DOSSIER THÉMATIQUE GENÉTIQUE DES CANCERS DU SEIN ◆ Introduction C. Noguès, B. de Lafontan ◆ Un cas clinique R. Guimbaud ◆ Le point sur les prédispositions génétiques aux cancers du sein et de l’ovaire A. Lortholary, P. Berthet, C. Noguès ◆ Déroulement des consultations d’oncogénétique et des analyses moléculaires P. Berthet, A. Lortholary, C. Noguès ◆ Prise en charge des femmes suspectes d’être à risque génétique ✔ Surveillance sénologique C. Lasset ✔ Chirurgie prophylactique du cancer du sein ou de l’ovaire J.Cuisenier ✔ Utilisation des hormones A. Lesur ✔ En conclusion, pour quelle prise en charge ? F. Eisinger ◆ Histoire naturelle et prise en charge du risque génétique des cancers du sein héréditaires : apport des caractéristiques morphocliniques des tumeurs H. Sobol ◆ ✔ Les raretés L’ataxie-télangiectasie J.O. Bay, Y.J. Bignon ✔ Le syndrome de Li et Fraumeni J.M. Limacher ✔ La maladie de Cowden M. Longy 6 La Lettre du Sénologue - n° 5 - septembre 1999 D O S S I E R Introduction ● Catherine Noguès* ● Brigitte de Lafontan** L es développements de la biologie moléculaire du génome humain au cours de cette décennie ont permis de donner une réalité biologique au concept de prédisposition génétique au cancer et, à l’heure actuelle, on considère que 5 à 10 % des cancers du sein sont liés à une telle prédisposition. L’intérêt autour de la prise en charge des familles à risque a été relancé puisqu’il devenait possible d’identifier des femmes à haut risque de développer un cancer du sein et d’espérer des retombées en termes de dépistage et de prévention. Côté grand public, la question du risque héréditaire de cancer du sein est souvent posée au médecin, surtout lorsqu’il y a déjà un ou plusieurs cas dans une même famille. Le médecin a souvent du mal à déterminer, dans la masse d’informations qui lui est proposée, les acquis récents pouvant être utiles à ces femmes. Il ne se passe pas un mois sans qu’un nouvel EPU, congrès national ou international, y consacre journée thématique, session, mise au point. Par ailleurs, des perspectives très commerciales sur les tests de prédisposition pourraient brouiller les cartes (voir l’éditorial de Dominique Stoppa-Lyonnet). La publication en 1998, au terme d’une longue gestation, d’un rapport complet de plus de 600 pages consacré à la prise en charge du risque héréditaire des cancers du sein et de l’ovaire [1] est une étape importante. Ce rapport, qui se présente comme le standard français en la matière, a permis une synthèse, même si les incertitudes et les difficultés de cette approche nécessitent un suivi important et rendent indispensables les projets évaluatifs. Il a dégagé des prises de position sur le suivi de ces femmes à risque, en particulier sur la chirurgie prophylactique. Nous avons voulu, pour La Lettre du Sénologue, vous proposez un dossier thématique complet abordant de façon pratique l’intérêt et les limites d’un “dépistage génétique”. ■ Un cas clinique exemplaire, développé par Rosine Guimbaud, vous permettra d’aborder d’emblée, à travers une histoire familiale de cancers du sein, l’ensemble des problèmes qui seront ensuite développés dans le dossier, depuis les premiers contacts en consultation en oncogénétique jusqu’au résultat d’une analyse génétique. ■ Comme il n’est pas toujours simple de déterminer si une histoire familiale de cancers est liée à une prédisposition génétique sous-jacente et quel est le risque pour une femme de développer un cancer du sein dans une telle famille (BRCA1 et * Centre Réné-Huguenin, Saint-Cloud. ** Institut Claudius-Regaud, Toulouse. [1] Risques héréditaires de cancer du sein et de l’ovaire. Quelle prise en charge ? Expertise collective INSERM, Fédération Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer. Éditions INSERM, Paris, 1998. La Lettre du Sénologue - n° 5 - septembre 1999 BRCA2 ne suffisent pas à tout expliquer), il reste encore utile de garder en mémoire une présentation en grands syndromes (Alain Lortholary). ■ Par ailleurs, des consultations d’oncogénétique ont été mises en place pour répondre aux besoins des patients et de leur famille, pour identifier les sujets porteurs de l’anomalie et les surveiller, et enfin pour développer la recherche épidémiologique et biologique. Elles fonctionnent en réseau selon des procédures assez homogènes, en particulier si l’indication d’une analyse moléculaire est portée : quelques règles sont à connaître et permettent de bien préparer la consultation. Sans en connaître tous les détails biologiques, il est utile de comprendre l’interprétation de l’analyse d’un gène BRCA (Pascaline Berthet). ■ Finalement, quelle sera la prise en charge des femmes suspectes d’être porteuses d’un risque génétique ? ➞ Christine Lasset et Jean Cuisenier commenteront les prises de position de l’expertise sur la surveillance sénologique et la chirurgie prophylactique, ➞ Anne Lesur évoquera le problème quotidien de l’utilisation d’hormones dans ce contexte (contraception, THS) ainsi que la place du tamoxifène, ➞ enfin, François Eisinger restituera plus généralement le cadre de l’oncogénétique avec ses retombées individuelles et familiales, médicales et psychosociales ainsi que la méthodologie employée pour aboutir à cette expertise nationale. Nous retiendrons une phrase de leur conclusion : “Malgré l’absence d’argument scientifique définitif sur l’efficacité des prises en charge médicales, la position du groupe est que l’absence de prise en charge spécifique des personnes à haut risque n’est pas acceptable.” ■ Une perspective intéressante développée par Hagay Sobol concerne l’étude des profils morphocliniques des cancers du sein survenant chez des patientes prédisposées génétiquement. Il est maintenant clairement établi que les cancers du sein liés à BRCA1 ont un profil différent de celui des cancers sporadiques. Cela peut être important pour la prise en charge. L’utilisation de ces paramètres morphocliniques à côté des caractéristiques habituellement retenues dans les familles pourrait également permettre d’optimiser la recherche de mutations des gènes BRCA. ■ Pour que le dossier soit complet, et même s’il ne s’agit que de “raretés”, trois encadrés rédigés par Jacques-Olivier Bay et coll., Jean-Marc Limacher et Michel Longy évoqueront d’autres prédispositions génétiques dans lesquelles le sein est impliqué : l’ataxie-télangiectasie, le syndrome de Li Fraumeni et la maladie de Cowden. La variété des localisations concernées et/ou la sensibilité particulière aux radiations ionisantes posent des problèmes spécifiques. ■ 7