soit sur le plan de la prise en charge médicale des sujets
à risque ou sur celui des retombées psychosociales des tests. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Lerman C., Narod S. et coll. BRCA1 testing in families with hereditary
breast-ovarian cancer. JAMA1996 ; 275 (24) : 1885-92.
2. Eisinger F., Julian-Reynier C. et coll. Acceptable strategies for dealing with
hereditary breast/ovarian cancer risk. J Nat Cancer Inst 1997 ; 89 (10) : 731.
3. 3 ASCO special article. Resource document for curriculum development in
cancer genetics education. J Nat Cancer Inst 1997 ; 15 (5) : 2157-69.
4. Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la
santé. Génétique et médecine : de la prédiction à la prévention. Avis. Rapports.
N° 46, 30 octobre 1995.
5. Eisinger F., Thouvenin D., Bignon Y.J., Cuisenier J., Feingold J., Hoerni B.,
Lasset C., Lyonnet D., Maraninchi D., Marty M., Mattéi J.F., Sobol H., Mau-
gard-Lauboutin C., Noguès C., Pujol H., Philip T. Réflexions sur l’organisation
des consultations d’oncogénétique (première étape vers la publication de
bonnes pratiques cliniques). Bull Cancer 1995 ; 82 : 865-78.
6. Noguès C. et le Groupe Génétique et Cancer de la FNCLCC. Tests moléculaires
dans le cancer du sein : attitude du Groupe “Génétique et Cancer”. In : Boiron M.,
Marty M., (eds.) Eurocancer 96. Paris : John Libbey Eurotext ; 1996 : 177-8.
7. Stoppa-Lyonnet D., Noguès C., Sobol H., Eisinger F. Consultations de géné-
tique et prédisposition aux cancers du sein. In : FNCLCC (ed.) : Risques hérédi-
taires de cancers du sein et de l’ovaire, quelle prise en charge ? Paris,
INSERM, 1998 : p. 179-89.
DOSSIER
18
La Lettre du Sénologue - n° 5 - septembre 1999